magie bleue. (arya)

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{ magie bleue }
crédit/ tumblr ☾ w/@Arya Warren

Il règne dans l’atmosphère les effluves aseptisés de ces lieux qu’elle commence à connaître. Les murs blancs, les patients préoccupés, les médecins pressés. Et le sien, quelque part, ignorant certainement qu’il est l’heure de la retrouver. Une fraction de seconde, l’âme tourmentée se demande si elle peut bien reprocher à l’élu de son cœur de la faire attendre – alors qu’il sait combien elle est de nature impatiente – s’il est en ce moment même en train de sauver une vie. Non, elle ne peut pas, elle n’a pas le droit. Puis, peut-être aussi qu’elle est bien trop fière d’Ambroise, pour ça. Il a réussi à faire quelque chose de sa vie, il a réussi à devenir quelqu’un qui a un impact sur celles d’autrui. Puis, il y a toi, totalement paumée ; toi qui n’as jamais su garder le moindre travail malgré les années écoulées. Toi qui te laisses seulement entraîner dans le tourbillon de chaos que représente ta vie ; toi, trop piégée dans les abîmes. Elle devrait peut-être prendre exemple sur l’homme qui partage sa vie. Seulement elle ne sait pas, Ella, elle ne sait pas ce qui l’anime ; ce qui pourrait faire vibrer sa corde sensible ; ce qui pourrait raviver, en elle, le souffle d’une envie. Alors elle est là, errante, l’âme vagabonde. Elle entend l’élu de son cœur quand, soudain, c’est le sien qui manque un battement. Elle reconnaît la longue chevelure dorée qui s’approche, elle reconnaît le minois délicat de la princesse qu’elle imaginait partout, sauf, à courir les hôpitaux. La blouse portée contraste en tous points avec la tenue festive dont elle était vêtue, le soir où elle a sauvé l’ange déchue. Mais elle est toujours élégante, Arya, toujours princière ; toujours reine. Là où toi, plus encore que quelques minutes auparavant, tu te sens plus bas que terre. Ella, plus que l’embarras, c’est la honte qui vient la submerger lorsqu’elle pense à la fameuse nuit où l’ange blond l’a trouvée sur l’asphalte d’une ruelle sombre. Submergée par le manque de la poudreuse, elle était dans un état misérable… le même état dans lequel elle serait, encore aujourd’hui, si elle était privée de sa came. L’estomac soudain noué, la gorge serrée, elle tente de détourner ses opales ; la frimousse voilée par sa crinière noire. Seulement à peine retournée que, sans se rendre compte de ce qui se passe, elle se retrouve nez-à-nez avec elle… Arya. – Euh… désolée… elle souffle, la voix gênée, moins encore que ses prunelles semblent vouloir se fixer partout plutôt que dans les émeraudes de la princesse.

Et, tu ne sais pas comment agir,
lui présenter tes excuses pour être partie sans rien dire,
ou espérer, seulement, qu’elle ne te reconnaisse pas,
oui, ce serait plus facile comme ça,
plus lâche aussi,
mais plus facile que de voir dans le reflet de ses iris,
à quel point t’es toujours autant à la dérive.

take another walk out of your fake world, please put all the drugs out of your hand, you'll see that you can breathe without no back up, so much stuff you got to understand, for every step in any walk, any town of any thought, i'll be your guide. -- @ella gardner

Les traits tirés au moment d’achever sa journée, éreintante, éprouvante, comme toujours dans cet endroit. Comme toujours à l’hôpital. Ce lieu détesté par tellement de personnes qu’elles ne peuvent être comptées. Ce lui qui est pourtant son préféré, à elle, future médecin à la vocation implacable. Les ailes déployées, capable de s’envoler, de s’échapper loin de son quotidien, de son mal-être, parce qu’ici, elle est capable de soigner celui des autres. De faire quelque chose de bien, d’exister aux yeux de quelqu’un. il n’y a que deux endroits, que tu aimes tant, arya. L’hôpital et le théâtre, les deux facettes de toi. L’altruisme, l’investissement, la douceur, la bonté, la force, du côté des blouses blanches. La malice, la comédie, l’extériorisation, la fougue, quand tu incarnes d’autres visages. vocation et passion s’entremêlent, le cœur séparés en deux, mais ici, elle n’est plus que la stagiaire, que celle qui donnerait sa vie pour en sauver d’autres. D’autres vies, toutes mélangées, toutes différents, en errance dans les mille et un couloirs. D’autres vies, dont une, qui frappe son esprit. Qui frappe son regard. La farouche, l’évadée, l’échappée des petits matins, ella. Celle dont le nom a marqué l’obscurité, celle dont le corps a réchauffé ses draps pour quelques heures. t’es consciente de ne pas avoir pu l’aider, arya. De ne pas avoir pu sauver l’inconnue qu’elle était. Mais elle est là, aujourd’hui, sous tes yeux. elle est là, dans un bien meilleur état que celui dans lequel tu l’avais trouvée. bonjour. le visage gracieux, faible sourire qui s’impose sur ses lèvres. Elle n’est pas fâchée, elle n’est pas en colère, elle était juste inquiète. Inquiète pour cette âme dont elle ne s’est occupée qu’une demi-soirée. Inquiète de la savoir de retour dans la rue, livrée à elle-même, livrée au manque. t’étais pas fâchée, alors t’es juste rassurée de voir qu’elle semble allait mieux. Ou du moins, c’est ce qu’elle parait. tu n'es pas obligée de partir en courant cette fois. une remarque à peine taquine, pace qu’elle ne veut réellement pas la faire fuir. Bien au contraire, elle espère pouvoir prendre un peu de ses nouvelles. t’es comme ça, arya, tu donnes, toujours trop, brisée ensuite de ne rien recevoir.

(c) calaveras.

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{ magie bleue }
crédit/ tumblr ☾ w/@Arya Warren

Dès l’instant où tu la vois,
il y a ce truc étrange qui se passe,
cette détresse qui te submerge,
quelque part entre culpabilité et gêne,
entre la honte et l’embarras,
une douce chaleur qui s’accroît,
devant le sourire d’Arya.
Une déferlante d’émotions l’envahissent, bien malgré elle, alors qu’elle se perd un instant dans les tendres prunelles. Les mêmes prunelles qui la berçaient, il y a des jours, des semaines. Quand, tout entière, elle se laissait plonger dans les ténèbres. Ella, elle a sorti la tête de l’obscurité depuis cette nuit-là. Mais les démons, ils sont encore présents, tout autour d’elle, ils ne la quittent pas. C’est ce qui rend son malaise encore plus intense même si, assurément, la simple vue de l’ange qu’elle a abandonné sans un mot suffit. Arya, le prénom délicat, qu’elle n’a pas pu oublier, trop étreinte par la culpabilité. Simple inconnue qu’elle était, une étrangère qui ne lui devait rien, la douce nymphe l’a accueillie chez elle ; l’a fait entrer dans sa demeure ; l’a laissée s’envelopper de sa chaleur…
et elle,
comme une moins que rien,
a préféré disparaître.
C’est indéniablement oppressant. Accablante culpabilité éprouvée pour la camée qui s’est toujours servie de ce qu’elle voulait ; de ceux qu’elle voulait ; sans jamais rien donner de son côté. Ça l’est plus encore de constater que la belle sauveuse fait partie de ceux qui sauvent des vies. Que ce n’était pas un hasard si elle a voulu l’aider durant cette nuit. Et elle, qui est partie.
Elle qui culpabilise.
Arya, elle ne semble pas lui en vouloir. Elle a ce sourire mutin, ce sourire angélique et, à la fois, malin ; empreint d’une malice qu’elle lui offre comme une taquinerie ; une complicité que la damnée n’a pas la sensation de mériter. « On se rappelle de moi, alors. » elle fait remarquer, le rictus embarrassé. Une inspiration prise par ses lèvres, elle trouve le courage d’ajouter les mots plus sincères. « Je n’aurais pas dû partir comme ça cette nuit-là, je… je suis désolée. » elle se confond en excuses, ça ne lui ressemble pas, ou plus ; plus depuis longtemps. Mais retrouver quelques fragments de lumière lui rappelle, comment cesser de rejeter les autres obstinément. Plus encore quand ils sont des anges.
Des anges comme Arya.

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le malaise est présent dans le regard de la ténébreuse, comme si les fumées venaient embrumer les billes noires, comme si elle n’était plus capable de maintenir le cap. ce qu’elle comprend, arya, parce qu’elle s’est elle-même retrouvée dans cette position de honte. dans cette position de gêne. cette nuit d’ivresse, belle soirée commencée, terminée en cellule de dégrisement. c’est kemen, qui s’est présenté à elle comme le chevalier de l’ombre, pour venir la sauver. une nuit qu’elle n’est pas prête d’oublier, princesse précieuse qui tient à ses bonnes manières plus qu’à n’importe quoi d’autre. tu ne vas pas la juger, arya, parce que tu ne sais rien d’elle. parce que tu ne connais pas ses souffrances. mais elle a de la chance, ella, de ne pas faire partie de ta vie. parce que d’un proche, tu n’aurais jamais toléré ça. tu n’aurais jamais accepté cette fuite. l’abandon.
c’est avec un faible sourire et un brin d’humour, qu’elle tente de dédramatiser la situation, qu’elle tente de faire un pas de plus vers l’animal farouche. il ne fait aucun doute qu’elle est sauvage, ella. bien plus qu’elle, mais peut-être également bien plus libre aussi. comment t’oublier ? qu’elle demande, question rhétorique aux voluptés légères. non, tu n’aurais pas pu l’oublier, arya. parce que ce n’est pas tous les soirs que t’invites une parfaite inconnue sous stupéfiants à passer la nuit avec toi. ella, elle a ce petit quelque chose que d’autres n’ont pas. je comprends. le cygne n’en dit pas plus, parce qu’elle n’a pas l’envie de la mettre encore plus mal à l’aise ou de la voir se confondre en excuses. elle n’en dit pas plus et le regard tendre qu’est le sien parle pour elle. tu as l’air d’aller mieux. un constat qui lui réchauffe le cœur, comme si elle se sentait déjà investie avec elle, déjà responsable d’elle.

(c) calaveras.

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{ magie bleue }
crédit/ tumblr ☾ w/@Arya Warren

Tout, en Arya, tente de la rassurer,
tout, en Arya, tente de l’apaiser,
cette nuit-là et maintenant,
éternel recommencement,
ou, peut-être, une seconde chance.

L’écorchée vive ne mérite sûrement pas cette gentillesse à toute épreuve ; ni ne mérite une compréhension pareille. Elle aurait pu attendre son réveil plutôt que de partir comme une vulgaire voleuse. Elle aurait pu aussi, simplement, lui laisser une lettre. Un mot. N’importe quoi, pour lui exprimer sa gratitude de l’avoir sauvée cette nuit-là. Mais tu n’as pas l’habitude d’être sauvée. Tu n’as pas l’habitude de côtoyer les anges, toi, toujours tournées vers les âmes les plus noires. Tu n’as pas l’habitude de rencontrer quelqu’un comme Arya. Quelqu’un que, assurément, tu ne mérites pas. C’est évident en vérité, il suffit de la contempler. Les regarder, toutes deux, juste quelques secondes, pour réaliser. Elles n’ont rien en commun, rien à partager. Elles viennent de deux mondes opposés.

Elle est lumière, Arya,
elle est princière, Arya,
elle est exceptionnelle, Arya,

quand toi, tu n’es qu’une âme vouées aux ténèbres,
quand toi, tu te destines depuis la naissance à l’enfer.

L’âme maudite n’est pas seulement gênée, elle est aussi en proie à une violente, lancinante culpabilité. Ce n’est pas quelque chose qui lui est ordinaire, pas avec le commun des mortels. Elle s’entoure d’êtres aussi sombres qu’elle, Ella, pour ne pas les abîmer ; pour ne pas les contaminer. Arya, elle est tout l’opposé, mais elle continue de lui parler. Elle s’essaie même à la taquiner. Ce que la camée perçoit comme une obscure réalité :
comment oublier quelqu’un que l’on a pu prendre autant en pitié,
avant qu’il ne vienne à nous abandonner ?

Et tu devrais pourtant m’oublier, princesse,
je ne t’apporterais rien qui en vaille la peine,
je t’entraînerais seulement dans mes ténèbres,
de moi, tu ne ressortiras pas indemne.

Son ange gardien ne paraît pas rancunier. Elle évacue ses excuses lamentables avec une déconcertante rapidité, pour l’interroger sur son état. Sur elle, Ella. Comme si tout ce qui la préoccupait, encore en ce moment, c’est l’âme en perdition qu’elle avait tenté de sauver. « Oui, enfin… un peu. » elle confirme avec une certaine hésitation, redoutant d’être trop optimiste alors qu’elle oscille entre les hauts et les bas. Les moments de clarté et ceux de désespoir. Mais ils sont plus rares, ceux-là, c’est vrai, depuis Ambroise. C’est la douceur dans les opales de l’ange blond qui lui donne le courage de poursuivre la conversation. « Tu es médecin alors… j’devrais pas être surprise. » Après tout, moi, tu m’as sauvée. Ou, tu avais commencé.