Héliodore, ou la tragédie d'une étoile filante
Acte I
Dans la vie, il y a des gens qui ont une chance folle d'avoir depuis toujours, tout ce qu'ils veulent, en un claquement de doigt. Et d'autres, qui doivent lutter, pour avoir ne serait-ce qu'une miette du bonheur auquel chaque être humain est en droit de prétendre. Ce récit démarre avec 2 individus, chacun placé d'un côté de cette barrière fictive de l'étoile bienheureuse. Nous avons d'un côté Yeraz O'Toole, un jeune Irlandais rêveur à qui la vie n'a rien épargnée, et Laora Reeves, jolie Américaine sans doute bien trop gâtée. Ces deux-là n'auraient jamais du se rencontrer. Mais la vie en a décidé autrement...
Yeraz voulait vivre son rêve Américain. Pour cela, il avait donc quitté son Irlande natal, une fois le lycée terminé, et sans l'aval de ses parents. Il a lutté, pour obtenir des petits boulots, souvent au black, vu qu'il n'avait pas d'autorisation pour être aux USA. Mais il était débrouillard, alors ça allait. Jusqu'au jour où il se retrouva, fraîchement barista dans un nouveau café, situé à Manhattan, à servir une bande de jolies jeunes femmes. Dont la séduisante Laora. Est-il besoin de faire planer le mystère, alors qu'on se doute tous que l'attraction a fini par réunir nos 2 protagonistes ? Pas plus qu'il n'est nécessaire de dire que les parents de la Reeves n'apprécièrent guère de voir leur fille aînée, promise à un destin si grand, fréquenter un étranger, qui ne valait pas grand chose à leurs yeux. Ils tentèrent de s'interposer. Idée stupide, ça ne motiva que plus les tourtereaux à se voir.
Tout se passa relativement pour le mieux, durant 2 ans, jusqu'au jour où l'Américaine annonça à l'Irlandais qu'elle était enceinte. Comble de la malchance, dans la foulée, les autorités commencèrent à s'intéresser à Yeraz. L’expulsion lui pendait au nez ! Ce qui tomba fort mal, car sa dulcinée n'avait pris conscience de sa grossesse que trop tardivement, ne pouvant donc plus avorter. Quel honte pour les Reeves, que de savoir leur fille en cloque, d'un type pouvant retourner dans son pays, sans remerciements. Dans leur génie (notez l'ironie !), ils décidèrent de marier les tourtereaux. Cela valait mieux, pour protéger l'honneur familial, que de voir leur fille élever seule le rejeton d'un bouseux ! Et c'est dans une telle folie, avec les complications qu'engendrent de telles idées, que notre jeune Héliodore vit le jour !
Acte II
Un mariage qui n'est pas profondément souhaité par les 2 partis : ça craint. Croyez-moi. Je suis né dans une telle situation. Je n'ai manqué de rien, pourtant. Mes grands-parents maternels veillaient à ce que j'ai tout ce dont je puisse avoir besoin. En réalité, la seule chose qu'ils n'ont jamais pu m'offrir, c'est la réelle affection de mes parents. Ils m'aimaient, à leur façon. Ils ont plutôt bien cachés, dans mon enfance, le fait qu'ils ne soient ensemble, que pour éviter l'expulsion à mon père, et pour conserver l'honneur des Reeves. Pour le moment de ma vie qui nous intéresse, cela dit, j'étais plutôt heureux. J'ai grandis dans un assez bon quartier, j'étais bien entouré. J'ai fréquenté une très bonne école primaire. Toutefois, j'avais une lourde pression sur les épaules, car même si j'étais un O'Toole, j'étais en parti un Reeves. Et ça, ça n'est pas rien.
Certains diront que c'est par chance, d'autres que ça vient de mon éducation stricte, mais j'ai toujours été un bon élève. Non sans un travail acharné, ceci dit. Mais les résultats étaient là. J'étais doué, réellement. Et mes petits camarades ne m'appréciaient pas forcément, car je les battais souvent, aussi bien concernant nos notes, qu'en sport. Je n'étais pourtant pas totalement de leur monde, ça, leurs parents le leur avaient bien transmis. J'ai cependant réussi à me faire quelques vrais amis, qui m'ont été un soutien précieux, par la suite.
Cette période de ma vie est sans conteste, la plus facile que j'ai pu avoir. Par la suite, on va dire que ça a commencé à dégénérer, progressivement, et sans que je ne puisse faire quoi que ce soit contre !
Acte III
C'est à mon adolescence que les choses ont commencées à se compliquer. Depuis mon plus jeune âge, je faisais du sport, surtout du basket. Et, enfant, il m'arrivait de faire preuve de maladresse, même en jeu : sans raison apparente, j'étais capable de tomber, ou de lâcher le ballon (qui me paraissait soudainement trop lourd). Il a fallu attendre mes 14 ans, et une grosse gamelle, pour que mes rêves de sport s'écroulent. Il faut dire qu'avec la blessure au genou que je venais d'avoir, c'était fini, pour moi. Ce fut un échec, à mes yeux, difficile à digérer, car ma famille ne tolère pas l'échec. Mais ça a été un soulagement, dans le même temps, car ça réduisait mon taux de stress.
C'est sensiblement à la même époque que mes parents ont choisi de divorcer. Le timing étant ce qu'il était, je m'étais mis en tête que c'était de ma faute, que je n'avais été qu'une lourde déception pour eux. En fait, j'aurai préféré que ça soit le cas, en un sens. Mais les Reeves m'ont expliqué ce qui avait séparé le couple : il n'y avait plus d'amour entre eux, leur mariage n'était qu'une couverture pour éviter les critiques. En somme, j'étais le seul et unique responsable, d'une union qui n'aurait jamais dû voir le jour. Ca n'a pas été facile à digérer.
Par chance, j'avais de bons potes, autour de moi. Manque de chance, j'avais 2 meilleurs amis en or : Othello et Alphée. Je les connaissais depuis toujours, même si je n'étais devenu vraiment ami avec Othello qu'au collège. Quand je commençais à vouloir me rebeller contre ma famille, en tentant de les énerver. Othello est un des enfants de la grande famille St John, qui se trouve être en rivalité avec les Reeves, sur de multiples aspects, depuis de nombreuses générations. Autant dire qu'Othello n'a jamais été réellement accepté chez moi, mais je n'en ai jamais rien eu à faire ! Alphée, par contre, en tant que Penbroke, a toujours été très bien vu !
Le divorce de mes parents a fini par m'éloigner progressivement de mon père. Il n'avait pas les moyens de se payer un assez bon avocat, afin de garantir une garde équitable, et les Reeves ont tout fait pour l'éloigner de moi. Bien entendu, je n'ai compris tout cela que bien plus tard, à l'époque, j'étais trop en prise avec mes émotions pour ouvrir les yeux. Mais ça ne m'a pas empêché de terminer le collège, puis le lycée, avec brio, même si je ne faisais plus de sport, du coup. Ce qui, en soi, n'était pas si grave que ça, j'avais une autre ambition depuis toujours, si je n'arrivais pas à devenir un sportif pro' : la littérature. Passion héritée de mon père. Etrangement... Père qui, par ailleurs, n'a pas toléré de perdre son fils, ni sa vie, tout simplement. Alors que j'allais terminer mes études au lycée, sa dépression a atteint un tel niveau qu'il a fini par mettre fin à ses jours. Ca n'est que grâce à la lettre qu'il m'a laissé, que j'ai fini par ouvrir les yeux, sur ce qui nous avait séparé l'un de l'autre. Il était trop tard, malheureusement.... C'est un de mes plus gros regret...
Acte IV
C'est donc sans surprise que je me suis engagé dans des études de Lettres, en fac. J'ai pris un appart' en coloc', avec Othello et Alphée, même s'ils ne suivaient pas les mêmes études que moi. J'ai réussi à faire accepter à ma famille, mon choix de devenir prof de Lettres. Ca n'était pas aussi prestigieux que ce qu'ils rêvaient pour moi, mais ça restait assez correct pour eux malgré tout. Cela dit, même s'ils n'avaient pas approuvés, j'aurai choisi cette voie tout de même ! Depuis le suicide de mon père, j'ai commencé à me libérer un peu plus de l'emprise de ma famille.
A 19 ans, après une énième gamelle, on a fini par me diagnostiquer comme étant atteint de dystrophie musculaire d'Emery-Dreifuss. Grosso modo, c'est un truc bien chiant, qui engendre un manque de force musculaire, diminue l'amplitude des mouvements effectués, fatigue grandement après une marche plutôt longue, provoque une démarche incertaine et des tendances à chuter... C'est une maladie rare, il a fallu que je me la coltine. Un jour, je risque de ne plus être en mesure de marcher : c'est cool, vous trouvez pas ? Bref, le verdict m'a donc permis de comprendre mes difficultés à faire du sport, mais ça m'a foutu un autre coup au moral. De là, j'ai décidé de profiter de la vie, à fond. Sans pour autant compromettre mes projets visant à devenir prof, mais j'ai commencé à faire largement plus la fête qu'avant. Je ne vous cache pas que j'ai enchaîné, de fait, un paquet impressionnant de nanas. Et parmi elles, a fini par se trouver, à ma plus grande surprise, Théoxane. La petite soeur d'Othello. Ouais, l'alcool, ça craint. Non pas qu'elle ne soit pas attirante, car elle l'est, clairement, mais c'est la frangine de mon meilleur pote, alors : non. Du coup, ça n'a eu lieu qu'une seule fois. Une fois très agréable, mais une seule fois tout de même !
Bien entendu, j'en ai jamais parlé à mes meilleurs potes, ils n'auraient pas compris. D'autant moins qu'Alphée craque pour elle depuis toujours, et Othello a toujours tout mis en oeuvre pour les foutre ensemble. Ouais, j'ai bien merdé, pour le coup ! Bref, j'ai continué mes études, tout en faisant la fête, et en commençant à suivre un traitement, pour ralentir la progression de la maladie en moi. Et en passant des examens réguliers, car un autre risque de cette maladie est cardiaque. Ouais, elle est cool, cette maladie, vous trouvez pas ?
Acte V
Etant quelqu'un de têtu et déterminé, j'ai fini mes études avec brio. Tout en fuyant Théoxane. Assez compliqué quand il s'agit d'une petite soeur de votre meilleur pote, et qu'elle vous plait, en plus (et que cela semble réciproque : quelle merde !). Depuis quelques années, je suis prof. Et la malchance me poursuit : Théoxane est une de mes élèves. J'ai la poisse ! Car on est amené à se voir souvent, trop à mon goût. Et j'ai beau tenter de taire mon attirance pour elle, celle-ci reste là. C'est ainsi que j'ai commencé une liaison avec cette jolie rousse. Alors même que je suis son prof, qu'elle est une St John, que son frère est mon meilleur pote, et que mon autre meilleur pote est son petit-ami depuis quelques années maintenant....
Ca fait une semaine que j'ai pris mon courage à deux mains, et que j'ai rompu avec elle. Je lui ai avancé une centaine de raisons, pour cette séparation, taisant cependant la vérité : j'étais amoureux d'elle, et j'en avais marre, de ne pouvoir être officiellement avec elle. De plus, je n'avais pas forcément envie de lui imposer un avenir avec moi, vu que je peux devenir un réel poids, un de ces jours. Sans oublier que, tout récemment, j'ai découvert que mon coeur n'allait pas aussi bien que le pensaient mes médecins. Comme quoi, on peut être plein de thunes, avoir les meilleurs doc' qui soit, mais ne pas savoir à temps que votre coeur est en passe de vous lâcher. Merci Emery-Dreifuss !
Théoxane n'a pas du tout acceptée cette rupture. Pire, elle m'a révélée être enceinte. De moi. On s'est pris la tête, car je ne tenais franchement pas à ce que nous restions ensemble : on allait détruire bien trop de gens, rien que pour notre petit bonheur perso. Je suis donc parti de son appart' sans me retourner. Sauf que la rousse est têtue, et elle a visiblement décidé de me suivre. Elle a fait une mauvaise rencontre, dans la rue. Elle a été agressée, et rouée de coups. Elle sait pourtant se défendre, mais ça n'a pas suffit, cette fois. Elle a fini à l'hosto. Trauma crânien, perte du bébé, et coma. Un coma relativement bref, elle s'est réveillée 4 jours plus tard, mais, pour l'instant, elle souffre d'amnésie sur plusieurs niveaux. Elle ne sait notamment plus que nous étions récemment ensemble (faut dire qu'on a passé notre temps à se séparer pour mieux se retrouver, et ses derniers souvenirs remontent à 4 mois en arrière, lors de notre dernière séparation à la con. Je fais en effet une distinction entre celles passées, et la dernière, qui est "vraie"). Je ne vous cache pas que ça me tue, comme situation, mais c'est sans doute mieux, non ? Tout comme c'est mieux qu'Alphée soit persuadé que le gosse qu'elle a perdu, était le sien.