inferno (scymaël)

INFERNO No halo, Baby, I'm the reason why bad's so fun, Hell's so hot Oh so Terribly like terrible, she's the villain One as sweet as caramel, she's my saint Think I'm getting butterflies, but it's really Something telling me to run away. @Samaël Doe   --

l’ombre est tombée sur le queens et ses rues bondées. les éclairages illuminent de mille feu les galeries commerçantes et les visages des passants pressés. la môme erre parmi la foule le pas léger. elle tente de se fondre dans cette masse épaisse tel l’agneau noir que l’on aurait rejeté. attirant les regards malgré elle et les chuchotements. son perfecto est usé par les années, ses bas apparents. les talons claquent sur le bitume et fait rouler ses reins outrageants. scylla l’objet du désir. esclave collectant précieusement maintes soupirs. elle est habituée à ce qu’on se retourne en la croisant. qu’on la siffle ou qu’on la bouscule volontairement. plus rien ne l’atteint à présent. la gosse se complait à croire que son armure est suffisamment forgée. qu’elle est assez grande pour se débrouiller. peu importe les bobos en cours de route, les erreurs qu’elle commet. la brune tourne à un angle de rue discret. rejoint une allée plus calme et moins fréquentée. elle connaît new-york par cœur, ses rues ayant été longuement son foyer. l’effervescence du queens s’éteint peu à peu au fur et à mesure qu’elle rejoint les quartiers compliqués. drogue, prostitution, affaires plus sombres encore sont son lot quotidien, elle y est habituée. scylla connaît l’être humain et sait à quel point il peut être compliqué. parfois monstrueux et empli de cruauté. cela ne l’empêche aucunement de se retenir de tout jugement. après tout qui est-elle réellement? une autre pute camée jusqu’à l’os avec un drôle de passé. une autre erreur du système élevée par la rue après avoir été délaissée. ballottée de maison en maison sans jamais s’arrêter. la môme est devenue succube, créature des tréfonds obscurs pour subsister. elle a apprit à charmer. user de son corps pour attirer dans sa toile quelques âmes égarées. scylla la nymphe damnée. l’infâme sirène au chant hypnotisant. déroutant. capable de dompter les créatures les plus infâmes à l’aide d’un baiser. de caresses finement adressées. les douze coups de minuit sonnent et soudain toute la noirceur fait son entrée. sur le pavé les tapineuses sont en rang alignées prêtes à se faire emmenées. l’arrière de la gare est le spot de scylla lorsque qu’aucun rendez vous n’est programmé. la gosse n’y est pas cependant elle cherche d’autres points où s’exposer. la voilà qui se retrouve parmi d’autres prostituées la clope au bec à vagabonder. le rouge à lèvre carmin, les yeux soulignés de noir et la poudre au coin du nez. la neige, la poudreuse, la sainte cocaïne sur sa main finement tracée. juste un peu, juste assez. pour oublier le froid mordant son épiderme encré, pour oublier l’anxiété là grignotant constamment. à tout bout de champs. elle n’est rien, personne, une catastrophe personnifiée. de charybde en scylla qu’ils disaient. a croire que les dieux eux mêmes ne s’étaient pas trompés. un client puis deux, puis trois. la môme usera de ses talents autant qu’il le faudra. elle qui ne sait rien faire de ses dix doigts. du moins sans déclencher de calamité. ce qui est il faut dire sa spécialité. tomber dans un braquage de supérette ou de briser la cheville en fin de nuitée… il se fait tard à présent, les astres se font de moins en moins lumineux. la lune s’éloigne peu à peu. il n’y a plus que la môme traçant sa route pour rentrer avant que le jour ne se lève et ne vienne l’aveugler. un autre rail, juste pour se motiver. les tempes vrombissent dans la caboche de la tatouée. pas autant cependant que la moto qui s’en vient dans son dos, déversant sa haine mécanique dans le silence qui jusqu’ici régnait. scylla ne s’y connaît pas en deux roues comme en quatre, tout ceci reste bien mystérieux. un réel casse tête à ses yeux. cependant ce bruit si distinct la force à se retourner. faire volte face juste pour s’en assurer. que c’est bien lui l’ayant trouvée. celui décelant le pouvoir la faire trembler. pantelante, entièrement dévouée corps et âme au moindre de ses souhaits. et ça scylla ne sait pas comme l’expliquer. l’attraction qu’elle ressent lorsqu’il est à ses côtés. la pression dévorant tout ce qu’elle est juste pour mieux succomber. éclater toutes barrières, oublier toute sanité.