miss these harbor lights. (ewan)

|	miss these harbor lights ; Ewan & Peyton

La vie qui dégringole depuis plusieurs mois déjà, la chute impossible à arrêter, toujours plus rapide, toujours plus violente. Les mauvaises périodes qui s'accumulent sans jamais lui laisser le moindre répit, lui qui commence à manquer de souffle face à toutes ces épreuves éreintantes que la vie lui inflige. Il voudrait juste bénéficier d'une pause, aussi courte soit-elle, afin de pouvoir reprendre une bouffée d'oxygène, mais même ça, ça lui est interdit.

Il se rend sur son nouveau lieu de travail avec des pieds de plomb, contraint d'arborer un sourire faux face aux clients qui défilent devant lui et aux discussions abrutissantes qu'il est obligé d'échanger avec ses collègues. La danse lui manque. C'est comme si on lui avait arraché la peau. Comme si on lui avait volé toute son essence. Ewan est désormais un écorché vif, et il sait qu'il a peu d'espoir de reconquérir son rêve déchu désormais. Pourtant, c'est le seul espoir qui le maintienne encore en vie. Le seul espoir qui le convainque de ne pas se laisser sombrer complètement. Le seul espoir qui le maintienne encore à la surface d'une mer trop agitée.

Il part tellement à la dérive qu'il était presque parvenu à se retirer Peyton de la tête. Il s'était étonné de constater qu'elle n'avait répondu à aucun de ses messages, et avait finalement lâché l'affaire face à son silence. Après tout, sans doute que ce n'était pas très sain de garder le contact avec une femme pour laquelle il avait éprouvé des sentiments, alors qu'il était désormais en couple. En couple avec une femme jalouse, possessive, dévastatrice, qui n'aurait de toute façon jamais vu d'un très oeil cette amitié, vestige d'une relation amoureuse morte dans l'oeuf.

C'est justement quand la jeune femme traverse son esprit comme un fantôme lointain qu'elle se matérialise soudainement sous ses yeux étonnés, comme une apparition miraculeuse et divine. Il s'arrête un instant, la dévisage avec un air surpris avant de répondre à ses salutations.

- Peyton ? Salut. Ça fait... longtemps !

Il lui suffit d'un regard furtif posé sur tout son être pour qu'il réalise qu'elle est froide avec lui, glaciale même, comme si un iceberg séparait les deux océans dans lesquels ils évoluent respectivement loin de l'autre.

- Oui, en effet... avoue-t-il du bout des lèvres, un peu honteux, comme s'il venait de lui confesser un abominable secret.

Il passe une main dans ses cheveux désormais coupés courts - l'une des exigences imposées par Stella, une parmi tant d'autres - pour tenter de se donner un peu de contenance face à celle avec qui il était autrefois si complice, et qu'il perçoit presque comme une étrangère aujourd'hui. Une distance hivernale s'instaure, et ce sont seulement ses devoirs de vendeur qui le poussent à faire un pas vers elle, timide, alors qu'il a la nette impression que ce n'est pas souhaité.

- Du coup... Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ? Tu cherches quelque chose en particulier ?

Visiblement, ce n'est pas lui qu'elle est venue chercher. Pour ce faire, aurait-il encore fallu qu'elle sache qu'il travaille désormais ici, ce qui est tout simplement impossible dans la mesure où ils ne se sont plus échangés le moindre mot depuis des semaines.