Sujet: Re: can't stop my heart from beating, why do I love this feeling (headan) Ven 11 Déc - 8:28
Surpris d’avoir été soulevé si brusquement du sol, sensible aux inflexions qui ne cessaient de varier autour de lui, le petit Beagle commença à se débattre dans les bras d’Heaven qui le reposa aussitôt sur le sol, capitulant. « Je… je ne sais pas quoi te dire. » Dit-elle en détournant les yeux, par lâcheté, par impuissance, pour fuir un combat auquel elle ne voulait soudainement plus faire face. Sur le coup, elle ne réagit pas plus que cela, cherchant ses mots avec peine, rageant intérieurement car elle ne les trouvait pas. Alors, elle s’occupa les mains, déplia son vêtement tâché qu’elle lissa, un peu trop longuement, le long de son bras.
« Je préfère vivre dans mes fantasmes plutôt que dans une réalité où tu me détestes. » Dit-elle finalement, le menton baissé, les yeux rivés sur le sol, semblant captivée par ses chaussures. Aidan n’avait pas tort et ce constat la heurtait profondément, lui rappelant une réalité qu’elle avait du mal à accepter. Au fond d’elle-même, Heaven se préparait à cette éventualité, avec peine et pragmatisme ; Aidan n’aurait pas de difficulté à retrouver l’amour, et à trouver quelqu’un de mieux, certainement. Alors, la jeune mannequin ne pouvait s’empêcher d’espérer être la première à refaire sa vie, afin d’encaisser plus facilement la nouvelle et de la blesser, accessoirement.
« Beaver, on s’en va. » Fit-elle en se réveillant de sa léthargie, enfilant son sweat en grommelant « t’as raison, personne ne s’étonnera de me voir négligée. Mais je m’en fiche, je ne cherche pas à plaire ». Pivotant sur elle-même, Heaven fronça les sourcils : Beaver avait disparu. « Beaver ? Beavs ? » Prise de culpabilité, Heaven commença à s’agiter « il est encore parti sous ton lit » lâcha-t-elle comme une évidence. Comme la plupart des animaux, Beaver détestait les conflits. Sensible, le petit chien supportait assez mal les disputes à répétition de ses maîtresses et avait pris pour habitude de se cacher sous les lits. Prise de culpabilité et d’une pointe d’agacement - elle n’avait pas eu l’impression d’avoir tant haussé la voix, elle soupira.
« Je vais aller le récupérer. On finira cette dispute plus tard si tu veux bien. » Concéda-t-elle en se dirigeant vers la chambre, appelant de nouveau le petit Beagle, mais n’obtint aucune réponse. Alors, elle s’agenouilla, souleva la couette qui pendait du lit et aperçut le chien dont l’anxiété se lisait dans ses yeux, même s’il ne tremblait pas. « Je suis désolé… viens… allez, viens mon bébé… sous les apparences, on s’adore. » Elle s’allongea à même le sol, roula sur le côté et tendit le bras vers le chien, tentant vainement d’établir un contact physique. Elle murmura « tu sais que je l’aime… même si c’est une grosse chieuse, on ne va pas se mentir, hein ? ».
Comment en étions-nous arrivées là ? Je me posais la question sans cesse. Je l'aimais, avec une telle force qu'aucun mot ne pouvait vraiment le décrire, et une telle douleur que je finissais toujours par murer dans un silence profond et impénétrable. Heaven n'avait aucune idée d'à quel point je souffrais. Quand j'étais avec elle, que je donnais tout, jusqu'à chacune de mes minutes et la moindre once d'énergie, elle continuait à briller, à vivre dans une bulle que je ne pouvais transpercer. Je ne savais pas comment l'expliquer, alors comment le lui dire ? Je m'étais longtemps convaincue que c'était stupide, mais les sentiments ne sont pas rationnels. Heaven et moi n'avions jamais été du même monde, et notre amour se constituait en grande partie de fascination. C'était l'un des problèmes qui l'avaient coulé : la fascination est addictive, douloureuse, mais aussi frustrante. On se lasse, on s'énerve, on se fait mal pour rien. Comme à ce moment-là. Heaven, à demi dénudée, à quelques pas de moi, jouait la meilleure scène que ses fans n'avaient jamais vu à la télé. Et moi, j'essayais désespérément de ne pas y croire. Notre relation n'était-elle pas déjà un fantasme ? Dans la réalité, nous étions-nous vraiment aimées ?
Elle prit Beaver, prête à partir. Et moi, figée, incapable de l'en empêcher. J'adorais Beaver. Il me remontait souvent le moral, brisait la solitude. Mais il me rappelait aussi à mon ex-femme. Et si le laisser partir était la solution ? Notre dernier lien brisé, Heaven partirait pour de bon. Etait-ce vraiment ce que je voulais ? Beaver en décida autrement. Et en un flash, plus vite que mon anxiété put l'analyser, Heaven était dans ma chambre, au pied de mon lit, à attirer Beaver à elle comme elle m'avait charmée jusqu'aux Enfers avec ses belles paroles de sirène. Mes pas avaient suivi, sans non plus que je ne m'en rende compte. Le manque, le désir, c'était trop. Je n'arrivais plus à réfléchir, agir rationnellement. Je contemplais Heaven avec Beaver, et les souvenirs s'imposaient à moi. Avant, je souriais quand je la voyais ainsi, avec notre bébé. Désormais, ça faisait juste mal. Je la relevai, machinalement, alors qu'elle venait d'admettre à notre chien qu'elle m'aimait encore. Elle me piégeait. Un cercle vicieux. Et je retombais dedans. J'étais trop proche, mais je ne pouvais plus m'enfuir. Si je l'embrassais une fois, tout irait mieux, non ? Bien sûr que non. Ce n'était pas ainsi que fonctionnait l'addiction. Mais face à elle, je n'y réfléchis pas. En dernier signe de lutte, je lui demandai en un murmure rauque, les larmes aux yeux : - Si tu m'aimes, pourquoi tu me fais souffrir ? La même question, encore et toujours. Nous savions toutes les deux, pourtant, que nous étions incapables d'y répondre. Si on le pouvait, on aurait pu régler nos problèmes et avancer sainement.
Sujet: Re: can't stop my heart from beating, why do I love this feeling (headan) Lun 4 Jan - 12:46
Heaven se sentit traîner depuis le sol jusqu’à hauteur de la jeune femme. La jeune mannequin expira bruyamment, s’attendant à ce que les joutes verbales ne recommencent… elle ferma les yeux et eut l’impression de tendre la joue pour se faire battre. Mais, contre toute attente, Aidan murmura « si tu m’aimes, pourquoi tu me fais souffrir ? » Au fond d’elle-même, le chagrin d’Aidan la rassurait car il la confortait dans l’idée qu’elle existait encore, d’une façon ou d’une autre. Si Heaven ne craignait pas la mort, qu’elle défiait souvent avec insolence, elle avait en revanche peur de vivre sans amour, elle qui passait sa vie à papillonner et à aimer l’idée même d’aimer.
Les yeux embués de larmes, Aidan l’avait prise en embuscade. Prise de culpabilité, de frustration parce qu’elle n’avait pas de réponse à lui apporter, Heaven baissa les yeux et ce geste résonnait en elle comme un aveu à peine dissimulé. Elle qui s’était longtemps rêvée en Anteros ou même en Éros semblait cacher une faux dans son carquois. Elle voulut lui répondre qu’elle l’aimait, qu’elle n’avait jamais cessé de l’aimer mais aussi qu’elle la détestait, qu’elle voulait la voir souffrir, mais une nouvelle fois et aussi étrange que cela puisse paraître, les forêts luxuriantes de ses yeux éteignirent le feu de son coeur. Tu me manques, Aidan. « C’est juste parce que tu m’aimes trop que tu souffres, c’est tout. Je n’y suis pour rien. » Elle voulut faire un peu d’humour mais ses paroles étaient empreintes de bien trop d’affect, aussi, une boule se formait dans sa gorge et elle serra les dents, comme pour ne laisser échapper aucune faiblesse et surtout pas des larmes qu’elle sentait déjà poindre en elle. Heaven n’avait jamais été maître dans l’art de dissimuler ses sentiments, on lisait en elle comme dans un livre ouvert, même lorsqu’elle s’efforçait de paraître.
« J’déteste te voir comme ça. » Dit-elle en grimaçant, empoignant la jeune femme qu’elle attirait vers elle, encerclant sa taille de ses bras fins tandis que ses cheveux bruns caressaient l’arrête de son nez. Tout en elle l’attirait comme un aimant, la rappelait invariablement vers elle. Une odeur, un souvenir, une bribe de pensées. Aidan possédait son âme... qu’elle la lui rende !
C'était arrivé trop vite, trop soudainement. Pourtant je l'avais vue venir, elle était juste en face de moi, depuis tout ce temps, avec la même phrase qui me heurtait par sa véracité. Oui, c'était vrai, je l'aimais trop, et ça me tuait. Je ne niais plus mon addiction depuis longtemps, et c'est ce qui m'avait poussée éventuellement à demander le divorce, car j'avais l'impression que je fonçais dans le mur, m'écrasais contre les falaises comme une vague poussée par la tempête. Et elle, ma tempête, admettait qu'elle se souciait, en quelque sorte. Sans que je ne puisse bouger, ses bras se refermèrent autour de moi. J'étais un oiseau dans une cage, un ange déchu incapable de remonter là-haut. Ailes et espoir brisés. Le parfum d'Heaven et le moindre contact m'asphyxiaient. J'avais des flashs de ses lèvres contre les miennes, de la douceur de sa peau sous mes doigts, de ses étreintes chaleureuses. Toutes ces nuits que j'avais passées contre elle, ignorant le monde extérieur, ignorant ma conviction extrême que si quelqu'un venait réclamer ma vie pour sublimer celle d'Heaven, je la donnerais sans réfléchir. Je me serais tuée pour préserver cette femme, mais je ne pouvais dire pourquoi. C'était elle. Tout ce qu'elle était. Ce que je ressentais à son égard. Les sentiments ne sont pas rationnels. Et là, ils étaient insupportables.
La première larme s'écrasa contre l'épaule d'Heaven et je refusai de lui en donner plus. Je ne voulais pas qu'elle voie à quel point je souffrais, alors qu'un instant plutôt je le lui avouai. Mais les larmes, c'était trop précieux. Si elle les avait, elle récupérait encore une partie de mon âme que je refusai de lui donner. - Je peux pas - je peux pas. Le souffle emballé, je me détachai subitement. Je ne voyais pas clair, mais je connaissais l'endroit par cœur, et ma nouvelle cible fut la porte. Heaven me faisait fuir de mon propre appartement. Mais si je restais, j'allais rechuter, m'écraser une nouvelle fois aux enfers, pour vendre encore mon âme au diable.
Sujet: Re: can't stop my heart from beating, why do I love this feeling (headan) Mer 6 Jan - 9:51
Elle aurait juré sentir le sang qui affluait dans les tempes d’Aidan, les battements irréguliers de son cœur. Elle ne sut si tout cela n’était que le fruit de son esprit fertile mais elle se laissa bercer par le sentiment que leurs deux êtres s’accordaient à la manière d’un couple d’inséparables. Pourtant, à présent qu’elles étaient si proches, alors qu’elle avait tant rêvé de cette promiscuité, Heaven sentit que c’était mal. Elle sentit que c’était mal lorsqu’Aidan se détacha de son emprise parce que l’empreinte de son corps contre le sien lui brûlait à nouveau les chairs.
Ce ne fut pas le regard d’Aidan en direction de la porte, qui la blessa au plus profond d’elle-même, mais la queue de Beaver qui battait soudainement contre ses chevilles qui la rappela à la réalité. Heaven sentit qu’elle devait partir, non par abnégation, si ce n’est une certaine forme de renoncement qui n’avait rien de noble, mais parce qu’elle sentait qu’elle ne pouvait plus rien espérer d’autre. Et, lorsque l’espoir meurt, l’homme meurt avec lui.
Elle s’engouffra dans l’obscurité sans même prendre la peine de refermer la porte derrière elle, à la manière d’une apparition fantomatique.
'Cause we both know how to put things right So let's start now and end this fight And fall asleep in peace tonight 'Cause there's nothing as lonely as love sometimes There's nothing as lonely as love sometimes There's nothing as lonely as love sometimes - Rhys Lewis (Lonely As Love)