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| Sujet: closer to you + lola Mar 7 Aoû - 21:50 |
| Un regard aiguisé, perdu entre les allées de la galerie. Ma silhouette oscillait entre les toiles, un nuage de noirceur au milieu des convives. J’inspirais les vapeurs d’un univers de beauté. Un prisme de couleurs acryliques et enchantées. Milles nuances qui s’emmêlaient sur les reliefs du tissu. Mais je ne comprenais pas cet art. Je ne m’intéressais pas aux intuitions émotives des autres. Mes yeux erraient sur les cadrans de l’horloge. Le temps se consumait et nous étions prisonnier de ses jougs. Lola s’attardait sous les néons, chancelant d’une démarche mélodieuse entre les expositions. Elle se rebellait à nouveau, ébranlait ma patience et mon humeur. Je pinçais les lèvres en effleurant son profil. Un contact interdit sur les pans d’une robe qui dansait au rythme de ses vagabondages. Elle m’imposait ses rêves et ses déceptions. Et ensemble, nous empruntions les chemins sinueux de ces artistes déchus. Des noms gravés sur les cadres, des amateurs aspirants. Elle s’extasiait face à l’expression des dessins lorsque je ne voyais qu’un fusain écrasé sur le papier. Une tache noire qui se transformait en ligne. Qui prenait forme et devenait abstraite. Je comptais les secondes et anticipait le retour. Nous étions en retard. Et je détestais ça. Je détestais ses allures de princesse, ses caprices majestueuses et son sourire foudroyant. Elle était belle à m’en arracher les entrailles. Belle à me dépouiller de bon sens et captiver mon attention. Je pinçais les lèvres et juchais la salle, lui offrant encore quelques minutes de contemplation. Mais Lola n’en finissait jamais. Sa passion l’emportait toujours. Je n’étais qu’un fantôme des ses sillages. Un parasite, ternissant ses portraits et ses plaisirs. Je me détournais un instant. Les silhouettes s’agglutinaient dans une valse inquiétante. Embrassades et excès d’affections, leurs joues se touchaient et leurs mains se frôlaient. Je grommelais en m’imposant auprès de ma cliente. Je ne voulais pas qu’on l’approche. Qu’on ose s’attarder sur son parfum et ses étreintes. Une jalousie professionnelle, maquillée par les serments d’une conscience qui se noyait dans le déni. Je tapais du pied et déclarais dans un murmure : «Mlle Flores, nous devons rentrer. » Une souffle rauque, suspendu sur son épaule. Elle ne bougeait pas, ignorant les ordres du patriarche qui l’enfermait une forteresse de solitude. Je fronçais les sourcils. Elle devait me tenir responsable, voir en moi le bourreau de ses libertés. Mais je n’étais qu’un instrument et elle était l’auteur de mes gestes. « Mlle, votre père vous attend. » Répétai-je avec insistance. |
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