new connection. (neith)

frightened by my own reflection, desperate for a new connection, pull you in, but don't you get too close, love you now, but not tomorrow, wrong to steal, but not to borrow, pull you in, but don't you get too close. -- @neith henare

un regard insistant, un visage enchanteur, les prunelles défaillantes, elle est intrigante, l’inconnue. elle est belle, l’inconnue. peut-être mortelle, aux phalanges sublimées par l’aisance dont elle fait preuve à cette table. entourée d’hommes, entourée de bourreaux qui viennent ici aussi bien pour se refaire en jetons que pour consommer la luxure en compagnie de belles silhouettes. silhouette comme la tienne, sole. silhouette royale dépourvue de ta couronne. richissime espagnole relayée au rang d’escort girl au sinners. ce que beaucoup trouveraient certainement dégradant, elle s’en nourrit, soledad. elle profite de la liberté qui coule dans ses veines, qui libère ses poignets. de cette liberté, alors qu’elle devient peu à peu esclave d’une autre vie. d’une nouvelle vie. mais d’une vie choisie. d’une vie de perdition, les subterfuges malsains, les douleurs étoilées. elle aime chacun des instants passés ici. elle se perd, trouve le chaos, l’intensité des moments secrets. elle aime, comme elle aime ce regard. comme elle aime sentir les yeux si beaux rivés sur elle. des yeux bien plus beaux que les siens, bien plus puissants. les tiens sont vides, soledad. toujours vides. pourtant d’une profondeur hors norme. mais vides de sens, vides d’une vie qui n’était pas celle dont elle rêvait.
celle qu’elle désirait.
la partie est terminée, l’homme qu’elle accompagnait s’est éclipsé, mais elle est toujours présente. elle est toujours là, se relève, s’avançant vers le bars. et machinalement soledad suit le mouvement. elle suit, guidée par la lueur étincelante qui émane de la brune. il ne suffit que d’un instant, que leurs épaules se frôlent, et une parole. bonsoir. le regard qui se plonge ans le sien, cette fois de bien plus près qu’il ne l’était durant les heures passées. alors, les jeux étaient bons ? qu’elle s’intéresse, pour en connaître un peu plus sur la mystérieuse faisant frémir la table de poker. l’intérêt du casino, mais surtout le tiens, sole. le tiens et ses regards qui sont venus troubler un peu l’effervescence de ta soirée.

(c) calaveras.

@soledad bello
I got nine lives, seven days
And it feels like a suicide yesterday
And tonight it's the same old thing

(outfit) ⋅ Les cartes reposées sur la table de jeu sonnèrent le glas de la partie pour l'homme qui se tenait face à elle. Elle n'esquissa pas le moindre sourire en dévoilant à la face hagarde de son adversaire le quatuor d'as qu'elle tenait entre ses doigts, longs et manucurés d'un noir aussi profond que celui de sa robe échancrée, fendue sur le côté droit de sa silhouette. Les voix qui s'élevèrent autour d'eux ne marquèrent qu'un peu plus encore le silence hautain, presque dédaigneux, dont elle se plaisait à faire preuve alors que le balai ramenait à elle les jetons qui lui revenaient de droit, et dont le cliquetis nargua le quarantenaire – jugea-t-elle par la vision qu'il lui offrait – lorsqu'ils trouvèrent leur nouveau logis dans sa pochette, jalousement gardée contre le plat de son ventre. La partie avait semblé interminable et, si elle ne montra pas le moindre signe de faiblesse, Neith était exténuée. Les lumières tamisées de la salle piquaient ses yeux clairs et, se retenant de venir frotter du revers de son doigt ses paupières maquillées d'un smokey sombre, elle se contenta de regarder autour d'elle pour trouver un point d'ancrage où s'échouer, avant de s'autoriser à disparaître dans la nuit glaciale de New York. Peu importait combien son corps réclamait de repos ; depuis qu'elle s'était vue tirée de son sommeil par Le Chat, elle avait cette drôle d'impression qui la tenait au corps et emmêlait ses entrailles. La provenance, elle ne l'avait pas comprise jusqu'à regarder la date inscrite sur l'écran de son téléphone, par-dessus une photo à l'allure impersonnelle qui troublait la possibilité d'en deviner la valeur à ses yeux, et de voir que ça y est. Elle avait atteint une nouvelle étape dans son deuil, un nouveau mois écoulé depuis la perte de Luke. Alors la solitude de l'endroit n'avait fait que résonner avec un peu plus de douleur encore. Celle qu'elle aurait voulu noyer dans les fonds d'alcool qu'il avait laissés derrière lui, quand elle ne buvait que rarement. À la place, Neith s'était levée, avait pris ses clics et ses clacs, glissé une dernière fois ses doigts dans les poils du félin, et s'était sauvée. À nouveau. Pour ne revenir se changer et se maquiller qu'à la dernière minute, avant de partir pour le casino.
Son butin savamment gardé contre une silhouette sur laquelle aucune main n'était autorisée à se poser, elle laissa à l'abandon les regards mauvais qu'elle attirait de ses adversaires, encore plus ceux qui, admiratifs, appréciait ses formes (ou leur absence, diraient les mauvaises langues) en plus de son talent. Debout face au bar, elle laissa son regard glisser sur la carte, jusqu'à se crisper imperceptiblement à la sensation d'une épaule contre la sienne, d'une voix qui cherchait son attention. Elle tourna la tête, accrocha un regard, et sentit le monde se mettre à tourner un peu plus vite autour d'elle ; le mélange de surprise et de son hypoglycémie eut raison de son équilibre, alors qu'elle posa un coude sur le comptoir pour garder sa contenance. « Bonsoir », elle bafouilla presque en retour, inspirant avec une profondeur qui fit doucement gonfler sa poitrine sous le tissu fin de sa robe. Clignant des yeux, elle détailla le visage face à elle, avant de souffler : « une main chanceuse, il faut croire. » Il faut croire. « Mais ma soirée n'est peut-être pas la plus intéressante ? » Elle pinça des lèvres, retraçant une à une les meilleures (?) répliques retenues de ce qu'elle avait observé, pour s'éviter de s'effondrer face au dépourvu de la situation.