beautiful lies. (gregor)

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{ beautiful lies }
crédit/ tumblr ☾ w/@gregor ferreira

Les barreaux de la cage ont été écartés, juste suffisamment pour qu'elle puisse se faufiler. Liberté retrouvée. Un peu. À peine. Un chauffeur qui l'accompagne partout où elle veut aller et un garde du corps qui attend actuellement en bas de l'immeuble. Prix à payer pour vivre à peu près normalement malgré la guerre déclarée, pour calmer james et médée. Mais après trois semaines enfermée, elle s'en fiche un peu moira. L'extase de pouvoir refouler le parquet de l'université, ou celui de pouvoir siroter un cocktail dans le lounge privé d'un hôtel étoilé. Journée chargée, rallongée, parce qu'elle ne veut pas rentrer. Pas tout de suite. Insouciante gamine qui veut profiter.

L'après-midi révisions au lounge s'est donc transformé en temps de relaxation. Quelques longueurs dans la piscine de l'hôtel, vidée de tout autre client pour l'occasion. Imperturbable poisson dans l'eau. Sensation de liberté comme nulle autre. Ça lui rappelle le club de natation dans son lycée privé, guindé, et ces compétitions auxquelles personne n'assistait. Ils étaient déjà bien trop occupés. Gamine solaire mais solitaire malgré les innombrables et incessants efforts pour se faire une place au sein de sa propre famille. Les pensées qui s'assombrissent et la cadence qui s'accélère. Le corps qui travaille, en apnée, pour dépasser les limites. Et puis, finalement, sa main vient attraper l'échelle du bassin pour en sortir avec agilité. Elle attrape sa serviette et l'enveloppe autour de son être trempé.

Pas assurés jusqu'au sauna, vide lui aussi. Le garde du corps qui a trop bien fait son boulot avant d'être convaincu d'attendre au bar pour ne pas déranger l'intimité de la princesse marlowe. James n'aurait pas aimé que le gorille observe les longues jambes nues de la cadette surprotégée. Elle entre dans la pièce chauffée et s'assoie sur le bois brûlant. Soupire d'aise. Elle aimerait ne pas avoir à rentrer à la demeure cachée à Long Island, ne pas avoir à obéir aux deux aînés qui lui imposent trop de choses sans lui donner d'explication. Blasée, fatiguée.

Il faut se vider la tête moira.
Trêve au milieu du chaos. Juste là.
Ou pas.

La porte du sauna qui s'ouvre sur une silhouette masculine qu'elle met quelques secondes à reconnaître. Gregor. Le visage innocent reflète la surprise, juste un instant, avant de reprendre l'imperturbable air neutre. Je suis surprise que tu aies réussi à entrer. Ne fait-il pas partie des personnes dont le garde du corps devrait se méfier depuis que les chemins d'alix et de james se sont séparés ? Depuis le décès de flora ? Parce qu'elle n'est pas dupe, moira, même si personne ne lui dit quoi que ce soit. La mort de la gamine doit avoir réveillé les méfiances et les rancœurs issues d'un passé commun, même s'ils n'ont rien à voir avec cette histoire. Si elle savait, douce moira.

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Il l'a cherchée pendant plusieurs jours. Cette idée germe dans son esprit. Si James ne peut être convaincu de jouer franc jeu, de dire la vérité au sujet de Flora, alors la réponse se trouve peut-être ailleurs. Il était normal pour Gregor de d'abord miser sur l'amitié entre les deux hommes. Mais James n'a pas envie de parler, pas sans sous-entendus, pas sans menaces voilées. Dès lors, la solution qui s'offre au Ferreira est moins reluisante mais elle est là.

Il monte les étages, laissant l'ascenseur faire son travail. Il a eu du mal à la retrouver la cadette Marlowe. Son détective lui affirme qu'elle a dû être mise à l'écart quelques temps. Si tu n'as rien à cacher, rien à te reprocher, pourquoi la plonger dans l'obscurité James? Mais ce n'est pas à son ancien ami qu'il va maintenant s'adresser. La proie est toute autre aujourd'hui. Passant près des gardes, en rentrant par la sortie réservée au personnel, il s'étonne que cela soit si facile d'accéder au monde de la princesse sur-protégée. Autrefois, Moira n'était pas aussi convoitée, pas aussi ... prisonnière.

La Juliette moderne se trouve dans le sauna. Greg passe dans les douches de l'aile VIP, entoure un drap autour de ses jambes et torse-nu, pénètre la cabine de chaleur où se trouve celle qui autrefois en pinçait pour lui. Il sourit et s'assied avant de répondre. « A vrai dire, moi aussi. » Il n'est pas trop près d'elle, préférant la voir que de réduire l'espace entre eux. Le contact visuel quand on veut charmer est essentiel. « J'avais peur qu'il ne te soit arrivé quelque chose. » dit-il avec tout ce qu'il a de fausseté en lui. Il semble sincère et c'est facile de feindre la tendresse devant un aussi joli minois. Pourtant, tous deux savent que lorsqu'un Marlowe disparaît, c'est qu'il est en sécurité. D'habitude. Il pourrait aussi être mort mais ce n'est encore jamais arrivé. « Tu vas bien? » La question est plus profonde qu'un banal "ça va". Elle doit le sentir dans le ton concerné qu'il prend.

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Elle aurait rêvé de se retrouver dans cette situation il y a quelques années. Gregor, fruit des fantasmes d'adolescente. Premiers émois secrets, bien que certainement devinés par certains. Les nombreuses tentatives pour l'impressionner restées vaines, sans succès. Que n'aurait-elle pas fait pour attirer son attention ne serait-ce qu'un court instant ? Mais Gregor n'aura finalement jamais été plus que le meilleur ami de james, un autre grand frère désintéressé par la gamine trop jeune, trop brillante, trop différente. La candeur et l'innocence incompréhensibles au milieu du chaos de leur monde en commun. Il n'aura été qu'une pierre jetée dans la marre de la solitude qu'elle a éprouvé toutes ces années. Qu'elle ressent encore. Gamine incomprise. Princesse prisonnière et esseulée. Raiponce personnifiée.

Les regard qui se pose sur le corps trop dénudé de celui qu'elle ne s'attendait pas à voir ici, ni ailleurs. Les yeux qui longent les lignes marquées des muscles dessinés, avant de se détourner. Tu menaces sérieusement l'emploi de mon garde du corps. Ou pire. Si James et Médée apprennent ce qui est en train de se passer, le pauvre homme risque d'avoir des problèmes. Et elle aussi. C'est pour ça qu'ils savent l'un comme l'autre qu'elle ne dira rien, pour l'instant en tout cas. La peur d'être enfermée à double tour pour de bon. Je suis saine et sauve comme tu peux le voir. L'intonation est monotone, froide, si différente de la douceur habituelle. Parce qu'elle est fatiguée Moira. Epuisée par les récents événements, par le fait de devoir faire attention, de devoir se méfier de tout et de tout le monde. Devoir douter de lui. Qu'aurait-il pu m'arriver, hein gregor ? Dis-moi. Parce qu'elle sait qu'il représente une éventuelle menace aujourd'hui. Elle sait que les marlowe et les ferreira se déchirent plus que jamais. Elle sait que, dans leur monde, les différents de ce genre ne finissent jamais bien.

Elle soupire et, enfin, son regard ose venir croiser le sien. Le cœur vacille juste un instant avant de retrouver la raison. Haussement d'épaules bref pour balayer la dernière question. Je vais toujours bien. Mensonge qu'elle ne cherche même pas à rendre convaincant. Mais lui comme elle ne peuvent pas se permettre d'avouer une telle vérité, pas vrai ? Aucune faiblesse n'est tolérée. Pourtant, il a déjà été témoin du mal-être de la gamine. Les silences lorsque personne ne lui prêtait attention lors des dîners. Les larmes versées en rentrant, certains soirs, lorsqu'ils avaient tous été trop occupés pour assister aux événements importants mais trop insignifiants par rapports aux affaires fleurissantes. Il a été témoin de tout ça, gregor.

Que me vaut l'honneur de ta visite ? J'imagine que ta présence n'est pas due au hasard. Il n'aurait pas fait tant d'efforts pour se faufiler dans le dos du garde.  Alors pourquoi t'es là, gregor ?

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Autrefois, Gregor aurait évité ce genre de situation. Vulnérable, la douce Moira était trop influençable, trop susceptible d'interpréter leur présence à deux dans un lieu si intime comme un rapprochement. Autrefois, Gregor respectait le lien de sang qui unissait Moira à son grand frère. Mais autrefois, il n'y avait pas tous ces enjeux dans leurs vies respectives. Aujourd'hui, Gregor se pointait avec la ferme intention de changer la donne. Si James pensait pouvoir chambouler Alix à chacun de ses retours, s'il pensait pouvoir garder des secrets et vivre une vie décente à côté, Gregor allait fouiner et trouver ses points faibles, tous.

Premièrement, comme dans chaque mafia : il y avait la famille. La belle-mère était hors de portée car probablement la plus empoisonnée de toute la clique. Puis, il y avait Médée mais Médée et Gregor, c'était une autre histoire compliquée. Et enfin, et non des moindres, Moira. Elle, c'était le point de bascule. Tellement prédestinée à être leur point faible que les Marlowe avaient été jusqu'à l'isoler. Pauvre gamine. Mais... si seulement, eux, ils avaient caché Flora comme les Marlowe avaient caché Moira. Peut-être qu'ils n'en seraient pas là aujourd'hui.

Le regard posé sur lui, elle semble parler sans trop s'investir, préférant un dialogue qui n'a pas de conséquence. Gregor lui répond avec la même candeur « En vérité, je pense que je risque ma propre tête alors tu vois, ton garde du corps, c'est le cadet de mes soucis. » Il dit vrai, jusqu'ici, il n'a pas de raison de mentir. L'échange semble banal et pourtant ils savent qu'un "ça va" entre eux est bien plus lourd qu'ailleurs. Il hausse les épaules, feignant d'être mal à l'aise. « J'en sais rien Mo'. » Petit surnom affectueux qu'il utilisait déjà à l'époque mais en de rares occasions seulement. « C'est la guerre pour le moment. Je me méfie de ma propre ombre alors, tu vois, en surveillant ton frère, j'ai remarqué que t'avais disparu du circuit et je me suis posé des questions. » Encore une fois, il joue la carte de la vérité. Elle est tellement mentie, tellement traitée comme une enfant, qu'il sait qu'il ne peut que gagner des points en parlant d'égal à égal avec elle. Elle insiste sur le fait qu'elle va toujours bien et il ne continue par sur le sujet. Pourtant, elle ne relâche pas le morceau, désireuse de comprendre pourquoi soudain le grand Ferreira s'intéresse à elle.

Il se rapproche d'elle sans se soucier d'être déplacé. Les limites et morales d'autrefois n'existent plus. Ses yeux parcourent la peau perlée de la jeune femme. S'il n'a jamais envisagé Moira, ce n'est que parce qu'il respectait trop James. Mais en tant qu'homme, en tant qu'homme facilement séduit par les atouts de la gente féminine, il ne peut nier que la demoiselle a son charme. Laissant donc de côté ses anciennes manières, sa froideur calculée, il la regarde sans détour avant d'enfin lui répondre. « Tu le prendrais mal si je te disais que j'avais juste envie de te voir? » Bien que pas trop investi dans sa vie directement, il était néanmoins présent avant. « Tu te sentirais mieux si je partais? » Le jeu est lancé. Et si elle dit oui, il partira, prêt à remettre le couvert une autre fois. Le tout étant de gagner sa confiance avant de demander quoique ce soit. Mais le but final est de se rapprocher d'elle, peu importe comment il le fait.

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Elle sait qu'elle ne devrait pas être là, seule avec Gregor. Elle sait qu'aujourd'hui, malgré les liens qui les unissaient d'antan, il représente une possible menace. James et Médée lui ont expliqué. Ils lui ont dit que la guerre a été déclarée, que les Ferreira se sont peut-être alliés aux Park, qu'il ne faut plus les fréquenter. Elle doit faire attention, oublier le passé et se focaliser sur les ténèbres qui l'enserrent plus que jamais. Méfie-toi, moira. Méfie-toi même de ton ombre. Tu ne peux compter sur personne d'autre que la famille. Mais que faire quand ceux qui sont censés être là ne le sont pas ? Que faire quand t'es si seule, moira ? Elle devrait se lever, partir. Fuir. Elle devrait avertir que l'aîné des Ferreira est là. Pourtant elle ne fait rien. Parce que malgré les avertissements, il y a le doute qui vient embrumer la raison. Serait-il vraiment capable de lui faire du mal après l'avoir vu grandir sous ses yeux ? Serait-il capable de rompre les promesses muettes faites il y a des années de cela ? Promesses de soutien. Les Marlowe et les Ferreira devaient se serrer les coudes, c'était le deal.  

Elle reste calme, trop sûrement, en apparence seulement. Parce que le cerveau turbine, les pensées se mélangent. Et les sentiments. Elle n'a toujours fonctionné qu'aux sentiments Moira. Ecouter le cœur, jamais la tête. Et elle veut lui faire confiance. Elle veut que celui qu'elle a admiré, désiré, ne soit pas le monstre qu'il est supposé être. Elle veut continuer d'imaginer qu'un jour il puisse arrêter de la voir comme l'enfant rêveuse qu'elle était. Elle l'écoute, sans le regarder après avoir pourtant osé admirer la musculature quelques instants plus tôt. On a tous quelque chose à perdre alors. Un emploi, la liberté déjà fragile, la vie. Mais on ne risque rien si je ne rapporte pas ta visite à mes aînés. S'il ne lui donne pas une raison de le faire, à quoi bon risquer de perdre ce qui est important ? Et puis ce n'est pas comme si elle avait l'habitude de raconter ses journées aux marlowe. Ils sont trop occupés, toujours. La nostalgie vînt pincer son cœur à la prononciation du surnom qu'il est le seul à lui donner, qu'elle n'avait pas entendu depuis longtemps. Elle soupire et tourne enfin son visage vers lui afin de le regarder. Peut-être est-il temps d'arrêter cette guerre, Gregor. Vous n'avez pas l'air de vous rendre compte qu'elle nous détruit tous. Et tout ça pour quoi ? Des incertitudes, des convictions sans preuve, des accusations infondées. C'est puéril. La gamine ose donner son opinion, les yeux braqués sur lui. Elle a grandi, et il lui permet d'avoir une conversation d'adulte à adulte. C'est rare, malheureusement. Et puis elle se radoucit, juste un peu, pour redevenir celle qu'elle a toujours été. Lumière et douceur. Tu connais James, il a tendance à être surprotecteur. Elle avoue à mi-mots qu'elle a été cachée. Mais c'était déjà une évidence.

Il se rapproche et le corps de Moira réagit instantanément. Le regard se détourne, les muscles se tendent, le cœur se met à tambouriner bien trop rapidement dans la poitrine. Elle est passée à autre chose, depuis un moment déjà. Les fantasmes sur Gregor se sont dissipés quand elle s'est perdue dans les bras d'autres hommes. Pourtant il a toujours cet effet là, sa présence si près d'elle fait renaître les sentiments qu'elle avait soigneusement enfuit. La gamine est déboussolée, mais elle tente de ne pas le montrer. Elle se fait violence pour ne rien laisser paraître, pour ne pas qu'il devine les songes impropres qui lui traversent l'esprit. Non, je ne le prendrais pas mal. Mais j'aurais du mal à y croire. Pourquoi voudrait-il la voir ? Pourquoi voudrait-il passer du temps avec celle qu'il n'a jamais vu autrement que la petite sœur de james ? Tu te sentirais mieux si je partais ? Le ton est donné. La conscience lui hurle de dire oui, de faire attention, de ne pas entrer dans ce jeu dangereux duquel elle n'aura pas le contrôle. Et pourtant. Non. Une main qui se pose presque trop brusquement sur la cuisse du ferreira, comme pour l'empêcher de partir, tandis que les regards se croisent de nouveau. Reste. Supplique déstabilisante. La vérité est que, en dehors du jeu, en dehors de l'ambiance étrange, en dehors de tout ce qu'il pourrait penser, elle n'a pas envie de rester seule. Pas encore. Pas après des semaines de solitude insoutenable.

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Moira ne sait pas qu'elle a peut-être plus à perdre que lui. Car elle a une famille qui ne lui pardonnera pas la trahison de son amitié avec Gregor. Pourtant, derrière les façades et la fumée dans les décors véreux, les deux chefs de clan savent que quelque part, il y a encore un peu d'affection entre eux. Une affection qu'ils ne peuvent plus exprimer, qu'ils ne s'autorisent plus à ressentir mais qui vit encore en eux. Et c'est cette affection même qui tue Gregor au moment où il vient corrompre la petite soeur. « Alors ne dis rien.» souffle-t-il dans un murmure trop tendre, trop sinueux. Cela ne ressemble pas à leur relation. Il a toujours évité de donner des espoirs à celle qui était fragile du coeur, fragile de l'âme. Cependant, s'il est mal à l'aise de se servir d'elle, il l'entend parler de leur guerre et il sait alors qu'elle n'est pas totalement écartée de tout ce qui se dit et se trame chez les Marlowe. Pour une fille qu'on tient loin de tout pour sa sécurité, Moira aura peut-être pu fouiner un peu. Ou alors, elle pourrait le faire... si elle était bien motivée.

« Je n'en veux pas plus que toi de cette guerre Mo'. Mais ...» Il prend un air affligé, baisse la tête et se passe une main dans sa chevelure qui ruisselle déjà un peu à cause du sauna. « une petite fille est morte. Et ceux qui étaient autrefois nos alliés refusent de jouer franc jeu avec nous, refusent de nous aider à trouver le responsable. » Gregor parle ouvertement. Ce n'est pas en la traitant comme une gamine qu'il va gagner des points. S'il veut la ramener de son côté, la pervertir à sa cause, il doit faire ce que James ne fait pas : considérer Moira comme une adulte, comme une égale. « Tous les grands frères sont suprotecteurs. Je ne lui reprocherai jamais ça. » Il concède, rappelle qu'il est humain, rappelle qu'il est l'ami de celui qu'il est venu trahir ici. Cependant, il sait qu'il ne doit pas déposer trop de cartes sur la table trop vite. Il a appris l'art du poker avec les meilleurs. James le battrait encore à plates coutures, mais l'innocente Moira est une adversaire qu'il doit pouvoir convaincre de son bluff. Pour cela, tout ce dont il a besoin, c'est d'une ouverture.

Et elle ne le repousse pas. « Pourquoi Mo'? Tu sais bien que j'ai toujours tenu à toi.» Il pose ses yeux sur elle, pénétrant ses pupilles avec force, captivant la jeune d'un regard puissant. « Autrefois, je te fuyais parce que tu n'étais qu'une enfant et Dieu seul sait ce qui aurait pu arriver si j'avais cédé à des pulsions d'homme avec toi. Mais aujourd'hui, ... » Il ne finit pas sa phrase, secoue la tête comme s'il s'interdisait d'en dire plus. Gregor se découvre des talents d'acteur insoupçonnés. Et son jeu semble couronné de succès. La main de la belle s'égare sur sa cuisse et sa voix lui demande de rester. «Je ne comptais pas partir. » Il sourit doucement, passant sa main sur celle qui le touche, agrippant ses doigts entre les siens et remontant sa main jusqu'à ses lèvres pour un baiser bien trop charnel. Il lui rend la main prisonnière avant de lui avouer « Je ne devrais même pas te mêler à tout ça. C'est pas correct de ma part d'être aussi faible. » L'acteur n'est pas que ça. Il est en proie aux doutes, aux douleurs. Car Moira, il l'apprécie. Car s'il souille leur relation immaculée, il n'y aura pas de marche arrière. S'il trahit James, cette fois ce sera la dernière. Le sang coulera.

Mais le sang a déjà coulé.
Une fille, ta nièce, décédée.
Et un autre ici, trop belle
Et de toi, encore pucelle.

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Elle sait qu'elle devrait se méfier, Moira. Ne pas faire confiance aux Ferreira, à ceux qui autrefois faisaient partie de la famille. Elle sait qu'elle ne devrait pas le laisser s'approcher d'elle, lui qui exerce tant de pouvoir sur son être si fragile. Elle en a tant rêvé il y a seulement quelques années, de ce moment, de ce rapprochement avec celui qu'elle a désiré. S'il savait, Gregor, tous ces scénarios qu'elle s'était imaginé, ceux dans lesquels il la remarquait enfin, ceux dans lesquels elle était plus que 'la petite soeur de james', plus que la fillette surprotégée. Et au-delà de ce rêve devenu réalité un peu tard, à demi effacé par une maturité gagnée, il y a la satisfaction de pouvoir avoir une conversation ouverte sur un sujet qu'il y est d'ordinaire refusé. Il n'est d'ailleurs pas des plus plaisants. Leur guerre l'exaspère, elle, si pacifiste, si calme, si douce. Elle qui ne parvient pas à admettre qu'ils puissent se déchirer après s'être tant aimés. Elle essaye de comprendre moira, les rancœurs, les accusations, les points de vue divergents. Et son cœur se serre à l'évocation du prénom de la gamine qu'elle a pourtant à peine connue. Tragique histoire que celle de cette enfance brisée, de cette vie ôtée pour des histoires dont elle était trop jeune pour se douter. Jouer franc jeu ? Elle le regarde, mi-agacée, mi-frustrée par les propos du ferreira. Gregor, sérieusement ? Malgré les tensions de ces dernières années, Alix faisait partie de la famille. Tu crois qu'on aurait été capables de lui faire ça ? Que James aurait été capable de lui faire autant de mal ? À elle. À toi. Elle soupire en détournant le regard et passe une main sur son front pour venir y dégager une boucle rebelle, collée par les perles qui gouttent sur son corps hâlé. Flora aurait pu être ma nièce aussi, tu sais, si les choses s'étaient passées différemment. Si James et Alix étaient parvenus à rester ensemble, si les familles ne s'étaient pas désunies. Et je suis désolée qu'ils refusent de vous aider à trouver le coupable, sincèrement. Mais les choses sont... compliquées. Qu'est-ce qui ne l'est pas dans leurs vies ? Elle voudrait que tout soit plus facile. Elle aimerait pouvoir se perdre dans la banalité, ne pas avoir à constamment s'inquiéter du danger. La perle des Marlowe ne pense qu'à s'évader mais elle se retrouve piégée, emprisonnée, par le grand frère surprotecteur qui ne veut pas voir à quel point elle se fane ici, au sein de leur dynastie. Sans doute. Mais il y a une différence entre une protection raisonnée et une protection obsessive.

Le regard de Gregor capture le sien avec tant de puissance qu'elle est incapable de s'en défaire. Et là, elle pourrait se noyer sans résistance dans les yeux verts. Les mots enjôleurs nourrissent l'espoir qu'elle avait pourtant fait taire. Mais aujourd'hui je ne suis plus une enfant. Elle finit pour lui l'évidente vérité, la réalité qu'il n'a pas parvenu à prononcer. Elle a grandi, moira, elle n'est plus la fillette qu'il a autrefois connue. La gamine soleil est devenue femme. Et pourtant, à ses côtés, elle a l'impression de revenir l'adolescente amourachée, surtout quand il agit de la sorte, qu'il porte à ses lèvres la main prisonnière pour y déposer un baiser charnel. Et le coeur bat trop vite, et ses lèvres à elle se séparent, s'arrondissent, tandis que le visage affiche un air troublé qu'elle tente de maîtriser. J’y suis déjà mêlée, par mon nom. Et tu n’es pas faible, greg, pas du tout. Et la main prisonnière quelques secondes plus tôt vient caresser la joue du Ferreira. Geste de réconfort qu’elle ébauche avec l’infinie douceur qui lui est propre. Parce qu’elle n’a toujours été que cela, moira, ce refuge au milieu du chaos, l’inattendue tendresse au centre de leur univers morbide.

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Quels sont les songes que je t'offre quand tu m'ouvres ta porte? Quels sont les rêves qu'on tente quand la tentation nous emporte? Quelles sont donc nos possibilités dans ce monde insensé?

Gregor joue avec le feu. La culpabilité l'irrite car elle n'a pas sa place dans le coeur d'un chef. Ce qu'il fait, il le fait pour les siens, pour Alix, pour Flora. Mais il n'est pas encore trop tard pour tout arrêter, pour mettre un terme à cette folie. Sauf qu'il est là, dans les vapeurs d'une chaleur qu'il connaît : la séduction. Et Moira, la douce Moira, est réceptive au charme de ce grand frère qu'elle a quelque peu côtoyé dans le passé. Réceptive et surtout, ouverte. Elle parle la non plus gamine. Elle ouvre la bouche et ne se méfie pas assez de tout ce qui est perçu par celui qui se dit son ami. Gregor entend ces demi-confessions, ces aveux qu'elle ne voit même pas. « Je sais que tu es innocente, jamais tu ne ferais une chose pareille. » Il le pense. Pourtant, Alix lui ferait savoir qu'il est trop crédule. Mais Moira n'est pas une bête de guerre, tout le contraire. « Et je crois James quand il me dit qu'il n'y est pour rien. Je sais que je suis idiot de faire confiance à nos liens passés mais je veux le croire. » Pour se rapprocher d'elle, il doit être le premier à montrer ses faiblesses. Et plus important encore, Gregor a le sentiment que c'est en mettant en évidence les failles de son armure qu'elle aura pitié de la souffrance qui lui est infligée. « Je sais. » admet-il comme il l'a admis auprès du frère aîné quelques jours plus tôt. Mais elle commet un impair, le premier. Moira s'exprime et parle de regret quant à l'aide qui n'est pas procurée aux Ferreira. Ils savent quelque chose, ils détiennent des informations. Et s'ils ne disent rien, c'est qu'ils ont des choses à se reprocher. Le sang de Gregor bat dans ses tempes. Est-ce la chaleur ou l'exaltation de se rapprocher de sa quête pour la première fois depuis des semaines? « Compliquées... en quoi est-ce compliqué Mo'? Une fillette est morte. On cherche juste le responsable. Si ta famille n'est pas mêlée, alors pourquoi refuser de nous aider? » Il soupire et passe sa main sur son front, chassant quelques perles de sueur « Avec le passé qu'on partage tous, cela ne serait que normal de vouloir nous aider. Tu l'as dit toi-même, elle aurait pu être des vôtres cette enfant. Il s'en est fallu de peu pour qu'elle soit ta nièce aussi. » Et c'est ça qui fait mal. Si il n'y avait pas tout ce passé, la guerre aurait déjà éclaté. Les balles auraient fusé et du sang aurait coulé pour laver la mort détestable de l'innocence incarnée.

Tu n'es plus une enfant. Mais tu n'es pas sage pour autant. Regarde-toi savourer le baiser que j'offre à tes doigts sans reculer. Une plus mature que toi verrait le danger dans ce rapprochement, se méfierait de cet homme qui ne t'a jamais tourné autour auparavant... Mais Moira lui ressemble. Charmée par les attraits des sentiments tout comme il est séduit par la beauté des formes, elle se laisse faire et va plus loin, caressant les traits de Gregor, lui arrachant même un frisson incontrôlé. Je connais mon objectif mais tu me perds. Tu me perds en me rappelant que tu n'es plus une enfant. Quel mal y a-t-il à te désirer au-delà de ma mission? Quel mal y a-t-il à rendre la pareille à ton frère qui m'a déshonoré des années plus tôt? Ses pensées s'entremêlent tandis qu'elle le rappelle à la raison. Gregor sourit et la contredit. « Tu te trompes Moira. Je suis plus faible que tu ne l'imagines. » Le patron du cabaret sait désormais quelle arme utiliser. Il saisit cette main qui l'a touché et tire gentiment dessus, se rapprochant de Moira jusqu'à ce que leurs corps soient collés. « Je suis venu ici pour te questionner. Mais nul doute que tu le savais. » Intelligent, il lui prête des intentions qu'il n'est pas certain qu'elle avait. Mais plutôt que de risquer qu'elle le comprenne, qu'elle déjoue ses tours, autant le faire le premier. « Je suis venu ici pour me servir de toi, je le confesse et j'en ai honte aussi. » Ses yeux la fixent, tiennent la route. Sans ciller, il continue alors « Mais tu me dis que tu n'es plus une enfant et je suis faible parce que je culpabilise de venir pour te séduire et m'intéresser à toi uniquement pour me servir de tes relations. Et puis... » Il incline la tête, baisse son regard sur le haut de sa poitrine qui dépasse sensuellement de la serviette encore bien enroulée autour d'elle. Gregor est doué pour jouer à ces jeux sexuels. Il continue de regarder ses formes toujours cachées tout en terminant sa phrase « ... et puis je me retrouve piégé dans mon propre piège, à désirer la soeur de mon ami, à ne plus savoir si je le fais pour mes recherches ou parce que j'ai envie... » Il s'arrête et remonte sa main le long du bras de Moira, caresse son épiderme, arrive à son épaule et murmure « J'ai envie de toi Moira. »

Moira. Non pas Mo', non plus l'enfant du passé. Il l'appelle Moira, en signe de la féminité qu'elle vient de gagner à ses yeux. Il joue parfaitement son jeu, laisse ses cartes en évidence, à la vue de son adversaire.

Je suis en train de me damner pour toi Alix. Mais peut-être que la damnation aura quelque goût de salvation, qui sait...

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crédit/ tumblr ☾ w/@gregor ferreira

Evidemment qu'elle n'aurait pas fait une chose aussi abominable que celle d'ôter la vie à une fillette innocente. Evidemment aussi qu'elle n'aurait pas risquer de blesser Alix et les autres Ferreira. Ils faisaient partie de la famille, avant que tout ne se déchire, que les liens se défassent et que la guerre éclate. Elle en aurait été incapable. Et puis, ce n'est pas dans sa nature. Douce Moira qui condamne la violence dans laquelle elle a pourtant grandi, bien qu'elle en aie été protégée. Tendre Moira, ange trop pure au milieu des monstruosités qui l'entourent, tellement qu'on pourrait en venir à se demander s'il n'y a pas eu erreur quelque part, si le sang qui coule dans ses veines est bien le même que celui des autres Marlowe. Mais Moira, elle croit qu'ils sont innocents aussi, que James a des limites, que les relations d'antan ont encore de l'importance. Il n'aurait pas pu faire ça non plus, et elle est soulagée que Gregor le pense aussi, parce que tout n'est donc pas perdu, pas vrai ? Et pourtant le doute paraît subsister, à cause de l'inaction des uns, de l'injuste rancœur des autres. Elle comprend un peu le chef Ferreira. S'il n'y avait qu'elle, ils les aideraient à démasquer l'horrible voleur de vie, mais la gamine n'a aucun pouvoir de décision. Elle reste silencieuse un instant, réfléchit aux mots qu'elle emploiera dans l'explication qu'elle veut donner. J'en sais rien Greg, je ne suis pas dans la tête de mon frère, heureusement. Mais notre passif est complexe. Nous étions effectivement alliés avant, mais tu dois bien admettre que beaucoup de choses ont changé ces dernières années, depuis qu'Alix est partie, qu'elle a abandonné James. qu'elle l'a abandonnée elle, elle qui l'aimait comme une sœur, après avoir partagé tant de secrets et de confidences. Pourquoi choisirait-il d'aider des personnes en qui il n'a même plus confiance ? Vous vous êtes alliés à la mafia coréenne pour nous faire du mal, Gregor. Alors pourquoi devrions-nous vous aider ? Les accusations sont infondées, incertaines, elle n'y croit même pas pour être honnête. Mais elle voudrait qu'il démente, qu'il prouve qu'un lien infime existe encore entre les deux familles.

Et les barrières qui s'étaient automatiquement dressées entre eux lorsqu'elle n'était qu'une enfant et lui l'ami du frère aîné sautent une par une. Les corps se rapprochent, les peaux brûlantes s'effleurent puis se touchent, et les gestes sont enjôleurs. Que sommes-nous en train de faire, Gregor ? Il nous est interdit de désirer mêler nos corps. Et pourtant je te veux plus encore qu'il y a des années, quand mes pensées pêcheresses venaient profaner les promesses. Est-ce mal de vouloir continuer ce jeu dangereux ? Et si jamais nous cédions à la tentation, serions-nous pardonnés ? L'une de ses mains caresse avec douceur le visage du Ferreira et elle ne peut retenir un sourire satisfait lorsqu'un frisson parcourt la stature masculine. Elle le trouve si beau et elle s'imagine déjà aller plus loin, là, avec lui. Pourtant Gegor, te rends-tu compte que tu gâches tout lorsque tu avoues tes méfaits ? Et si le visage de poupée ne montre aucun signe de contrariété suite aux horribles aveux, le cœur se fissure et la confiance se brise. Il a voulu se servir d'elle, et si elle s'en doutait déjà, l'entendre le dire lui fait un mal fou. Parce que, tout comme James et Médée, il la voit comme le maillon faible, celui qui craquera le plus aisément pour révéler les secrets les mieux gardés. L'envie de fuir se fait soudainement ressentir, mais la rancœur et la fierté sont plus fortes que tout. Alors elle sourit malgré la peine qu'il lui inflige, comme si les mots n'avaient pas d'effet, comme si elle était aussi naïve qu'il se complaît à penser. Je me fiche de la raison pour laquelle tu es venu elle souffle suavement à l'oreille de Gregor après avoir rapproché son visage du sien. Et, habilement, elle passe un genou au-dessus de ses cuisses pour venir s'installer sur lui, si proche. Buste contre buste, bassin sur le sien, bras fins passés autour de ses épaules, et les lèvres pulpeuses qui viennent narguer celles du Ferreira. Seules les serviettes de bains font obstacles à leurs peaux. Moi aussi j'ai envie de toi. Murmure presque inaudible glissé contre la mâchoire carrée sur laquelle elle vient déposer plusieurs baisers. J'ai envie de ta peau contre la mienne. Ses mains se baladent sensuellement sur les épaules, puis sur le torse nu. De tes lèvres sur mon corps. Sa bouche descend lentement de sa mâchoire à son cou. De jouir ton nom, inlassablement. les mains se faufilent, toujours plus bas, avec lenteur pour le faire languir. Jusqu'à ce que tout s'arrête brusquement. Jusqu'à ce que le visage se relève et que son regard sombre vienne heurter le sien avec force. Mais tu vois Gregor, je n'aime pas être prise pour une conne. Et elle se lève, majestueusement, sépare les corps fiévreux. Alors vas te faire foutre. Le jeu est fini. Ou vient-il seulement de commencer ?

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{ beautiful lies }
crédit/ tumblr ☾ w/@moira marlowe

Les vapeurs s'emmêlent dans nos coeurs, les doutes s'immiscent dans nos corps. Est-ce que je suis assez fort pour résister à l'appel du désir? Est-ce que je peux te refuser à toi, de m'offrir?  

Les adversités des familles ne sont plus à relater, ils savent tous deux qu'un fossé les sépare. Roméo et Juliette de leur ère, ils sont bons pour le poison mortel en fin de tragédie. Et pourtant, Gregor se sent appelé par cette pièce lugubre qu'ils pourraient jouer tous les deux. Parce que Moira cède du terrain. Elle concède des choses à celui qui est désigné comme l'ennemi par sa fratrie. Et bizarrement, ça lui fait du bien de savoir qu'il n'est pas totalement fou de penser ainsi. Si même elle, leur soeur, peut voir qu'il a des raisons de douter, c'est qu'il n'a pas entièrement tort. « Quand je vois où on en est aujourd'hui, je ne peux pas lui reprocher de s'être éloignée de lui.  » Mais en partant, Alix a brisé le lien qui unissait les frères de coeur. En sortant avec lui déjà, elle avait cassé quelque chose entre eux. Mais l'abandon qui avait suivi avait scellé leurs destins : à tous. Sauf que Moira n'est pas non plus naïve, il le voit et l'entend. Elle parle de leurs liens avec la mafia coréenne et il se rembrunit. «  Mo', honnêtement, ces trucs nous dépassent tous. Je ne sais pas exactement ce qui se joue avec ce pan de la mafia et je préfère ne pas m'aventurer dans des explications ou justifications parce que...  » Il est de mauvais poil car il n'aime pas reconnaître que pour tout ça, il a été mis de côté et que ça s'est joué en se passant de lui initialement. « ... je ne suis pas au courant.  » Frustré, cela se voit sur son visage. Mais il n'a pas envie d'en parler et il a exprimé cela de manière très claire.

Le jeu s'intensifie. Les barrières tombent et il se perd dans ses propres révélations, surpris de la voir ne pas se renfermer sur elle-même après pareille confession. Gregor subit l'assaut en martyre. Tu n'as pas la moindre idée de l'effet que tu me fais. Tu n'as pas idée du mal que j'ai à me retenir, tu n'as pas idée du mal que je me fais à vouloir te repousser. Mais il ne la repousse pas. Moira l'enjambe et il sent son corps qui se contracte, qui réagit à cette emprise qu'elle a soudain sur lui. Qui es-tu charnelle inconnue? Où étais-tu pendant ta jeunesse? Pourquoi ne t'ai-je aimée plus tôt pour que ce lien du vice ne naisse pas au moment où nos désirs s'enlisent? Où nos désirs risquent de nous tuer... Mais Moira n'est plus la gamine douce du passé. Moira a vécu dans les foudres des Marlowe trop longtemps pour ne pas avoir été touchée par leur rage et leurs tempéraments guerriers. La danse lascive, séductrice, se termine sur une déclaration que Gregor sait avoir méritée. Elle se lève, l'insulte sans détour et tente de partir. Mais il la retient, attrapant son poignet. « Attends. » Sa voix ne supplie, elle ordonne. Il se lève et pose sa main sur sa hanche, l'attirant contre lui dans un mouvement presque volatile. Personne ne se joue de moi. Ses yeux sont noirs, noirs de colère et de désir. Il les pose sur la belle, les plonge dans son regard dans un silence bien trop intense. Quelques secondes d'une atmosphère incendiaire, d'un échange où tous les deux s'accusent de leurs propres travers. « Ne te sers pas de mes faiblesses contre moi Mo', tu as plus à y perdre que moi.  » Des faiblesses qu'il ressent pulser entre eux, qu'il lui reproche avec une puissance avide. Sa main remonte d'un coup possessif sur son bras, l'agrippant sans tendresse, la collant contre son torse et penchant son propre visage vers celui de la fausse angélique Moira. Nous avons tous les deux des choses à perdre dans ce triste jeu. Et pourtant, alors que je vois dans tes yeux l'amitié de James qui s'envole, la guerre qui se déclare, les folies meurtrières des jalousies incandescentes... je te vois surtout toi. Toi, pour la première fois. Sa main libre frôle le drap de bain, provoquant le tissu d'un index qui tire dessus, attendant un seul mouvement de la jeune femme pour la délivrer de sa prison textile. Mais avant de le faire, il lui murmure « J'ai joué franc jeu avec toi Moira. C'est plus que tu n'as jamais reçu de la part de ton frère ou de ta soeur. Je ne pourrai pas m'empêcher de vouloir profiter de toi... » Sa voix descend d'un ton, laissant la fin devenir un murmure presque lyrique. « ... dans tous les sens du terme. » Il joue gros. Mais la pire des confessions a déjà été faite. Là, le réel danger est qu'elle ne parte pas, qu'elle accepte les conséquences de ce qu'il lui dit : son désir l'a emporté sur ses noirs desseins. Là, ce qui risque de tout détruire, c'est qu'elle cède à cette tension qui règne entre eux. Car, en ce moment, Gregor ne pense pas à la vengeance, il pense uniquement à elle.