Hijo de la luna | ft. Noe #2

"Tendrás a tu hombre, piel morena" desde el cielo habló la luna llena. "Pero a cambio quiero, El hijo primero que le engendres a él que quien su hijo inmola. Para no estar sola, p oco le iba a querer. feat @Noe EisenmannLes déboires d'un coeur incertain, d'un père incohérent. Les désillusions d'un homme qui attendait le destin, comme on attend la déraison.

Je ne t'ai pas vue arriver dans les troubles de mon lit, dans les draps de ma vie. Je ne t'ai pas imaginée chambouler tout ce que je pensais déjà être de la folie.

Mais te voilà, là, quelque part dans New-York. Là, en train d'élever ce patrimoine génétique qui m'appartient. Là, à prétendre que je ne te suis redevable de rien.

Mais tu te trompes sirène blonde et impétueuse. Tu te trompes car tu as mis au monde du sang Ferreira, du sang qui est le mien. Et ce sang me revient, que tu le veuilles ou non.

Assis dans le café qu'il lui a donné comme point de repère, Gregor regarde l'horloge mural de cet endroit cosy, discret et surtout bondé d'un monde bien réparti. Les gens ne le voient pas, ne le remarquent pas, lui, le père assis dans un coin du Jimmy's, à attendre la fatalité s'abattre sur son futur. Pourquoi est-il là? C'est un besoin indicible, invincible de se confronter à cette vérité atroce et absurde. Il a un fils. Il n'en veut toujours pas, pas vraiment. Et pourtant sa conversation avec Alix a résonné, a fait son chemin. Il a besoin de savoir tout : comment, quand, pourquoi. Les informations sont déjà là, posées dans un dossier au nom de Eisenmann. Mais il préfère aller voir la source et la défier de lui mentir en face, la pousser à révéler tout ce qu'il s'est passé au cours des dernières années.

La porte s'ouvre et une femme dont la chevelure dénote avec le statut de mère entre. Il est vingt heures, on est mardi. Le souffle court, il se lève. Galant, il l'attend comme un gentleman attend son rendez-vous. La fièvre rageuse de l'autre jour s'est dissipée. Aujourd'hui, il n'y a plus que l'homme, l'homme atterré de tous les drames qui se sont précipités dans son quotidien sans qu'il n'ait rien demandé. « Bonjour Noe, assieds-toi. » Il l'invite d'un geste courtois à prendre place. Conscient qu'elle doit se méfier de celui qui l'a conviée ici sous le sceau de la menace. Mais il n'avait plus le choix. Greg s'installe et soupire. « J'ai besoin qu'on parle. Je ne viens pas sur le pied de guerre. » Au vu de leur dernière conversation et des messages houleux échangés par textos, il était nécessaire de le préciser pour... éventuellement préparer un échange cordial, une entente dans ce qui va s'ensuivre.

Qu'espères-tu au juste?
Qu'elle te donne son fils?
Qu'elle le partage?
En veux-tu seulement?

Je ne sais pas.
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J’aurais clairement dû refuser. J’ai inventé cent et mille mensonges mais voilà qu’inlassablement, je le devinais les démonter patiemment, les uns après les autres. Les angoisses et la colère me nouent le ventre comme un boa autour d’un éléphant, mais elles ne changent rien à la situation : prête ou pas, j’arrive.

J’embrasse Maxime sur les deux joues et laisse à mon frère le soin de lui lire l’histoire (rien qu’une) qu’il aura choisi avant de dormir (on se brosse les dents, rien qu’une histoire, et au lit). Je parie très fort sur celle qui raconte les aventures de ce petit hippopotame, que Max comme moi connaissons par cœur – mais il ne s’en lasse pas, alors je m’applique toujours à mettre les intonations et je perfectionne mes imitations.

Le menton est droit et fier, n’en déplaise à la silhouette frêle enveloppée d’une robe sage. Queue de cheval haute, aux reflets tantôt bleutés, tantôt verts, par-dessus la blondeur quasi-retrouvée. J’éclipse le couteau qu’il m’a glissé sous la gorge. Que je sens encore, glacial. Imposant. Les gants en cuir synthétique dévoilent rapidement les phalanges tatouées et les talons hauts des boots crantées claquent mais sont étouffées par le brouhaha du lieu que je découvre. Il a abandonné une biche fragilisée et épuisée, il ignore à quel point les yeux d’azur se sont assombris de cette détermination farouche.

Il est grand. Encore bien plus que moi. C’est ce qui m’avait plu, je crois. Ca et son assurance dégoulinante, son arrogance débordante. L’effet est ce soir-là tout à fait différent. Il est grand, mais pas assez pour fuir les détonations et les éclairs des prunelles de la mère protégeant son petit. « Bonsoir », j’opte pour un sourire de toute évidence forcé, lui accorde un brin de politesse, m’assieds et croise les jambes de la gazelle brisée, interminables. Toujours, je me tiens très droite. « Pose tes questions, voilà ta seule et unique occasion. J'écoute. » Je préviens et l’invite. J’ai inventé cent et mille mensonges, déjà.

"Tendrás a tu hombre, piel morena" desde el cielo habló la luna llena. "Pero a cambio quiero, El hijo primero que le engendres a él que quien su hijo inmola. Para no estar sola, p oco le iba a querer. feat @Noe EisenmannLes flammes dans tes cheveux, le feu d'une lionne en guerre. Les lames dans les yeux, la lueur d'une étincelle, peut-être notre dernière.

Tu avances vers moi, droite, fière, ... prête? Prête à quoi quand je défaillis à l'idée de ce qui m'attend si je te parle, si je m'ouvre à toi.

Notre dernier échange était désespérant, inquiétant. Le précédent encore un peu plus dévastant. Tu m'as volé une part de moi pour la planter en toi, pour y faire germer la vie, pour donner naissance au reflet de ma jeunesse, aux cauchemars de mon ivresse.

Gregor la regarde sans ciller. Le coeur bat la chamade, le coeur est incontrôlable. Ses pensées fusent tandis qu'il entend cette voix qui le ramène des mois en arrière. Une dame dont le charme l'avait séduit dans la détresse. Mais aujourd'hui... aujourd'hui, Noe a quitté l'arche des condamnés pour sauver sa peau et celle de Maxime.

« Je veillerai à bien choisir mes questions dans ce cas. » Gregor a cette assurance des hommes qui jonglent avec des vies entre leurs mains. Le destin des escorts, le sort des serveurs qui font bien ou mal leur travail, les espoirs et illusions des petites frappes qui lui obéissent au doigt. Il n'appelle pas le serveur pour qu'il prenne leurs commandes car consommer ne l'intéresse pas. Si personne ne vient, ils pourraient repartir le gosier sec, cela ne changerait rien. « Pourquoi me l'avoir caché? » Il ne jouera pas au jeu du 'je ne sais pas'. Car il sait. Il a su dès qu'il l'a vu. Il aurait reconnu ce visage, le sien, bien plus vite que celui de celle qui avait partagé sa couche. Et maintenant, il veut profiter de cette occasion car il sent dans les frissons qui émanent de l'aura de Noe qu'elle ne se représentera pas de si tôt.

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