trois nuits par semaine (lip)

( we will rock you ; queen ) deux plus deux. nombre pair. tout est aligné. tout est cohérent. un papa, une maman, un fils et une fille. l'équilibre idéal. un ménage classique. une famille heureuse. pas d'histoire sordide. non, de l'amour simplement. des disputes parfois quand papa rentre trop tard ou que maman est fatiguée. des cris quand athe a décidé qu'il fallait qu'on s'occupe d'elle. des grognements quand tu estimes que le non de maman n'est pas justifié. pas de bling bling. un équilibre entre les emplois de papa et maman, bien trop éloignés, bien trop différents. t'as été élevé avec des valeurs fortes. ton nom de famille qui n'a cessé de résonner. ce chemin qui s'est dessiné doucement mais sûrement. pas de responsabilités imposées. pas de sacrifice. tu le veux. ce job, ce statut, cet héritage, ce poste, ces responsabilités. il est là ton but. installer tes fesses sur le fauteuil de ton paternel. avoir ton nom inscrit au dessus des mots PDG. alors t'attends patiemment. tu fais tes preuves, tu prends de l'expériences, ton visage qui se fait connaitre dans les couloirs de la boite. tes projets qui voient le jour. tu refuses de laisser entendre que tu obtiendras le poste uniquement grâce à ton sang. non, tu l'auras parce-que tu le mérites.  ( maniac ; michael sembello ) visage froid, tu souris peu. tu te méfies facilement des gens. par peur qu'ils ne s'approchent uniquement pour ton nom de famille. tu n'es pas un pantin que l'on peut utiliser. toi, tu es le marionnettiste. tu es celui qui contrôle, qui décide. alors de premiers abords, tu peux être impressionnant. mâchoire carrée, yeux azurs, clope  aux lèvres. ta voix rauque qui sait être sèche et autoritaire tel le weiss que tu es. très peu ont accès au vrai lip. celui qui sourit, celui qui glisse des blagues à deux balles, celui qui accepte les critiques (uniquement si elles sont constructives). ta soeur est sans doute la seule à te connaitre à l'état pur. juste toi. aucune façade. aucun jeu de rôle. le lip au naturel.   ( sexual healing ; marvin gaye ) l'amour de la chair. mains masculines qui s'imposent sur les courbes féminines. caresses purement sensuelles. mots susurrés à l'oreille. même danse tous les soirs. chorégraphie réalisée de tête. nouvelle partenaire, nouvelles promesses, nouveaux mensonges. même pose finale. veste en cuir enfilée, tu pars en pleine nuit. lâchement et sans aucun remords. jeune fille désillusionnée au réveil. avec pour simple souvenir de toi, chaque marque violacée que tu as laissé sur son corps. ( losing my religion ; R.E.M. ) mauvaise habitude. addiction ancrée. ton corps qui ne peut plus s'en passer. tu as toujours une clope entre les lèvres. sans cesse. dès le réveil jusqu'au coucher. c'est même plus réfléchi, c'est instinctif. allumer ta clope dès que tu n'en as pas. ça insupporte tes parents. ta mère qui ne cesse de te sermonner depuis que tu as commencé. bien trop tôt, bien trop jeune. à quatorze ans, tu t'es retrouvé avec un paquet de clopes dans la poche. et sans doute que tu finiras par crever d'un cancer des poumons. ça serait pas surprenant. ton corps est plus nourri de nicotine que d'eau. ( should I stay or should I go ; the clash ) après le lycée, t'as eu des envies d'ailleurs. besoin de voir le monde. découvrir de nouvelles choses. et surtout te détacher de cette vie qui te semblait si simple et si facile. alors t'es monté dans un avion et t'es parti avec ton meilleur pote en Europe. vous avez fait chaque capitale européenne. les visites étaient à chaque fois les mêmes : bar uppé, boite de nuit, chambre d'hôtel cinq étoiles. toujours accompagné, jamais par la même fille. une vie de débauche pendant plus de six mois. la presse s'en est emparée uniquement sur les dernières semaines. tes cernes étaient creusées, tes pupilles bien trop dilatées pour avoir simplement bu de l'alcool et fumé des cigarettes. ton nom placardé dans les magasines people. ton père qui t'a rappelé à l'ordre. impensable que tu salisses l'empire familial avec tes envies d'adolescent. ( just an illusion ; imagination ) costard qui sent les milliers de dollars dépensés. chemise blanche repassée au millimètre près. les doigts qui glissent dans tes mèches de cheveux. ta chevalière à l'annuaire qui en impose. image du mec des beaux quartiers le jour. envie d'action la nuit. parce-que tu t'ennuies dans ta tour d'argent. parce-que tu as besoin de plus. plus d'adrénaline, plus de nouveauté, plus de challenge. plus de tout. alors t'enfiles ta veste en cuir et à la nuit tombée tu te faufiles dans les rues du queens pour entendre les pots d'échappement cracher. tu mises, tu sors tes billets, tu les balances sur le bitume et t'attends que les chevaux metalliques passent la ligne d'arrivée. goût du risque, jeu d'argent, adrénaline. tu te sens vivant à ce moment-là. tu touches de l'or du bout de tes doigts. tu gagnes le respect de ceux qui ne voient en toi qu'un gosse de riche ecervelé. et tu montes sur ta moto juste pour leur prouver qu'ils n'ont aucun intérêt à miser contre l'autre cheval. parce-que tu gagnes. à tous les coups. et peut-être que c'est truqué. peut-être que tu payes ceux qui osent se dresser face à toi à la ligne de départ. mais ça personne ne le sait. alors tu continues d'empocher le jackpot. et tu disparais dès que les sirènes des flics résonnent.   ( billie jean ; michael jackson ) t'as été qu'un gros con. sans surprise. elle aurait dû s'y attendre. c'est de sa faute en fait. elle pensait que tu serais différent mais pas du tout. elle y a cru. elle a été déçue. t'y peux rien toi. tu ne lui as jamais promis la lune. t'as toujours été clair. juste du sexe. n'importe quand, n'importe où. aucune justification à donner. rien. juste un message à envoyer et un ok en réponse. c'était tellement simple, tellement efficace. ça devait pas basculer comme ça. pas si brutalement. pas avec autant de cris. trop de tristesse dans ses yeux. et un vide dans ton coeur. une incompréhension. une incapacité à la rassurer. t'as pas été calme, t'as pas été doux. t'as juste explosé. de colère, de frustration et d'impatience. elle le voulait, toi non. le choix était vite fait. elle était seule dans son bordel. alors t'as gueulé haut et fort que tu te foutais royalement qu'elle avorte, qu'elle le perde, qu'elle accouche, qu'elle le vende et t'as claqué la porte. classe, lip. très classe.