attaque mes rêves où détruis mon âme (elisa)

01/ tu es née à ottawa, au canada, et tu y as vécu jusqu’à tes six ans. tu n’as jamais craint le froid, au contraire, tu adores l’automne et l’hiver. mais dans cette maison là, le froid que tu ressentais, c’était une autre sorte de froid. celui que les autres membres de ta famille ne ressentaient pas, celui qui apportait la peur et la crainte avec lui. cette maison, tu l’as aimé autant que tu l’as détestée. à tes yeux, vous viviez dans une maison hantée. les portes qui claquent seules, des bruits de pas sans que personne ne marche, des chuchotements, des murmures. des ombres, qui t’effrayaient beaucoup la nuit. tu te sentais persécutée, même si tu ne t’es jamais sentie en réel danger. tu étais petite, mais tu te souviens parfaitement de tout ce que tu as vécu et ressenti dans cette maison là, ce beau manoir acheté par tes parents quand ils étaient jeunes. tu ne comprenais pas. quand tu en parlais, ta mère t’expliquait que c’était une vieille maison, que le bois travaillait et que ce n’était que ton imagination qui te jouaient des tours. tu as décidé de ne pas la croire, convaincue par tout ce que tu avais vu et vécu. en grandissant, une fois partie de cette maison, tout a disparu. tu n’as plus jamais eu froid, tu n’as plus jamais eu peur la nuit. et tu as enquêté des jours durant, alors que ta famille te demandait à tout prix d’arrêter et de passer à autre chose. tu as fini par découvrir des choses sordides qui s’étaient passées dans cette maison, tu as créé ton propre dossier avec tes analyses et tes preuves, mais tu n’en as jamais parlé à personne. cette maison, tu aimerais pouvoir y retourner, voir ce qu’elle est devenue. 02/ tout ça, ta famille n’y a jamais cru. tu es la première fille du couple curtis, et leur troisième enfant. tu as un frère aîné, un frère jumeau et une soeur cadette. une famille soudée, en somme. un père canadien, une mère américaine. un amour de jeunesse devenu un amour de toujours. des prénoms et un accent francophone venus sans aucun doute du québec non loin de là. vous avez toujours été proches, mais vous avez aussi toujours été simples. famille sans histoire, parents qui travaillent tous les deux pour faire vivre convenablement sa famille. des cris, des rires, des larmes, des moments gravés à jamais. ta famille est sans doute ce qu’il y a de plus important au monde à tes yeux, tu pourrais faire n’importe quoi pour eux. mais toi, tu as quand même demandé énormément d’attention à tes parents, étant petite. ton histoire de maison hantée, même s’ils n’y croyaient pas, ça les chagrinait, ça les interrogeait. ils t’ont fait suivre par un pédopsychiatre qui n’a pas du tout aidé. comment il aurait pu ? il ne comprenait pas ce que tu lui racontais. tes parents, ils accouraient à chaque fois que tu hurlais la nuit. ils te consolaient à chaque fois que tu pleurais, que tu avais froid. tu sais très bien, maintenant, que tu as demandé bien plus d’attention que tes frères et soeurs, et qu’ils t’en veulent surement un peu, dans le fond. toi, t’as jamais fait ça pour attirer l’attention. 03/ bien évidemment, tu aimes tous tes frères et soeurs. tu donnerais ta vie pour eux. mais il y a gabin. ton jumeau. né deux minutes avant toi, il est ton aîné, ta moitié, ton tout. le yin de ton yang. vous êtes des jumeaux, des vrais, vous avez partagé le ventre de votre mère et ensuite, vos parents vous ont toujours laissé vous épanouir dans cette relation si particulière. une fusion de deux êtres au sens le plus pur du terme. gabin et elisa, elisa et gabin. quand l’un est là, l’autre n’est jamais bien loin. ton frère, tu lui as toujours tout raconté, des détails les plus intimes de ta vie à de simples banalités. et lui aussi. vous avez longtemps partagé la même chambre, puis  après vos parents ont préféré que vous ayez des chambres séparées. ça ne vous a jamais empêché de vous retrouver le matin, pour dormir l’un contre l’autre encore quelques minutes, sous le regard blasé de vos parents, qui n’arrivaient tout simplement pas à vous séparer. maintenant encore, maintenant que vous êtes grands, vous vivez ensemble. toi, tu n’as pas une vie réellement posée, la seule chose qui ne change jamais, qui rythme ton quotidien, qui te rassure, c’est la présence de ton frère quand tu rentres le soir. toujours là quand tu as besoin de lui, et même si vos chemins se séparent parfois à cause de vos vies privées, vous ne restez jamais un seul jour sans vous parler ou vous voir. ça vous parait tout simplement impensable. 04/ à ce jour, personne n’a vraiment réussi à avoir une place dans ton coeur. même si il y a bien une personne que tu pourrais aimer peut-être autant que gabin. samson. ta meilleure amie. vous avez toujours été proches, depuis ton arrivée à new-york et votre rencontre en classe, c’était comme un coup de foudre amical. des amies inséparables. puis vous avez grandit. l’adolescence et tout ce qui va avec est arrivée, et tes sentiments pour elle ont commencé à changer. ce n’était plus de l’amitié. c’était bien plus que ça. et samson, tu ne lui as jamais rien dit, car tu n’as jamais voulu briser votre amitié. alors tu t’es simplement cachée de tout ça, commençant à fréquenter des garçons. pour t’amuser, pour oublier ce que tu ressentais pour elle. aujourd’hui, ça fait des années que cela dur. tu changes de mec régulièrement, et entre vous, il n’y a de toute façon jamais rien d’exclusif. tu t’es tellement persuadée que tu aimais les garçons, et que samson était simplement ta meilleure amie, que maintenant c’est devenu naturel et que tu as l’impression de ne plus penser à elle autrement que comme ton amie. mais tu sais aussi que ta nature reprend vite le dessus, quand tu la vois trop proche d’une autre femme, par exemple. aujourd’hui, t’es dans une relation libre avec roméo. roméo que t’aimes bien, mais sans plus. roméo qui te fais du bien sans te procurer forcément le bien-être exceptionnel que tu recherches. tu sais que ça, il n’y aura que samson qui pourra te l’offrir. mais tu continues de te taire et de faire comme si de rien n’était.