t’es là, accoudée contre ce mur glacée depuis déjà trop longtemps. sans réellement te soucier du temps qui passe pourtant. le regard simplement rivé devant toi. alors que tu observes les gens qui passent. ceux qui crient, ceux qui sourient. et même, à un certain moment, t’as vu des larmes couler le long des joues d’une passante. pourtant toi, tu as le regard livide. t’as le cœur en glace. tu essais de te dire que toi aussi, tu pourrais ressentir
ça, mais pourtant y’a rien qui vient. seulement le vide et rien d’autre. et au final, tu en viens à te dire que c’est probablement mieux comme ça. parce que oui, tu ne ressens
rien, mais au moins, tu n’as pas mal. tu ne ressens pas ce que tu as ressenti par le passé.
puis y’a ton regard qui se pose sur elle. jeune femme que tu ne mets aucun mal à reconnaitre. qui avance, sans donner l’impression de t’avoir remarqué. peut-être que ce n’est pas le cas. ou peut-être qu’elle t’ignore tout simplement. le mur que tu quittes donc, les pas que tu enchaines. Mince curiosité. Ou peut-être est-ce plutôt un simple désintérêt pour tout autre chose. Gamine qui observe, qui suit aussi, chacun de ses pas, chacun de ses virages. N’ayant pourtant aucune idée d’où ça te mènera. Parce que tu la connais imprévisible, Dafne. Tu sais qu’avec elle, tu peux t’attendre à tout. Ou au contraire, à rien du tout.
Et cette fois, tu finis par prendre conscience du temps. Par te dire qu’elle marche beaucoup, peut-être même plus qu’elle le devrait. Poupée, qui en vient à être curieuse, qui finit même par réellement s’impatienter. Qui décide de quitter l’ombre qu’elle poursuivait, cessant ainsi de se cacher. Très maigre sourire qui marque tes lèvres, alors que tu finis par croiser son regard
finalement. Question qui fini par te brûler le bout des lèvres.
« dis-moi, tu vas où comme ça ? » Ton calme, posé. Celui dont on ne te connait que très rarement. Pourtant consciente que tu n’auras certaine aucune réponse claire. Ou peut-être que tu en auras une, mais ce ne sera pas celle à laquelle tu t’attends. Ou encore, ce ne sera qu’un tissu de mensonges pour faire enjoliver un peu cette histoire. Et dans tous les cas ça risque de t’énerver, un peu.
Surement beaucoup. Alors peut-être que tu aurais plutôt dû ne rien dire du tout. Mais il est déjà trop tard. Alors tu continues simplement de la questionner du regard.
@dafne barkan