feel something / gabin.

Rendez-vous à notre bar. Tu sais. Notre bar. Et Agnes sourit. Agnes sait de quel bar il s’agit - elle s’en rappelle. Ça a été compliqué, au départ. Compliqué de se rappeler de tout. De toutes ces années passées côte à côte, sur les bancs d’école, à galérer sur les bouquins trop épais et les concepts trop complexes. Des soirées passées à étudier, et des soirées passées à tout faire sauf. Des années de scolarité, effacées de sa mémoire. Et pourtant, les souvenirs n’étaient pas enfouis bien loin. Gabin était parvenu à lui faire rappeler. Et même s’il lui manquait encore des détails, même s’il y avait encore des soirées plongées dans le noirceur de son amnésie, Agnes se souvenait de l’essentiel. Se souvenait à quel point elle tenait à Gabin et leur amitié, et comment le jeune homme parvenait à lui faire du bien. Elle lui faisait confiance - et elle savait que c’était une bonne personne. Il n’avait jamais lâché l’affaire - ne l’avait jamais abandonnée. Même aux moments les plus difficiles, même quand les yeux d’Agnes se remplissaient de larmes quand elle n’arrivait pas à se rappeler. Il n’avait pas lâché, il n’avait pas abandonné. Et Agnes lui devait beaucoup. Tout ça, et plus encore.

Agnes glisse la clé dans le verrou, et s’assure que la librairie est bien fermée. Les lumières éteintes, et la porte verrouillée. La dernière à partir, comme tous les mercredi soir. Les petites habitudes qui s’étaient formées, depuis les derniers mois, et qui lui permettait de s’accrocher. De ne rien oublier, sauf parfois les petits détails. Rien d’exceptionnel. Sa routine était importante pour ne pas qu’elle perde pied, et même si parfois c’était un peu ennuyant, Agnes était consciente de son importance. Travailler dans une librairie, ce n’était pas vraiment ce qu’elle avait voulu faire de sa vie - mais elle avait toujours trouvé un échappatoire dans la littérature, et ça lui permettait d’au moins se laisser aller à ça. Au moins, se raccrocher à ça. Resserrant sa veste autour d’elle, Agnes range les clés dans son sac et prend le chemin du bar où Gabin lui a donné rendez-vous. Notre bar, qu’il a dit. Ça fait sourire Agnes. Elle se rappelle, bien qu’un peu maladroitement, de toutes les soirées qu’ils ont pu y passer, à essayer d’oublier les travaux et les devoirs à rendre. À juste vivre un peu, tous les deux.

Elle trouve la rue sans peine - ce n’est pas trop loin de la librairie, heureusement. La nuit qui est fraîche, sans trop l’être. Agnes qui s’est un peu coiffée, un peu maquillée. Juste pour dire qu’elle se sentait bien. Un texto envoyé à Joel, pour lui souhaiter bonne soirée - une fréquentation qui commençait à se multiplier. Ça lui remplissait le coeur en entier, de passer du temps avec lui. Mais ce soir, c’était Gabin qu’elle voyait. Et Agnes s’arrête sur le trottoir, fixant devant elle. Un bar, d’un côté. Un bar, de l’autre. Du monde dans les deux. Deux enseignes qu’elle ne reconnaît pas. C’est ici - elle le sait. Mais de quel côté ? Et alors, la noirceur se fait dans sa tête. Incapable, soudainement, de se rappeller. Quel côté ? Lequel ? Elle cligne des yeux, essayant de fouiller sa mémoire. Tu peux te rappeler. Tu peux te rappeler. Mais elle n’y parvient pas. Un peu paniquée, et le moral qui descend dans les chaussettes. Notre bar. Notre bar.

Rappelle-toi, Agnes. Rappelle-toi.

tu retiens un petit soupir en glissant tes doigts dans tes cheveux, terminant de te préparer, terminant de te coiffer. tu te mords l'intérieur de la joue et glisses tes doigts contre ton visage brièvement, observant ton reflet dans le miroir, pensif durant quelques longues secondes. c'est bizarre en ce moment, et tu sais plus trop comment agir, ni avec ta famille, ni avec nate, ni même avec elisa. elle n'est pas là ce soir, elle t'a prévenue ce matin. tu as l'impression que vous ne vous voyez plus, ces derniers temps, et pourtant vous habitez ensemble. mais c'est de ta faute, tu le sais. tu soupires longuement, fermes les yeux, appuyé contre le rebord du lavabo. t'as préféré sortir ce soir, plutôt que de rester tout seul dans l'appartement. et t'as eu envie de passer un peu de temps avec agnès, même si c'est compliqué ces derniers temps, depuis qu'elle a bien du mal à se souvenir de tout, de tout le monde. tu lui as envoyé un message, attendant sa réponse dans la journée. tu enfiles un pull - un peu trop large, appartement à nate - qui a le mérite d'être bien chaud, et tu termines de te préparer avant de sortir de l’appartement, fermant derrière toi, avant de sortir à pied dans les rues du queens. le bar n'est pas très loin de là ou tu habites et ça t'arranges bien, au fond. tu sais qu'il n'est pas très loin non plus de la librairie ou travaille la jeune femme. tu ne sais pas trop quelle heure il est. tu ne sais pas trop si agnès a su retrouver son chemin. ça t'inquiète, au fond. tu veux prendre soin d'elle, de ton amie, comme de tous. tu presses un peu le pas, les mains enfoncées au fond de tes poches, fronçant les sourcils en distinguant la silhouette de la jeune femme au loin. tu te pinces les lèvres, t'approchant un peu, l'air de rien. agnès ! tu souffles avec un large sourire en t'approchant de cette dernière. tu viens la prendre dans tes bras pour la saluer, déposant un baiser sur sa joue. j'pensais pas qu'on aller se croiser avant d'arriver. tu ajoutes simplement, l'air de rien. tu n'as pas envie de la blesser ou de dire quelque chose de travers. tu esquisses un sourire, glissant un bras sous le sien. t'as toujours été tactile comme gars, de toute façon. ça m'fait plaisir de te voir, on devrait faire ça plus souvent. tu ajoutes en riant, commençant tranquillement à marcher dans la rue aux côtés de la blonde.

Non, non, non. Pas maintenant. Tête blonde perdue dans la foule. Perdue dans le brouillard de sa mémoire. Les souvenirs qui se font la guerre, qui ne veulent pas s’entendre. Tu te rappelles, Agnes. Et pourtant elle en est incapable. Ferme les yeux, essaie de calmer sa respiration. Les techniques qu’on lui a enseignées, qu’elle a répétées. Elle les connaît, elle sait comment se calmer. Elle n’y arrive pas. Les deux bars se ressemblent trop. Les couleurs se mélangent. Les visages s’entremêlent. Elle n’y arrivera pas. Elle n’y arrivera pas. Elle se tient là, à regarder partout autour avec des grands yeux. On dirait une gamine qui a perdu ses parents, et on en est pas loin. Pourtant, c’était simple. Pourtant, elle devrait se rappeler. Pourquoi ça lui échappait, soudainement ? Et la tempête manque de la faire vaciller, qu’elle s’écroule au sol, qu’elle ne puisse plus se relever.

« Agnes ! » L’ancre se pose au fond, dans le sable. Les grains virevolent autour, et les vagues s’apaisent. La tempête passe. Gabin est là. Agnes se tourne vers lui, le sourire qui se glisse sur ses lèvres. Son soulagement est non-feint, à le voir là. Le visage familier de son ami, qui l’apaise comme peu de gens savent le faire. Gabin ne l’a jamais laissé tomber. Et encore une fois, il venait de le prouver. « Salut, toi. » Elle lui rend son étreinte, rayonnante. Voulant presque s’accrocher à son bras. « J’pensais pas qu’on allait se croiser avant d’arriver. » Et comme s’il avait pu lire dans ses pensées, il glisse son bras sous le sien. Agnes s’y raccroche, un peu tremblante. « Oh, euh… Oui, c’est comique. » Elle ne sait pas trop quoi répondre, n’est pas certaine de vouloir admettre sa confusion. La honte, légère, dans le fond de la gorge. T’aurais du savoir. « Ça m’fait plaisir de te voir, on devrait faire ça plus souvent. » Elle lui emboîte le pas, le sourire aux lèvres. Se sentant bien mieux maintenant qu’il est là, son appui, son ami. « Je suis bien d’accord. Je travaille pas très loin, en plus. » Ça ne prend pas beaucoup de temps pour arriver devant le bar, et les souvenirs d’Agnes reviennent. Bien sûr. Vestes raccrochées, table trouvée, et les voilà installés. « Regarde-toi. Toujours aussi beau, Gabin. » Et elle a les yeux remplis de fierté, Agnes. Ça n’a jamais été ambigu, entre eux, de toute façon. « C’est gentil de m’avoir écrit. Je crois que j’avais bien besoin de sortir un peu. » Le sourire sur les lèvres, et le rire tout au bord. Commande un verre de cidre à la serveuse qui passe. « Alors, dis-moi tout. Comment vont les choses ? Tes cours ? T’as eu envie de tuer un étudiant, récemment ? » Ton de conversation, heureuse d’être là. La panique passée. Espère que la noirceur ne reviendra pas.

tu rejoins la jeune femme, un sourire sur les lèvres, la rejoignant dans la rue, voyant bien qu'elle a l'air un peu perdue, sans doute dans le floue. mais tu as la délicatesse de ne pas le mentionner, un sourire sur les lèvres, venant la prendre dans tes bras. salut, toi. tu ne pensais pas la croiser. elle t'avait assuré savoir ou se trouvait le bar. mais tu ne peux lui en vouloir, à cette amie d'enfance que tu as failli perdre, bien malgré tout. tu viens glisser ton bras sous le sien, un sourire sur les lèvres, et la laisses s'y accrocher, restant silencieux sur sa main tremblante. oh, euh... oui, c'est comique. tu hoches la tête, esquissant un sourire, te dirigeant tranquillement vers le bar. et ça te fait plaisir de te retrouver avec agnès, qu'elle ait acceptée de venir boire un verre avec toi, passer quelques heures à ses côtés. je suis bien d'accord. je travaille pas très loin, en plus. moins non plus. tu souffles avec un sourire, laissant la jeune femme rentrer dans le bar, lui tenant la porte avant de la suivre et de vous installer à une table, tout les deux. regarde-toi. toujours aussi beau, gabin. tu esquisses un sourire face à la jeune femme, hochant la tête. et toi alors ? tu rayonnes. tu souffles, glissant une main dans tes cheveux. elle a toujours été une amie proche, la blonde. et vous faire des compliments, c'est dans vos habitudes. de toute manière, elle ne sait trop bien que t'es attiré par les mecs. et puis ce que les autres peuvent penser, tu t'en branles pas mal.

c'est gentil de m'avoir écrit. je crois que j’avais bien besoin de sortir un peu. tu hoches la tête à ses mots, et profites de la présence de la serveuse pour commander une simple bière. pas trop d'alcool pour toi ce soir. pas trop d'alcool en général, d'ailleurs. alors, dis-moi tout. comment vont les choses ? tes cours ? t'as eu envie de tuer un étudiant, récemment ? un petit rire t'échappe à ses mots, et tu hoches un peu la tête face à la jeune femme, te mordant l'intérieur de la joue. ça va plutôt bien écoute. les choses se font tranquillement avec nate. on réapprend à se côtoyer. tu souffles légèrement pensif et te mordant l'intérieur de la joue. et puis sinon, mes cours oui ça va. ils sont un peu jeunes pour être étudiants encore, dans la petite école de quartier. tu ajoutes avec un sourire, ne lui en voulant pas pour cette confusion. tu t'en fiches, tu ne veux pas la pointer du doigt. ça se passe. tu te rappelles du petit théo ? son père qui me draguait un peu ? l'autre jour, nate à débarquer à l'école quand on discutait. tu racontes dans un rire. j'te laisse imaginer sa réaction ... tu ajoutes, un sourire sur le coin des lèvres. tu le lui as déjà raconter, à agnès, la jalousie et la possessivité de nate. ça a toujours été comme ça de toute manière. depuis toujours. tu tournes un peu la tête quand la serveuse arrive avec vos boissons et tu la remercies, un sourire sur les lèvres.

Tu rayonnes, qu’il dit. Et ça lui fait plaisir, à Agnes. Pas du genre à se vanter, pas du genre à se prendre pour quelqu’un qu’elle n’est pas. Mais ça lui fait tout de même plaisir, en sachant que parfois, elle ne sait pas trop qui elle est. De savoir qu’au moins, elle ne le semble pas trop au reste du monde. Et ça lui fait du bien d’être là. Pendant longtemps, après l’accident, elle avait évité les foules. S’était isolée, en ne sachant pas trop comment se comporter dans un monde où tout lui semblait inconnu et hostile. Il lui avait fallu réapprendre, Agnes. Et elle parvenait tout juste à retomber sur ses pieds. N’aimait pas particulièrement les endroits inconnus, se rendant toujours aux mêmes, même instinctivement quand sa mémoire lui faisait défaut. Le bruit, les gens, c’était compliqué parfois - mais elle apprenait. Apprenait reprendre contrôle d’elle-même, de sa vie. Et c’était plus facile avec quelqu’un à ses côtés. Et Gabin était parfait pour ça - il était familier, rassurant. Avec lui, Agnes n’avait pas peur, n’avait pas honte. Gabin la faisait sourire. Et à quelque part, c’était exactement ce qu’elle avait besoin. Elle l’écoute doucement, sourire aux lèvres. Contente d’avoir de ses nouvelles, même si la conversation se fait banale. Réalise qu’elle a trébuché sur les détails, mais Gabin ne lui en veut pas - et elle s’efforce de se rappeler, d’imprimer les informations dans sa tête. Réapprendre. Doucement, mais sûrement.

« Ça se passe. Tu te rappelles du petit Théo ? Son père qui me draguait un peu ? L’autre jour, Nate a débarqué à l’école quand on discutait. » Et Agnes lève des grands yeux vers lui. « J’te laisse imaginer sa réaction… » Elle rigole doucement, alors que la serveuse leur apporte leurs boissons. Agnes la remercie, en glissant ses doigts autour de sa pinte. Le coeur qui déraille, et les yeux qui doivent trahir sa tristesse. « Je… » C’est dur à avouer. Ça ne devient pas plus facile. « Je suis désolée. J’arrive pas… J'arrive pas à me rappeler. » Elle trébuche sur les mots. Le rose aux joues, et le regard un peu fuyant. Honteuse, de ne pas savoir réagir correctement à ses nouvelles. « Ma tête est un peu confuse aujourd’hui, je… » Elle hausse les épaules. Le sourire triste. « J’arrivais pas à savoir dans quel bar entrer tout à l’heure. Pourtant, je connais cet endroit, je… je sais pas pourquoi j’y arrivais pas. » La tête secouée. Espérant ne pas trop décevoir Gabin. « Je me rappelle de Nate. Mais je… Je sais plus trop. » La gorge serrée. « Oh, je suis tellement désolée, Gabin… » Ça ne devait être qu’un rendez-vous entre amis. Prendre des nouvelles. Partager un verre. Rien d’autre.

c'est compliqué ces derniers temps, tu ne sais pas forcément comment réagir face à agnès. ce n'est pas grave que tu souffles la plupart du temps. parce que ça ne l'est pas, que ça va revenir, doucement, petit à petit. laisser le temps au temps. et parfois, pourtant, tu as envie de lui en raconter, des choses. choses parfois oubliées, perdues dans un trop noir, un trop profond. tu t'en veux aussi, parce que tu devrais faire attention, ne pas la mettre dans l'embarras comme ça, la blonde. tu n'as pas envie de la blesser, ou qu'elle se sente encore plus perdue, ou mal à l'aise. tu te mords l'intérieur de la joue.

t'as encore fait une boulette, ouais. je... je suis désolé. j'arrive pas... j'arrive pas à me rappeler. tu te pinces les lèvres un instant. c'est pas grave. tu souffles doucement en observant la jeune femme. ma tête est un peu confuse aujourd'hui, je ... j'arrivais pas à savoir dans quel bar entrer tout à l'heure. pourtant, je connais cet endroit, je... je sais pas pourquoi j'y arrivais pas. je me rappelle de nate. mais je... je sais plus trop. oh, je suis tellement désolée, gabin... tu secoues un peu la tête, venant caresser doucement sa main pour essayer de la réconforter un peu. tu te mords l'intérieur de la joue un bref instant. c'est pas grave. tu répètes doucement. c'est pas de ta faute. que tu ajoutes en te penchant un peu en avant. non, ce n'est pas de sa faute. tu esquisses un petit sourire pour essayer de la rassurer. tu sais, j'oublie que c'est compliqué pour toi, parfois. tu souffles. et c'est moi qui suis désolé. je ne veux pas que tu te sentes mal par ma faute. tu ajoutes finalement en te redressant un peu, venant boire une gorgée de bière et retenant un petit soupir. tu t'en veux sans doute autant que la blonde. nate tu sait, il est jaloux. tu souffles ensuite, doucement. et possessif. tu ajoutes, esquissant un petit sourire en tirant un peu sur ton haut pour dévoiler une marque laissée là par le brune, contre ta clavicule.

Il y a la défaite dans son regard. D’accumuler les erreurs, depuis qu’elle a quitté la librairie. Et elle s’en veut atrocement, Agnes, de ne pas être capable de garder sa mémoire dans le droit chemin. Elle avait fait des progrès immenses, et certaines journées, elle parvenait presque à oublier ce qui lui était arrivé. Vivre sa vie sans avoir peur de ce qu’elle avait oublié - mais trop souvent, il y avait des petits événements pour lui rappeler qu’elle n’était pas tout à fait en contrôle. Ce n’était parfois pas grand-chose, parfois un peu plus. Mais devant son ami, c’était particulièrement difficile. Elle aurait aimé se rappeler de tout, pouvoir discuter avec lui sans chercher ses souvenirs avec des mains tremblantes, et recoller les morceaux de travers en voulant lui répondre. L’admettre, c’était compliqué aussi, mais elle savait que Gabin ne la jugerait pas. Après tout, il était là depuis le début, il avait été d’un énorme soutien pour elle, et elle lui en était tellement reconnaissante. Il dit que c’est pas grave, mais Agnes se sent terriblement désolée de ne pas être à la hauteur. Mais évidemment, Gabin reste le même, et c’est avec une douceur incroyable qu’il attrape sa main pour la caresser un peu. Le geste qui la rassure, en même temps que ses mots. « C’est pas grave. C’est pas de ta faute. » Il a un petit sourire sur les lèvres, et Agnes le lui rend. C’est vrai, que ça ne l’est pas - mais elle aimerait tellement être meilleure que ça. Parvenir à avoir le dessus sur ces souvenirs fragmentaires.

« Tu sais, j’oublie que c’est compliqué pour toi, parfois. Et c’est moi qui suis désolé. Je ne veux pas que tu te sentes mal par ma faute. » Et Agnes secoue la tête, en serrant ses doigts entre les siens. Elle ne veut pas perdre son ami - et surtout pas qu’il se sente coupable à cause d’une mémoire qui ne voulait pas coopérer, bien souvent. « Ne dis pas ça. Ce n’est pas de ta faute non plus. » Il n’y avait vraiment qu’un seul coupable dans cette histoire, après tout, et ce n’était ni un, ni l’autre. « T’es adorable avec moi. » Et c’est sincère - elle sentait qu’avec Gabin, elle pouvait trébucher et qu’il serait toujours là pour la rattraper. Il lance un soupir, alors qu’Agnes boit une gorgée de son cidre. « Nate tu sais, il est jaloux. Et possessif. » Et le coeur d’Agnes se serre, alors qu’elle constate la marque sur sa peau. La bouche qui devient sèche, et elle observe son ami avec tristesse. « Gabin, mais... » Elle secoue la tête, alors que ses pensées s’entremêlent. Le souvenir d’Henrik, jamais bien loin. « Qu'est-ce qui s'est passé ? » Elle sait ce que c’est, ce genre de jalousie, ce genre de possessivité - ça peut être positif, et ça peut être toxique. « Est-ce que c’est la première fois que ça arrive ? »

c'est un peu maladroit quand même, comme situation. tu veux tout partager avec la blonde, t'as envie de lui raconter tout ce qu'il peut t'arriver ces derniers temps, mais toi aussi, tu oublies. tu oublies que c'est compliqué pour elle. tu te pinces les lèvres un bref instant, retiens un petit soupir et l'observes de longues secondes. ce n'est pas grave après tout, pas grave du tout. et tu prends le temps de lui expliquer, de la laisser se rappeler. de ce qu'elle se souvient du moins. tu retiens un petit soupir.
ne dis pas ça. ce n’est pas de ta faute non plus. t'es adorable avec moi. tu te pinces un bref instant les lèvres et retiens un petit soupir. c'est normal, tu sais. tu murmures. tu ferais la même chose pour moi. tu ajoutes. tu ne penses pas te tromper en disant ça. tu esquisses un tendre sourire, avant de boire une gorgée dans ton verre, de lui parler de nate. ouais, il a toujours du genre à laisser sa trace. tu retiens un petit soupir, fronces un peu les sourcils. gabin, mais ... qu'est-ce qui s'est passé ? est-ce que c'est la première fois que ça arrive. tu ne comprends pas de suite de quoi elle parle.

et puis soudain, tu comprends. et t'es con. vraiment con. tu te mords l'intérieur de la joue et secoues la tête de gauche à droite. hé, panique pas. tu esquisses un sourire tendre. c'est juste un suçon. tu ajoutes avec douceur. ne t'inquiète pas, il ne me fera jamais de mal. tu ajoutes en essayant de la rassurer. et tu ne pensais pas vraiment qu'elle aurait pu interpréter tes paroles de cette manière. nate n'a jamais lever la main sur toi. il n'est pas comme ça, nate. tu le sais. c'est tout. tu lui fais confiance, depuis toutes ces années, pour tout ce qu'il a pu faire. même s'il a terminé par partir, même si c'est compliqué aujourd'hui encore, tu lui fais tout de même confiance. ce n'est pas possible autrement, tes sentiments sont encore bien trop forts. même quatre ans plus tard.

« C’est normal, tu sais. Tu ferais la même chose pour moi. » Et elle sourit, Agnes. Acquiesce doucement, en prenant une gorgée de son verre. Bien sûr qu’elle ferait la même chose pour son ami - même pas une question pour la blonde, qui a la loyauté au coeur. Toujours à trop s’inquiéter aussi, peut-être. Ça doit être le lot d’être une grande soeur, et d’avoir toujours eu le regard maternel de posé sur son petit frère, malgré le fait qu’Oswin avait toujours été capable de très bien se débrouiller dans le monde. Pas besoin d’elle, pas vraiment - et pourtant si, pour beaucoup de raisons. Alors Agnes, c’est toujours celle qui s’inquiète un peu, qui est naïve parfois, mais jamais mal intentionnée. Et alors que son coeur se serre face aux mots de Gabin, mais qu’elle voit comment il secoue la tête, elle comprend qu’elle a mal interprété ses paroles. C’est peut-être un sujet un peu trop délicat encore, il faut croire. « Hé, panique pas. C’est juste un suçon. » Et elle soupire, Agnes. Le sourire qui étire ses lèvres instantanément, alors qu’elle pouffe un peu et cache son visage derrière ses mains. Gênée, les joues qui se teindent d’un petit rose. Elle secoue la tête. « Oh, bon sang. » Gabin reste doux, par contre, pas le moindrement vexé par sa mauvaise conclusion. « Ne t’inquiète pas, il ne me fera jamais de mal. » Agnes acquiesce, avec toujours le sourire aux lèvres. Se pinçant les lèvres, relevant les yeux vers son ami. « Je suis désolée. Je sais pas pourquoi j’ai assumé ça. » Le petit rire qui passe ses lèvres, même si un voix lui murmure dasn le creux de son estomac pourquoi. Tu le sais, Agnes. Tu sais exactement pourquoi. Mais elle ne peut plus laisser Henrik avoir le contrôle sur sa vie. Plus jamais.

« Mais me voilà rassurée, alors. Mais je suis contente, alors, si tout se passe bien pour vous deux. » Elle parle doucement, Agnes, en prenant une nouvelle gorgée de son verre. Le rire au bord des lèvres, alors qu’elle se réinstalle un peu plus sur sa chaise. « Ça va faire combien de temps, au fait ? Ça me semble être un éternité. » Malgré les souvenirs effacés, il lui semblait que Nate avait toujours fait partie du décor dans la vie de Gabin. « D’ailleurs. Parlant de garçons. » Le petit sourire en coin, alors qu’elle se redresse un peu vers lui. « J’ai rencontré quelqu’un. » Le rose toujours aux joues, comme une adolescente au rire facile.