douceur d’antan. (nana)

nana elle joue au chat et à la souris.
elle t’échappe en quelques secondes, te repousses doucement pour monopoliser l’espace dans le bureau de ton père. tu la regardes attentivement, scrutant ses moindres faits et gestes. ce sont les bibelots qui attirent son attention, d’habits tu la suis des yeux, bientôt se sont tes pas feutrés qui s’en mêlent. oui, tu aurais pu tout simplement l’inviter, ne pas prétexter une soirée de ce genre, c’est pour toi tout seul que tu l’aurai eu. mais serait-elle venue ? elle l’affirme, son visage se tourne légèrement vers toi et t’as le sourire conquérant. ah oui ...? tu t’avances un peu plus, très vite tu te retrouves face à elle, empêchant son avancée. t’es tout bonnement incapable de rester loin d’elle, tu te sens aimanté depuis le premier jour. t’as les hormones qui s’en mêlent, tu n’as jamais attendu aussi longtemps pour profiter des plaisirs de la chaire. nana, elle fait exception à la règle, comme un trésor auquel qui te serait impossible de souiller. tu serais venu, malgré cette réputation qui me précède ? ta main appuyée sur le bois du meuble, tes yeux dans les siens, toujours. t’es pas connu pour être un bon parti, l’argent de tes parents compense sans aucun doute, mais t’as pas les bonnes manières qui vont avec. t’es le mec qu’il ne fait pas bon d’approcher, l’animal sauvage dont la vie n’est dicté que par des pulsions dévastatrices. nana, elle change la donne, du moins tu en as l’impression. tu finis par t’asseoir sur le bureau, essayant de te tenir le plus à distance de la femme. aux aguets du moindre mouvements de sa part.

t'as pas toujours été ainsi. joueuse, un peu rentre dedans. ou peut-être que c'était caché en toi, peut-être que c'est le garçon qui fait ressortir cela chez toi. le désir d'être désirable. le désir de voir la lueur dans ses yeux quand il les pose sur toi, sur ton corps. le désir de créer la dépendance. parce que toi, t'es déjà bien trop dépendante de lui alors que tu ne le connais presque pas. quelques phrases échangées, quelques baisers donnés, quelques caresses effleurées, il n'en reste pas moins encore qu'un étranger. et pourtant, t'as l'impression de le connaître depuis si longtemps. peut-être depuis toujours. il y a lui. puis le fait que t'es rentrée dans ce mood depuis que t'es arrivée à new-york. la nannina de milan n'est pas la nannina de nyc. elle est différente. nouvelle. celle qui a décidé de prendre un nouveau départ et de recommencer sa vie à zéro. et pourquoi pas avec lui. ou peut-être pas. il n'est peut-être qu'un mec de passage après tout. t'évolues dans l'espace, parcours autant l'endroit des yeux que sa personne, jusqu'à ce qu'il se plante face à toi. "peut-être." tu rétorques alors qu'il s'installe sur le bureau derrière lui. d'abord, tu continues ton petit tour avant de t'arrêter avec un livre dans les mains, ton regard qui retombe dans le sien. "c'est pas mon genre d'écouter les rumeurs de réputation." haussement de tes épaules, petit sourire mutin, tu finis par approcher lentement, réduisant petit à petit l'espace qu'il a imposé entre vous tout à l'heure. "tu ne te conseilles pas, c'est ça ? je devrais faire demi-tour et retourner de l'autre côté avec les autres ?" ton sourcil qui se lève par défi, ton pouce qui pointe derrière toi la porte, tu t'arrêtes bien avant que tes jambes n'effleurent ses genoux.

peut-être, n'est pas un oui. peut-être, cela ne signifie pas assez pour ton cerveau adolescent, si ce n'est une incertitude que tu n'es pas certain d'apprécier. parce que c'est bien la première fois de ta vie que te sens aussi impliqué dans quelque chose. bien que cela ne fasse pas si longtemps que vous vous fréquentez, t'as déjà le cœur qui en redemande. alors tu l'observes avec une grande attention quand elle s'approche de nouveau de toi, un livre appartenant à ton père entre ses mains. c'est pas mon genre d'écouter les rumeurs de réputation. un léger rire t'échappe. c'est ce que tout le monde dit, mais la réalité est tout autre. puisque chacun, fait attention malgré lui aux rumeurs qui courrent, les tiennes ne sont pas très glorieuses. tu n'as jamais rien fait pour les démentir, puisqu'elles sont toutes véridiques. elle s'approche, tout doucement, ton sourire s'élargit. tu ne te conseilles pas, c'est ça ? je devrais faire demi-tour et retourner de l'autre côté avec les autres ? un ricanement maintenant, alors qu'elle s'est stoppée nette dans sa course. c'est un choix qui t'appartient. que tu lâches, haussant les épaules. puis ta main vient saisir doucement son bras pour la rapprocher de toi. pour que son corps termine entre tes jambes. vos visages plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. ce ne sont pas des rumeurs, tu sais. que tu murmures, tes yeux clairs ancrés aux siens alors que ton coeur bat déjà à tout rompre. il y a surement un meilleur gars que moi derrière cette porte. un qui aura l'allures du mec parfait, qui aura pas une gueule abîmée comme la tienne. mais t'es certain qu'il n'y aurait pas cette alchimie qui se distingue déjà entre vous. sans attendre, ta main glisse contre son cou et tes lèvres viennent bouffer les siennes. t'as l'impression de reprendre enfin ton souffle, là tout contre elle. ton autre main descend dans le bas de son dos pour la rapprocher toujours plus de toi, ton corps la cherche déjà sous ces vêtements. tu ne romprais ce baiser pour rien au monde.

son rire te prend de toute part. il est exquis, ensorceleur pour toi alors qu’il ne pourrait avoir rien de particulier. il n’est que masculin, grave. il n’est que puissance. magnétique et qui vient se loger dans ton ventre. ce n’est pas que la seule raison, de ton excitation, de tes membres légèrement fébriles. c’est son regard. l’intérêt qu’il te porte. le regard appuyé, intéressé qui ne manque aucun de tes mouvements comme un prédateur surveillant sa proie, comme le prédateur attendant le bon moment pour attaquer. pour t’attaquer, t’attraper. “tu as raison oui.” c’est ce que tout le monde dit, de ne rien avoir à faire de la réputation. tu t’es stoppée, l’observes avec amusement, intérêt, avec cette même flamme qui danse sensuellement dans tes yeux. “je sais bien.” tu souffles en tournant doucement le livre dans tes mains. tu le sais et tu l’as pris, ton choix. tout comme il a pris le sien, sans doute, car sa main vient t’attraper, sa main vient te ramener contre son corps, comme si cette place était la meilleure qu’il soit. et c’est le cas. tes jambes entre ses cuisses, ton visage si proche du sien que vos souffles se joignent de nouveau comme contre cette porte, que vos yeux se jaugent, se titillent. “franchement, la tienne, j’en ai rien à faire.. prouve-moi que j'ai raison de le faire.” t’en poses le livre sur le bureau à côté de lui sur lequel il est assis avant de sourire doucement,sournoisement, avant que tes mains libres viennent glisser contre son torse, tes doigts l’effleurant parfois, tes doigts se faisant plus pressant contre ses muscles, contre ce coeur qui répond aux battements du tien, alors que tu joues déjà avec les premiers boutons du tissu qui te dérange. “ce n’est pas un autre gars que je veux, ismaël. tu l’as bien compris.. que c'est toi.” accent italien dans ce susurrement, tes yeux qui passent sur les détails de ses traits, qui trouvent sur son visage de mauvais garçons les vestiges de bagarres d’antan, tu replonges ton regard enflammé dans le sien. et tu prouves, t’assumes tes mots en t’accrochant à ses lèvres qui viennent te cueillir ou plutôt te bouffer. elles te prennent et tu rends dans ce doux frisson qui te parcourt le long de ta colonne vertébrale pour venir se loger dans le bas de ton ventre. ton corps s’approche davantage contre le sien, se colle, parce que t’as la sensation d’être trop loin de lui alors que tu es si proche, alors que tes courbes d’adolescente encore en développement se pressent contre lui, sur lui. tes doigts glissent, défont ou arrachent sans préambule et avec précipitation cette chemise en trop que tu défais, afin que tes mains touchent sa peau, que tes mains parcourent son corps, que tes lèvres viennent s’y poser.

tu joues les innocents, comme le putain de gamin que tu es.
bien sur, que tu as compris que c'est toi qu'elle voulait. pas un autre. les signes ne trompent pas. tu t'es laissé absorbé par la belle depuis votre rencontre, ce n'est que vers elle que tout te dirige. ton cœur, ton corps, chacun de tes actes. et cette soirée, c'était le moment de vérité. le moyen de savoir où cette histoire allé te mener, vous mener. c'est toi qui récupère ses lèvres avec trop d'empressement, tu la cherches, la taquine doucement. ta langue jouant avec la sienne quelques secondes avant qu'elle ne fasse sauter les boutons de ta chemise, celle-ci s'ouvre et y'a déjà les mains de nana contre ton torse. un frisson qui te parcoure tout entier, ses lèvres prennent possession de ton épiderme et un gémissement soudain t'échappe à la sentir si proche de toi. t’attrape le bas de son t-shirt pour le faire remonter jusqu'à le lui retirer, les yeux ravis de ce qu'ils découvrent. t'en demandes plus, toujours plus alors tu descends du bureau pour venir plaquer ton corps contre le siens. ta main dans ses cheveux, s'y accrochent et tu dévores son cou, voulant y planter tes crocs. tu voudrais faire en sorte que les choses se passent en douceur, essayer de prendre ton temps mais t'en es tout simplement incapable. déjà prêt à passer à l'acte. tu retrouvres ses lèvres avec fougue. tu l'as débarasser du superflue, ses vêtements et les tiens comme une trainée de poudre du bureau jusqu'au canapé où vous vous échouez. c'est le brasier dans ton bas ventre. dans chacun de tes muscles, qui se contractent sous ses caresses. toi qui est habituellement l'acteur principale, tu te laisse aller sous le regard de la belle. sous ses doigts aussi curieux que les siens. t'oublis la soirée, t'oublis que c'est dans le bureau de ton père que vous êtes complètement nus. il n'y a qu'elle qui compte. vos souffles et vos corps qui s'échauffent. tue te retrouves au dessus d'elle, une de ses jambes contre ton flanc, tout d'un coup t'as le regard soucieux. le regard interrogatif qui lui demande si elle est certaine, que c'est ce qu'elle veut.

c’était qu’une histoire d’adolescents. peut-être. c’était qu’une histoire d’amourette entre deux futurs adultes, entre une fille et un garçon dans la pleine période des hormones en ébullition, ceux découvrant le plaisir de la chair, de la jouissance, le plaisir des jeux des grands.
et peut-être que dans ta tête, à ce moment-là, alors que tes lèvres viennent goûter l’épiderme de son torse et prouver à quel point il t’attire et que tu l’as choisi, alors que tu commences à découvrir d’une bien autre manière le corps de l’Américain qui t’a retourné le cerveau depuis votre première rencontre, tu en as déjà quelques doutes. tu te demandes si ce que vous êtes en train de faire n’est pas qu’une histoire sans lendemain, qu’une histoire d’attirance passagère qui après toute l'excitation retombée pourrait vous éloigner. qu’il passe à une autre fille, que tu passes au mec à la chemise bleue.
mais, évidemment, ce n’est pas ce que tu voulais. ce n’est pas ce genre de filles que tu voulais être pour lui, en écho à la réputation qu’il se trimballait.
ta présence, peut-être courte dans sa vie, tu voulais la graver comme un message dans la pierre. comme ses mains parcourant ton corps et marquant tes formes, tu voulais les graver pour l’éternité sur ta peau. tu voulais graver la sensation de ses lèvres qui prennent d’assaut les tiennes, de ses mains impatientes qui te déshabille, de son corps plaqué contre le sien après qu’il soit descendu de ce bureau de bois, de tes mains fébriles et tremblantes qui le déshabille en même temps.
ton passage dans ses bras, tu voulais le marquer sur son corps comme la cicatrice d’une morsure au creux de sa clavicule qu’il garderait pour le restant de ses jours. comme sa main tirant sur tes cheveux pour faire basculer ta tête légèrement sur le côté afin d’avoir accès à ton cou, afin de pouvoir te dévorer comme il l’entend. parce que c’est que tu veux. qu’il te dévore. qu’il laisse son empreinte autant que tu veux laisser la tienne, autant que l’empreinte de ses pas du bureau vers le canapé sur lequel tu t’y reposes en l’emmenant avec toi, sur toi, pour que vos corps nus, chauds, excités se touchent, se rencontrent. et c’est ta jambe qui remonte le long de son corps, ton genou qui se plie contre son flanc, ton bassin qui titille le sien dans un doux ondulement, jusqu’à ce que vos lèvres lâchent enfin celles de l’autre ou le corps de l’autre, pour vous regarder. tête reposée sur l’assise sur canapé, tes cheveux étalés, ton regard détaille ses traits, découvre son air soucieux, interrogatif, te demandant en silence si c’est bien ce que tu veux. et t’as le sourire qui apparaît sur tes lèvres, le mi-doux, touchée, le mi-mutin, enflammée. la flamme danse autant dans ton regard alors que tes doigts passent sur sa joue jusqu’à ses lèvres, qu’autant dans ton bassin alors que tu confirmes une première fois, que oui, c’est ce que tu souhaites, dans un énième effleurement de vos intimités. tu tends le bras pour dénicher son jean délaissé près de vous pour sortir de son portefeuille une protection, un sourcil amusé qui se lève tout de même en le regardant comme pour lui demander s’il a été prévoyant pour vous ou pour pouvoir le faire avec n’importe quelle autre fille. tu finis par confirmer une troisième et dernière fois que oui, c’est ce que tu veux, lorsque tu glisses la protection sur son membre dans une caresse. pour le coup, t’es sûre de toi. pour le coup, tu t’en fous de coucher avec lui pour la première fois sur le canapé d’un bureau, une fête en cours de l’autre côté de la porte.
parce que tu veux une dernière chose pour terminer,
l’effleurement de ton âme contre la sienne, tu voulais y laisser un souvenir puissant, pour qu’il ne t’oublie jamais. pour que si un jour vos chemins se séparent, vos vies se brisent pour une raison que tu ne peux encore imaginer, que tu y restes, dans un coin de sa tête. terrée, hantante, le fantôme d’une vie. de sa vie.