épine de la rose.

traits de caractère / bagarreuse, tu te bats pour toi, pour lui, pour vous. c'est mental, c'est physique. tu te bats contre eux, contre lui, contre l'ennemi. et tu te bats jusqu'à plier les genoux, jusqu'à tomber au sol. raide. inerte. le cœur sans vie. maternelle, et parfois, tu te demandes si là n'est pas la plus grande réussite de ta vie. ton fils. tu te demandes parfois si ce n'est pas là l'un de tes meilleures qualités ? consciencieuse , t'as toujours eu le souci du détail. le besoin que tout soit carré, que tout soit réalisé avec soin, avec perfection. t'es méticuleuse, appliquée. bien trop. c'est toujours trop avec toi. affectueuse, de l'amour à foison. de l'affection dans les gestes. tu aimes, tu couvres. femme de tendresse, femme de liesse. diplomate, c'est par toi qu'on passe pour régler les conflits. parce qu'il semble que tu saches y faire. parce qu'il semble oratrice, l'art des mots, parler et débattre, tu adores cela. jouer des mots, des phrases, des sens, ça te passionne, ça t'enivre. volcanique, la lave dans les veines, tu bous doucement, longtemps avant d'exploser irin. t'imploses, t'exploses, tu rugies comme un dragon, tues de tes mots comme une arme blanche s'enfonçant dans un cœur. calculatrice, ça manigance, ta fourberie. dans un autre système, dans une autre époque, on dirait que t'es bien une russe. caricaturée, transformée, tu réfléchies, planifies avant toute chose. rancunière, bien là un de tes problèmes. le pardon. pardonner, tu ne sais pas faire ou que très peu. c'est difficile d'oublier. passionnée, bien trop. c'est maladif quand tu te mets dans quelque chose. c'est maladif d'aimer une personne pour toi. c'est cœur et âme jusqu'à la brisure.

irin, t'as poussé tellement d'cris dans ta vie. ah irin, ils étaient beaux ces hurlements, terriblement bons pour mes oreilles. ceux de tes jouissances entre les mains des hommes, ceux de tes cauchemars entre les draps de tes lits, ceux venus du plus profond de tes tripes entre les mains des hommes en blouse. les déchirants, les éclatants, les amusants, les joyeux.
les inoubliables.
mes inoubliables.

t'as crié pour la peur.
pour lui. toujours pour lui. rien que pour lui. c'est fou ce qu'il est dans ta vie. c'est fou à quel point tu l'as dans la peau. tu ne devrais pas. tu le sais. t'en as conscience. mais c'est plus fort que toi. c'est plus fort que la raison. plus fort que tout. plus fort qu'une attirance. plus fort que l'amour. c'est ce truc inqualifiable. celui qui te tuera avant de le tuer lui. ou l'inverse. celui qui le tuera avant que tu ne sois sacrifiée. avant que t'en viennes à la fin, comme Médée la désespérée, Médée la jalouse. Médée la passionnée.
et c'est sans doute cque t'es, irin,
la Médée de cette époque.
la martyr de l'amour,
celle qui tuerait ses enfants,
vos enfants pour lui,
la salope de ton temps.
passion pour l'homme, terreur de le perdre. t'as crié pour lui. hurler pour sa blessure, pour cette balle qu'a perforé son épiderme, pour cette balle qu'a déchiqueté les vaisseaux de son corps, pour cette balle qui l'a fait tomber au sol lentement. genoux en même temps, regard hagard. t'as hurlé contre le malheur, hurlé contre la seule pensée de l'avoir perdu. tombé au sol par un projectile d'arme à feu, t'as cru qu'il n'allait jamais se relever. t'as cru que c'était la fin. de lui. de toi. de vous. de votre futur alors qu'en toi vivait la vie, alors qu'en toi poussait l'être rassemblant vos gènes, vos adn. alors qu'en toi grandissait une moitié de chacun de vous.
et bordel, irin, que c'était bon,
cet hurlement de terreur,
cet hurlement venu du plus profond de tes profondeurs.
pour rien,
pour ta descente aux enfers petite russe.
ma si jolie poupée russe.

t'as crié pour l'injustice.
parce que t'as hurlé, parce que t'as manqué à tes obligations. t'as perdu ta part de professionnalisme quand tu l'as vu tomber au sol. parce que t'as failli mettre à mal votre mission. tout faire claquer. t'aurais pu claquer avec lui. t'aurais pu tous vous faire claquer. et puis, il y avait pas quça. il y avait cet enfant dans ton ventre.
il y avait toi irin,
la femme enceinte dans son monde sexiste.
celle que l'on pense fragile.
t'étais le sexe froid et humide de l'Ancien Régime,
celle à incriminer.
et t'as trinqué. t'as pris pour les autres. t'as pris parce qu'ils étaient plus haut placé que toi. parce qu'ils étaient masculins.
et surtout irin, c'était ça le plus beau,
te voir réagir, hurler,
alors que l'amour de ta vie n'a rien dit,
il n'a rien fait pour toi.

t'as crié pour la vie.
c'était le cri de ta souffrance. de ta belle souffrance car récompense à la clef. et pour une fois, t'étais pas la seule à crier. parce qu'il y a son cri a remplacé le tien quelques minutes plus tard. c'était le plus beau cri du monde à tes yeux. celui de ton petit garçon. celui de votre petit garçon.
mais irin,
moi j'ai toujours préféré les tiens,
tu le sais bien.

t'as crié pour l'amour.
de l'homme que tu aimes. de l'homme que tu as tant aimé et que tu aimeras toujours. bien trop. bien trop passionnellement. bien trop mortellement. de celui qui n'est plus le tien alors que tu n'es plus la sienne. tant d'années passées ensemble pour terminer sur une déchirure. sur un couple brisé. sur des cœurs brisés. les votre. le sien. le tien. surtout le tien.
et ça repasse dans ta tête, encore et encore. et ça revient dans ton crâne, encore et encore. vos derniers cris d'amour. vos derniers déchirement de l'amour. pour l'amour. parce que c'est trop passionnant, vous deux. parce que ce n'est plus deux personnes qui marchent sur le même chemin dans la même direction. l'un qui ne voit rien, l'autre qui ne voit que tant d'autres choses. vous n'êtes plus cela depuis bien trop longtemps.
choisis-moi. et c'est pas ce qu'il a fait.
choisis-nous. et c'est là qu'il a pas pu.
et c'est là quça a été la fin. de vous. du vous. de tout.
dans le cri déchirant de ton âme, irin.
c'était le tien, irin,
l'un des plus beaux,
l'un des derniers à ce jour,
mais sans aucun doute pas le dernier de ta vie,
j'espère tant irin,
fais mon plaisir, fais moi chavirer avec toi.

encore et encore.
encore et toujours.
surtout pour toujours.