(daph&rain) take me back to the night we met

take me back to the night we met feat @rainer mulroney.

Daphne n'aurait jamais imaginé que sa journée repos et shopping aurait viré dans ce sens. Elle n'aurait jamais du recroiser le chemin de ce jeune homme, et ils ne devraient pas être dans cette voiture. Mais si elle n'avait jamais recroisé son chemin, elle n'aurait pas eu l'occasion de s'expliquer. Toutes les raisons qui l'ont poussée à faire ça, celles qui l'ont amenée à ne pas supprimer son profil sur ce réseau social. Cette peur dont elle n'avait jamais parlé à personne, peut-être parce qu'elle ne se l'était jamais réellement avoué non plus. La jeune femme s'était toujours persuadée que cette vie lui suffisait, que c'est ce qu'elle était, ce qu'elle avait toujours été, ce qu'elle serait destinée à être toujours : celle que les autres voient comme une bimbo, juste un corps et pas un esprit, pas une âme. Et là, elle déballait toutes ces vérités, celles qui font l'effet d'une bombe dans son esprit. Et l'atmosphère dans la voiture l'étouffe, elle a l'impression que l'oxygène quitte l'habitacle au fur et à mesure qu'elle lui déballe tout, Maëlis, les filles, tout le reste. Et qu'elle lui avoue qu'elle apprécie leurs conversations, ces moments qui n'appartenaient qu'à eux, ceux où elle pouvait se permettre d'être totalement elle-même. Sans masque, sans maquillage, sans bouclier. Rien pour se protéger de la vie, des dégâts qu'elle avait elle-même provoqué. Elle se souvient de ces moments dans sa chambre, à taper sur son clavier des mots qu'elle n'avait jamais prononcé, ces secrets qu'elle n'avait jamais dévoilé à quelqu'un d'autre que lui. Et elle sursaute quand elle entend sa voix s'élever dans l'habitacle silencieux depuis peu, alors que ses mains sont toujours bloquées contre son volant, les larmes qui dévalent ses joues. « ARRÊTE LA VOITURE !!! ARRÊTE CETTE PUTAIN DE VOITURE !!! » Et son cri la renvoie plusieurs années en arrière. A l'époque du lycée, maudites journées où elles l'humiliaient. Ces journées où, parfois ils se taisaient et parfois, elle l'entendait crier. Alors qu'il essayait de se soustraire à leurs regards, leurs moqueries. Et elle sent la nausée qui arrive, elle se met sur le coté. Elle arrête la voiture, le regard fixe sur l'horizon et les sanglots qui secouent ses épaules. Elle se force à respirer mais l'air de l'habitacle lui semble se faire plus rare, elle a les mains tremblants alors qu'elle enlève sa ceinture et sort de la voiture. Son regard se porte sur le jeune homme, dans un espoir de calmer sa respiration. Et son angoisse la frappe de plein fouet ; les deux gamins écorchés sur le bord de la route. Sauf que ces angoisses à lui, elle en est la cause. Il est comme ça à cause d'elle, à cause de ce qu'elles lui ont fait. Des blessures qui ne se refermeront peut-être jamais. Elle sent son coeur qui se serre, l'impression d'étouffer, comme si sa cage thoracique l'écrasait. Il y a tant de choses qu'elle aimerait lui dire, encore bien plus qu'elle ne lui a déjà dit. Et bien que ses sanglots se calment, elle sent toujours les larmes sur ses joues et n'ose pas imaginer le sillon noir laissé sur sa peau. Par son mascara, son maquillage qui coule et c'est comme un masque qui tombe. « Je suis désolée Rainer, tellement. » Elle souffle et essuie rageusement des larmes, elle n’aurait jamais cru se retrouver dans cette situation. Et encore moins quand elle sent sa main essuyer ses larmes, et son corps qui est si proche du sien. Mais consciemment pour une fois. « Je crois que tu te trompes de combat. Avant de vouloir que moi je te pardonne, je crois que tu devrais déjà apprendre à t’accepter. La Daphne que je viens de voir est celle que tu devrais être au quotidien, avec tes peurs et tes angoisses. Celle-là est de loin la plus intéressante des deux, alors si tu veux faire en sorte que je t’écoute, tâche d’être celle-là en ma présence, ça sera un bon début. Arrête de pleurer maintenant... » Et Daphne sent les larmes qui reviennent mais elle souffle doucement pour ne pas se remettre à pleurer. Parce qu’il lui demande, mais ses mots sont une délivrance pour la jeune femme. Elle ouvre les yeux pour l’observer et plonge son regard dans celui du jeune homme, celui où transparaît beaucoup de douleur. Et ça peut être quasiment la même douleur qu’elle. Elle sent son coeur serrer et pourtant leur proximité le fait s’accélérer malgré tout. « Promis.. » Daphne inspire doucement, calme sa respiration, son coeur et un très léger sourire étire ses lèvres. « Ça va pas être facile. Personne ne me connait comme ça, sauf toi. » Elle regarde autour d’eux, les voitures qui passent sans faire attention à eux. « Tu sais, j’aurai bien aimé être cette fille là avant. » Et par avant, elle parle du lycée. Elle n’aurait sûrement pas rencontré les filles, gabriel et les autres mais peut-être auraient ils été deux pour se soutenir à l’époque. « Je n’ai pas été assez courageuse pour être moi-même, il n’y qu’avec toi, cachée sous le nom de Danielle, que j’ai pu l’être. » Elle baisse le regard, joue avec ses doigts. « J’ai eu tellement peur, de la colère de Maelis. De perdre tout le monde, les filles, tous. Tout ceux qui ne me connaissent que comme ça. Et j’ai eu peur de te perdre toi, parce que je suis moi. » Elle parle comme pour lui expliquer, pour qu’il la pardonne. Un jour. « Je regrette beaucoup de choses dans ma vie, et surtout cette époque. »