les étoiles filantes (alix)

golden feathers, wanna fly high live in the clouds too, with a magical spark. i’m hurricane airborn. -- @alix romani

hystérie de la nuit. ville qui ne dort jamais. le jour est à la pause, au break. l'italienne part se ressourcer dans l'hérésie de la fête. ce soir, elle peut souffler. penser un peu à elle ou fuir complètement son quotidien. ce soir, elle n'a pas à danser pour vendre sa chair contre quelques billets verts. ce soir, elle danse et dépense, pour son bon plaisir et sans limite.

instant furtif de liberté. là où elle rejoint ses amis. s'émerger de la culture drag queen et d'en découvrir un nouveau show. à cet art et à ses artistes. ils partagent la même scène, la scène du nocturne. micro stratosphère où tout le monde se connaît. la robe en sequin, digne d'une divine réplique de paco rabanne, couvre le corps habituellement dévêtu. serpentine se fait star même quand n'est pas l'idole du moment.

au carré vip. aux côtés de trois amies. eleonore, daria et lou. ainsi que deux drags queens, incroyablement grandes et longilignes. des corps parfaitement modelés. une image sur mesure, à l'inspiration des mannequins des années 90. leurs silhouettes reprennent les pièces maîtresses des défilés de créateurs comme gaultier et mcqueen. un univers dont elle se retrouve et qui lui parle. cette liberté de soi qui débordante et dont elle jalouse.

le champagne coule à flot, les lèvres s'en inondent pour oublier dans la party, jusqu'à ce que son regard tombe sur un connu trop connue. cette amie abandonnée sans dire un mot. alix. son sourire si large se résorbe sous la culpabilité qui n'a jamais guéri. serpentine s'est simplement habillée d'un pansement pour ne pas penser à cette douleur. elle n'a jamais pris son courage pour éclaircir la situation. elle a préféré l'ombre à la lumière.

mais mal à tomber, eleonore attrape la main de son amie pour se frayer un chemin d'ivresse en direction de celle qu'elle voulait esquiver. en quelques secondes, serpentine se retrouve face à alix. eleonore face à son ami commun qui accompagne romani. un retour à la réalité si brutal qu'elle a la sensation d'avoir décuvé.

à l'image d'une gamine de cinq ans, elle se recoiffe d'une mèche à l'arrière de l'oreille et s'essaye au sourire.

- ça fait plaisir de te voir.

entre mensonge et vérité. le coeur en joie de retrouver cette amie qu'elle aimait aussi fort qu'une soeur. l'esprit en panique. rongé d'un scrupule installé au fil des années. d'être partie sans rien dire. sans prévenir. sans donner de nouvelles. il y a presque une décennie maintenant.

(c) calaveras.

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{ les étoiles filantes }
crédit/ tumblr ☾ w/@Serpentine Girardi

Il est parti,
il est parti et a laissé ce vide,
il est parti et l’a laissée seule avec le trou béant dans sa poitrine.

Plus de mari,
plus de fille,
plus grand-chose pour la maintenir en vie.

Il y a bien ses frères. Mais ses relations avec eux se désagrègent. Ils manquent, un à un, à l’appel. Il n’y a plus que Gregor. Il n’y a, finalement, toujours eu que Gregor. Parmi les simulacres d’un passé chagrin, les ombres d’un avenir incertain, il n’y a que son grand frère. Il ne restera, au bout du compte, que son grand frère. Mais Gregor ne peut pas toujours être là pour elle.
Alors elle chancelle.

Alix,
elle vacille,
en déséquilibre,

Oubliées les envies vengeresses, oubliés les espérances meurtrières. Il n’y a plus que le chagrin. Le chagrin, c’est tout ce qui lui reste. Elle s’accroche à cette douleur comme si c’était la seule chose qui la retenait sur terre. Au point qu’elle s’interroge enfin. Que commencent à l’effleurer, les questions qu’elle a toujours refusé de s’avouer. Qu’elle continue encore, comme elle peut, d’empêcher. Il y a des vérités dans lesquelles elle ne peut pas être plongée. Des choses qui la tueraient.

Et c’est l’alcool qui vient la sauver.

Des verres et des verres de whisky qu’elle enfile, le breuvage ambré l’anesthésie. Lui fait oublier l’agonie qui l’anime. La douleur, pourtant, indélébile. Elle n’a pas tout à fait conscience du lieu où elle se trouve. Elle marchait, marchait, errait sans but ni projet, jusqu’à atterrir dans ces lieux où les couleurs fusaient. C’est la lueur de vie qui l’a happée. Peut-être un dernier instinct de survie, ou juste, le besoin de s’abreuver dans les liqueurs pour noyer toutes les émotions qui refusent de partir.

Alors elle est là,
dans cet état déplorable,
vulnérable,
comme rarement elle l’a été,
comme jamais, en réalité.

Elle ne voit pas tout de suite sa silhouette. Ne regarde, à vrai dire, absolument rien. C’est la voix étonnamment familière, qui la rappelle, qui s’adresse à elle. Qui revient, subitement, comme un éclair. Serpentine. Serpentine. Sous le choc de la revoir, elle manque de s’effondrer. Ou c’est peut-être tous ces verres alcoolisés. Elle ne sait pas, l’âme tourmentée, elle ne sait plus. Revoir son ancienne amie, si proche, devenue une inconnue, ça lui donne des sensations douloureuses de déjà-vu. Serpentine, elle appartenait à cette vie, cette vie un peu fragile mais encore empreinte de vie. Cette vie où elle avait sa fille. Où son mari ne la quittait pas après l’avoir plongée dans l’abîme. Cette vie où elle était encore quelqu’un, Alix. « Oh… t’existes encore, alors. » Toi, parmi tous les autres. Toi, devenue une ombre. Toi, partie trop vite. Toi, aussi sortie de ma vie. Tu existes encore, à la différence de ces autres. De ceux qui m’ont brisé le cœur. Aucun reproche dans la voix plus fébrile qu’à son habitude, juste les effluves de l’éthanol qui laissent entrevoir l’état pitoyable dans lequel elle peut se trouver, toute misérable qu’elle est. Enivrée comme elle l’est, peut-être bien qu’elle l’aurait envoyé balader, peu importe l’état de leur amitié. « Tu m’excuses mais j’ai un verre à commander. » Elle n’attend pas la réponse de celle qu’elle considérait comme une amie, la sœur d’une âme aujourd’hui détruite. Bousillée, Alix, elle n’a pas le temps pour ceux qui l’ont trahie.