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 Purple sighs _ Liv

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Purple sighs _ Liv Empty
Message Sujet: Purple sighs _ Liv   Purple sighs _ Liv Empty Mar 13 Nov - 19:58

PURPLE SIGHS
On & on

Liv
&
Alec
Tictactictac.
L’horloge me nargue. Elle traîne sur une étagère – même pas daignée d’être fixée – et ricane avec son bruit incessant.
Une demi-heure que j’suis vautré sur la canap’ défoncé de l’atelier, les mèches dégoulinantes d’une douche brûlante. Le dernier-né des dessins est exposé juste à côté de la fenêtre s’assombrissant. Il a l’regard noir et la fièvre dissimulée tout contre ses traits. J’me disais qu’en le terminant j’parviendrais à extérioriser les pensées molotov qui m’lambinent sous le crâne.
Mais j’ai toujours la rengaine de Cash dans la tête.
Dès qu’il y a un temps mort c’est son visage qui affleure, son odeur qui s’infiltre. Ça m’rend malade. Ça m’donne envie d’cogner, pulvériser, concasser, fracasser. N’importe qui ou n’importe quoi.
Tu vires obsédé Al’.
J’finis par tout éteindre dans l’atelier en essayant d’aller m’pieuter. Pilon dans une main, l’autre calée derrière la nuque, j’fixe le plafond, persuadé d’arriver à m’réfugier dans l’sommeil.
Peine perdue.
Les minutes continuent à défiler tandis que minuit approche, puis passe.
Alors j’me lève pour faire ce que j’sais le mieux : me perdre.

Dans les métros avec leurs couloirs sombres et la population – toujours présente bien qu’à moindre échelle à c’t’heure-ci. J’m’affale sur des bancs en plastiques, le regard occupé à scruter tous ceux qui prennent place à la ronde. Les hommes et les femmes partant à leur boulot d’nuit. Les touristes fraîchement débarqués de JFK de l’autre côté des quais. Les clodos qui bombent le torse, yeux dans l’vide et les prunelles tournées fixement vers un point imaginaire en débitant leurs histoires tourmentées. Les arrêts qui se suivent le long des tunnels.
Puis Greenwich et l’air glacial. Ses façades pimpantes avec toujours plus de monde arpentant les larges trottoirs. Les vitrines classieuses ou carrément loufoques de créateurs, terrasses de cafés colorées et bruyantes qui dégueulent d’une foule hétéroclite.
Et Midtown en large, en travers, pour s’user les nerfs.
Jusqu’à Time square et ses dizaines de taxis, les lumières, les odeurs, les langues aperçues entre les battants de rades et prov’nant du monde entier. Les gens qui s’raréfient au bruit des travaux perpétuels.
J’remonte même une partie de Central avec ses dealeurs et camés en train d’squatter.

J'me retrouve au petit matin, perché sur un banc avec la tronche décomposée à détailler les premiers passants de la journée et les derniers noctambules. La fumée de cigarette se confond avec les panaches embués sortant d'entre mes lèvres. J'attends rien de cette journée et elle attend certainement rien d’moi non plus.
J’ai froid.
Les commerces ouvrent p’tit à p’tit leurs portes alors j’m’y réfugie, les mains bleuies. Cinq dollars froissés m’suffisent à acheter un sandwich dégoulinant de graisse et un mauvais café. Au moins mon estomac arrête de faire la gueule.
Quand l’heure de pointe se fait clairement sentir j’me tire. La seule foule dans laquelle j’ai envie d’me fondre c’est celle silencieuse des musées. Alors j’continue à savater le macadam. C’est ça l’bonheur d’être gosse de riches, je l’ai compris depuis un bail : pouvoir froisser son temps et l’balancer nulle part.
J’arrive jusqu’au Guggenheim. J’passe sans problème, parce j’y ai mes entrées grâce aux toiles que j’y ai exposé une fois en temporaire. J’file direct jusqu’au deuxième étage, le plus haut. Le plus vide aussi parce qu’il y a encore personne.
Personne sauf elle.
« Salut Liv. »
J’parle fort, shooté à la fatigue qui m’refuse ses bras. J’pourrais en dire autant de la jeune femme qui m’fait face. Un sourire mauvais me fleurit la mâchoire alors que j’réfléchis au moyen l’plus rapide d’entrer en conflit.
« Bah alors, t’as pas d’pancakes à servir à c’t’heure-ci ? »
Le ton est traînant, acerbe. J’la regarde de haut comme si elle avait aucun intérêt. Alors que c’est l’contraire : cette petite serveuse de rien du tout est la distraction que j’attends.
Y a pas meilleure dope.


camo©️015
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Purple sighs _ Liv
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