loneliness is killing us ft. Robbie

❝ loneliness is killing us ❞

La journée a été longue, elle ne va pas le nier. Les coups de téléphone, les réunions, les prises de rendez vous auront été son quotidien. Les documents se sont posés l'un après l'autre sur son bureau, ses yeux auront cherché maintes et maintes informations sur l'écran. Elle a filé tôt ce matin, un café acheté en route, elle ne voulait pas le voir. En fait, elle n'y est surtout pas parvenu. Depuis l'autre épisode de leur série qui fait office d'habitude, la princesse n'a pas réussi à prendre une décision. Elle n'a pas le temps, vraiment, de s'y attarder. Elle doit se rendre au tribunal, aujourd'hui. Elle a préparé ce dossier depuis quelques semaines et elle doit au moins obtenir une autre audience. Pour trouver des témoignages et d'autres preuves qui iront dans leur sens. Si elle ne peut avoir ce qu'elle désire à la maison, elle se jette corps et âme dans son occupation. Parce qu'elle veut oublier, qu'elle a mal. Que c'est une maladie chronique, qu'elle ne peut y réchapper. Entre deux rendez vous, elle avait un moment avec le médecin. Elle sait que c'est peine perdue, mais elle essaie de trouver une alternative au problème lacérant de leur couple. Si elle devient mère, la regarderait-il à nouveau?

Je peux vous aider Miss Andrews, mais si vous n'avez pas de rapports avec votre mari, j'ai bien peur que ce sera compliqué.

Elle le sait. Bon sang, bien sûr qu'elle le sait. Pas besoin de lui balancer ça à la figure comme si elle avait la peste. Qu'est elle censée répondre? Rien. Parce que le médecin, aussi gentille soit elle, a parfaitement raison. Elle n'arrivera à rien si Robbie n'ose même plus la toucher. Elle se montre courtoise, parce qu'elle est habituée au même discours. Pourtant, la doctoresse lui prescrit des pilules qui augmenteront ses chances. Elle a envie de rire. A moins que ces comprimés magiques la fassent tomber enceinte, elle peut les garder. Elle va tout de même les chercher entre un léger repas parce que son estomac est constamment noué. Elle regarde les indications puis jette la boite dans son sac. Ce n'est pas ça qui l'aidera, de toute manière. Si la princesse a toujours tenté de voir le bon côté des choses, de s'accrocher à son espoir, ce dernier est en train de se casser la figure. Si rien ne change, elle devra disparaitre de la vie de son soldat. Qu'importe s'il lui dit qu'il l'aime. Elle ne peut plus le supporter.
Les coups de téléphone affluent encore une fois au sein du cabinet, et Charlie peine à se concentrer. Sa tête est ailleurs mais elle se force à trouver ce qu'elle cherche. Elle ne peut laisser quelqu'un aller en prison par sa propre incompétence. Au final, elle aura au moins obtenue une seconde audience et elle se dit que si elle est mauvaise dans son mariage, elle est au moins bonne à sa profession. C'est déjà ça.
La soirée fait son apparition, et c'est en sortant qu'elle remarque que la Lune a déjà pris place dans le ciel étoilé. Ça aura été plus long qu'elle ne l'aura imaginé. Un soupire, elle donne la destination et rentre chez elle avec le coeur lourd. Si, à l'époque, ils auraient célébré une première victoire, aujourd'hui c'est différent. Plus rien. La blonde ira se chercher son verre toute seule et s'enfermera dans son bureau. De toute manière, Robbie n'est jamais là quand la nuit devrait les attirer autre part que dans les rues.

Le coup de téléphone qu'elle reçoit entre temps la soulage un tant soit peu. Le paternel Hargreeves a bien vu dans les yeux de sa princesse que quelque chose se trame. Il le sait depuis un moment mais il n'ose pas vraiment s'immiscer. Parce qu'il connait sa fille. Il connait son compagnon. Il aurait mieux fait de la forcer à annuler ce mariage, à l'époque. Maintenant, elle a le coeur constamment brisé. C'est terrible. Le cellulaire à son oreille, la jeune femme claque la porte du taxi et sort ses clés en répondant au chef du cabinet. "Non papa, je t'assure. Le dossier s'est très bien déroulé. J'ai eu un entretien avec l'avocat de la partie adverse." la porte d'entrée s'ouvre puis se claque grâce à son talon. "J'ai réussi à obtenir une seconde audience. Mia s'occupe de récupérer certains témoignages et j'ai rendez vous avec le client d'ici demain. Le but est de lui éviter une peine trop grande. Mais il faut que le juge soit de mon côté." Charlie soupire, pose son sac sur le bar puis s'aventure dans la cuisine en glissant une main dans ses longs cheveux blonds. "Quoi? Oui, ça va. Non, je ne mens pas. Je vais bien. Je suis juste fatiguée, et je meurs de faim. Je t'envoie le dossier tout à l'heure, d'accord? Compris. Je t'aime aussi, papa." elle raccroche, ferme les yeux un instant. Elle sait que son paternel ne la croit pas mais il ne force pas. Il attend qu'elle se livre, peut être qu'elle le fera.

Haussée sur ses talons, l'avocate attrape une tasse, fait bouillir de l'eau et lance un sachet dans son verre. Vérifiant ses mails tout en attendant, elle sent son ventre grogner. Ne rien manger pendant la journée n'est probablement pas aussi bon qu'elle aurait pu le penser. Mais qui viendra lui faire la remarque? On ne la voit pas. Elle est transparente, ça passera inaperçu. Elle n'a même pas faim. C'est trop noué. Trop nauséeux, de toute façon. Charlie suppose que Robbie est sortit, pourtant elle peut encore sentir son odeur. Comme à l'époque, quand elle le rejoignait dans sa voiture au cuir si délicat. Comme à l'époque quand elle laissait tomber son visage dans le creux de son cou. Comme à l'époque, quand elle l'attirait à elle. Une brusque inspiration. Son coeur s'affole, elle ferme les yeux une énième fois pour faire disparaitre l'humidité présente. Elle n'a pas le temps pour ça. Reprenant un visage impassible, la princesse verse son eau dans son thé, jette quelques morceaux de sucre puis enlève ses chaussures avant de s'adosser au plan de travail en contemplant le vide. Juste cinq minutes de calme. Cinq minutes et elle pourra se remettre au travail.

Juste le temps de s'habituer à la froideur de leur maison autrefois si vivante. Juste le temps de se plonger dans ce royaume décimé qui ne se relèvera pas. Juste le temps..Juste le temps de reprendre un peu de courage. Parce que c'est à peine ce qu'il lui reste.

(c) Miss Pie

❝ loneliness is killing us ❞

Quand son reflet apparait dans le miroir, la princesse remarque à quel point elle semble terrifiée. Pas fatiguée, ou désespérée parce que ça elle le sait. Non, terrifiée. Parce qu'elle a peur de ce que la journée va lui apporter. De ce que le destin va jouer. A partir de quel moment, a t-elle commencé à avoir peur de ce que le lendemain pourrait lui offrir? A partir de quel moment a t-elle commencé à espérer ne pas le croiser pour ne pas avoir à affronter son regard si écoeuré? Si brisé? Elle ne le sait pas. Elle a arrêté de compter. Il n'y a plus rien qui lui apporte du réconfort. Elle ne sait même pas qui, vers quoi se tourner. On ne peut plus la sauver, mais peut être que lui, si. Peut être que s'il s'en va maintenant, il pourra trouver une meilleure amante. Amante qui deviendra sa future femme. La pensée lui hérisse le poil. C'est d'elle dont il est tombé amoureux, pourquoi ne continue t-il pas à l'être? Elle fait de son mieux. Elle est prête à tout abandonner pour lui.
C'est d'une contradiction sans nom dans son esprit. Elle veut le quitter parce qu'il n'est plus celui qu'elle connait. Mais elle veut aussi le sauver parce qu'il n'a pas mérité ces tragédies. Parce qu'ils ont toujours été plus fort à deux. Même quand son paternel n'acceptait pas leur relation. Même quand le monde entier était contre eux. Tout ça, où est ce que c'était passé? Elle entend du bruit, ses prunelles se relèvent et elle est surprise. Il est là? Enfin, elle a bien sentit son parfum mais ça l'étonne de le voir ici. Lui qui a tellement l'habitude de s'enfuir. De banales questions. Elle s'en fiche de ça, lui aussi s'en fiche. Qu'il arrête de mentir, ça l'agace.

"Comme d'habitude. Bien que j'ai obtenu ma seconde audience comme je le voulais." elle ne le salue pas. Elle répond juste. Il veut juste trouver quelques mots avant de prendre la poudre d'escampettes, non? Elle attend, la princesse. Parce qu'elle sait qu'il va lui demander autre chose, l'air est tendu. Comme si un rien pourrait le faire exploser. Ils le savent tous les deux, c'est d'autant plus triste de se dire qu'il n'y a plus que les cris entre eux. Elle a envie de le secouer, de lui dire qu'ils mettent des efforts dans leur couple, ils sont certains d'y arriver.
Puis, la sentence tombe. La princesse a l'impression qu'on vient de la punir à la mort. C'est peut être ça. Peut être qu'il va lui dire à quel point c'est puérile de s'accrocher à cette idée. A eux. Mais elle n'est pas puérile de l'aimer. Elles est dingue de lui. Il ne la remarque même plus. Ça la brise. Elle devrait s'enfuir, elle. Par mécanisme de défense, la blonde relâche un petit rire. Sans humour. "J'ai essayé de te parler depuis je ne sais combien de temps, Robbie. Mais tu penses que je n'arriverais pas à te comprendre. Ça se voit dans tes yeux." elle soupire. Est ce que ces amantes finissent par le comprendre, elles? Il n'a même pas commencé, qu'elle n'a plus faim. Elle pose sa tasse à ses côtés et passe une main sur son visage d'ange avant d'ajouter. "Mais vas y, je t'écoute."
Et l'avocate sait qu'il lui faut tout son courage à cet instant pour entendre ce qu'il a à lui dire. Elle suppose qu'il en a terminé d'elle, d'eux. Qu'elle va pouvoir brûler ces foutus comprimés ou les balancer à la tête de ce stupide médecin parce que si vous n'avez pas de rapports, je ne peux pas vous aider. Elle est au courant, merci bien.

(c) Miss Pie

❝ loneliness is killing us ❞

La princesse n'a pas forcément la force de se lancer là dedans. Elle n'a pas forcément envie de se lancer dans une nouvelle dispute parce qu'au final, est ce que ça vaut le coup? Est ce que ça vaut la peine de se briser le coeur une nouvelle fois alors qu'au final, Robbie a déjà fait son choix? Elle n'est pas celle qu'il lui faut. Elle en est conscience, presque certaine. Pourtant il est là. Juste en face d'elle. Et pour être honnête, elle a tellement mal. Deux alternatives, deux poisons qui sont posés devant elle. L'un qui est de partir, de prendre ses valises, d'abandonner. Et l'autre qui lui dit de s'accrocher, qui lui souffle que ses pensées sont bien fausses. Qu'elle peut encore tout réparer.
Et elle a mal la princesse, elle a le coeur brisé. Elle ne veut pas être la seconde sur la liste parce qu'autrefois, elle était la lumière de sa vie. Aujourd'hui, il l'évite comme la peste. Elle l'observe alors, elle a mal à la tête. Elle ne se sent pas prête à affronter ça. Mettez là devant un juge au caractère nocif et elle se jette dessus bien facilement. Mais affronter Robbie? C'est bien aussi de ses moyens. Tout en l'écoutant, elle ose se préparer une aspirine. La journée a été longue, elle a l'impression d'être passée sous un train. Mais alors qu'elle veut fermer la petite porte du placard, c'est avec une force plus prononcée qu'elle ne l'aurait voulu. Juste parce qu'elle entend tu ne me comprends pas.
Et ça revient. Ça revient en vagues. Il lui a déjà dit, quand ils ont commencé à disputer. Elle n'en revient pas. Elle a envie de le secouer. Elle ferme les yeux, elle tente de rester forte. Mais c'est trop. C'est la cerise sur le gâteau. Elle sait qu'elle ne devrait pas être aussi faible, aussi pathétique. Mais c'est le point de non retour pour aujourd'hui. Elle se tourne alors, le fixe longuement. Il y a tellement de tempête dans son coeur, il y a trop de choses. Pourtant, elle ne parvient pas à sortir un seul mot. Elle attend quelques secondes, et un rire ironique passe ses lippes colorées. C'est mauvais, parce que c'est brisé, c'est tremblant. Ses prunelles bleutées se teignent de larmes. Mais elle ne laisse rien couler. "Je ne te comprends pas." elle répète doucement. "Tu vois, c'est là où tu te trompes. Et tu sais pourquoi? Parce que je te connais Robbie. Ou Red, tiens. Si commence sur ce terrain, on va changer de personnalité. Je t'ai vu quitter notre maison, j'ai espéré qu'il ne t'arrive rien. Je t'ai vu revenir, tu n'étais plus le même. Et honnêtement? J'aurais été surprise que tu ne le sois pas avec ce que tu as vécu. Parce que je ne peux peut être pas me mettre à ta place, mais je sais ce que tu peux ressentir. Je peux le comprendre. Tu as mal, tu regardes autour de toi, tu ne reconnais rien. Pas même moi. Tu as pensé que tout retournerait à la normale, mais c'est faux. Tu entends, tu revois, tu ressens tout ce que tu as fait là bas. Je le sais. Je le comprends. Et je ne t'en veux pas, Red. Parce que c'est comme ça. J'essaie de t'aider. Tu penses que je crois que tu t'éloignes volontairement mais..Regarde moi. Regarde autour de nous. Tu veux connaitre la vérité? Tous les jours, matins et soirs j'ai peur de te trouver avec une balle dans la tête car tu ne supportes plus ce bruit assourdissant. Je suis terrifiée à l'idée de te perdre." la princesse a la voix qui tremble. Elle a le coeur meurtri, elle perd la tête devant tant d'amour qui ne lui sera jamais rendu. Elle ne veut pas vivre dans le passé mais elle a tant envie de retourner en arrière.

Une seule perle glisse le long de sa peau laiteuse. Peau qu'il ne touche plus. Si vous n'avez pas de rapports, je ne peux pas vous aider. Je suis désolée, le bébé n'a pas survécu. Elle rit une nouvelle fois. C'est trop. Ça l'écorche. "Je ne voulais pas le même d'homme qu'à l'époque. Je ne te l'ai jamais demandé. Moi, ce que je voulais, c'est que tu me regardes comme si j'étais la seule femme qui ait réellement compté pour toi. Mais, apparemment, il n'y a plus rien. Ça arrive. C'est la vie. On se lasse, par moment. Je ne peux pas tout comprendre, surtout si tu ne me dis rien. Mais en pensant que je ne comprendrais rien, tu te braques et tu t'enfuis dans la nuit avec des femmes juste pour oublier. Mais il y en aura toujours une vers laquelle tu reviendras. L'épouse et la maitresse, hein? Je suis désolée de ne pas avoir été assez bien. De ne pas l'être encore aujourd'hui. En fait, je ne sais même plus ce que je dois faire. Je suis perdue." la princesse passe une main sur son visage humide puis hausse les épaules. Elle n'a pas le droit de se montrer aussi faible, de toute manière. Elle fixe son sac dans lequel ses pilules résident. Elle va lui balancer à la figure à ce médecin, tiens. Elle souffle, le regard dans le vide. "J'avais et j'ai encore tellement envie d'avoir un enfant avec toi que ça me secoue.." avoue t-elle avec un énième petit rire, un sourire fantomatique. Elle peut presque s'imaginer la scène. Elle reprend une expression désespérée puis avale son aspirine en plissant un oeil mouillé. Puis, elle se tourne vers Robbie, s'approche de lui, glisse tendrement sa main sur sa joue pour caresser sa peau. "Je t'aime toujours. Bien trop. Mais je ne peux pas m'en empêcher. Peut être que toi, oui."

Elle retire sa main, par peur de l'agacer. Parce qu'il est toujours agacé quand il la voit. Elle baisse la tête puis revient renverser sa soupe instantanée dans l'évier. Elle n'a clairement plus envie de se nourrir. Pas quand elle retient ses sanglots en stoppant sa respiration.

(c) Miss Pie