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 (2018) les naufragés — Adriel

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Message Sujet: (2018) les naufragés — Adriel   (2018) les naufragés — Adriel Empty Sam 12 Déc - 16:09


les naufragés
On ne saurait l'entendre ni la saisir. Elle passe. Elle est passage : frêle dentelle arachnéenne tendue entre nous et le néant. Beauté intolérante, intolérable. Plaie, et baume sur la plaie.

Lourd et hésitant, un bras couvert de soie s’élève pour demander un verre de plus, une mort lente et peu agressive si ce n’est lorsque l’alcool embrase la gorge. Elle a connu bien pire que les flammes de l’éthanol, bien pire que le whisky pur feu qui dévale les lignes d’un cou de cygne qui s’étrangle souvent dans les sanglots rejetés. Cosima n’a plus pleurer depuis longtemps, si ce n’est lorsque le vent du nord agresse ses pupilles, fait dévaler le sel sur un visage bien pâle malgré le hâle du sang portoricain coulant sous ses veines. Oh elle n’est pas de celles qui se laissent aller aux sanglots, même si une musique triste pourrait lui laisser perdre quelques filets translucides marquant une émotion bêtement humaine, le cœur affolé et touché par les notes d’un violon lui rappelant ce que sa mère, adoptive mais mère tout de même, jouait lorsqu’elle s’y laissait tenter. La sale gosse qu’elle était alors se dissimulait dans l’embrasure pour observer la femme-muse se laissait prendre par des notes qui parfois grinçaient trop. Sa mère n’était pas virtuose mais aimait le violon et Cosima ne pouvait que sourire devant cette grâce, ce calme précieux qui semblait alors l’habiter quand elle se laissait aller à fermer les yeux, l’archer entre ses mains prononçant une symphonie apprise par cœur, depuis l’enfance certainement. Un jour, sa mère la découvrit, mal cachée, l’invita à prendre place d’un sourire précieux et joyeux malgré la mélancolie qui hurlait dans ses prunelles bleus clairs et Cosima devint témoin de cet Archange qui se prenait d’affection pour la musique, pleura plusieurs fois sans comprendre pourquoi les notes la touchaient tant. Elle voulut essayer de jouer et le désastre fit rire mère et fille.

Le verre d’ambre se remplit à nouveau devant elle sous son regard de fille enivrée et solitaire, sous le halo tamisé d’un bar jazzy où se perdent quelques clochards, quelques couples, quelques flics comme elle prenant leurs pauses pour oublier, un instant, le réel; Et les souvenirs de sa mère s’oublie dans les gorgées qui finissent par revenir hurler dans sa gorge tendue. Elle ignore le regard qui se dépose parfois sur elle, celui du barman ou de la serveuse slalomant entre les tables, les rires des ivrognes au coin du bar, un peu plus loin. Ce soir, son corps tiraille, l’envie de s’apposer contre un autre, frustration qui revient surtout lorsqu’elle l’embrase d’alcool. Mais elle sait bien ça lui est interdit, que nul ne pourra la toucher et qu’elle l’interdira de toute manière. Elle refuse de se donner à qui que ce soit, pas alors qu’il y a encore quelques années, elle a fait fuir un homme à qui elle était prête à s’abandonner, malgré l’horreur qui marque sa peau. Ses mèches brunes cachent bien la face sévère, la tristesse qu’apporte l’ivresse avec elle, mirant son verre, ses pensées s’échappant vers bien des choses, souvent de mauvais souvenirs car nourrir l’obscurité de nos pensées est toujours plus facile que de nourrir la lumière qui se cache sous les morceaux de nuages noirs qui hantent nos esprits. Elle pourrait chialer, là, devant ceux qui s’étonneront à peine de voir une femme seule et visiblement ivre, se laisser surprendre par la mélancolie, pleurant mère et père, pleurant tout ce qu’elle n’a plus, pleurant de frustration car la dernière dose s’étend à la veille et qu’elle n’a pu trouver aucune aiguille pour percer une veine et oublier dans un orgasme que l’héroïne laisse percevoir. Bientôt, elle deviendra aussi laide que toutes les camées du coin, ironie du sort, elle, qui chassait les rois et reines qui faisaient circuler la came dans les caves, dans les bagnoles qu’on croit emplit d’autres choses, qui interrogeait tant de criminels qui s’amusaient de l’argent facile que tout cela rapporte. Maintenant, elle nourrit leurs business, devenant elle-même une effrontée qui se couche grâce à quelques filets d’héro qui lui font voir les étoiles et oublier, quelques heures, que la vie la gâche. Ou qu’elle se gâche toute seule.

Les phalanges épargnés par les flammes aux ongles courts, habitude prise pour tenir armes et autres objets donnés par la brigade des stups, passent dans le chemin des racines noires de ses cheveux, dégage le visage aux traits taillés à la serpe, intimant tout de suite une expression rigide quand autrefois, Cosima était capable de rire, trop, de sourire, beaucoup, de s’amuser de rien. La dépression est là et finira peut-être par l’emporter comme elle emporta la mère qui n’est qu’un X dans un dossier poussiéreux. Tenant sa tête lourde, elle sent venir l’ombre bien avant de voir le moindre visage; Elle viendra se poser là, près d’elle, comme par hasard, pour la tenter. Elle découvre le visage d’un homme, les traits presque candide et pourtant une œillade suffit à lui susurrer qu’il n’est pas plus heureux qu’elle. « La place est prise. » grogne-t-elle d’une voix traînante et pourtant douce et féminine, jurant avec ce visage qui laisse à penser que le timbre est plus grave; C’est un ange déchu qui lui parle et elle élève ses pupilles vers lui comme pour le dissuader de s’accouder près d’elle, de lui sourire ou d’oser lui taper la causette. L’ivresse la rend désireuse de se faire prendre mais aussi violente, bien trop, les poings habitués à frapper malgré le corps frêle. La main gantée cachant les brûlures s’appuie contre le bois pour l’aider à se redresser, jetant son menton vers l’ailleurs « Bouge. » Elle n’est même pas belle ce soir, rien qu’un jean noir pour couvrir l’une des cuisses mortifiée de cicatrices, des bottes aux talons épais, et un pull de soie noire couvrant même le cou pour dissimuler le suçon de quelques amoncellement de chairs agressées par les langues de vipères enflammées qui l’ont un jour embrassées. Elle le fixe, longuement, un soupir venant s’étendre alors qu’il lui semble que tout son corps abandonne déjà la bataille, retombant, courbée sur le bar, décidant de l’ignorer.

Je ne serai pas ta sirène ce soir, inconnu,
Je serai celle qui te chassera,
Artemis malgré moi, chasseuse refusant d’être chassée,
Devenue hargneuse sous les éclats de désir qui crépite
Dans un ventre que nul ne visite plus.
 


(c) corvidae/ Nancy Huston, Prodige, 1999 (quote)
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Message Sujet: Re: (2018) les naufragés — Adriel   (2018) les naufragés — Adriel Empty Ven 18 Déc - 9:45


les naufragés
On ne saurait l'entendre ni la saisir. Elle passe. Elle est passage : frêle dentelle arachnéenne tendue entre nous et le néant. Beauté intolérante, intolérable. Plaie, et baume sur la plaie.


Les odeurs du bar se font sentir
Il est tard, tard pour sortir
Mais tes espoirs, pour mourir
Ont pour un soir, l'envie de sourire.
 

Attrapé dans la tourmente des journées insipides, des regards imposteurs, d'une vie trop vide, l'ex-prisonnier traîne ses bottes dans ce café où l'ambiance est trop forte, la musique gênante presque. Quelques adolescents en fin de vie se déhanchent au centre de la piste improvisée et les regards qu'ils échangent suffisent à deviner... l'alcool ne leur a pas suffi. Ici bas, ces âmes déchues, déçues par la vie, ont goûté au plaisir des drogues de la nuit. Les yeux du sieur Silva caressent les bras de la chétive blonde qui se balance sur le rythme espagnol qui la maintient en haleine. Aucune piqûre ne recouvre ses veines, aucune ... pour le moment. Il sourit, malade de savoir qu'il est attiré par ce vice de la chair, par cette mortelle déviance de la terre.

Le monde vacille, là sous les couleurs violettes d'une lumière qui agresse les danseurs du dimanche. Adriel n'est pas venu admirer le spectacle, il est là pour autre chose. Le bar compte une place vide auprès d'une chevelure noire et intense. La dame n'est pas de celles qu'on imagine en robe de soirée et talons escarpins. De dos, elle dégage déjà toute la force d'une vie bien entamée. Sa tenue ne laisse pas présager une quarantaine bien avancée et pourtant, l'aura qui émane d'elle pourrait faire croire à la vieillesse de son âme.

Sans demander la permission, il s'installe sur le tabouret. On lui aboie dessus sans détour, on l'attaque sans retenue. Adriel sourit froidement. Le regard glacé du dernier vivant de cette terre rencontre celui de la fille de son père. Mais il est loin de savoir tout ça. Il est loin de savoir quoique ce soit. Cependant, il sent. Une drôle de vibration le heurte quand leurs yeux se rencontrent. « Par moi. » dit-il sans aucun enthousiasme. Ce n'est pas une réponse autant qu'une affirmation. La brune lui crie presque dessus, lui soufflant de bouger et le détermine ainsi à n'en rien faire. « Regarde autour de toi poupée, tu veux vraiment me pousser à retourner auprès de toutes ces plantes qui bougent sans savoir danser? » Sans attendre sa réponse, il lève un doigt et commande une bière. Il n'a pas envie de parler mais il sent qu'elle va le provoquer. C'est dans ses veines, dans ses tripes, la demoiselle est différente des gamines qu'il prélève dans ce genre de bars. « T'es totalement mon genre de came mais te fatigue pas, je vais pas te courtiser. Si t'es pas dans le mood pour une partie de jambes en l'air dans les toilettes à l'arrière, je vais pas insister. » Adriel attrape la chope qu'on lui tend et la porte à ses lèvres, avalant une longue gorgée de la boisson rafraîchissante.

Qui qu'elle soit, elle le possède déjà
Ce supplément d'âme qu'elle a
Cette rage qui la déchire de l'intérieur
Il y a de quoi en faire une âme soeur.


(c) corvidae/ Nancy Huston, Prodige, 1999 (quote)
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Message Sujet: Re: (2018) les naufragés — Adriel   (2018) les naufragés — Adriel Empty Ven 18 Déc - 10:31


les naufragés
On ne saurait l'entendre ni la saisir. Elle passe. Elle est passage : frêle dentelle arachnéenne tendue entre nous et le néant. Beauté intolérante, intolérable. Plaie, et baume sur la plaie.

Le déchu échoue tout de même auprès d’elle, n’écoutant pas ses remontrances agressives et gratuites. La roublarde n’aura pas gain de cause ce soir, figeant un instant ses prunelles assassines mais brumeuses dans la lueur levante et clairsemé d’eau clair d’un regard qu’elle ignore être celui du sang. Cela n’arrive que dans les écrans, de percuter, par erreur, celui qu’’on découvrira être son demi-frère, quelqu’un d’une famille qu’elle n’aurait jamais pensé chercher ni rechercher. Mais combien de lettres déchirées écrites à sa toxico de mère sans qu’elle ne sache rien d’elle, sans qu’elle ne puisse deviner ce que furent alors ses traits, si elle était une femme souriante, aimante, si les premières fois où la bouche du nourrisson à goûté au lait maternel, elle a été troublée ou non, est-elle partie sans regrets ? Elle ignore tout comme elle ignore tout de celui qui semble être enrobé de cette lueur terne et vive à la fois qu’ont les damnés, ceux qui reviennent des tréfonds infernaux, qui n’ont pas vécus le bonheur et auprès de qui la vie ne s’est jamais vraiment faite tendre. Les traits sont de ceux qui auraient pu lui plaire à une époque, les cheveux clairsemés de quelque chose de sombres et de clairs, la gueule cassée par les tourments, elle en aime un instant l’esquisse sous ses yeux mornes mais se détourne, abandonne la partie bien avant de tenter de gagner, peu apte à se jouer de quiconque ce soir, même peu certaine que ses pieds la tiennent toujours lorsqu’elle se décidera à quitter les lieux.

Elle non plus n’aime pas la musique qui se balance pour recouvrir l’ivresse des jeunes venues se trouver un moment de perdition, fumer aux balcons pour se donner l’air plus cools qu’ils ne le sont et s’assassinant les poumons à chaque latte mal avalée, voyant même quelques profils qui pourraient appartenir à des naïades encore mineurs. L’iridescence des lumières couvrent d’ombres leurs visages épuisés par la hargne, par l’amertume, par l’envie du vice qu’un d’entre eux pourrait bien assouvir mais ce ne sera pas entre ses cuisses qu’il viendra en quelques coups secs, égoïstes et peut-être maladroits. Elle se laisserait tenter si seulement la nausée ne lui venait pas à l’idée de se dévêtir rien qu’un peu face à l’autre, le ventre noué par la frustration d’une vie où l’abstinence se fait plus rude qu’elle ne l’a jamais été. Après tout, la fuite de l’amant couard ne remonte pas à loin, l’homme à qui elle donnait quelques uns de ses sourires et de ses rires de bonne enfant n’ayant pas supporter de la voir, le premier soir, se dévoiler à lui à la lueur faiblarde d’une lampe de chevet. Il n’a vu qu’une épaule, qu’un bras, que la rondeur d’un sein qui fut quelque peu épargné par les vipères enflammées. Ca a suffit à le voir grimacer de dégoût, de surprise, à percevoir en lui l’envie le fuir comme elle a fuit ses hanches et son vit prêt à se planter en poignard en elle et lui-même s’est rhabillée, ne balbutiant que des excuses sans sens, délaissant derrière lui deux coupes de vin rouge et la bouteille à moitié finie à leurs côtés, prises au piège de la lumière qui la dévoilé peut-être trop tôt à celui à qui elle aurait voulu donner un peu de son cœur devenu charbon, hantée par la suie de la nicotine et par celle de l’âcre fumée avalée des années plus tôt. Mais pour la première fois, celle qui se croit monstre parmi les anges, maudite par le rictus des camées, esquisse un sourire naturel de sous les voiles de ses courtes mèches noires, l’inconnu parvenant à lui tirer l’esquisse douceâtre d’une joie éphémère et moqueuse. « C’est vrai. Mais, toi, tu sais mieux danser qu'ça ? » Elle détourne à peine la tête, laissant les pointes de ses cheveux effleurer la soie noire cachant son désastre, heureuse de voir son visage avoir été épargné par le fléau qui emporta mère et père, fortune et souvenirs. Il ne resta que sa robe de chambre d’or qu’elle portait alors ce soir-là, à moitié calcinée, posant à nouveau les iris déglingués sur l’homme devant lequel on dépose le plaisir d’or d’une bière à la mousse bien blanche. L’habitude du flirt et de l’amusement à parler à l’autre s’est envolée depuis un long moment mais elle ne peut s’empêcher de parler du bout de ses lèvres que rien ne glorifie, pas même un gloss vulgaire, pas même une touche de rose ou de rouge, rien si ce n’est les ombres sous ses yeux, jolies cernes maquillant le visage tuméfié d’une flic que l’on a mise de côté. Elle étudie, sans le vouloir, comme par habitude gardée de ce qui fut son travail, le profil, la barbe naissante, le teint de la peau sous les néons veloutés appelant à la volupté. Tout cri de « baiser » dans ce genre de lieu, d’attraper la première « poupée » qui viendra pour la tordre dans un sens ou un autre, pour l’emmener au loin, promettre le Paradis mais rares ont été les fois où les papillons de nuits qu’elle happé jusque sous son toit lui offrirent le plaisir, le vrai, celui que l’on ne peut bâillonner. Des types, des sales types, des types qui, comme lui, ont refusés de déguerpir malgré son refus.

Ses mots et sa voix traversant les ondulations et vibrations de la musique la rassurent pourtant rien qu’un peu, la faisant ciller, un sourcil se haussant à peine sur son visage sévère « J’suis ta came hein ? Quoi ? Tu les aimes avec une belle couleur de peau ou ivre et vite agacées par les mecs qui pensent qu’elles ont besoin de compagnie ? » Pas de fiel, douceur céleste dans cet écho de fortune venu de cette gorge réclamant son flot de nicotine qu’elle noie dans une gorgée d’ambre amer, train trainant de celle qui a bien assez bu, plissant à peine les lèvres sous la brûlure qui survient à nouveau. Le fixant sans vraiment le percevoir, les couleurs des astres électriques passant parfois sur leurs deux visages se faisant presque face dans un étrange silence planant, une collision que personne ne saurait percevoir à part elle. Vieille fille en manque d’attention, d’écoute, de caresses, d’amour, humaine plus que tout, dans ce besoin viscéral d’être aimée par l’autre tout en pensant ne pas le mériter.

Si tu savais,
Si tu voyais, naufragé, marin égaré,
Si tu voyais que l’écume noire cache bien les débris du corps,
Si tu voyais, tu ne serais déjà plus là.


La tête pleine où oscille le liquide de l’ivresse bienvenue, elle se laisse aller à souffler un rire sans joie, passant une autre main contre son front avant de la laisser traverser à nouveau les ombres de ses cheveux qu’elle a depuis longtemps coupés, la nuque raide, le dos douloureux, les cicatrices glissant contre le jean et la douceur de son haut dont le décolleté ne dévoile rien des seins timides, laissant osciller son regard entre lui et son verre avant de secouer la tête quand ses propres méditations intérieurs finissent par se taire, osant demander « Sérieux, pourquoi tu restes là si c’est pas pour me baiser ou me draguer rien qu’un peu ? Y’a de la place tout le long du bar et des filles qui, si elles dansent comme des brêles, pourraient t’offrir bien plus que moi, j’t’assure. » Elle se fait sérieuse, piquant ses yeux des poignards d’ébènes qui lui servent d’œils, décidant de jouer franc-jeu, ayant depuis longtemps été lassée du port des masques de fer souriants dans un monde où sujets, rois ou reines, malgré tout leur argent, n’ont jamais connus le bonheur. Et les larmes de sa mère comme les siennes lui reviennent alors, manquant de la faire imploser ici, sous les yeux témoins mais méconnus, serrant les dents pour ne pas se laisser aller à des confidences qui chatouillent pourtant ses lèvres. « T’as une gueule de mec fatigué, en tout cas. Tu sors d’une longue sieste ? »

Reste, ai-je envie de dire et d’hurler,
Reste même si je ne saurais pas dire pourquoi,
Reste car personne n’a plus osé échouer près de moi,
Reste car la solitude, tu sais, me hante,
Reste même si je mords, même si je me déglingue,
Reste et laisse au moins le temps à nos regards de se toiser,
De se comprendre, de s’apprendre, de s’étreindre.
 


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Message Sujet: Re: (2018) les naufragés — Adriel   (2018) les naufragés — Adriel Empty Ven 8 Jan - 18:28


♛ ♛ ♛
{ Les naufragés }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Cosima Black  



Je sens le sang.
Je vois le sang.
Je bois notre sang.
Celui qui coule...
Dans nos veines.
Nos veines.

Il est entré sans le vouloir, sans chercher. Il est entré pour se désaltérer. Et voilà qu'elle était là, à attendre, sa destinée. Simple flamme qui brûlait comme un phare cherchant à attirer le naufragé, elle le guidait vers elle. Et si de ses lippes, elle lui dicte de partir, de rentrer chez lui, l'osmose est trop forte pour qu'il se sente repoussé. Adriel se pose sur la chaise auprès de la belle inconnue, engage une discussion qui ne tiendra pas plusieurs heures. Elle le nargue, elle le toise. Et elle a raison de se méfier de lui. De tous les scélérats, il est un des pires. Elle le sent sûrement mais il n'en a que faire de ses intuitions. Il est là et ne bougera pas. A vrai dire, peu galant, Adriel estime que si sa présence indispose la demoiselle, il lui appartient de partir. Et cela quand bien même elle était là avant lui.

« Je ne danse pas dans les bars. » Ses yeux pétillent d'un intérêt tout particulier. Elle ressemble à quelqu'un mais à qui? Il ne saurait le dire. Comment pourrait-il deviner qu'elle a les traits de sa mère, cette mère qu'il n'a pas connue? Comment le savoir alors que ses yeux ne l'ont jamais caressée ? Et pourtant un sixième sens lui souffle à l'oreille que cette femme est une septième merveille dans son monde sans couleur. Elle est en noir et blanc, elle aussi. Mais son ton narquois, c'est de famille. « Je ne danse pas, je ne chante pas, je regarde et m'indispose à voir la jeunesse sans cervelle se gâcher ainsi. » Philosophe des bas fonds, Adriel aime juger les autres. Lui, qui est le pire des humains, lui qui n'a su profité de rien. Il la voit mal à l'aise, cherchant à se défaire de sa présence inopportune et cela le provoque encore plus à rester. Un sourire moqueur sur les lèvres, il commande et boit sa bière sans ciller. « Ouais, ma came. Le genre de nana qui dit non et qui finit violée parce qu'elle l'a trop cherché. » Ses propos sont acerbes et dénués de tout tact. Il la toise pour voir l'effet qu'ils font à son interlocutrice. Souriant sans peine, il ajoute « C'est pas mon genre de baiser une nana qui me repousse, tracasse pas ange défait, je te veux pas de mal. » Il prend une gorgée avant d'ajouter. « Je te veux pas de bien non plus. Je me fiche complètement de ton sort, c'est tout. » Et pourtant, il est là, à attendre de la voir crier au fou ou à partir après lui avoir mis une gifle. Mais la brune au regard détruit ne bouge pas. Tous ses pores doivent pourtant lui indiquer qu'elle ferait mieux de décamper. Et au lieu de cela, elle pose une question.

« On peut dire ça. » Adriel pivote sur son siège, remonte ses manches pour faire voir le tatouage sur son bras. Il prend la main de la femme et la pose sur le symbole gravé en noir sur son épiderme. « Je sors de taule. » Il pousse la main de l'inconnue à faire le contour du dessin qu'il s'est procuré en prison. « Et ça ce sont les cicatrices, les traces de mon séjour d'homme endormi, isolé de la société. » Comme une sorte de relique, de mantra pour ne pas oublier. « Les nanas disent que c'est sexy. T'en penses quoi? » Il crache par terre, en signe de mépris et pivote son tabouret pour le ramener à sa position initiale.

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