seeds of love. (serpentine)

rencontre bouleversante, rencontre fracassante, de celles qui marquent les esprits, de celles qui ne peuvent être oubliées. serpentine, âme esseulée, trouvée après une garde à l’hôpital alors qu’elle errait dans une ruelle du queens. serpentine, comme déconnectée de sa propre réalité, semblant chercher une affection lui permettant de tout oublier. souffrance certainement liée à un vide affectif comme celui qu’elle connait, elle aussi. poupée de glace, peur incontrôlée d’être abandonnée, à force de l’avoir trop été. ce mal-être, il est ancré en toi, arya. ce mal-être, tu ne pourras jamais le faire disparaître, jamais. t’y as cru, pourtant, quand l’origine de ta douleur s’est pointée dans ta vie. quand ton père est revenu pour apprendre à te connaître, après toutes ces années d’absence. t’y as cru, mais il s’est tiré à nouveau, éclatant ton cœur en mille morceaux. owen, il a disparu. son travail l’a tiré loin de new-york. owen, il a disparu, lorsqu’arya commençait juste à s’ouvrir, enfin à s’ouvrir, alors qu’elle pensait son cœur définitivement fermé. il l’est bien plus, aujourd’hui, fermé à double tour. et pourtant, devant l’appel de serpentine, elle n’a su refuser. peut-être par inquiétude envers celle qu’elle souhaitait aider, quand son propre cœur n’était plus plongé dans de tels tourments. peut-être par besoin, par envie, de se focaliser sur d’autres douleurs que les siennes. il est là, ton vrai problème, arya. t’es irrémédiablement attirée par la souffrance des autres. plus encore, t’aimes la soigner, la garder contre toi, t’en imprégner et effacer la tienne. l’esprit ailleurs, le regard vague, elle attend assise à l’intérieur de ce café. elle ne commande pas, préférant laisser le choix à la jolie tête brune qui ne tardera sûrement pas à rejoindre le lieu de rendez-vous. la comédienne se demande pourquoi serpentine cherche à la revoir, pourquoi elle, précisément. celle à qui personne ne s’intéresse plus qu’un bref instant. celle dont tout le monde se détourne finalement, un jour ou l’autre. mais contre toute attente, tu la vois débarquer avec son visage parfait, l’air rassuré dans le regard, presque comme si elle avait peur de ne pas te trouver. serpentine, bonjour ! elle se réveille, instantanément, se retrouve de nouveau en possession de ses moyens. elle essaie, du moins. tente de rafistoler un morceau de son être pour ne pas lui paraître complètement bonne à jeter. comment vas-tu ? qu’elle demande, doux sourire sur les lèvres, la bienveillance dans le regard. t’attends une réponse sincère, de sa part, arya, en sachant pertinemment que tu ne seras pas capable de l’être en retour.

(c) calaveras.

sofia partie, sofia disparue. l'âme en peine d'avoir laissé filer son amie. la culpabilité sous la peau qui la ronge dans le silence. elle se demande ce qu'elle aurait pu faire, elle se demande comment la retenir alors que leur histoire s'arrête là, sur ce chapitre fermé, temporairement ou à jamais. elle n'a pas d'autre choix que de poursuivre son chemin, cette vie, à elle seule. là où chacun est sur terre pour vivre son expérience solitaire.

à ce coeur las, triste et fatigué, le destin s'est montré doux et clément. sur le chemin long de sa solitude, elle a croisé arya, de manière impromptue. gamine solaire dont elle ne voit pas les fissures. elles se sont trouvées, dans un besoin d'espoir, de se tirer vers le haut, de se protéger et de se chérir. l'italienne est de celle qui a besoin d'aider les autres pour se sentir vivante. bien que ce privilège découle uniquement sur les héritiers de son coeur.

serpentine ignore qu'elle dégage tant de souffrance. elle qui se croit forte et au dessus de ce monde. elle qui se pense professionnelle de l'illusion, elle ignore que warren a vu juste dans son jeu. un jeu sur lequel elle est incapable d'ouvrir ses propres yeux. parce que cette vérité est beaucoup trop brute.  

rendez-vous dans le café, demande proposée à bout de lettres sur le téléphone. désinvolture apparente et pourtant, elle crève d'amour à une nouvelle amitié, à l'image de cette petite soeur qu'elle n'a jamais eu.

et sans les chichis habituels, elle se dévoile naturelle. le boyfriend en coupe jean et le t-shirt noir uni. le cou soigneusement enlacé d'un carré de soie coloré. le visage nu, sans couleur ni fard, les cheveux embroussaillés. pourtant, elle irradie d'une joie, d'avoir cette jolie biche dans sa vie, comme un but suprême dont elle n'a pas encore tous les desseins.

- salut ma belle !

qu'elle dégaine spontanément, le sourire qui s'étire sur l'expression mutine. le corps s'infiltre sur la chaise pour prendre place face à elle. et à l'entente de la question, ses sourcils s'haussent, observant le morose sur son interlocutrice. ainsi, elle esquive le crucial pour le lui retourner.

- oh, qu'est-ce que c'est cette mine si abattue ?

la main revient à la joue de l'amie pour lui remonter délicatement, du bout des doigts, l'esquisse d'un joyeux évaporé.

- ne laisse personne voir tes blessures.

au rôle maternel dont elle ne peut s'empêcher de délaisser. serpentine est une sorte de matriarche au grand coeur. si elle avait des filles à prendre sous son aile, elle les aimerait inconditionnellement, à l'image d'une mère tigre.

(c) calaveras.