are there some aces up your sleeve? // lyes

T’es assise là, dans le sofa. Comme si la place t’appartenait. Alors que toi, t’es même pas chez-toi. C’était étrangement calme. Parce qu’il n’y a personne d’autre. Personne à par toi. Ce qui est surprenant, il faut bien le dire. En temps normal, tu serais repartie. Seulement voilà, faut dire que cette fois, c’est quelque peu différent. Parce que ton frère, il ne devrait pas tarder à revenir. Du moins, c’est ce qu’il t’a dit. Tu sais pourtant qu’il est imprévisible, Vince. Qu’il pourrait aussi bien revenir dans la minute qui suit, que trois heures plus tard. Mais s’il y a quelque chose dont tu es certaine, c’est qu’il reviendra. Parce qu’il revient toujours.
Et au même moment, la porte qui s’ouvre. Ta tête, qui se tourne, en direction de l’entrée. Et faut dire que tu t’attendais à voir ton frère. Ou à la limite, un de ces colocataires. C’est ce qui aurait été logique. Mais non, c’est plutôt lui que tu vois. Skadden. Tes yeux qui ne peuvent s’empêcher de toiser le ciel. Le soupire même qui ne tarde pas à s’en suivre. Avant de te tourner. Faisant de nouveau face au néant qui se dresse devant toi. Tout cela pour pas le regarder, comme si c’était ce qui t’énervait. Pourtant, c’était plus le simple fait qu’il soit là, qu’il s’impose, qui t’énervait. « t’es v’nu voir vince ? il est pas là. » Que tu annonces, sèchement. Tu ne mens pas toi. Tu omets simplement de lui mentionner qu’il t’a dit qu’il reviendrait bientôt. Mais au final, ça peut-être qu’il le sait déjà. Et c’est peut-être même pour ça qu’il est là. De toute manière, tu le connais. Et tu sais bien que c’est pas cette simple affirmation qui le convaincra de partir. Pour potentiellement ne plus jamais revenir. Poupée de glace, qui change pourtant radicalement de tactique. Idée qui te traverse l’esprit à cet instant. Alors tu te retournes vers lieu. Sourire qui s’étire sur tes lèvres. Celui qui pourrait paraître angélique. Mais ça, ce serait mal te connaitre. « oh mais pendant que t’es là tu pourrais t’rendre utile pour une fois. » Oui pour une fois. Parce que t’as du mal à le percevoir autrement qu’une nuisance. Comme s’il était constamment de trop, tout le temps. Alors oui, tu comptais lui trouver une nouvelle utilité qu’un bibelot chiant, dont tu aimerais bien te débarrasser. « y’a d’la bière dans l’frigo. et j’ai soif. » en temps normal, tu te serais levée. Tu n’aurais même pas demandé. Parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Par contre, sans se mentir, l’idée de le voir comme une petite pute de service, c’était bel et bien ça, qui te faisait sourire. Tes cils, qui se mettent à battre à cet instant. Et tu pourrais presque être mignonne. Si tu n’étais pas toi. Si ce n’était pas lui. « à moins qu’ce soit trop te d’mander ? » Clash final, celui qui te vaudra probablement le même genre de commentaires désobligeants. Mais tu t’en fiches bien toi. Parce que t’es prête.

@lyes skadden  

t’as l’feu au cul, la rage au ventre… parce que ta vie c’un putain d’bordel ces derniers temps, skadden.
t’jongles.
sans arrêt.
avec d’la putain d’dynamite.
verity qui t’casse les noix, plus qu’jamais ! laure, même putain d’chose ! p’is, ent’ tout ça, y a tous ces gens qui s’autorisent à foutre davantage l’désordre dans ton crâne. rien qu’pour t’voir t’noyer p’is sombrer dans c’t’océan d’sentiments contradictoires.
ta vie est une mess, lyes.
t’es une putain d’mess.
p’is, tout ça, ç’a commencé par une brune un peu trop chaud’ – et un peu trop tout, d’ailleurs – qui t’a planté une putain d’flèche empoisonné dans l’cœur ! c’lui qu’était libre avant qu’elle pose ses lèvres nocives contre les tiennes, c’lui qu’avait qu’l’adrénaline comme seule et unique amante. l’adrénaline pure et simple… avec un putain d’grand A.
mais, là, t’es dans la merde, skadden.
p’is t’as b’soin d’ton meilleur pote. là. de suite !
faut’ d’pouvoir s’libérer maint’nant, c’t’à son appart’ qu’il t’dit d’l’attendre. et c’t’exactement là-bas qu’tu débarques en moins d’deux.
la porte qu’t’ouvres comme si t’étais chez toi. parce que, t’es chez toi. parce que vous êtes frères. s’tu pouvais échanger verity contre vince, tu l’f’rais sans sourciller. mais, malheureusement, t’es coincé avec l’aut’ skadden jusqu’à la fin d’tes putains d’jours.
p’is, par défaut, avec l’aut’ barlow aussi, faut croire !
– t’es v’nu voir vince ? il est pas là.
sa voix qui t’agresse aussitôt qu’tu fermes la porte derrière toi, mais qui, pourtant, t’arrache – presque – un sourire.
– wow, t’as trouvé ça toute seule, sherlock ? j’suis d’jà au courant qu’il est pas là.
commissures d’ses lèvres qui s’étirent, qui fait bomber ses joues lorsqu’elle ose enfin t’adresser un r’gard.
expression qu’tu connais par cœur, à force. staz dans toute sa splendeur. t’aurais pu l’apprécier, la gosse, si t’aimais pas autant la détester.
bras qu’tu croises machinal’ment contre ton torse, d’jà fermé aux prochaines palabres qui s’échapp’ront d’ent’ ses lippes.
– oh mais pendant que t’es là tu pourrais t’rendre utile pour une fois.
sourcils qui s’haussent alors qu’tu demeures immobile, toujours planté dans l’entrée d’l’appart’ d’ton pote. t’soupires, appréhendant la conn’rie suivante qu’elle t’balanc’ra en plein visage.
mais t’es d’jà prêt, skadden.
d’jà prêt à rétorquer.
mais… staz et toi, vous pouvez vous renvoyer la balle, comme ça, pendant des heures. p’tit jeu qui peut durer longtemps si personne intervient pour y mettre un frein.
– y’a d’la bière dans l’frigo. et j’ai soif.
tu t’mets à rire fort, à gorge déployé, comme si elle v’nait de t’raconter la blague la plus tordante d’toute l’histoire d’l’humanité. et tu t’marres que’ques s’condes, rien qu’assez pour faire monter la tension d’un cran… t’rendre ridicule et, par l’même fait, la rendre, ELLE, tout aussi ridicule.
p’is tu t’arrêtes d’un coup.
aussi abrupt’ment qu’t’as commencé.
– s’cuse… quoi ? t’as des jambes, princesse, c’pas rien qu’une décoration, hein. t’peux t’en servir pour t’déplacer… p’is, genre, aller chercher ta putain d’bière, toute seule, comme une grand’ fille !
tu décrètes, mauvais, tes iris scotchés aux siens. comme pour la défier… la défier de t’pousser à bout d’nerfs.
– à moins qu’ce soit trop te d’mander ?
– tsss.
posture hostile qu’t’abandonnes, paume d’ta main qu’tu portes à ton abdomen avant de t’pencher vers l’avant, l’air de dire « tes désires sont des ordres ».
entrée qu’tu quittes – enfin – pour t’élancer vers la cuisine, frigo qu’t’ouvres pour t’emparer d’deux bières. une qu’t’ouvres et qu’tu portes à tes lèvres alors que, la s’conde, tu t’contentes d’la poser sur l’comptoir en face de toi.
– tien. viens la chercher !
t’grognes après avoir ingurgité la moitié d’la bouteille qu’orne une d’tes paluches.
t’jetes un bref coup d’œil à ton portable avant d’soupirer et d’t’asseoir sur l’comptoir. carrément. l’seul endroit où t’arrives à voir la brune d’où tu t’situes. pas qu’t’as peur d’elle, disons seulement qu’tu lui fais pas confiance et qu’elle pourrait bien t’stabber gratuit’ment tellement elle est imprévisible, la gosse. surtout après ton affront.
– t’en as pas marre d’squatter chez ton frère ? t’as pas… j’sais pas. des trucs d’gamines à foutre d’ton côté ? t’pratiquer à necker, par exemple ?
sourire effronté qui t’pend aux lèvres, c’dernier qu’tu tentes d’cacher derrière ta bouteille d’bière. y est trop tard, t’façon.
les hostilités sont d’jà entamés…
et, ce, d’puis des années, maint’nant.

Gamine qui ne demande pas, jamais. Parce que clairement toi, t’as pas besoin des autres pour faire quoi que ce soit. Indépendante, presque à l’extrême. Parce que c’est toujours tout ce que tu as connu. Pourtant là, c’est différent. Toi, qui cherches simplement à le piquer, à le chercher. Sachant qu’il n’en faudra probablement pas plus pour atteindre son égo. Pour l’enrager. Pour y trouver une pointe de satisfaction. Alors y’a ta langue qui claque contre ton palais. Toi, qui décharge ton venin. De toute façon, c’est de bonne guerre. « tsss. » Et là tu aurais cru qu’il aurait simplement brandi son majeur. Qu’il t’aurait envoyé balader. Mais non putain. L’autre qui te fait la révérence. Toi, qui te retiens de rire de sa gueule. Parce qu’il a l’air bien con. Pourtant il prend la direction de la cuisine. Et toi, tu te contentes simplement de le suivre du regard. Alors qu’il sort deux bouteilles de bières du frigidaire. Et franchement t’es étonnée. C’est qu’il se ramollit le p’tit. Ouais, ou t’as simplement parlé trop vite. « tien. viens la chercher ! » La bouteille t’étant destinée qui finit par trainée sur le comptoir. Bien évidemment. Sourire qui creuse pourtant un peu plus tes joues. Puis tu finis par te lever. Finalement. Venant ainsi le rejoindre dans la cuisine. La bière que tu fais glisser entre tes doigts. Avant de t’appuyer contre un mur, un peu plus loin. Tes prunelles, qui retrouvent aisément les siens. Son regard que tu maintiens de longues secondes. Juste pour lui montrer que tu ne te sens pas intimidée. Pas le moins du monde même. « t’en as pas marre d’squatter chez ton frère ? t’as pas… j’sais pas. des trucs d’gamines à foutre d’ton côté ? t’pratiquer à necker, par exemple ? » Rire qui se glisse d’entre tes lèvres. Parce que tu ne peux même pas t’empêcher de trouver ça drôle. Vraiment, il pensait que c’était avec ce genre de remarque enfantine qu’il arriverait à te faire perdre ton calme. Ouais, mais non. Parce que clairement, tu ne peux t’empêcher de te dire qu’entre vous deux, c’est lui qui fait le plus gamin. Puis de toute façon, tu n’avais tout simplement pas à justifier ta présence chez justement, ton frère. « et toi, t’en as pas marre de squatter chez mon frère ? » La question que tu lui relances. Sans aucune hésitation. Parce que tu ne peux t’empêcher de lui faire remarquer qu’il est là, lui aussi. Gamine pourtant peut-être un peu plus touchée par ses mots qu’elle le pensait au départ. Parce que tu n’avais pas pu t’empêcher de légitimer ta présence en lui faisant comprendre que c’était ta chair, ton sang. Alors qu’au final, tu ne lui devais rien. « non en vrai réponds pas, j’en ai une meilleure. » Tu tentes de te reprendre. En le cherchant un peu plus. Parce que tu l’as bien senti, qu’il était énervé. Et ce dès son arrivé. L’impression que ce ne serait pas très très compliqué de le mettre hors de lui aujourd’hui. Quoi que peut-être bien que tu devrais le ménager un peu. Parce que si en deux piques, il s’énerve, ce serait un peu dommage. « parce qu’on va pas s’cacher c’est chez tes vieux tu squattes le plus souvent. » Et pourtant tu ne peux t’en empêcher. Comme si c’était plus fort que toi. « ça prends avec les meufs ? le genre p’tit con toujours dépendant de papa et maman ? » et tu n’y vas pas de main morte. Sachant pourtant très bien que ça te reviendra probablement en plein visage. Qu’il te fera regretter d’avoir ouvert ta grande gueule. Mais au final… c’est peut-être justement ça que tu attends. « surtout que comme j’pensais… t’es carrément inutile. » la bouteille que tu lèves dans les airs après l’avoir finalement décapsulée. L’air de dire à la tienne skadden. Avant de prendre une gorgée. Cet éternel sourire, un brin mesquin, collé sur tes lèvres.