Je t'ai dans les veines. (Warston)

♛ Je t'ai dans les veines.

Voilà déjà quelques jours qu’Isabella a eu le courage d’affronter son mari et partir… Enfin partir. Libre, elle est vraiment libre. Elle peut être avec l’homme qu’elle aime, enfin, et elle ne s’en prive pas. Chaque jour, elle a davantage besoin de le revoir que le précédent. Elle a l’impression d’être, comme, dans un rêve mais c’est bien la réalité. La plus belle réalité qu’elle connaisse. Pour autant, les choses ne sont pas si simples depuis sa séparation officielle avec Luke. Et pour être officielle, elle l’est. L’annonce de la fin de leur mariage a fait l’effet d’une bombe au sein du beau monde new-yorkais. A cause du scandale de la soirée, elle a fait la une des magazines, une nouvelle fois. Mais, pour la première fois, elle s’en fiche. Elle aurait préféré éviter que sa vie privée ne soit étalée aux yeux de tous, assurément, mais elle ne se préoccupe plus de tous ces on-dit. Elle se sent juste heureuse, avec Nikolaï, elle se sent tellement heureuse d’être avec lui pour de bon. Aussi, elle se sent libérée de ce monde aussi élitiste que malsain, au même titre qu’elle est libérée de son mari. Luke, il la laisse assez tranquille d’une manière générale. Il a certainement besoin de se remettre de l’humiliation qu’il a subie, et c’est tant mieux. Le lendemain de cette fameuse réception, elle a profité de son absence à la villa pour aller récupérer quelques affaires. Elle n’a pas pu tout emporter puisqu’elle n’a aucun endroit où les entreposer. Car elle n’a plus de maison, Isa. C’est le premier point qui complique sa situation. Elle fait constamment des allers-retours entre l’appartement de sa petite sœur et l’hôtel, pour retrouver Nikolaï. Elle doit impérativement trouver un endroit où vivre, et vite, mais elle ne sait pas encore lequel. A vrai dire, elle est davantage préoccupée par son travail. Elle n’a pas pris la peine de faire quoi que ce soit pour annoncer son départ car… Après tout, il paraît évident ? Mais, ce matin, elle a eu un appel de sa secrétaire. Il y a plusieurs choses qu’elle est la seule à savoir, ou même des informations auxquelles personne d’autre ne peut accéder. Alors, après quelques hésitations, la voilà partie pour la Kingston Corporation. Elle éprouve une certaine appréhension, notamment à l’idée de croiser Luke. Mais, une fois arrivée, tout se déroule étonnamment bien. Elle discute quelques instants avec sa secrétaire, elle lui explique même brièvement la situation, avant de se rendre dans son bureau pour préparer enfin son départ. Elle est quelque peu surprise de le découvrir non seulement inoccupé, mais aussi intact. Toutes ses affaires sont encore parfaitement à leur place, comme si elle était simplement absente. Mais elle tente d’oublier cette impression désagréable pour se mettre au travail. Elle est en train d’élaborer un récapitulatif destiné à son futur remplaçant quand elle entend d’un coup une voix qu’elle reconnaîtrait entre mille. – On m’a dit que tu étais là, mais je ne pouvais pas y croire. Luke. Elle relève la tête vers lui, un peu déstabilisée, mais garde son assurance alors qu’elle lui affirme. – Je venais simplement récupérer mes affaires et… Organiser mon remplacement. – Pourquoi tu fais ça ? Elle se sent troublée par cette question qu’elle ne comprend pas. La KC, c’est malgré tout plusieurs années de sa vie auxquels elle s’y est consacrée. Elle ne peut pas partir comme… Une voleuse. – Je… – Tu m’as humiliée Isabella. Tu es partie, devant tout ce monde. Est-ce que tu te rends compte à quel point c’est difficile pour moi ? Elle sent un profond malaise l’envahir en même temps qu’une culpabilité présente bien malgré elle. – Je n’ai jamais voulu ça, Luke, mais tu… Tu ne m’as pas laissé d’autre choix. – C’est ce que tu te dis pour t’empêcher de culpabiliser, c’est ça ? Il la connaît, Luke. Il y a plein de choses qu’il ignore sur elle mais il a partagé deux ans de vie commune avec elle. La jeune femme détourne le regard un instant, mais retrouve très vite le sien. – Je suis désolée. Je n’aurais pas dû venir. – Non, tu n’aurais pas dû en effet. Va plutôt rejoindre ton amant, on verra combien de temps ça durera une fois que les parties de jambe en l’air ne te suffiront plus. – Tu ne me feras pas douter de lui, Luke. – Oh mais ce n’est pas ce que je cherche à faire ! C’est plutôt lui qui devrait se méfier d’une femme comme toi, une femme qui se sert des hommes et les jette quand elle n’en a plus envie, une femme qui n’est jamais satisfaite, jamais, de rien. Tu ne seras pas heureuse avec lui, je t’ai tout donné, et tu n’as pas été capable de l’être. Lui, il a rien, comment veux-tu qu’il te garde plus de quelques semaines ? Il laisse échapper un rire mauvais tandis qu’elle, elle est profondément blessée par ses propos. Elle attrape son sac à main pour partir. – Tu m’as tout donné sauf le plus important, Luke. Lui, il est différent de toi. C’est pour cette raison précisément que cela fonctionnera entre nous. – L’homme est différent, mais la femme est la même. Tu n’y peux rien, Isabella, le bonheur n’est pas fait pour toi. Elle secoue la tête, puis part sans se retourner. Elle s’éloigne, elle quitte l’immeuble le plus rapidement possible. Une fois dans sa voiture, elle attrape instinctivement la boîte de calmants qui ne la quitte plus depuis plusieurs semaines. Elle en avale un d’un geste mécanique et s’adosse ensuite à son siège, attendant les précieux effets réparateurs du médicament. Elle reste plusieurs minutes sans démarrer, encore sonnée par ce qui s’est passé. Cette entrevue l’a pas mal remuée, si bien qu’elle refuse de rentrer et se retrouver seule. Et, tout de suite, elle ne réfléchit pas longtemps. C’est auprès de lui qu’elle veut se rendre… Encore et toujours lui, Nikolaï. Sans plus attendre, la Latina prend la route du commissariat pour le retrouver. Une petite quinzaine de minutes plus tard, elle est déjà en train de passer la porte du commissariat, son regard qui cherche l’homme qu’elle aime. Elle ne devrait probablement pas, elle sait qu’elle va le déranger en plein travail. Mais elle a trop besoin de le voir, particulièrement après cette entrevue beaucoup trop pénible. Puis, elle sait qu’il a reçu les résultats de l’expertise du collier de diamants, elle a besoin d’en savoir plus. Même si, en vérité, ce n’est peut-être qu’une excuse pour le retrouver… Car elle a besoin de lui, Isa. Elle en a de plus en plus besoin.

♛ Je t'ai dans les veines.

A peine franchit-elle les portes du poste de police que ses yeux font le tour des lieux, à la recherche de l’homme qu’elle aime – ou, au moins, d’une indication pour le trouver. Elle pourrait demander de l’aide à l’un des policiers près d’elle, ils ont l’air plutôt disponibles. Peut-être même un peu trop disponibles. Elle a l’impression que, plus elle avance dans le commissariat, plus les regards sont braqués sur elle. C’est comme si elle portait un panneau immense avec écrit « regardez-moi ». Ou peut-être que, simplement, ils l’ont reconnue. Certains de ces agents de police se trouvaient eux-mêmes à la soirée où tout a dégénéré entre Nikolaï et Luke. Ils l’ont reconnue, c’est certain, mais ce n’est franchement pas une impression agréable. Elle a l’impression d’être une bête curieuse, jusqu’à ce que l’un d’eux vienne à sa rencontre. – Madame, je peux vous aider ? Elle le regarde un instant, comme, méfiante mais finit par prendre la parole, le ton neutre. – Je voudrais voir l’inspecteur Warren. – Oui… Bien sûr. Je vais lui dire que vous le cherchez. déclare-t-il avec un sourire entendu, et de reprendre avec amusement. – Au fait, moi, c’est Ben. Oh, elle comprend tout de suite qui il est. Son petit-ami lui a dit qu’il passait ses nuits sur le canapé d’un collègue de travail qui répond au même prénom. Elle sait qui il est mais, surtout, elle comprend qu’il sait qui elle est, lui aussi. – Eh bien, je vous remercie Ben. dit-elle simplement, la voix toujours assez distante. Elle n’est pas du genre à se familiariser avec des inconnus, Isabella. Elle a même bien plus tendance à se méfier de ceux qui se montrent un peu trop chaleureux avec elle. Alors elle le regarde partir, surtout impatiente de retrouver l’homme qu’elle aime. Nikolaï, avec lui, elle n’est pas du tout la même. C’est même tout l’inverse puisque, elle reconnaît à peine sa silhouette que son regard s’illumine tout de suite, irrémédiablement. Elle ne fait même plus attention à tous les curieux qui les épient, elle se contente de le contempler, lui. Il ne peut pas savoir à quel point elle est heureuse de le voir, Isabella. Elle l’a vu la veille seulement, pourtant, mais elle en devient de plus en plus accro. Elle n’imaginait pas qu’il puisse exister une drogue aussi addictive, aussi vite. Plus elle le voit, plus elle a envie de le voir. Un beau sourire apparaît instantanément sur les lèvres alors que le jeune homme arrive à sa hauteur. Elle n’est pas seulement heureuse, en vérité, elle est aussi soulagée. Parce qu’être avec lui, cela lui permet de se rendre compte à quel point les paroles de Luke sont loin de la vérité. Elle goûte au bonheur avec lui, au bonheur véritable. – J’espère que je ne te dérange pas. lui dit-elle doucement, en guise de salut. Elle pourrait l’embrasser, là tout de suite, elle en aurait le droit désormais. Une certaine retenue l’en empêche pourtant. Peut-être est-ce parce qu’ils ont tant pris l’habitude de devoir se cacher, ce n’est presque plus normal pour eux de se montrer au grand jour. Puis, elle n’a jamais été dans la grande démonstration, Isa. Encore moins quand… Tout le monde les regarde. – Si… Si, je vais bien. le rassure-t-elle avec un faible sourire. Elle va lui parler de son entrevue avec Luke, enfin… Elle va certainement lui en parler. Mais pas tout de suite, pas ici. Comme s’il lisait dans ses pensées, son petit-ami l’invite à le suivre jusqu’à ce qui s’apparente à son bureau. Enfin loin des regards indiscrets, seule avec lui, la belle se sent tout de suite bien mieux. Nikolaï n’attend pas pour se rapprocher d’elle et lui voler un doux baiser en enlaçant sa taille. Baiser qu’elle prolonge durant quelques secondes, les yeux fermés. Cela lui fait du bien, vraiment. Encore plus qu’elle ne l’aurait cru. – J’avais envie de te voir… lui répond-elle, un peu évasivement pour le coup. Mais, à la vérité, c’est autre chose qui est dans ses pensées, là tout de suite. – J’ai rencontré ton ami… Ben. déclare-t-elle alors que ses prunelles se plongent dans les siennes. Elle esquisse un faible sourire en coin avant de reprendre finalement. – J’ai l’impression que tout le monde est au courant pour nous, n’est-ce pas ?

♛ Je t'ai dans les veines.

Un sourire en coin sur les lèvres, Isabella suit son petit-ami jusqu’à son bureau en évitant de se soucier des regards qui les scrutent. Maintenant qu’elle est avec lui, en tête à tête, elle se sent déjà beaucoup mieux. Elle partage un baiser avec Nikolaï, oubliant l’espace de quelques secondes toutes ses préoccupations. Mais il semble néanmoins se rendre compte que sa visite n’est pas aussi anodine qu’elle le laisse croire. Pourtant c’est vrai qu’elle est uniquement venue pour le retrouver, elle en avait besoin et… Elle n’a pas hésité. La seule chose dont elle préfère ne pas parler, en tout cas pas pour le moment, c’est de son entrevue avec Luke. Elle n’a aucune envie de ternir ce doux moment à ses côtés. – Il faut croire que tu me manquais trop. lui répond-elle avec une petite pointe de légèreté. Mais ce qui la titille un petit peu, en vérité, c’est de savoir que tout le commissariat semble déjà la connaître alors que… Elle ne sait rien d'eux, elle. C’est comme cela où qu’elle aille en ce moment, seulement elle n’imaginait pas que des agents de police s’intéressent aussi aux frasques du beau-monde new-yorkais. Visiblement, elle se trompait. Mais c’est surtout sa rencontre avec Ben, le colocataire de son petit-ami dont elle décide de faire part à ce dernier. – Il a l’air très gentil. assure-t-elle avec douceur. Car, malgré la froideur dont elle peut parfois faire preuve, elle n’est pas aussi fermée qu’elle en a l’air. Elle est juste un peu sur la réserve, Isa. Lorsqu’elle évoque le fait que tout le monde semble au courant pour eux, Nikolaï confirme rapidement ses propos. Il lui donne l'impression de vouloir la rassurer, aussi, mais… – J’en ai conscience. C’est juste que je n’aime pas beaucoup attirer la curiosité des gens. Même si, paradoxalement, elle a le chic pour se retrouver dans les pires situations. Elle n’en veut pas à ceux qui s’intéressent de trop près à sa vie privée, elle aimerait juste être tranquille, un peu plus de deux mois, pour changer. Mais les propos suivants de l’homme qu’elle aime arrivent à la faire sourire. – Je sais que je t’aime aussi. Et que nous allons être très heureux tous les deux. ajoute-t-elle en se mordillant la lèvre. Une précision qu’elle n’était sûrement pas obligée de lui faire, à lui, mais cela lui fait du bien de l’affirmer à voix haute. Toutefois, Nikolaï continue de la fixer avec ce petit air intrigué, cet air que la jeune femme ne connaît que trop bien. C’est celui qu’il a à chaque fois qu’il veut lui extorquer une information. – Ne me regarde pas ainsi. Oui, je t’assure que c’est tout. dit-elle avec une petite moue. Elle se rapproche de lui, juste pour se blottir contre lui quelques secondes. – Et alors, comment se passe ton travail ici ? Tu n’auras pas de problème supplémentaire à cause de… Cette soirée ? Ou… A cause d’elle ?

♛ Je t'ai dans les veines.

Elle est toujours impatiente de le voir. C’est vrai, indéniablement, elle ne pourrait pas le nier même si elle le voulait. Elle est totalement accro à Nikolaï, elle n’a même jamais eu autant besoin d’être avec un homme. C’est peut-être parce qu’elle a dû se priver de lui trop longtemps, apprendre à vivre avec son absence pour mieux savourer sa présence. Ou c’est peut-être simplement parce qu’elle est trop folle de lui. Trop amoureuse. Un doux sourire se dessine sur les lèvres de la jeune femme. Et pourtant, il a raison. Elle est comme lui, elle aussi elle a beaucoup de mal à rester loin de lui, le voir continuellement à l’hôtel, comme si… Comme s’ils n’avaient toujours pas le droit d’être ensemble, pas vraiment. Elle n’aime pas cette sensation, Isa. Pour le moment, ils n’ont pas le choix malheureusement. Elle se voit mal l’emmener chez Peyton et, encore moins, se rendre chez l’ami qui l’héberge. Elle ne se sentirait pas du tout à son aise. Mais elle ne compte pas rester dans cette situation longtemps, fort heureusement. – Cela ne va pas durer. Je vais commencer à éplucher les petites annonces. lui promet-elle avec conviction. Elle peut, de toute manière, puisqu’elle n’a rien d’autre à faire… Plus aucun travail. En écoutant Nikolaï, elle voit bien que lui aussi, il a besoin d’un endroit à lui. Il semble avoir de plus en plus de mal à supporter la vie en colocation. Un petit sourire amusé sur les lèvres, elle l’écoute lui raconter ses déboires. Elle ne comprend que trop bien à quel point ce doit être une situation gênante pour lui, elle serait sûrement encore plus mal à l’aise à sa place. – Hum, je ne préfère pas que tu t’imagines dans une chambre avec qui que ce soit d’autre que moi. affirme-t-elle d’une voix taquine. Pourtant, ils ne sont pas les derniers à se faire remarquer. Non, visiblement que non. Les aventures de Ben doivent beaucoup moins attirer l’attention au commissariat que leur liaison. Mais, d’après Nikolaï, ce n’est que passager. Elle ne se souvient même plus de la dernière fois qu’elle a été madame tout le monde. Néanmoins, elle ne demande qu’à le croire, Isa. Elle acquiesce d’un bref signe de la tête, un peu pensif, alors qu’il revient à la charge concernant son attitude. Elle ne sait pas trop comment il fait, en réalité, il paraît avoir un radar qui capte chaque chose qu’elle lui cache. Elle part se blottir dans ses bras, pour retrouver cette sensation de bien-être, et peut-être aussi pour lui faire oublier ses petits doutes. – Mais non, je… J’avais juste besoin de te voir. déclare-t-elle, la tête nichée contre son cou. Elle n’a rien à se reprocher, c’est vrai, en tout cas elle tente de s’en convaincre. Mais les paroles de Luke sont persistantes dans sa tête. Peut-être qu’il a toujours un peu d’emprise sur elle, finalement, peut-être qu’elle est incapable de s’en détacher. Elle laisse échapper un faible soupir presque imperceptible avant de se concentrer plutôt sur son compagnon. Il a eu quelques problèmes à cause de cette fameuse soirée mais s’en sort sans grande difficulté. Elle se serait bien trop voulu du contraire, Isabella. Elle l’écoute sans un mot, elle savoure simplement ses caresses, jusqu’à ce qu’il affirme que, de toute manière, il referait la même chose s’il le devait. – Tu lui as vraiment dit ça ? demande-t-elle en relevant la tête vers lui pour croiser son regard. Il est beaucoup, beaucoup trop craquant. – Tu es réellement l’homme parfait, toi. ajoute-t-elle tendrement avant de lui voler un doux baiser. Elle éloigne finalement son visage alors qu’il lui apprend qu’il a obtenu les résultats de l’expertise qu’ils attendaient. – Oh, tu les as ici ? Je peux les regarder avec toi. Elle connaît ce genre d’expertises par cœur, elle saura vite voir si quelque chose cloche, ou non.

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Cela ne fait que quelques jours, seulement le temps dont ils ont eu besoin pour se remettre de leurs émotions. Mais, désormais, Isabella compte bien savourer cette nouvelle vie à ses côtés. Elle ne veut plus vivre leur relation comme si elle n’était qu’une aventure, une liaison sans conséquence. Elle veut profiter de sa présence chaque fois que cela lui est possible, elle veut profiter de lui comme elle n’a jamais pu le faire. Et, elle compte bien trouver un lieu décent où vivre. Elle assure même à son petit-ami qu’elle va entreprendre très vite les recherches, avant qu’il ne lui déclare devoir en faire autant. C’est vrai que, pour lui, cela fait encore plus longtemps. Il doit avoir besoin d’un chez-lui bien plus encore qu’elle… Même si elle le surprend à parler d’un endroit rien que pour eux. Ces mots, précisément, la font sourire avec tendresse. – Ce ne doit pas être évident pour toi, mais ce n’est que provisoire. Et, en attendant, je veux bien t’offrir un massage pour compenser les nuits sur le canapé. précise-t-elle avec un petit sourire en coin, sourire qui s’agrandit à ses paroles suivantes. Elle se sent bien à cet instant, elle retrouve cette sensation d’être complètement à sa place. Plus encore alors qu’elle se blottit dans ses bras. Elle oublie les préoccupations avec lesquelles elle est arrivée, elles s’échappent totalement de son esprit, exactement comme elle l’espérait. C’est justement pour cette raison qu’elle préfère éviter d’en parler avec Nikolaï. Elle ne veut pas qu’il croit qu’elle puisse douter, ou… Qu’il prenne mal qu’elle se soit retrouvée à nouveau face à son mari. Elle ne veut plus y penser du tout. Malheureusement, c’est difficile d’oublier Luke. Le dernier échange entre les deux hommes a encore des conséquences sur l’enquêteur. Par chance pour elle, il ne semble absolument pas lui en vouloir pour tout ce qui s’est passé. Bien au contraire, il lui affirme droit dans les yeux qu’il ne regrette rien. Un sourire conquis, amoureux, se dessine sur les lèvres de la belle. Elle est folle, totalement folle de cet homme. Et elle le montre bien. – Et j’ai énormément de chance. tient-elle à préciser avant d’aller à la rencontre de ses lèvres. Ils partagent un tendre baiser qui se prolonge quelques instants, mais finissent par se détacher l’un de l’autre. Ils doivent parler d’un sujet bien plus sérieux désormais. Récupérant l’enveloppe que lui tend son homme, Isabella le récupère avec une pointe d’appréhension dans le ventre. Elle ne dit rien, elle se contente de l’ouvrir, impatiente de découvrir les résultats mais… Inquiète en même temps. Elle commence sa lecture, sans un mot, elle lit avec attention l’analyse de l’expert. Elle ne laisse rien entrevoir pendant plusieurs secondes alors que l’évidence, peu à peu, lui saute aux yeux. Enfin, au bout d’un petit moment, elle relève la tête vers Nikolaï. – Je crois que… Je suis en train de comprendre. Elle se tait encore quelques instants, le temps de réfléchir à ce qu’elle a décelé, ce qu’elle a saisi, et les hypothèses qu’elle peut en tirer. Mais si elle a raison… Si elle a bien compris… C’est incroyable. – Je n’arrive pas à y croire… murmure-t-elle, presque pour elle-même alors qu’elle pose les différentes feuilles sur la table. – A la Kingston Corporation, lorsqu’un expert certifie un diamant, il ne se contente pas de donner un certificat avec le logo du laboratoire. Il fait aussi une mini inscription au laser du numéro du certificat sur le rondiste du diamant. C’est du branding, c’est totalement invisible à l’œil nu mais c’est là, c’est même l’une des spécificités de notre marque dans l’univers de la joaillerie. explique-t-elle, peut-être en manquant de clarté sans le vouloir, mais elle expose tout ce qui lui vient à l’esprit. – Et là… Il n’y a pas cette inscription, elle n’apparaît nulle part. Les diamants sont vrais, il n’y a pas de doute là-dessus mais… C’est comme s’ils ne venaient pas vraiment de chez nous, tu comprends ?