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 L'art de la guerre (ft. Vi)

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Message Sujet: L'art de la guerre (ft. Vi)   L'art de la guerre (ft. Vi) Empty Mar 27 Oct - 13:44

L’art de la guerre
Vi & Misha

«  On a long enough timeline, the survival rate for everyone drops to zero »
« Si ça tenait qu’à moi, j’s’rais venu à la cérémonie avec un fusil d’assault AK-47. » Aleksandr se farde d’une allégresse macabre à mesure que la berline avance vers le point d’arrivage. Les bâtisses insalubres défilent de plus en plus nettement à travers les vitres teintées, perçant le ventre noir d’un ciel étrangement serein. Ces hangars de fortune, building des années 80, sont des phallus érigés vers les sommets. Que ça se tende bien, que ça se dresse fièrement, et que ça imprime dans tous les crânes des pauvres hères que cette terre a bonifié le terreau du patriarcat sous le fumier du capitalisme. Les singeries d’Aleks mimant le bruit métallique des balles arrachent un sourire à Misha à la figure placide. Ce qu’il porte en lui et sur lui, cette implacable assurance suintant par tous les pores de sa peau, lui confèrent un charisme souverain en dépit de son jeune âge. « Si les choses dégénèrent, y aura qu’une victime ce soir. Et pas la moins innocente. » Un rire étouffé, suffisamment rare pour être convoité, perfore le gosier de Rufus d’un bruit sourd. Le chien de garde de l’héritier, celui que Grisha lui imposa comme plastron, déploie savamment sa colonne vertébrale comme attiré vers les hautes sphères. Et c’est bien pour cela, que Grisha a envoyé ce soir son fils aux abords des négociations musclées. Puisqu’il existe une idée de Misha Orlov, sorte de doppelganger aux babines retroussées n’évoluant que dans le milieu de la nuit, aussi sournois que scabreux. Et dont l’art de la diplomatie, si elle ne demeure guère parfaite, se targue d’être plus subtile que le père dont la possessivité est proverbiale.

Lorsque les hommes, au nombre de huit, déploient enfin les jambes hors des bolides, ils ont les silhouettes des engeances familières se mouvant sinistres dans les ombres des bâtisses. Avalés par un hangar de fortune aux escaliers interminables, la horde de la Romashka se heurte à la coterie rivale, dont les faciès rembrunis portent les couleurs de la menace. Ce mépris pour les autres, ce qui se percute dans les pupilles ennemies, gorgent le silence d’autant de tensions palpables. Misha s’avance pourtant, la démarche assurée et fière, sans qu’il n’y ait rien de chaleureux ni d’aimable traînant dans son sillage. Le rictus ourlant la lippe se farde des desseins trop proches, de ceux lui confiant l’assurance de la victoire. « Il me semble pourtant que le contrat était clair. Manhattan et le Queens sont à nous. Et dans toute notre générosité, nous vous laissons le sud de Brooklyn en contrepartie. » « Des miettes. » Son homologue adverse a la voix rauque des injures lorsqu’il crache à terre, préférant endurer la mort que se plier à un nouveau conciliabule. Les deux antagonistes pourtant, dans leurs soifs d’asseoir leur business sur la négoce des corps sexués, avaient trouvé l’accord de territoire ainsi paraphée sur un monceau de papier. Grisha à l’époque avait mené la danse, conclu les transactions, apposé sa griffe sur le contrat en guise de découpe de leurs fiefs. Avait, cette nuit, envoyé le fils lorsqu’il s’avéra que la partie adverse n’avait pas respecté ses engagements, empiétant de trop sur leurs zones attitrées.

Ainsi les voix se tendent, sifflent, crachent. La tension raidit les nuques suantes dès lors que chacun des régents, de Misha ou de son homologue, polit la langue de trop de menaces. Glacées pour le russe, abrasives pour l’italien. « Tu as douze heures pour retirer tes putes de nos terrains. » Le rival s’ébroue, grogne, tempête.  « Crève, sale rosskov, j’suis bien là où j’suis. » Et les hommes grognent, et le fier négociateur sourit. Il a ourlé sa lippe du rictus des attentes, un semblant d’excitation brûlant dans sa cornée. Ainsi fier, droit et massif, l’italien se tasse néanmoins dès lors que Misha s’enquiert de la santé de sa fillette, tendant de concert une peluche dont l’usure témoigne de l’amour qu’y consacra un enfant. “Elle l’avait perdu, mais mes hommes l’ont fort heureusement retrouvé. Pauvre petite, je n’imagine pas son chagrin. Alicia, il me semble ? Shhhht, on se calme. C’est entre de bonnes mains qu’elle demeure, et c’est entre de bonnes mains qu’elle sera.” Sous les menaces les images, glaçantes, d’une gamine à la peau fraîche se gaussant au travers d’un écran de téléphone portable. Et comme elle sourit, ravie de sa nouvelle robe immaculée qu’elle encense et qu’elle porte fièrement - “Guardà, papa ! Queso è Versace” - , et comme elle s’émeut la beauté de sa nouvelle amie aux cheveux bouclés. “Une grande !” souffle la gamine de sa voix des candeurs. Puisque Misha enleva l’enfant et la confia à Messaline, dans l’attente d’un traité qui n’approuva aucun refus. « Douze heures. Au-delà, je m'assurerais de convier auprès d'elle des clients friands de haute-couture italienne. »

Ce qu’il a pu faire, ce fils de rosskov, ce fils de rien, tend à crisper le père d’autant de douleurs que de courroux. Mais c’est la sirène hurlante du dehors qui les interpelle, le tapage venant d’en bas, d’autant de semelles martelant le sol et de voix crachant des ordres. Comme ça pue le flic, soudainement, et comme les deux hommes se toisent de biais lorsque l’ensemble de leur essaim braquent leurs flingues les uns sur les autres avec nervosité. Y a ce spectre de la balance qui plane au-dessus de leurs crânes, et les interrogations dans la pupille. C’est toi, qu’a craché le morceau aux flics ? Toi la pute, toi le crevard ? Ou bien y a-t-il une taupe, dans nos rangs ? Impossible, s’entend penser Misha. Nous, les russes, nous ne bossons pas pour des amerlocs soumis aux délires burlesques d’un politique à perruque blonde. « Misha, la flicaille arrive ! » L’agitation insidieuse s’empare de la vermine qui se disperse, et c’est pourtant un rappel à l’ordre lustrant la lippe de Misha qui opère à travers le tumulte. “Douze heures.” L’ultimatum pour revoyure, et l’héritier Orlov intime à ses hommes la dispersion. Dans la carcasse du hangar vibrant des vacarmes de ferraille de béton, la cohue se distille dans les moindres recoins, prompte à réchapper à la main lourde de la justice.

Il fallut bien jouer les équilibristes pour réchapper de cette bâtisse. Lové dans les ombres et les recoins que boude la lumière froide des lampadaires, Misha a le pas leste lorsqu’il traverse les ruelles qu’il espère désertes. Derrière lui la traîne de Rufus, fier molosse lui emboitant le pas et se refusant à se détacher de celui qu’il se doit de protéger. C’est dingue, c’qu’il court vite, ce môme, songe le cerbère. Il n’a pas la figure luciférienne du père, ni l’expérience ni les excès. Mais de cette envergure qu’il déploie, par le prisme de la jeunesse, y a encore cette énergie sourde hurlant à travers lui. Les pas véloces de Misha sèmeraient presque l’estafier, tant sa course est rude. Puis soudain l’accrochage, à trop jeter une oeil par-dessus l’épaule, Misha bouscule une silhouette dont le faciès lui est familier. Visage bien connu de ses brefs souvenirs passés mais auquel il ne concède aucune excuse, pris dans la course de la justice. Derrière lui les traqueurs, devant lui leurs comparses. Braquer à gauche et se retrouver face à une impasse, de ces venelles étroites n’abritant qu’un vide-ordures derrière lequel ils se cachent. Et dans un souffle se reprendre, puis déloger le silencieux de son veston que Misha greffe à son arme. « Eux, ou nous. » Et ça se sent, qu’il a bien compris l’issue mais qu’il ne daignera pas crever la bouche ouverte. De sa vie ou de la leur, y a bien la sienne qui vaille quelque chose. Alors lorsqu’il se redresse, entend les bruits de pas traînants se dirigeant vers eux, Misha se révèle le flingue à la main, braquant l’ombre incertaine qui se dévoile enfin. « J’crois qu’on s’connaît. » Abattre le canon vers le sol tandis qu’il l’observe, cette femme à la poigne d’acier, d’une oeillade suffisamment défiante pour craindre un assaut.

(c) DΛNDELION ; @vi stygian
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Message Sujet: Re: L'art de la guerre (ft. Vi)   L'art de la guerre (ft. Vi) Empty Sam 31 Oct - 23:21

Un an et quatre mois. Pas un jour de plus, pas un jour de moins. Cela fait seize mois que Blaise est derrière les barreaux, à purger une peine qu’il sait signée de ses doigts peu assurés, la boule au ventre et les larmes à la frontière de ses iris déjà rougis. Il y a tellement de choses que Vi voudrait lui dire, tellement d’horreurs à lui balancer au visage, presqu’autant de mots d’amour à murmurer entre deux insultes. C’est cette raison, ce besoin vital de closure, de le voir, de s’assurer qu’il est vivant, mais dans l’incapacité de l’atteindre, qui la pousse aujourd’hui à faire ce qu’elle souhaite depuis son témoignage. Il ne lui faut qu’un coup de fil pour dégoter une voiture, seulement quelques minutes pour se préparer et se retrouver au volant. Vixen prend une longue inspiration, expire, inspire, expire, puis allume le moteur. Elle sait rationnellement qu’elle ne passera pas les portes de Five Points, mais la raison est effacée par les émotions qui la submergent. La route est longue, mais beaucoup trop courte à la fois. Chaque kilomètre a le goût amer d’un pas de plus dans le couloir de la mort, les menottes aux poignets et aux chevilles, l’attente de l’électrocution serrant le cœur d’une panique qu’on tente de cacher sous un masque d’impassibilité qui glace le sang. Chaque mètre l’enfonce davantage dans les Abysses de ses regrets les plus profonds, de ces contradictions qui ont si souvent raison de son sommeil, de cet amour destructeur, de cette confiance brisée par les mensonges et la violence. La voiture s’arrête brutalement, lui valant des coups de klaxon et des injures jetées à travers des vitres teintées.  — J’peux pas, dit-elle peut-être à elle-même ou à la présence éternelle de Blaise dans un coin de sa boîte crânienne, certainement à personne en particulier.

Elle étouffe soudainement, sa respiration bloquée dans sa gorge, ses poumons mourant à petit feu sous l’angoisse et la peur, sous le poids des mois, des jours, des heures, des minutes, des secondes à souffrir de cette absence qui ne devrait pourtant n’être qu’un soulagement et de cette incompréhension ne faisant que de s’accroître. J’croyais que tu m’aimais, mais t’en étais tout simplement incapable. Et ça fait mal. Qu’est-ce que ça fait mal de prendre conscience qu’il n’y a rien, rien au creux de la poitrine de celui qui voulait tout dire, absolument tout, rien que du mépris et des intentions malveillantes. Lorsque Vixen se reprend enfin, elle gare sa voiture un peu plus et en sort, ses pieds sur le bitume, son cerveau déconnecté, à la recherche d’une façon de taire l’affliction qui crève son myocarde lapidé. Elle pense un instant appeler Ysée, mais sa raison l’en empêche. Il n’y aurait rien de bon qui en sortirait, pas même un apaisement éphémère, car aujourd’hui sonne les seize mois de la condamnation de l’homme qu’elle s’est si souvent retenue d’appeler papa. Dans le brouillard qu’est son esprit, elle reconnaît vaguement le quartier dans lequel elle déambule. Les souvenirs sont lointains, presque effacés entièrement de sa mémoire, mais Vixen sait qu’elle est déjà venue ici pour une raison qui lui échappe. C’était peut-être avec Blaise, peut-être lors de ses excursions qui lui avaient des réprimandes douloureuses. Elle ne sait plus, plus vraiment, comme si son cerveau avait bloqué le souvenir de ces lieux.

Vi ne se questionne pas longtemps, sa réflexion interrompue par un corps qui entre violemment en collision avec le sien. Elle s’apprête à dire quelque chose, mais est stoppée par le fantôme qui apparaît devant ses prunelles. Cette apparition est soudaine, éclipsée aussi vite qu’elle est arrivée. Il ne lui faut cependant pas plus d’une milliseconde pour reconnaître les traits qui se révèlent à elle, puis dévale la rue visiblement à la recherche d’un endroit où se cacher des hommes en bleu, ceux que Vixen n’a jamais cessé de détester, mais vers lesquels elle s’est tournée pour sauver sa peau. Ce n’est que l’une des multiples mauvaises blagues que la vie s’amuse à lui jouer – comme si elle ne lui avait déjà pas tout pris. Ils sont assez athlétiques pour tenir le rythme, mais pas assez pour pouvoir suivre du regard le soudain changement de direction des deux fugitifs. L’un d’eux s’arrête à sa hauteur et demande d’une voix essoufflée, son flingue fermement tenu, le doigt prêt à tirer sur la gâchette : — Avez-vous aperçu deux hommes suspects dévaler la rue ? — Difficile de les louper. J’ai eu si peur. — Par où sont-ils partis ? — Par là. Elle feint la peur et l’inquiétude, pointant un doigt légèrement tremblant dans la direction opposée. Sans plus de cérémonie, les policiers s’éloignent jusqu’à disparaître dans l’obscurité d’une ruelle qui ne les mènera certainement qu’à une autre rue où ils continueraient de chercher peut-être à chercher, en vain, ou un cul-de-sac.

La vérité est qu’elle pourrait s’éloigner. C’est ce qu’une personne normale et saine d’esprit ferait, mais quelque chose la retient. Ce visage familier, reconnu malgré leur seule rencontre il y a plus d’un an, éphémère et chaotique, mais aussi life changing sur bien des points. Et puis merde, pense-t-elle. Ses pas prudents la mènent jusqu’à la ruelle où Vixen sait les hommes camouflés. Deux flingues se pointent sur sa silhouette. C’était à prévoir, mais la panique la paralyse presque sous les souvenirs du canon braquer sur elle il y a près d’une demi-année et de la balle la manquant de quelques centimètres. Ses mains se lèvent au ciel, prouvant l’absence d’arme entre ses doigts imperceptiblement tremblants. Easy, qu’elle glisse de ses lèvres figées en une ligne horizontale. — J’crois qu’on s’connaît. Ce n’est pas une question, c’est un constat et Vixen ne peut s’empêcher d’être soulagée d’avoir été reconnue si rapidement. Le flingue de son interlocuteur est baissé, mais celui de son acolyte ne l’est pas. — J’crois aussi. Elle lui répond, les yeux pourtant braqués sur l’arme toujours braquée sur elle. Son propriétaire a la carrure imposante de Blaise, ses biceps seuls pouvant certainement l’écraser jusqu’à l’asphyxie s’il le voulait, mais Vi ne recule pas. L’adrénaline joue, possiblement la nostalgie malsaine d’un temps où tenir tête à des hommes faisant deux fois sa taille était presque quotidien. J’viens de vous sauver la mise, mon beau, mais j’peux toujours faire marche arrière, adresse-t-elle finalement à ce dernier. Alors si j’étais toi, j’baisserai mon flingue avant que ça s’retourne contre toi. Elle se tient les épaules droites et la tête haute comme lui a appris Blaise, peu importe si l’angoisse retourne son estomac. D’une façon, Vi fait stupidement confiance celui des deux qu’elle connaît, après tout, malgré leur dernière rencontre hasardeuse, il lui a sauvé la vie sans même le savoir et ça ne s’oublie pas. Son attention se porte sur lui. Qu’il baisse son arme et on pourra s’arranger, qu’elle reprend. Et c’est pas qu’on a pas trop d’temps, mais les flics risquent de très vite se rendre compte que j’suis une très bonne menteuse.

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