maybe it's all down to the thought of her (shezia #1)

Shea parcourt le sol du regard pour ne pas avoir à lire sur l'expression d'Ezia ce qu’elle ne veut pas y voir. Le malaise qui l'étreint souvent revient à la charge et la laisse désemparée, et Shea regrette immédiatement sa curiosité. Pourtant très présente sur les réseaux sociaux, elle n'avait pris connaissance de toute l'histoire d'Ezia que récemment, et elles n'ont jamais que brièvement parlé de leurs amours passés, de la vie qu'elles ont partagée à Londres, et plus particulièrement de l'ex d'Ezia. Est-ce qu'elle l'avait aimé ? Est-ce qu'elle pouvait s'ouvrir aux autres après ça ? Shea n’avait jamais posé de questions, ne voulant pas s'y intéresser plus que ça, préférant le confort du déni aux discussions claires, comme toujours. "Mmh." acquiesce-t-elle simplement, et que peut-elle ajouter, Londres n'était-elle pas devenue cauchemardesque pour elle aussi à une époque plus précoce ? Elle veut ajouter quelque chose mais hoche finalement la tête sans un mot de plus, et reste à contempler le sol, comme préoccupée, cherchant en réalité à amenuiser la faille qui se creuse dans son coeur.

Son corps est de nouveau contre le sien et le regard de Shea se fait hésitant, presque effrayé. Sur le coup, il ne lui semble pas comprendre ce qu'attend Ezia. La première fois, elle va lui demander ce qui n'a pas besoin d'être compliqué. Elle comprend ensuite, et la seconde fois, elle place un doigt sur les lèvres d'Ezia avant d'y déposer ses lèvres, et entre deux baisers, l'implorer : "ssshhh..." De temps en temps, elle se surprend à penser à elle, de façon trop régulière pour que ce soit accidentel, et pleine d'un sentiment d'urgence qui ne se dissipe pas. Il lui arrive de se cramponner par habitude au souvenir de ses mains sur elle, ses gémissements pantelants dans son oreille, de ses jambes entremêlées aux siennes, et elle commence même à l'imaginer à la place d'autres de ses conquêtes. Dans le souvenir de ces instants, elle est trop perturbée pour être tout sauf amourachée. Shea réalise aussi, que dans une partie très enfouie et floue de son esprit, qu'elles se sont précipitées au-delà du flirt inoffensif et ont bondi aveuglément dans un territoire dangereux et inexploré. Ou peut-être que ça n'a jamais été anodin, cette chose entre elles. Pas depuis la première fois. Ni la deuxième, ni maintenant. Peut-être que ça a toujours été quelque chose de plus, et que Shea n'a tout simplement pas voulu le remarquer. "Il faut qu'on arrête ça...", objecte-t-elle doucement, sur un ton qui annonce qu'elle a tout sauf envie d'arrêter. Lui reste en mémoire la sensation de faiblesse que ces retrouvailles laissent en elle. Immédiatement, Dès le premier jour. Jamais, en vingt huit ans d'existence, elle n'aura à ce point manqué d'assurance.

Shea a arrêté de dévier le regard et c’est peut-être le sourire sur le visage d'Ezia, ou alors l'atmosphère générale, mais elle se sent autorisée à laisser sa contestation s'évaporer. Un gémissement se meurt contre ses lèvres alors que son corps se retrouve plaqué contre le mur, et le temps qu’elle comprenne, elle s'écarte légèrement pour la regarder, les yeux fiévreux, les mains brûlantes, le corps absolument malade de désir et d'ardeur pour elle. Elle ne dit plus rien parce qu'elle est incapable de décrire son désir par des mots. Sa respiration est équivoque : j'ai besoin de toi, j'ai toujours trop envie de toi, tu me rends dingue, prends moi, possède moi. Les mots peuvent attendre : une main s’est glissée sous son haut et lui coupe à nouveau le souffle, et tout la rend beaucoup trop sensible à tous ses mots, son corps entièrement accordé à ses moindres gestes. Elle gémit de nouveau contre ses lèvres, attrape la main d'Ezia pour la guider plus bas. "Je peux dormir chez toi ?" Son autre main vient se poser contre ses reins, la caressant du bout de ses doigts à travers le tissu, avant d'aller s'agripper fermement à sa nuque pour l'approcher davantage. Il lui semble la serrer à peine, mais assez pour lui faire comprendre ce qu'elle traverse. Elle murmure avant qu'Ezia ne puisse l'interroger : "j'arrive à dormir quand t'es là." Elle ne s’était jamais permise d’y réfléchir avant, mais la dualité qu’elle porte en elle, qui l’écrase et qui l’épuise, semble disparaître quand son corps s’assoupit contre le sien. Néanmoins, elle resterait sans doute éveillée un instant à la regarder dormir, peut-être qu'Ezia sursauterait brusquement, se crisperait dans son sommeil, et Shea serait là, à l’effleurer doucement, à poser son menton contre son épaule et à l’attirer à elle. Shea relève lentement le visage, le recule légèrement, toise sa réaction, pour mieux revenir vers elle, et l’embrasse. Timidement d'abord, puis à plusieurs reprises avec ferveur, juste le temps de retrouver ses lèvres avant qu'elle ne réponde. Et, abdiquant toute fierté, renonçant à toute pudeur, l'implore entre ses lèvres de gémissements cotonneux.

@Ezia Landerton

C'était compliqué. Elles avaient beau dire que ça ne l'était pas, ça l'était. La preuve en était que Shea, malgré tout, assurait qu'elles devraient arrêter. Elle savait qu'elles le devraient. Le deal était clair : du sexe, du plaisir, de l'amusement, pas d'engagement. Un truc à la con genre On couche pas plus de tant de fois ensemble, sinon ça devient une relation. C'était con. Ne pouvaient-elles pas s'envoyer en l'air sans sentiments, même plus de fois que nécessaire ? Le désir physique devait-il forcément se compléter d'un désir du cœur ? Peut-être qu'elles auraient pu... Peut-être qu'Ezia aurait pu, si elle n'avait pas ce stupide crush pour Shea depuis qu'elle avait découvert le désir et la sexualité. Seulement, voilà, Shea faisait partie de ses fantasmes solitaires depuis trop longtemps. Même quand elle était en couple, même avant que son histoire d'amour vire en histoire d'horreur, elle pensait à Shea quand elle se satisfaisait toute seule. Parce qu'elle n'avait jamais su mettre de côté son foutu crush d'adolescente. Elle n'avait rien dit à la brune sur le sujet, pour ne pas la faire fuir, juste pour le plaisir de l'avoir encore un peu dans son lit... Mais elle ne pouvait pas se tromper elle-même. Elle jouait avec le feu et elle n'en ressortirait pas sans cicatrices. Elle avait accepté ça. Elle ne pensait pas que Shea arriverait à un point où elle aussi, commencerait à toucher à des sentiments qu'elle ne maîtrisait plus. Faire l'autruche, l'une comme l'autre, ne changeait rien au fait qu'elles n'étaient pas dupes.

Alors, oui, peut-être qu'elles devraient s'arrêter maintenant, peut-être même qu'elles auraient dû s'arrêter bien plus tôt, avant de se faire définitivement trop de mal, mais comment arrêter ? Comment dire stop, reculer et ne plus la consommer, quand elle l'avait contre elle, assoiffée du corps de l'autre ? Déjà, leurs mains se touchaient, s'électrisaient, se dévoraient, là où leurs bouches n'étaient encore que trop sages.

Quand Shea lui demanda si elle pouvait dormir là, elle regarda brièvement autour d'elle. Elle n'avait même plus de lit, avait dormi sur son canapé la veille et y dormirait encore cette nuit parce que sa chambre ne serait clairement pas prête pour que le mobilier soit remis. Heureusement, son canapé était convertible et confortable. Elle hocha simplement la tête, frôlant le nez de la brune tant leurs visages étaient proches, avant de goûter à ses lèvres avec passion, tout en défaisant le bouton du jean de Shea à l'aide de cette main que l'Indienne avait elle-même glissé vers le bas. Un petit sourire brodant sa bouche malgré le baiser, la métisse riait en son fort intérieur. Il n'y avait rien dans cette pièce. Que des pots de peinture et un escabeau, pourtant, elle n'avait aucune patience pour guider son amante vers le salon et le canapé. Elle allait la posséder ici, contre ce mur, à côté de la signature de Shea et peut-être qu'après elles auraient la force de bouger, mais en attendant, elle s'amusait à la déshabiller, à frôler sa peau chaude, à la goûter, alors que le feu en elle grandissait, faisant pulser son cœur du plaisir. « J'ai envie de toi », souffla Ezia, pressant son centre contre celui de la brune, glissant ses mains le long de ses hanches, vers tout ce qu'elle désirait d'elle ici et maintenant. Peau surchauffée contre peau brûlante, souffle contre souffle, gémissement pour gémissement. « J'ai besoin de toi... »

@Shea Harrington

Si l'expression bouffer des yeux ne s'applique pas ici, elle ne s'applique nulle part. Ezia est proprement magnifique, au-delà du soutenable et Shea en a les larmes aux yeux de fixer sa bouche. Ils la fixent implorants, ce désir viscéral mêlé d’hésitation. Elle a un froncement de sourcils comme pour nier que la seconde d'après ses lèvres soient sur le point de trembler, de soupirer son prénom parce qu'elle a perdu le contrôle de tout et que c'est tout ce qu'elle peut faire. Elle est comblée par la réciprocité de ce qu'elle lui offre, et le souffle court, Shea se retrouve bientôt dévêtue, plaquée contre elle, sans avoir eu le temps d'enregistrer convenablement dans son esprit les mots d'Ezia qui ont éveillé une foule de sensation à l’intérieur de son corps. Des sensations uniques, rarement expérimentées. Ses mains s’agrippent à ses hanches et Shea entoure instinctivement sa nuque de ses deux bras pour y faire pression et intensifier leur baiser. La respiration d'Ezia contre sa peau la fait frissonner. Shea se sent accablée par le désir quand elle referme la distance entre elles en l'attirant contre son corps, son souffle chaud contre son oreille, et elle se sent ridicule de la vouloir au point d’avoir intégralement bouleversé le cours de leurs activités à toutes les deux, d’en oublier même jusqu’à sa présence dans ce loft. Rien ne se passe comme prévu : toutes ses réactions sont décousues, un univers entier les sépare et pourtant elle ne s'est jamais sentie aussi proche de qui que ce soit.

Elle secoue la tête, essoufflée sans raison particulière, le coeur qui tambourine. Elle va desserrer l’emprise de ses mains sur les épaules de son amante pour reprendre un peu ses esprits mais au dernier moment se ravise : "j'suis à toi." En cet instant précis. Beaucoup de femmes l'attirent, mais elle ne les désire pas toutes comme elle désire Ezia. Tout ce qu'elle sait alors c'est qu'elle ne veut pas courir le risque de croiser son regard, de devoir entendre ces mots - tu m'aimes et je t'aime - dans la bouche d'Ezia. Elle est d'abord horrifiée de cette réflexion, puis soulagée : y a-t-il seulement quoi que ce soit à aimer en elle ? Shea cesse tout contact visuel et plonge son visage dans le cou d'Ezia, embrassant méthodiquement les points les plus sensibles du bout des lèvres. Elle rêve que ces mains parfaites descendent immédiatement plus bas pour venir la soulager de cette attente qui lui tord le ventre. Puisqu'il lui semble désormais qu’elle a quelque chose à lui prouver - se noyer dans la lasciveté plutôt que de laisser cette chose menaçante planer au dessus d'elles - elle glisse ses mains jusqu’à ses omoplates, et en la rapprochant davantage d’elle, se défait de son débardeur d'abord, puis son short avec une lenteur bien délibérée, avant de lui mordiller l’épaule, le cou.

L'air lui manque quand elle se détache du mur en entraînant Ezia avec elle. Son corps est en fusion après ce simple baiser et elle sait désormais qu’elle ne peut pas s’arrêter. Elle ne veut pas s’arrêter. Elle ne parvient pas à réfréner le soupir d’anticipation en la voyant comme ça devant elle. Un bref mouvement de nouveau, une hésitation, un soupir, puis, d’un seul coup, elle se jette contre elle, comme si sa vie en dépendait. Elle la pousse jusqu’à ce que son dos percute le mur opposé et avant qu’elle ne comprenne ce qui se passe, Shea se mord la lèvre en descendant ses mains avides le long de son corps. Elle ondule du bassin pour signaler l'intensité de son désir et gémit dans la bouche d'Ezia en appuyant sa jambe entre les siennes. "Ezia..." elle ignore si c'est un soupir, un murmure étouffé, une imploration ou un gémissement de frustration. Accompagnant la sienne, Shea fait descendre la main de son amante contre son flanc, poussant simultanément son bassin contre sa paume. Son désir est tel qu’elle sent son cœur battre jusqu’à son entrejambe et qu’elle aurait pu perdre pied sans avoir été touchée, rien qu’à la pensée de l'état dans lequel Ezia peut la mettre. Et elle ne s'entend plus soupirer son nom alors que leurs doigts se possèdent mutuellement. Elle ne prend conscience des bruits qu’elle émet que lorsque leurs visages se détachent et que ses lèvres s’absentent. Un sentiment de frayeur la saisit, parce qu’en rouvrant les yeux, tout est limpide et elle se sent perdre pied et qu’elle n’a envie que d’une chose : retrouver les lèvres d'Ezia contre les siennes. Mais déjà, le rythme s’accélère, leurs regards sont ancrés l’un dans l’autre et Shea ne retient plus rien. Et ce n’est ni rude, ni obscène, comme elle peut l'être, c’est doux, c’est beau, et ça lui suffit pour gémir son nom en sentant son corps convulser, et pour s'admettre qu’elle a besoin d’elle. Elle a besoin d’elle comme de l’eau pour vivre mais elle lui semble toujours trop loin pour l’atteindre. Shea l’attire vers elle, pour un baiser plus que symbolique, avant de réaliser qu’elle est probablement absolument tout ce dont elle a besoin.

@Ezia Landerton

Le désir au corps, le cœur au bord des lèvres, elle savait qu'elle se fourvoyait. Nier une évidence ne la rendait pas moins réelle. Et la réalité était là, dans cette chambre, dans des idées soufflées à demi-mot, toujours sur le fil, toujours à deux doigts de déraper vers cette chose entre elles dont elles avaient perdu le contrôle... Qu'elles n'avaient jamais vraiment contrôlé. Et elle s'en foutait, Ezia. Du plus profond de ses tripes, elle s'en foutait d'avoir ou non le contrôle sur son cœur, tant qu'elle avait le contrôle du plaisir de Shea. Parce que la voir dans l'extase avait le don de lui faire voir les étoiles et qu'elle ne pouvait se rappeler d'une meilleure image, d'un meilleur son. Le corps chaud de Shea contre le sien, son souffle contre sa peau, son plaisir dans ses oreilles, Ezia avait l'impression d'être au paradis. Et on ne quitte pas volontairement le paradis, non ? Pourquoi alors s'inquiéter qu'un « je suis à toi » puisse vouloir dire trois mots qui font peur ? Pourquoi se prendre la tête ? Elle préférait oublier son nom dans les étreintes de l'Indienne plutôt que de se préoccuper de ce que voulait dire les mots entre elles.

Amante experte et loin d'être passive, Shea pris vite les choses en main, faisant sourire Ezia, rire un peu, même. Elle avait découvert ça avec étonnement, au contact de la brune. Le sexe pouvait être amusant, sans perdre de sa chaleur et de son intensité. On pouvait rire et prendre son pied, tout en même temps. Et avec une Shea possessive et entreprenante, Ezia avait souvent tendance à être amusé, jusqu'à ce que le plaisir coupe toute cohérence rieuse. Parfois, d'une drôle de manière, la miss Harrington se montrait presque timide, moins sûre d'elle qu'Ezia la voyait en général, mais dès qu'elles étaient nues, la brune savait assurément comment prendre les devants et montrer qu'elle pouvait être dominante et le volte-face qui s'opérait alors avait souvent tendance à amuser la plus jeune.

Alors elle obtempéra, Ezia, glissant une main avide entre les jambes de son amante, la touchant comme elle savait qu'elle l'aimait, tandis que Shea lui rendait en nature ce désir féroce, ce besoin d'atteindre l'orgasme ensemble, ne se quittant jamais des yeux, attentive au plaisir qu'elles lisaient dans les yeux de l'autre. Elle adorait lui donner du plaisir de toutes les manières possibles, adorait le son de sa jouissance dans ses oreilles, la sensation de son corps tremblant contre elle. Elle aimait beaucoup trop la guider vers un monde où Shea oubliait jusqu'à son nom, s'y rendant elle-même, avec pour unique souvenir le prénom de celle qui lui faisait voir des étoiles.

Le baiser était lascif, alors qu'elles redescendaient toutes les deux de leur monde de rêve, les longues jambes d'Ezia comme cotonneuses, alors qu'elle sentait le bien-être couler littéralement dans ses veines. Elle sourit contre ses lèvres, caressant son dos, remontant jusqu'à l'un de ses seins qu'elle prit en main. Elle ne cessait jamais d'avoir faim d'elle, pas même une seconde. « Putain... »

Sans lui donner le temps de dire ou faire plus, Ezia prit la main de Shea et la conduisit jusqu'au salon, avant de la pousser sur le canapé. Empressée, incapable de la jouer lascive plus longtemps, de chercher à être séductrice, seulement affamée d'elle, elle tomba à genoux à ses pieds, plongeant sa tête entre ses cuisses, désireuse de la prendre, autant que de lui donner du plaisir. Ses mains retrouvèrent rapidement la poitrine de Shea, alors qu'elle commençait son œuvre avec application.

@Shea Harrington

Elle ne réalise pas qu'Ezia s'est saisie de sa main et le changement de décor est assez pour la surprendre. Pas pour la pousser à rompre le contact, mais suffisant pour lui tirer un souffle et quand elle est projetée contre le canapé, et que Shea contemple ses grands yeux noirs, elle se sent fondre. Malgré tout le mal qu’elle se donne pour paraître indifférente, Shea sait que ses yeux à elle sont aussi expressifs : Ezia doit sans doute pouvoir voir la façon dont elle la regarde, tout ce qu’elle veut d’elle, tout ce qu’elle souhaite pouvoir lui donner en retour. Tout échange de regard la fait frémir, la simple idée de la retrouver en elle accroît de nouveau son envie d’elle et il ne suffit que de la voir s'agenouiller pour qu’elle gémisse d'impatience, oubliant de se demander de quoi elle a l'air, nue sous cette trace de peinture, et bien trop vulnérable, sur ce canapé, en face de la plus belle femme du monde, qu'elle implore du regard. Elle la veut tellement qu'elle n'en respire plus. Putain. Elle la veut tellement qu'elle oublie le jeu dangereux auquel elles jouent. Elle l'oublie car sa main empoigne ses cheveux, plus que jamais possessive sans jamais s'en excuser. La tête renversé, le corps en sueur, le souffle erratique, un cœur à trop vive allure et qui ne lui appartient plus. Il n’est plus guidé que par Ezia et pour Ezia. Et entre chaque gémissement, silencieusement, Shea ne peut s’empêcher de supplier, elle qui d'habitude gère mal la perte de contrôle. Be mine.

Shea plane contre Ezia qui envahit ses sens et son être tout entier pour ne jamais la quitter et elle ne veut plus redescendre. Pouvoir continuer à planer et croire que tout se mettra en ordre. A peine redescendue, les mains tremblantes, Shea vient prendre le visage d'Ezia en coupe en laissant courir ses doigts sur sa peau, et, comme pour s’assurer qu’elle ne rêve pas, elle ouvre les yeux quelques instants pour imprimer cette image dans son esprit. C'est à peine plus qu'un murmure quand elle lui demande : "qu'est-ce que tu me fais ?" Elle n'ignore plus que son cœur fait d’énormes bonds dans sa poitrine chaque fois que ses yeux croisent les siens. À maintes reprises, sans qu’elle ne puisse rien faire pour le contrôler, son regard dérive sur les lèvres pleines d'Ezia. Alors, elle la pousse en arrière sur le parquet, Shea glissant au dessus d’elle, empoignant sa nuque pour l'approcher de ses lèvres. Elle embrasse longuement chaque parcelle de sa bouche avant de retrouver son cou, plaçant avec son autre main un bras par dessus sa tête. Elle fait pression de sa main dans sa nuque, puis dans ses cheveux, blottit son visage dans son cou alors que son autre main vient insister dans le bas de son dos pour la rapprocher au plus près d’elle. Elle la maintient fermement et elle ne réprime pas son sourire, laisse la marque de ses dents contre sa jugulaire, une façon comme une autre de se venger de savoir la rendre si faible, trace des cercles du bout des doigts sur ses cuisses pour forcer Ezia à se cambrer à la recherche d’un contact. Shea plonge son regard dans les yeux d'Ezia quand sa main se pose enfin vers l’intérieur de sa cuisse et qu’elle frissonne quand elle remonte. Elle reprend possession de ses lèvres, se met à gémir de la sentir et soupire en mettant un terme à leur baiser. C’est avec une révérence divine qu’elle l’embrasse de nouveau, car même si l'air leur manque, elle est incapable de résister. Lentement d’abord, une excuse pour faire passer l'appréciation de ce qu'elle pourrait qualifier comme les orgasmes de sa vie. Ses doigts savent où toucher, savent quelle pression donner. Sa bouche sait avaler chaque murmure, chaque souffle. Sa main sait à quelle vitesse se contracter pour offrir à Ezia tout ce dont elle a besoin.

Étendues sur le sol froid, le corps qui convulse presque encore, Shea accompagne la descente d'Ezia en embrassant le creux de son cou. Contact qui la fait fuir avec n'importe qui d'autre. Elle trace les marques qu’elle a laissé sur sa peau, elle les retrouve, et elle décide qu'elle doit avoir ses favorites, celles pour lesquelles ses doigts reviennent trop fréquemment pour ce soit un hasard. Elle en profite pour tracer distraitement des ronds sur les clavicules d'Ezia, avant de poursuivre sur un ton détendu et quelque peu distrait : "je me demande ce que diraient tes fans." Du bout des doigts, elle poursuit ses allers retours entre ses côtes et ses hanches. Leurs lèvres se rencontrent à nouveau, une fois, deux fois, mais déjà, parce que c'est comme ça qu'elle opère, c'est comme ça qu'elle doit opérer, Shea se rétracte, et, passant une main dans ses cheveux, lâche un soupir immodéré en se redressant. "C'était sympa." Sympa, allons donc.

@Ezia Landerton

Elle adorait le contrôle, Ezia. Elle qui en avait si souvent manqué dans sa vie passée, adorait aujourd'hui reprendre le contrôle de sa vie, de ses relations, avoir le contrôle dans le sexe, même. Mais elle aimait aussi que Shea prenne le contrôle, qu'elle la domine, la possède, parce que pour la première fois depuis longtemps, elle ne se sentait pas objet, même lorsqu'elle était le jouet de son amante. Et surtout, elle se sentait en sécurité.

Ce que tu me fais aussi..., songea la brunette, sans trouver la force de prononcer les mots à voix-haute, alors que Shea lui faisait déjà perdre à nouveau toute notion du monde extérieur. Elle qui avait su rester maîtresse d'elle-même jusqu'à présent, avait fini par perdre tout contrôle, alors qu'elle n'était plus que soupir d'aise et gémissements suppliants, son propre corps traître trahissant combien elle désirait le corps de sa maîtresse, combien elle avait besoin que Shea la touche et lui fasse voir des étoiles.

Tout n'était plus que vaguement cohérent, entre l'odeur de la chair et les baisers fiévreux, doublé des caresses les plus intimes. Ezia enregistra vaguement la peau de Shea sous ses ongles. Peut-être qu'elle y laissera des traces. Une preuve indélébile, même éphémère, de son passage. Du fait que fut un court instant, Shea était entièrement à elle. Si elle avait été cohérente, elle aurait sans doute souri avec appréciation, se demandant si la prochaine femme à passer dans son lit serait blessée de voir qu'elle avait déjà été marquée par une autre. Mais elle n'avait plus rien de cohérente pour l'heure et avait d'autres préoccupations bien plus jouissives encore.

Revenant doucement à la réalité, le souffle encore court et le corps tremblant agréablement, Ezia entendit son amante parler de ses fans, sans trop saisir le sens de ses propos. Puis soudain, cela fait sens, avec les formes qu'elle trace du doigt. Leur pulpe touchant trop fréquemment les mêmes endroits pour que ça soit aléatoire. Elle devait, elle aussi, être marquée désormais. « Que je suis une dévergondée... probablement ! », dit-elle en haussant les épaules. Quelques baisers langoureux de plus et déjà la Harrington remit ses barrières, jouant les indifférentes, comme si ça n'avait pas été plus que ce que toutes deux s'évertuait à se convaincre que c'était.

Passant une main dans ses cheveux, Ez soupira. « Sympa ? Outch, dur pour ma confiance en mes performances » Si Shea voulait jouer à ça, elles pouvaient être deux. Roulant sur le sol, elle se remit debout avant de se diriger vers la salle de bain. « Je vais prendre une douche. »

@Shea Harrington

"Bof, ça demande encore un peu d'entraînement." Elle s'amuse, enchaîne avec un sourire entendu mais c'est son visage ravagé par l'effort, les yeux vitreux et ses cheveux en désordre qui trahissent ce qu'elle ne saurait s'avouer : qu'elle n'est jamais aussi comblée qu'avec elle. Elle remarque bien tard qu'Ezia s'est levée et qui laisse Shea - qui n'a pas bougé d'un centimètre - en suspend, les yeux pétrifiés, rivés sur l'endroit où se trouvait sa cadette quelques secondes plus tôt. "Attends !" Elle manque de trébucher tant elle se relève précipitamment, sans précision. A sa hauteur, elle rattrape Ezia par les épaules pour l'attirer à elle, et la force de ce contact les propulse contre le mur. Sans se ménager, Shea rapproche l'intégralité de son corps du sien, retrouve sa peau encore brûlante sous ses doigts, sa langue contre la sienne, et dérive presque de nouveau dans l'ivresse de son désir. Elle soupire de frustration lorsqu'elle s'en détache, se mord la lèvre comme si ça suffisait à réprimer son besoin d'elle. Aucune plaisanterie, aucun sous-entendu douteux ne franchit le seuil de sa bouche lorsqu'elle se détache. Elle est incapable de s'exprimer autrement que par soupirs et demi-sourires. "Vas-y, alors." Elle accompagne un geste de la main vers la salle de bain pour souligner ses propos. Elle cueille au vol la vision de son corps qui lui semble toujours superbe et ça lui fait mal.

Shea s'observe dans l'appareil photo de son téléphone, examine les marques qu'Ezia a laissées, ce fait qui devrait l'agacer la satisfait grandement. La main contre le montant de la porte de la salle de bain devant laquelle elle s'est traînée à son tour, elle est brusquement envahie d'une sensation étrange, elle prend peur et gardera cette expérience pour elle, encore incapable de lui donner un nom. Elle envisage de la rejoindre, mais reste pantoise un moment, considérant une fissure dans le bois. Elle aurait pu rester là des heures, à s'interroger. Mais c'est comme pour tout le reste, il faut qu'elle parte, c'est tout. Alors, elle rassemble les vêtements qu'elles ont abandonnés dans la chambre, jette un dernier coup d'oeil à la peinture inachevée. Elle repense au goût de ses lèvres, à ses bras désespérément accrochés autour de son cou puis ses hanches. Bientôt elle va disparaître complètement : une habitude qu'elle a prise, sa façon de dire aux filles "c'était bien mais voilà, bonne nuit." En fermant les paupières, cependant, Shea retrouve le regard d'Ezia, les mots prononcés tout près de sa signature sur le mur. Elle ne fuira pas cette fois. Comment le pourrait-elle ? Elle aurait trouvé particulièrement inélégant de le faire dans les circonstances actuelles, après s'être invitée à passer la nuit chez elle. Et elle s'aveugle, par un réflexe d'auto-défense, espérant qu'Ezia n'apercevrait pas son envie de rester ou ne verrait en son attirance pour elle qu'une petite fièvre, un coup de cœur passager. La curiosité maladive de Shea se tait alors qu'elle recule à nouveau de quelques pas. Elle remet sa veste et, aussi penaude qu'à son arrivée, Shea s'apprête à passer la porte.

Mais elle bifurque alors vers la cuisine, retire sa veste pour la seconde fois et se penche au-dessus du lavabo, caresse du bout des doigts cette marque de peinture plus que symbolique. "Si tu me forces pas à partir je suis pas sûre de savoir me tenir." Merveilleux, la voilà qui parle seule à présent. Elle le murmure, sans trop savoir pour quoi ni pour qui, sa main trempée qui frotte frénétiquement la marque de peinture. Elle ne sait pas faire dans les excuses, Shea, ni dans le repentir, et ça l'ennuie ; elle se maudit elle-même en considérant qu'Ezia avait réellement compté sur elle pour achever cette tâche, et que même passer quelques coups de peinture elle en avait été proprement incapable. "Je peux pas..." marmonne-t-elle indistinctement. Consciente de l'incertitude dans laquelle elle se plonge, elle ne veut pas poursuivre immédiatement. Tu peux pas quoi ? S'interroge-t-elle elle-même.

@Ezia Landerton