Tobisa ♥ Tendres retrouvailles

C'était la première fois qu'ils allaient se revoir, Isabella et Toby, après la dispute qui avait éclaté entre eux. Ou plutôt, après le pétage de plombs de Toby. Il avait eu l'impression d'être trahi, et quelque part, cette impression était toujours présente. Il ne pouvait pas dire qu'il n'était pas déçu par le comportement d'Isa, mais il lui avait pardonné. Et surtout, il espérait qu'elle lui pardonnait aussi le fait de s'être ainsi écarté d'elle. Elle avait eu besoin de lui, et il n'avait pas été là. Mais après tout, c'était ses propres choix, qu'elle avait fait, en connaissant les risques... Ce n'était pas comme si quelque chose lui était arrivé par surprise, c'était réfléchi et cela venait d'une tromperie, durant des mois... Elle n'avait pas eu de coup de foudre pour Nikolaï, loin de là. Mais Toby s'en voulait quand même un peu, de ne pas avoir vu tout cela, peut-être pour aider Isabella avant qu'elle ne se laisse aller à tout cela, avant qu'elle fasse des choses qu'elle regretterait... Mais, à présent, la situation était telle qu'elle était et si le choix final d'Isa la rendait plus heureuse, alors c'était le plus important.
Toby et Isa s'étaient donnés rendez-vous dans une sorte de braserie d'un quartier de New York. Un endroit sympa, qui faisait tout autant à manger que des cafés, des chocolats chauds et des milk-shakes. Le jeune abbé prit place à une table, dans le fond des lieux, au calme. A cet heure-ci, c'était plutôt vide. Il indiqua à la serveuse qu'il commanderait dès que son amie serait présente. Cela fut rapidement le cas. Il aperçut Isabella s'approcher et un sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme, mais ses yeux n'avaient pas la pétillance d'autrefois. "Hey, Isa..." souffla-t-il simplement, l'invitant à prendre place face à lui.

♛ Pour que tu m’aimes encore.

J'ai compris tous les mots, j'ai bien compris, merci Raisonnable et nouveau, c'est ainsi par ici Que les choses ont changé, que les fleurs ont fané Que le temps d'avant, c'était le temps d'avant Que si tout zappe et lasse, les amours aussi passent. Il faut que tu saches J'irai chercher ton cœur si tu l'emportes ailleurs Même si dans tes danses d'autres dansent tes heures J'irai chercher ton âme dans les froids, dans les flammes Je te jetterai des sorts, pour que tu m'aimes encore Pour que tu m'aimes encore…

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C’est avec une légère boule au ventre qu’elle gare sa voiture une fois arrivée à destination. Elle n’en sort pas, pas tout de suite. Elle est quelque peu nerveuse, c’est vrai. C’est la première fois qu’elle va revoir Toby depuis… Depuis le jour où il l’a sortie de sa vie. Elle ne sait pas comment il va se comporter avec elle. En réalité, elle ne sait pas comment elle va agir elle-même. Elle n’a oublié aucun des mots qu’il a prononcés si froidement, aucune des phrases écrites d’un ton si cruel. Elle a eu la sensation d’être abandonnée par la seule personne, de toutes, dont elle n’imaginait jamais l’être. Il était celui en qui elle avait le plus confiance, Toby. Et cette confiance a été ébranlée, arrachée même quand il a décidé de mettre un terme à leur amitié. Il lui a demandé pardon depuis, ils ont tenté de s’expliquer par messages, mais c’est la première fois qu’elle va se retrouver confrontée à lui. Elle éprouve encore tant de sentiments contradictoires pour celui qu’elle considérait comme son meilleur ami. Aujourd’hui, elle ignore ce qu’ils représentent l’un pour l’autre. Son amour pour lui n’a pas changé, assurément pas. Mais c’est comme si quelque chose s’était cassé en elle, comme si elle savait au fond d’elle que plus rien ne serait comme avant. Et elle est beaucoup trop angoissée par cette idée pour sortir de sa voiture avec enthousiasme et le rejoindre. Finalement, au bout de quelques secondes, la Latina attrape machinalement dans son sac à main la petite boîte de calmants qui ne la quitte plus depuis plusieurs semaines maintenant. Elle en saisit un pour l’avaler trop automatiquement pour que ce soit normal. Puis, elle prend une profonde inspiration et quitte enfin la voiture. De toute manière, elle aura beau se poser des centaines de questions. Elle ne saura pas, pas avant d’être face à lui. Et cela arrive. Enfin. Après des semaines loin de lui, elle reconnaît tout de suite cette silhouette familière au fond de la brasserie. Son cœur fait un drôle de bond dans sa poitrine mais elle s’approche de lui sans attendre. Sa démarche est aussi assurée qu’elle l’a toujours été, mais un soupçon d’hésitation l’envahit alors qu’elle arrive à sa hauteur. Doit-elle l’embrasser ? Le prendre dans ses bras ? Agir comme elle l’a toujours fait ? Ou... C’est lui qui tranche en fin de compte. Il reste à sa place alors qu’il la salue simplement, l’incitant à s’asseoir en face de lui. - Bonjour Toby. dit-elle avec un très faible sourire sur le visage. Elle prend place, finalement, encore un brin stressée. Le calmant n’a pas encore fait son effet, assurément. - Alors... Comment vas-tu ? Et elle commence, par la question la plus banale au monde.

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La revoir lui donnait énormément de joie et, en même temps, une certaine appréhension. Lui avait-elle réellement pardonné? Lui avait-il réellement pardonné aussi? Il se sentait plutôt sincère et avait terriblement envie que les choses redeviennent comme avant, mais la cassure entre eux avait eu lieu. Indubitablement. Alors, il fallait accepter qu'un petit temps, les choses soient moins... intimes entre eux. Il avait peur de l'avoir perdu, du fait de son orgueil, de sa jalousie et d'un trop plein de jugement. Pourtant, il l'aimait toujours de la même force.
La demoiselle s'approcha, d'un pas rapide, puis sembla hésitante, hagarde, perdue, face à son meilleur ami. C'était la première fois que cela arrivait... Eux qui avaient toujours été si sereins et si naturels ensemble. On aurait dit deux ados à un rencard, qui apprenaient à se connaître et ne savaient pas trop comment agir l'un avec l'autre.

Toby afficha un sourire encore plus large alors qu'Isabella s'asseyait en face de lui. "Je... Je vais bien, je crois." déclara-t-il. Oui, il le pensait, car il était tout en émoi. Il était passé par des phases assez difficiles dernièrement, des phases de doute intense sur tout ce qu'il avait cru, sur tout pour quoi il avait donné sa vie jusqu'alors. C'était comme s'il avait été déchiré de l'intérieur. Heureusement, il avait pris du recul, il avait réfléchi, il avait pris le temps de tout arrêter pour mieux rebondir et revenir dans la sérénité. Ce jour-là, il était encore fébrile, mais savait que sa fougue lui reviendrait. "Et toi, comment vas-tu?" lui demanda-t-il. Toby ne voulais pas parler de tout cela, il aimerait prendre une boisson et rire ensemble, comme jadis, mais il savait que la discussion ne serait pas si tendre pour le moment. Il poussa un petit soupire. "Tu m'as l'air épuisé..." indiqua-t-il. Pour une femme si amoureuse qu'elle avait tout quitté, elle n'avait pas l'air radieuse comme on aurait pu s'y attendre, bien au contraire. Elle avait l'air légèrement névrosée, énervée, stressée. Toby espérait que tout cela ne soit pas de son unique fait... Ou du fait de Nikolaï.

♛ Pour que tu m’aimes encore.

J'ai compris tous les mots, j'ai bien compris, merci Raisonnable et nouveau, c'est ainsi par ici Que les choses ont changé, que les fleurs ont fané Que le temps d'avant, c'était le temps d'avant Que si tout zappe et lasse, les amours aussi passent. Il faut que tu saches J'irai chercher ton cœur si tu l'emportes ailleurs Même si dans tes danses d'autres dansent tes heures J'irai chercher ton âme dans les froids, dans les flammes Je te jetterai des sorts, pour que tu m'aimes encore Pour que tu m'aimes encore…

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Que les choses redeviennent comme avant. C’est ce qu’elle voudrait plus que tout, Isabella. Mais elle ne sait pas si elle va arriver à agir comme elle l’a toujours fait avec lui, elle ne sait pas s’ils vont y arriver tous les deux. Chacun a accepté les excuses de l’autre, chacun a tenté de faire un pas vers l’autre. Elle a même réussi à se confier à lui lors de leur conversation téléphonique, alors qu’elle se serait très vite renfermée avec quelqu’un d’autre, uniquement parce que c’est lui. Alors c’est toujours lui et elle, quelque part, c’est toujours eux. Mais, jamais, elle n’a autant appréhendé de se retrouver face à Toby. C’est avec beaucoup trop de nervosité qu’elle le rejoint enfin. Quelque peu déstabilisée, aussi, par ce manque de proximité et de contact entre eux, eux qui ont toujours été si proches. Mais, malgré son émotion, la Latina retrouve une certaine assurance alors qu’elle lui demande comment il va. [color=#ae313d] – Tu crois ?[color] répète-t-elle, comme intriguée par sa réponse. Elle comprend qu’il est bouleversé, autant qu’elle. Peut-être est-il tout aussi fébrile qu’elle à cet instant. Quand il lui renvoie sa question, elle est quelque peu surprise par son commentaire. Elle ne se sent pas épuisée, enfin, un peu… Moralement, surtout. Ces dernières semaines ont été compliquées, plutôt lourdes. Mais elle a parfaitement été capable de donner le change. Aux autres, en tout cas. Elle secoue la tête, de droite à gauche, négativement. – Je vais bien. Je suis en « vacances » pour la première fois depuis des mois, cela ne me réussit peut-être pas. suppose-t-elle avec un léger sourire. Et elle a sans doute raison. Elle n’a jamais été capable de tenir en place bien longtemps. Se retrouver sans travail, c’est difficile pour elle. C’est aussi la première fois de sa vie que cela lui arrive. Elle qui a toujours eu tant de responsabilités, tant de choses à gérer, tant de personnes qui comptaient sur elle. C’est quelque chose qui lui a pesé, parfois, mais au fond, elle aime ça. Elle a besoin de ça. – Et j’étais quelque peu nerveuse à l’idée de te revoir. lui avoue-t-elle finalement alors que ses prunelles s’accrochent aux siennes pour la première fois.

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Il allait bien. C'était ce qu'il essayait de s'assurer, mais en même temps, il y avait cette touche en lui, cette drôle de sensation qui le rendait mal à l'aise. Et cette crainte vis-à-vis de cette première rencontre depuis des semaines. La peur de mal faire, la peur de la perdre. Isa était si importante à ses yeux. Il tenterait désormais de calmer l'amour qu'il avait pour elle, d'oublier ce qu'il avait cru qu'il aurait pu arrive, car cela n'arriverait jamais.
"Oui, je crois... Je suis un peu... fébrile en ce moment." déclara-t-il simplement. Et si on le regardait, on se rendrait compte qu'il avait perdu un peu de poids, car mangeant moins. La retraite lui avait fait énormément de bien.

Il sourit face à la réponse de son amie. Il était vrai qu'elle était une vraie pile électrique et qu'elle courrait toujours en mouvement, dans les affaires et le travail. "Oh, je suis certain qu'une petite pause te fera du bien, pour y voir plus clair..." Il savait qu'elle n'avait pas encore décidé de son orientation professionnelle future, mais espérait qu'elle trouverait rapidement chaussure à son pied, et un travail où s'épanouir.

Et pour la première fois depuis le début de la conversation, il posa un regard tendre sur son interlocutrice. "Je suis désolé." déclara-t-il simplement. Il lui avait fait beaucoup de mal, par ce comportement égoïste et plein d'orgueil. Mais Toby avait toujours été infaillible jusqu'ici, dans ses devoirs. Il avait fini par craquer. Pourquoi avait-il fallu que son coeur s'amourache de sa meilleure amie? Et pourquoi avait-il fallu qu'elle le déçoive?
Il cligna des yeux et attrapa la carte, qui se trouvait devant eux. Il la tourna vers Isabella. "Choisis ce que tu veux, c'est moi qui régale." déclara-t-il.

♛ Pour que tu m’aimes encore.

J'ai compris tous les mots, j'ai bien compris, merci Raisonnable et nouveau, c'est ainsi par ici Que les choses ont changé, que les fleurs ont fané Que le temps d'avant, c'était le temps d'avant Que si tout zappe et lasse, les amours aussi passent. Il faut que tu saches J'irai chercher ton cœur si tu l'emportes ailleurs Même si dans tes danses d'autres dansent tes heures J'irai chercher ton âme dans les froids, dans les flammes Je te jetterai des sorts, pour que tu m'aimes encore Pour que tu m'aimes encore…

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Il a tout l’air d’être dans le même état qu’elle, Toby. Il appréhendait certainement cette nouvelle rencontre entre eux, lui aussi, la première depuis des semaines. Et peut-être qu’il est tout aussi hésitant quant à la façon dont il doit agir avec elle qu’elle l’est avec lui. Cela devrait rassurer la jeune femme. Pourtant, c’est tout le contraire. Car elle s’en est toujours remise à lui, Isa. Si même lui, il n’a pas les réponses aux questions qu’elle se pose, comment les aura-t-elle ? Son regard se pose sur lui durant quelques secondes, sans qu’elle ne prenne la parole. Elle ne sait pas s’il a des problèmes, ou bien… Si c’est encore à cause d’elle s’il se sent dans cet état. – Est-ce que tout va bien à l’église ? demande-t-elle, prudemment. Comme pour comprendre un peu mieux ce qui se passe dans l’esprit de son ami. Mais elle n’est pas la seule à s’inquiéter, semble-t-il. Il relève avec une rapidité déconcertante qu’elle n’est pas tout à fait dans son état normal, Isa. En vérité, elle est loin d’être dans une situation facile en ce moment. Elle se trouve à un tournant de sa vie. Elle sait tout ce qu’elle laisse derrière elle mais elle n’a aucune idée de ce qui l’attend, ni même, de ce dont elle a envie pour son avenir. C’est déstabilisant, plus encore pour une femme qui a l’habitude de tout maîtriser. – C’est ce que je tente de me dire. Mais… C’est angoissant de ne rien faire. avoue-t-elle avec un faible sourire. A trente-deux ans, elle doit tout recommencer. Ce n’est pas seulement angoissant, c’est terrifiant. Mais elle s’en sortira, elle s’en sort toujours.

Sans qu’elle ne s’y attende, Toby lui présente soudainement ses excuses. Elle le regarde, un brin surprise, en se demandant pourquoi il est désolé. Désolé qu’elle soit nerveuse ? Désolé que leur relation ait tant changé ? Désolé pour tout ce qui s’est passé ? Elle ne sait pas, Isa. A la vérité, elle ignore encore s’il lui a lui-même pardonné, pour croire qu’il a véritablement des torts. Elle baisse les yeux, finalement, sans lui répondre. Elle sent encore ce malaise entre eux, cette distance. Elle n’aime pas cette situation, bon sang. Elle aurait tellement voulu que les choses ne changent jamais entre eux. C’est le jeune abbé qui coupe court au silence qui s’installe en lui affirmant qu’il l’invite aujourd’hui. Il a toujours cette gentillesse, celle qui a toujours fait fondre son cœur. C’est cette gentillesse qui pousse la jeune femme à relever la tête pour plonger dans ces deux grands océans qui lui ont tellement manqué. Et là, elle perd toute l’assurance qu’elle avait encore. – Est-ce que tu crois que l’on y arrivera ? Les mots lui échappent sans qu’elle ne les contrôle. Elle n’est pas très claire, elle le sait. Elle s’éclaircit légèrement la voix pour préciser davantage sa pensée. – Est-ce que tu crois que nous arriverons à être de nouveau amis ? Car elle déteste tous ces non-dits, elle déteste réfléchir au moindre de ses mots. Et, plus que tout, elle déteste le voir si près mais le sentir si loin d’elle.

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Toby lui sourit alors que son amie semble s'inquiéter à son tour de sa situation. Elle voit que quelque chose cloche, tout comme lui a pu le voir en l'espace de quelques instants. Il ne sait pas trop quoi répondre. Dernièrement, il ne s'était pas montré comme le meilleur des modèles. Mais au moins, il n'avait plus reçu de véritable menace, puisqu'il avait été absent. D'ailleurs, c'est sur les conseils du curé qu'il est parti en retraite quelques semaines. Cela lui a permis de se recentrer sur sa vocation et de continuer à être celui qu'il a toujours été. Toby baissa les yeux l'espace de quelques secondes, avant de répondre: "Oui, tout va bien." conclut-il simplement, posant le regard sur la belle Isabella.
"Ca s'apprend de lâcher du leste, mais je comprends que tu y trouves beaucoup de mal... C'est pas facile de s'arrêter d'un coup." D'ailleurs un nombre incalculable de personnes sur cette planète ne parvenaient pas à se reposer sereinement. Il devait toujours travailler, faire des projets, être en action. Une manière, quelque part, de se fuir eux-mêmes, surtout lorsqu'ils avaient du mal à s'arrêter pour jauger leurs propres sentiments et leurs ressentis. C'était un peu le cas d'Isa. Toby sourit de nouveau, avant se saisir du menu et de le mettre en avant, que son amie puisse le lire.

Les mots étaient sortis tous seuls. Désolé. Désolé qu'elle se sente mal par sa faute, désolé pour ces non-dits et ces drôles de retrouvailles, teintée de tendresse, mais aussi de tension, d'un stress qui se faisait ressentir dans l'atmosphère. D'ailleurs, notre jeune homme tenta une approche, pour rendre les choses plus faciles, pour faire comme avant. Il ne savait pas exactement comment se comporter, mais il n'abandonnerait pas. Non, il voulait retrouver sa meilleure amie, se sentir dans leur bulle de protection unique, comme avant la déception et les larmes.

Mais au lieu de jouer son jeu, Isabella, dont les yeux s'étaient subitement coincés dans les siens, décida de crever l'abcès et la tension par une simple question, qui le laissa un instant sans voix. Le jeune abbé pâlit, son teint s'approchant alors de celui d'un malade. Il ne pensait pas qu'elle l'avait effacé à ce point... Au point de dire qu'ils n'étaient plus amis, malgré son comportement. "Ah... Parce qu'on ne l'est plus?" demanda-t-il alors, baissant les yeux sur le menu, l'éclat disparaissant de nouveau de ses yeux azurs.

♛ Pour que tu m’aimes encore.

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Amis. Le sont-ils toujours ? L’ont-ils même seulement déjà été ? Car elle l’a toujours aimé plus que n’importe quel autre ami, Toby. Elle l’a toujours aimé d’une telle manière, d’une manière qui dépasse l’entendement, d’une manière que personne ne pourrait comprendre. Mais c’est ce qu’il a toujours été, malgré tout. Son meilleur ami. Et, quelque part, il y a des choses qui n’ont absolument pas changé entre eux. Elle s’inquiète toujours pour lui alors qu’il paraît beaucoup trop fébrile, un brin trop aminci aussi à ses yeux. Lui semble toujours la connaître par cœur, relevant son état d’angoisse sans même qu’elle n’en parle, et la regardant comme s’il comprenait ce qu’elle traverse. Le fait que ce n’est pas uniquement d’être en arrêt forcé qui la dérange, Isa, mais aussi de se retrouver face à toutes les appréhensions, tous les doutes qu’elle s’est toujours efforcée d’éviter. Pourtant, malgré ces détails loin d’être anodins, il y a toujours cette distance entre eux. Cette distance qui la tue à petits feux. Elle devrait peut-être en faire abstraction, saisir la carte qu’il lui tend, et l’occasion en même temps de retrouver un peu de cette complicité qui lui a tant manqué. Faire comme avant. C’est sans doute ce qu’elle ferait avec un autre que Lui. Mais elle n’y arrive pas, pas avec Toby.

Elle ne supporte pas de faire semblant que tout va bien alors qu’elle est là, face à son meilleur ami, sans savoir comment agir. Elle a l’impression qu’elle en serait incapable, incapable de le retrouver comme elle le veut tant, alors qu’elle tait tout ce qu’elle ressent. Peut-être qu’elle fait une erreur en les confrontant subitement à cette situation, peut-être bien qu’elle aurait dû se montrer plus patiente pour espérer retrouver cette magie qui a toujours existé entre eux. Mais elle n’a pas l’impression, Isa. Au contraire, elle a le sentiment que, parler avec lui, vraiment, ce sera la seule manière de le retrouver véritablement. Même si cela ne sera pas évident, assurément pas. A ses mots, elle voit d’ailleurs le regard de Toby changer. Son visage pâlit soudainement alors qu’il baisse les yeux, comme, blessé par sa question. Question à laquelle il répond par une autre question. – Je ne sais pas… Je n’en sais rien, Toby. avoue-t-elle sincèrement malgré la boule qui se crée dans sa gorge. Elle ne veut pas le faire souffrir, elle ne veut pas l’atteindre. Elle comprend bien qu’il la voit toujours comme son amie. Mais il n’est pas comme avant, lui non plus. Rien n’est comme avant. Et refuser de le voir, ce serait prendre le risque de le perdre définitivement. Ce qu’elle refuse, Isa. – J’ai l’impression que… Ce n’est plus naturel. Je n’arrive pas à être naturelle, je redoute de dire quelque chose que je ne devrais pas dire, je sens cette barrière entre nous, et je déteste ça. confie-t-elle en le regardant avec émotion, plus vulnérable qu’elle n’avait prévu de l’être. Mais c’est ainsi. Quoi qu’elle en dise, elle n’a jamais craint de se montrer vulnérable avec lui. – Je pensais que ce serait inutile de parler à nouveau de ce qui s’est passé entre nous. Je pensais qu’il valait mieux que l’on reparte sur de bonnes bases, vraiment. Mais je crois que… Je crois que j’ai besoin d’en parler.

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Il la regarda simplement. Elle n'était pas dans son assiette, son Isa, il pouvait le déceler en un coup d'oeil, comme personne d'autre. C'était l'une des particularités de leur relation... Mais ce jour-là, c'était comme si elle n'était plus sincère, et qu'ils devaient faire des efforts pour se parler, s'entendre. Pourtant, leurs regards se croisaient et l'un et l'autre pouvait déceler le trouble dans la prunelle de son interlocuteur. Ils étaient si proches et si loin à la fois. Le visage de Toby pâlit à la question d'Isa... Et encore plus lorsqu'elle lui répondit. Elle ne savait plus s'ils étaient amis. Il déglutit, avalant la nouvelle. Il avait cru qu'ils pourraient reprendre simplement où ils s'étaient arrêtés, maintenant que l'un et l'autre s'étaient excusés de leurs torts... Cela demanderait du temps. Mais il n'avait jamais cru que leur lien était si déchiré... Etaint, malade et en voie de disparition. Le brave homme poussa un soupire, parcourut la carte des yeux, comme cherchant un échappatoire à la situation. Mais l'évidence était là, ils devraient parler du passé.

Le jeune prêtre ne le voulait pas, mais son amie, quant à elle, semblait en avoir besoin. Lui aussi, en quelques sortes, mais il aurait préféré éviter et oublier. Cela aurait été tellement plus simple. Un soupir sortit d'entre ses lèvres. "Alors, parlons." conclut-il, avant d'afficher un léger sourire, l'invitant ainsi à prendre la parole. Et Toby se sentit subitement fatigué, craintif de ce qu'elle voulait lui dire de plus, de ce qu'elle avait encore sur le coeur. Cela pouvait malheureusement s'avérer plus violent que ce à quoi il était préparé et ce à quoi il pouvait survivre.

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Il n’a aucune envie d’en parler. Elle le sait, elle le connaît. Elle le voit bien au regard qu’il pose sur elle, presque suppliant, pour qu’elle s’arrête. Elle le voit aussi alors qu’il le détourne vers la carte, comme peu intéressé par les confessions de la belle. Mais, parce qu’elle le connaît, justement, elle sait combien c’est faux. Elle sait qu’il tient lui aussi à leur relation, si compliquée soit-elle. Elle sait qu’il a juste peur que tout dérape une nouvelle fois. Elle le sait, parce qu’elle a la même peur qui la taraude, Isa. Elle a tellement peur de le perdre une seconde fois, tellement peur qu’ils se fassent encore du mal. Mais elle a besoin de parler, c’est vrai, elle a besoin d’être vraiment avec son ami. Son Toby. Et quand il accepte, elle se rend compte à quel point car elle se sent déjà un peu plus soulagée. Les yeux posés sur lui, elle le contemple pendant plusieurs secondes, sans un mot. Car elle n’a préparé aucun discours, Isabella. C’est très rare, pour elle, mais c’est peut-être ce qu’elle doit faire. Parler à cœur ouvert. Sans réfléchir. Juste avec son cœur. – Tu m’as manqué. Tu me manques encore. J’ai toujours ce réflexe à chaque fois que mon téléphone sonne, de croire que c’est toi qui m’appelle. Ou qui m’envoie juste un petit emoji. Elle sourit légèrement à cette pensée, mais ses yeux, eux, se mouillent déjà de larmes. Elle est devenue trop émotive, Isa. Elle ne pleurait jamais, avant. Elle prend une profonde inspiration car, non, ce n’est certainement pas le moment de craquer. Pas l’endroit non plus, mais ça, elle n’y fait déjà plus attention. – Je sais que tu avais besoin de t’éloigner, crois-moi, je le comprends et… Je ne t’en veux pas. Mais je crois que le plus douloureux, c’était de me dire que… Que tu pensais vraiment que je n’étais pas sincère avec toi… Que nous deux, ce n’était pas sincère. Elle passe d’un geste fébrile la main sous sa joue, comme pour s’empêcher de pleurer. – Je… J’ai peur d’être moi-même avec toi parce que… Je n’ai pas envie que tu partes encore car celle que je suis te déçoit, ou bien, ne te convient pas… Je n’ai pas envie que tu t’en ailles encore. Elle ne le supporterait pas. Pas une deuxième fois.

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