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 tough [r]

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Message Sujet: Re: tough [r]   tough [r] - Page 2 Empty Mar 6 Nov - 18:48

Ils n’étaient pas qu’une illusion.
Ils en avaient la première lettre, peut-être aussi la dernière mais toutes les intermédiaires étaient absentes du schème ; le jugement n’était pas erroné pas plus que l’opinion fausse, celle qu’elle cultivait le concernant. Elle avait du mal à les croire, lui et ses promesses, lui et ses belles paroles, celles qu’il débitait avec conviction.
Celles qu’elle inspirait d’une seule respiration. Si elle le voulait tant, elle aurait pu le refuser, lui. Refuser d’échanger : des mots, des regards, des gestes.
Elle aurait pu quitter cette terrasse, rire face à ses boniments. Mais, elle restait là, grande comédienne, de ces tragédiennes qu’il admirait lorsqu’il squattait le balcon d’un opéra : au programme, un affrontement sanglant, tous deux armés de répliques concaves (d’apparence pleines mais faites d’anfractuosités, les vérités-filantes y basculaient, s’engouffrant dans des abîmes, du vide pur et irréfutable).
Peut-être qu’ils n’étaient,eux aussi, qu’un vide pur et irréfutable. Alors, peut-être devait-il s’armer de patience, reconstruire ? Ou, faire le deuil de toute ce qu’il tentait si vainement de ramener à la vie.
Elle était devenue inaccessible, d’un seul coup de canif porté à leur contrat, d’une baise même pas significative, d’une envie de s’inscrire dans un corpus différent – pour une fois.
- On est devenus comme tous ceux qu’on méprisait – souffla-t-il, et c'est de ma faute, c’était de ces constats que formulaient ceux qui un jour avaient tout tenté : le marchandage, la colère, la gentillesse, pour parvenir à leurs fins.
Ceux qui avaient parcouru plusieurs milliers de kilomètres, pour poser les genoux sur une terre inconnue et, finalement, remarquer qu’ils n’étaient pas les premiers à en faire la découverte.
Plié sous plusieurs tonnes de déception, de fatigue ; Taj était épuisé et il était presque capable de percevoir un sentiment identique prendre forme dans les billes jumelées.
Ou plutôt, c’étaient toutes ses cartes qu’il avait joué, parieur chevronné : Athenais n’avait plus rien d’un défi, elle s’était progressivement élevée, atteignant ces entités chatoyantes qu’on se contentait d’admirer, de loin, de trop loin pour lui, pour cet espoir qu’il avait lâchement nourri, comme un chat d’gouttière affamé et qui revenait souvent gratter à sa porte.
Le parquet de son loft n’allait plus être foulé par les pas de la jeune femme, ses draps n’allaient plus en connaître la chaleur ; il n’allait plus confondre leurs brosses à dents (la sienne, celle d’Athenais et pas d’une autre ).
C’était un constat aussi débile que déchirant.
Et c’est lui qui le poussa à grappiller d’autres secondes, d’autres minutes  alors qu’il aurait tué père et mère pour pouvoir profiter d’une heure – toute entière – en sa compagnie. Il aurait voulu l’enfermer, la séquestrer dans une cabane et l’obliger à développer à son encontre n’importe quel syndrome de merde qui aurait pu faire l’affaire. Il voulait se persuader qu’il ne la laissait pas indifférente, il se l’était répété et avait failli y croire.
Il avait mal joué, il avait trop joué et il ne pouvait désormais faire face qu’à un tas de cendres aériens ; qu’une brise s’élève se surprit-il à penser.
- Toi et moi, c’était pas le bon moment. J’ai essayé, j’ai au moins essayé. Je pourrais me réconforter de cette façon là. Il n’allait se réconforter qu’à coup de Jack Daniels et de sexe expéditif avec des inconnues. D’accord – fit-il. Elle l’avait fait passer par tous les états, il s’était illustré en connard, avait accepté la concession, s’était agenouillé – métaphoriquement et surtout à sa façon -  mais , le costume qui lui allait le plus, c’était celui du mecton qui prenait l’une des décisions les plus importantes de toute sa vie : accepter qu’elle ne veuille plus de lui, qu’elle n’ait plus confiance en lui. D’accord mais, d’accord seulement pour le moment, Weiss – alors quoi ? Il n’allait quand même pas s’avouer vaincu, il n’avait pas envie de donner raison à Agnès, ni à ses parents, ni à ceux d’Athénais. Il ne voulait pas donner raison au doute, ni à Shakespeare, ni à Bukowski. « On » n’est pas né sous un bon timing, ni de bons auspices – dans une boîte de nuit, alors qu’il ne recherchait pas l’amour, pas celui qui filait des bestioles au bide et s’abandonnait au manque. Pas celui dont ils s’amusaient à se moquer dans ces films à l’eau de rose qu’ils regardaient sur le canapé, lovés l’un contre l’autre.
Il se racla la gorge et prit une profonde inspiration, jeta un coup d’oeil à ses chaussures : ses Louis Vuitton étaient maculées de terre. - Tu m’excuses, je dois aller nettoyer mes pompes – c’était de loin l’excuse la plus lamentable qu’il aurait pu sortir, afin de ne pas s’effondrer sous son nez. Il avait besoin d’un remontant, d’une conquête et d’un coin sombre. Et, avec toutes les minettes qui rêvaient elles aussi de se fiancer, l’entreprise n’allait pas être particulièrement difficile à mener à terme.Au contraire, Athenais n’avait fait qu’achever ce qui l’avait poussé  à revenir à la charge, au diable les scrupules. Il se pencha par dessus la balustrade pour faire signe à Stan, engagé dans une conversation animée avec Agnès. C'est sans un regard vers la jeune femme qu'il quitta la terrasse.
@Athenais Weiss
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tough [r]
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