le goût du néant. (alejandro)

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{ le goût du néant }
crédit/ tumblr ☾ w/@Alejandro Aguirez

Allongée sur la couche confortable, l’air beaucoup trop chaud du ventilateur dirigé sur son corps, la môme est perdue dans ses songes. Plongée dans la chaleur incandescente de son appartement, depuis son réveil, elle n’a pas initié le moindre mouvement. Les pensées tumultueuses sont venues tourmenter son esprit torturé comme trop souvent. Mais la camée n’est pas en train de chercher un nouveau moyen de se procurer sa dope, non, elle n’est pas non plus en train de s’apitoyer sur son sort. C’est à lui qu’elle songe. Ambroise, depuis leurs retrouvailles, il est toujours là. Elle a accepté de partir avec lui, loin d’ici, tout droit pour l’Italie. L’échéance du départ approche alors qu’elle se demande encore ce qu’ils représentent l’un pour l’autre. Et trop occupée à penser à lui, t’en oublies tes habitudes de junkie. T’as même pas songé à allumer une clope depuis deux heures que t’es réveillée, parce que toutes tes pensées, c’est vers lui qu’elles sont tournées. Tantôt la rancœur, tantôt l’amertume, il y a aussi le bonheur inavouable de l’avoir retrouvé. L’avoir touché, l’avoir senti, contre elle, après toutes ces années. Dans un soupir, l’âme en perdition essaie, pour la énième fois, de le chasser de son esprit. Ce serait sans compter sur l’intrus qui vient de sonner. Elle n’attend personne mais se lève (presque) sans ronchonner pour aller rejoindre la porte d’entrée… et c’est sur lui qu’elle vient à tomber, le père que son cœur a choisi d’aimer. – Hé. elle salue Alejandro, d’un petit câlin affectueux, un doux sourire sur les lèvres. Ce n’est pas quelque chose qu’elle fait à chaque fois qu’elle le revoit, plutôt en fonction de son état. Tu peux avoir tendance à te renfermer sur toi-même quand la souffrance devient trop pénible, Ella. Au contraire, plus tu te sentiras bien, plus tu seras chaleureuse avec les tiens. Ces derniers jours, malgré les doutes dans sa tête, il y a comme une nouvelle légèreté qui est venue envahir son cœur. Puis, elle est contente de le voir, Alejandro, elle est toujours contente de le voir. Se détachant pour reculer et le laisser entrer à l’intérieur, la gamine ne tarde pas à prendre de ses nouvelles. – Ça va ? Qu’est-ce que tu fais là ? elle lui demande, heureuse de sa surprise, mais elle ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter. Avec Camille qui ne se souvient plus de sa propre vie depuis qu’il est sorti du coma, elle peut vite commencer à imaginer le pire. Accepter son amnésie a été difficile pour l’écorchée vive, elle a eu le sentiment douloureux d’être abandonnée. Mais, peu à peu, elle a l’espoir de pouvoir renouer avec son père de cœur. Malgré tout, par chance pour Ella, elle peut toujours compter sur la présence de son autre père auprès d’elle.

Les rares personnes qu’il considérait comme sa famille étaient les rares à voir la facette gentille d’Alejandro. Enfin gentil, même avec eux, il ne mâchait pas ses mots et était capable de dire des vérités avec un détachement peu commun. Alejandro était un ours en matière de communication, mais il avait le cœur sur la main lorsque cela concernait ses proches.

Pour eux, il était prêt à sacrifier sa santé mentale ou physique tant qu’ils allaient bien. C’est lui qui prenait les problèmes de tout le monde sur le dos sans se plaindre une seule fois. Aujourd’hui il avait envie de voir celle qu’il considérait comme sa fille. Alejandro n’avait jamais voulu d’enfant, on ne pouvait même pas dire qu’il avait un quelconque instinct paternel.

Mais il s’était attaché à cette mioche que Camille lui avait mise entre les pâtes il y plusieurs années déjà. Elle avait des fêlures dans lesquels il pouvait se reconnaître et qu’il pouvait comprendre. Il l’aimait bien la gamine malgré qu’il ne lui dise jamais ou pas directement. Lorsqu’il ne la voyait pas durant une longue période, il devait admettre qu’elle lui manquait même s’il faisait en sorte de garder un œil sur elle de loin. Il possédait de nombreux contacts qui lui devaient de nombreux services.

Il veillait à ce que quelqu’un garde toujours un œil sur Ella pour lui, il ne tenait pas à connaitre l’intégralité de sa vie, mais il aimait la savoir en sécurité. Il n’ignorait pas qu’elle prenait encore de la drogue, mais il essayait de faire son maximum pour la sortie de là.

C’était encore le cas aujourd’hui lorsqu’il décida de débarquer chez elle avec une proposition de déjeuner. Il avait également une idée derrière la tête, mais pour le moment il se contenta de sonner à la porte. L’attente ne fut pas longue et bientôt le visage de sa fille apparu devant ses yeux. Bonjour. Il serra doucement sa fille dans ses bras lui rendant son câlin. Je vais bien et toi ?

Il l’observa quelques instants avant de rentrer dans l’appartement comme s’il était chez lui. C’était un peu le cas, c’était sa fille et il était comme son père donc elle devait l’accueillir comme son papa adoré. Je suis venue te kidnapper pour le déjeuner, un restaurant ça te dit ? Il avait rapidement fait le tour de l’appartement avec ses yeux avant de fixer Ella du regard.

Tu devrais peut-être t’habiller, cette tenue est horrible. Alejandro n’était pas un adepte de la mode, il n’y connaissait rien, mais elle avait l’air en pyjama. Une tenue qu’elle n’allait pas mettre dans un restaurant après il pouvait se tromper vu que comme dit il ne connaissait rien en mode. Dépêches-toi morveuse. Il lui ébouriffa les cheveux avant de s’éloigner pour éviter toute vengeance.

@Ella Gardner

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{ le goût du néant }
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Le cœur imprévisible, semble lui laisser un répit. L’enfant écorchée paraît, aujourd’hui, un peu moins abîmée. Comme si les craquelures de son âme étaient plus supportables. Cela arrive, de temps en temps. Lorsque la nuit a été suffisamment réparatrice pour atténuer la fatigue accumulée, lorsqu’elle n’est pas en manque de sa poudre de fée ; puis, finalement, lorsque c’est vers Lui que ses pensées sont tournées. Elle est d’une humeur assez légère, Ella, lorsqu’elle s’approche de la porte d’entrée. Un tee-shirt mille fois trop large pour son corps frêle en guise de pyjama, elle ouvre au mystérieux visiteur sans se préoccuper de son apparence négligée. C’est le visage d’Alejandro qui apparaît ; et déclenche aussitôt un sourire sur ses lèvres rosées. Heureuse de sa venue inattendue, pas surprise toutefois car il lui arrive de venir passer la voir à l’improviste, la gosse le laisse entrer, sans même l’inviter. Il est chez lui, ici, il le sait. Depuis qu’ils sont entrés dans sa vie, lui et Camille, ils y ont cette place incontestée. Peu importe ce qui arrive au sein de son existence, l’âme en perdition a conscience qu’eux, ne seront jamais bien éloignés. Et tu as appris le concept de parents, à leurs côtés. Tu as appris à croire en un amour que rien ne pourra changer. Tu apprends encore, en réalité, à accepter qu’ils puissent t’aimer. – Ça va aussi. Elle ne lui dira jamais le contraire, même quand elle est plongée dans les profondeurs les plus extrêmes. Mais son intonation n’est pas toujours la même, parfois elle est morose, parfois plus légère. Comme en ce moment même. Tu veux seulement éviter de l’inquiéter. Parce qu’il a beau paraître imperturbable, Alejandro, toi tu sais. Tu le connais. Tu sais que tout ce qui te fait souffrir, pourrait lui faire du mal à lui aussi. Tu sais qu’il porterait tout le poids que tu traînes sur ses seules épaules s’il le pouvait. Alors t’essaies, comme tu peux, maladroitement certainement, de le protéger. Le préserver de tes souffrances, tes vices, tes excès. Le préserver de tout ce dont toi, tu n’es pas capable de t’épargner. D’un petit signe de tête, elle acquiesce à sa proposition, sans oser avouer qu’elle n’a aucune idée de l’heure qu’il peut être. Puis, devant la critique sur sa tenue, la camée affiche une moue boudeuse. – J’allais pas sortir comme ça hein. elle proteste un peu, râle encore plus quand il ébouriffe sa chevelure déjà trop emmêlée. – Sers-toi un truc à boire, j’reviens. elle le laisse faire comme chez lui. Il serait pourtant bien capable de fouiller dans ses tiroirs à la recherche de cocaïne. Mais elle lui laisse seulement quelques minutes, le temps d’enfiler une tenue correcte et, après un petit passage par la salle de bain, elle finit par le rejoindre. – C’est bon, on peut y aller. elle prend son sac, puis quitte l’appartement après lui. Elle prend la peine de fermer la porte à clés, ce qu’elle ne fait pas toujours, mais il la tuerait s’il le savait. – Alors quoi de neuf ? Comment va Camille ? elle lui demande tout de suite avec intérêt. Elle n’ose pas toujours interroger le principal intéressé, parce qu’elle sait bien qu’il ne se souvient pas d’elle, qu’il serait peut-être… embarrassé. C’est plus facile de parler avec son autre père. Mais elle n’oublie pas, non plus, que la situation n’est guère plus évidente pour Alej.

Être un bon père n’avait jamais été l’un de ses objectifs de vie, il n’avait aucun intérêt pour la chose. Après l’arrivée d’Ella, son point de vue sur la question n’avait pas changé. Il n’essayait pas d’être un bon père. Il restait tel qu’il était et restait persuader que cela pouvait apporter quelques choses à la jeune femme. Elle n’avait pas un père parfait, capable de la tenir loin de la noirceur du monde, mais elle avait quelqu’un qui justement comprenait sa noirceur, comprenait ses démons.

Elle n’était pas mise de côté, pas juger pour ses choix ou pour sa façon de voir le monde. Finalement Alejandro qui pouvait être une tête de con jugeait moins les autres que le commun des mortels. Certes pour lui l’être humain était une misérable vermine sauf rare exception mais il ne jugeait pas la sexualité des gens, ne jugeait pas la couleur de peau de ses interlocuteurs.

Son indifférence flagrante des gens le protégeait de ce mépris. Il faisait partie de ceux que l’on montrait du doigt comme une bête dangereuse. Cela l’indifférait mais peut-être que cela poussait les faibles à réellement se transformer en bête. Ella avait échappé à cette déchéance peut-être grâce à la présence d’Alejandro.

Arrivant chez celle qui possédait une partie de son cœur, il lui proposa une sortie avant de la taquiner la faisant râler. En entendant Ella lui proposer de se servir à boire, il leva les yeux au ciel, elle n’avait absolument aucun goût en matière d’alcool.

Lui ne buvait que des grands crus, l’un des avantages à être l’un des plus grands producteurs de substances illicites de ce monde. L’argent sale devait bien servir à quelque chose, autant que ceux soient dans le vice. Une fois la jeune femme prête, il passa devant elle avant de la laisser fermer la porte. Il savait parfaitement qu’elle ne fermait pas à clef à chaque fois, il était déjà rentré dans son appartement en son absence. Un fait qu’il n’allait certainement pas lui avouer.

Plaçant son bras sur les épaules d’Ella, il l’attira contre lui avant de commencer le chemin en direction du restaurant. Je suis toujours la même pourriture selon mon connard de voisin, mais heureusement Camille va bien. Il commence à reprendre ses marques, des souvenirs lui reviennent. On fait ce que l’on peut. Mais toi, tu deviens quoi ? Tu as quelqu’un dans ta vie ? Histoire de savoir si je vais bientôt enterrer un cadavre. Un clin d’œil ponctua sa phrase, elle savait qu’il était un père plutôt cool.

Alejandro considérait que personne n’était assez bien pour Ella et il menaçait toutes personnes qui voulaient avoir une relation sérieuse avec elle mais il ne l’empêchait pas de vivre. Il n’était pas le beau-père parfait, mais il laissait Ella faire ses erreurs. De toute façon, vu son casier, ce n’est pas comme s’il pouvait se permettre de tuer quelqu’un, il n’était même pas certain qu’on ne lui appliquerait pas la peine de mort. Il n’y connaissait rien en justice, peut-être que la peine de mort était-elle applicable dans cette partie du pays.

Ella, la peine de mort existe encore dans cette ville ? Je viens de me poser la question, j’ai une liste de candidats si jamais. Ton père favoris est déjà promis à l’enfer et la damnation me voici sauf. Fouillant dans ses poches, il sortit son paquet de cigarettes en proposant une à Ella.

@Ella Gardner Pardon pour le délai, je n'ai même pas d'excuse. J'espère que mon syndrome de la page blanche n'est plus qu'un mauvais souvenir et que tu ne détesteras pas mon écrit. le goût du néant. (alejandro) 4199206909

le goût du néant. (alejandro) 4199206909

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Alejandro et Camille, ils se complètent à merveille. Ils se complètent si bien, depuis le début, dans le cœur de la môme en perte de repères. Là où l’un est prévenant et attentionné, l’autre est cette oreille qui pourrait écouter, tous les récits les plus tourmentés qu’elle aurait à lui confier. Là où l’un est capable de comprendre ses démons, l’autre est prêt à les accepter sans conditions. Ils sont là, toujours, quelque part en elle. Ses pères, ses piliers, ses repères. Alejandro, il ne sait pas tout ce qu’il a fait pour elle. Tout ce qu’il continue de faire. Lui dirait que ce n’est rien, mais il est là, toujours. Encore aujourd’hui, en venant la tirer hors de son appartement où elle pourrait rester engouffrée des jours – à condition d’avoir la came nécessaire à sa survie - il la pousse à sortir. Et elle se laisse faire, Ella, pas un instant elle ne résiste. Elle a appris à lui faire confiance, à lui. Elle a appris à comprendre que, peu importe ce qu’il avait en tête, il ne chercherait jamais à lui nuire. Alejandro, il ne veut que son bien. Le bras de son père de substitution autour de ses épaules, la gamine écoute avec attention le discours qu’il énonce, un petit sourire amusé sur le coin des lèvres. Le sourire qui s’agrandit, quand il avoue que tout commence lentement à s’arranger pour Camille. Puis, déjà, il veut savoir si elle a quelqu’un dans sa vie. « Oh non, arrête, pas ça… tu ne vas pas jouer le papa poule, hein. » il serait bien pire que ça. Il serait capable d’aller faire peur à Ambroise. Ou même de lui balancer des pires menaces. Sans lui laisser le temps de répondre, elle enchaîne au sujet de l’autre père qu’elle a dans le cœur. « Je suis contente pour Camille… je pense souvent à ce qu’il vit, tu sais… et à toi aussi. Tu dois te sentir mieux de le retrouver de plus en plus. » elle a conscience, Ella, qu’il n’aime pas mettre des mots sur ses états d’âme.

Elle le sait parce qu’elle est comme lui.
C’est l’une des nombreuses choses sur lesquelles ils se rejoignent tous les deux,
ces choses qui font qu’elle se sent comprise avec lui.

Mais Alejandro, il a le droit, lui aussi, de se confier sur ce qu’il peut ressentir… évidemment, il ne peut que surenchérir au sujet de son petit-ami, c’est comme ça qu’on dit ? Un rire s’échappe des lèvres de l’âme qui retrouve peu à peu vie. Justement, aussi, grâce à lui. Elle accepte un cigarette sortie de son paquet, elle l’allume pour en prendre une bouffée salvatrice. « Tu vas tuer personne, on ferait quoi nous, sans toi après ? » Elle ne préfère pas imaginer, Ella, ce qu’elle ressentirait si elle le perdait. Elle a déjà trop perdu, elle n’y survivrait pas encore, pas avec lui. Elle porte une nouvelle fois la clope contre ses lippes, puis lui donne enfin ce dont il a envie. « Tu sais déjà que j’ai quelqu’un. » Sinon, il ne lui poserait pas une question pareille. Ce n’est pas comme si sa vie amoureuse était bien remplie, à Ella. Elle a passé plus de temps avec des hommes qu’elle a pris pour cibles que parce qu’elle aurait pu y tenir. « Je me sens… toute bizarre quand je suis avec lui. C’est comme si tout devenait plus facile. » et le nœud qu’elle éprouve en permanence à l’estomac, il disparaît avec Ambroise. La boule d’angoisse dans le cœur, il la fait s’évaporer chaque fois qu’elle est dans ses bras. « J’aime pas trop parler de lui… j’ai l’impression d’être une de ces filles qu’attendent juste un mec dans leur vie. » et peut-être aussi, qu’elle a trop peur de le voir partir. Trop peur qu’en parler le rende encore plus réel, jusqu’au moment où il choisira de disparaître de sa vie.

Camille et Alejandro étaient comme le Ying et le Yang, complémentaire et indissociable l’un de l’autre. Lorsque Camille avait ramené cette gamine chez eux, Alejandro ne l’avait pas vu d’un très bon œil.

Pour lui cela n’allait apporter que des problèmes, mais il avait fini par se reconnaitre en elle. Comme lui, elle avait des démons, une noirceur au fond des pupilles. Capable des pires abominations tout comme lui sans posséder toutefois ce côté je m’en foutisme qu’il avait. Alejandro ne connaissait pas les remords, il ne connaissait pas le pardon ou la clémence.

C’était un adversaire redoutable, l’une des raisons qui expliquait certainement qu’il soit encore en vie aujourd’hui. Ella avait cette douceur, cette candeur que lui n’avait plus et qu’il essayait de préserver principalement grâce à Camille. Il ne ressentait aucune honte, aucun regret pour ses actes mais il avait conscience que cela n’était pas le bon chemin.

Alors il ne souhaitait à personne cette vie faite de vice et faisait son maximum pour en protéger Ella tout en la comprenant mieux que quiconque. Je dois bien surveiller tes arrières morveuses, tu ferais un bisou à un crocodile. Il aimait la taquiner tout en ayant une part de vérité dans ses paroles. Elle avait une certaine naïveté comme Camille.

Parlant de Camille, il rebondit sur sa réflexion après s’être mordu la lèvre et avoir sorti son paquet de clopes. Il n’est plus exactement comme avant, c’est perturbant, mais ça ira. Il ne voulait pas l’inquiéter plus que de raison et la laissa prendre une cigarette avant de se mettre à fumer pour clore cette discussion.

Vous viendrez me voir en prison et tu seras protégée. Ton petit copain est sosete mais riche, je suppose que c’est un avantage. Un haussement d’épaules conclu ses paroles, lui avait confié sa vie à un homme en tout point semblable. Camille était parfait sous tous rapports, un véritable petit ange, l’un des seuls qui ne l’agaçaient pas.

Entendant parler celle qu’il considérait comme sa fille, il lui jeta un rapide coup d’œil avant de prendre sur lui pour être sympa. Este hombre es sosete mais c’est peut-être le bon pour toi. Je reste moi-même et pourtant je suis à gifler quand je parle de Camille. Ne le laisse pas te changer, mais laisses toi porter par cette histoire. Si tu tombes enceinte hors mariage, je te découpe en tellement de petits morceaux que personne ne te retrouvera.

Alejandro n’avait certainement pas l’âge d’être grand-père et croyant en Dieu, il ne pouvait concevoir l’arrivée d’un enfant sans un mariage au préalable. Sur certains sujets, il pouvait être un véritable arriéré et il n’en ressentait aucune honte. Choquer les gens était son quotidien, du pain bénit pour lui. Naïf petit mouton face au grand méchant loup.

@Ella Gardner

Sosete = ennuyeux.

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crédit/ tumblr ☾ w/@Alejandro Aguirez

C’est déstabilisant,
et à la fois, rassurant,
comme il la connaît bien,
comme il voit en elle,
tout ce qu’elle s’efforce de cacher à la terre entière.

Il connaît d’elle, le meilleur, comme le pire. C’est certainement ce qui arrive quand on garde quelqu’un si longtemps dans sa vie. Ella, elle ne l’a jamais fait qu’avec lui. Lui et Camille. Ils ne sont pas seulement sa famille car ils l’ont recueillie quand elle n’avait plus rien, plus personne. Ils sont sa famille car, depuis toutes ces années, c’est auprès d’eux qu’elle trouve le soutien, le réconfort, la protection dont elle a toujours trop manqué. Ils comblent les brèches d’une enfance volée, de cette gamine mal-aimée qu’eux, ils ont su apprivoiser. Suffisamment pour qu’Alejandro sache, comme elle a le cœur fragile derrière ses apparences farouches et sauvages. Un petit froncement de sourcils arrive suite à ses paroles, avant que sa fille de cœur ne rebondisse rapidement. « N’importe quoi, j’aime personne. » ou presque, Ella, ou presque. Le palpitant cadenassé n’a pas résisté face à ceux qui sont devenus les personnes les plus importantes de sa vie. Justement, ils en viennent à parler de Camille. « Tu sais… tu peux m’le dire à moi, que ça te fait chier. » qu’il se retienne avec l’homme de sa vie est une chose, mais elle, elle peut l’entendre aussi. Elle peut l’écouter si elle a besoin d’extérioriser son ressenti. Toutefois, la môme accepte son silence en même temps que la cigarette qu’il lui tend. C’est elle, hélas, qui se voit contrainte de jouer au jeu des confidences. « Sauf que personne pourrait me surveiller comme toi, tu le sais ça hein ? » elle affirme avec un petit sourire, le taquine de ses iris empreints de malice. Attentive, elle l’écoute en fumant silencieusement sa clope, le temps qu’il termine. Un petit rire s’échappe de ses lippes à la menace qu’il lui livre. « Tu n’es pas encore papy, rassure-toi. » Ella, enceinte ? Elle ne se l’imagine pas. Elle devrait apprendre à s’occuper d’elle-même avant d’envisager s’occuper d’un gamin. Pourtant, peut-être qu’elle adorerait, avoir un petit être à aimer. À aimer plus fort qu’elle n’a jamais pu aimer, ou, être aimée. Seulement elle ne préfère pas envisager une chose pareille, surtout pas maintenant. Elle commence tout juste à se faire à cette relation. Au fait de former un couple, pour de bon, avec Ambroise. « Je vais faire ce que tu dis… tu sais… je trouve qu’il ressemble à Camille, parfois. Il a la même lumière dans les yeux. » Celle qui leur manque, à eux. Cette bonté naturelle, cette aisance à vivre et aimer sur terre. C’est peut-être parce qu’ils se ressemblent autant qu’Ella, digne fille de son père, a craqué à son tour pour un ange vivant. « Mais s’te-plaît, Al… arrête de le faire surveiller. » elle demande comme une évidence qui n’est plus à prouver. Elle connaît son père de cœur beaucoup trop bien pour en douter. Puis, comment peut-il le trouver ennuyeux, hein ?

Un léger rire franchit la barrière de ses lèvres face aux remarques de celle qu’il considérait comme sa fille. Personne porte plusieurs prénoms. Il n’était pas dupe Alejandro, ce n’était pas au vieux singe que l’on apprenait à faire des grimaces. Il connaissait son bon cœur et cette lumière qu’elle était capable de donner aux autres contrairement à lui. Elle avait un cœur de guimauve et cette naïveté agaçante qu’elle partageait avec Camille.

Lui n’aimait personne en dehors de sa famille, il tolérait des vieux brigands proches de son âge mais cela restait une exception. Et encore, il ne considérait pas ces personnes comme des amis fidèles, c’était une bande de vieux se retrouvant pour boire une bière plus qu’autre chose.

Toutefois cela lui convenait, être un solitaire était sa nature. La foule et les gens en plus de l’ennuyer prodigieusement, ne le mettaient pas à l’aise. Il n’aimait pas être coincé dans un lieu bondé sans possibilités de sortie.

Peut-être un vieux réflexe de prison où il fallait être sur ses gardes en permanence pour ne pas se prendre un coup de lame ou autres formes d’agressions. C’était un milieu dur qui avait fini par le façonner après plus de dix ans passé au sein de cette institution.

En effet, il gardait certains réflexes de la prison en plus des marques physiques présentes sur son corps.

Alejandro était quelqu’un de très observateur, toujours à l’affut du moindre danger, toujours sur ses gardes et sur le qui-vive. Quelqu’un capable de gueuler fort et de se battre comme un champion, être faible signifiait être mort dans son esprit et dans la réalité de la prison. Camille et Ella ne pouvaient pas comprendre cela, d’ailleurs la remarque de la jeune femme lui fit hausser les épaules. Je suis un caméléon, je m’adapte à tout. La situation n’est pas idéale, elle ne le sera jamais.

Continuant de suivre leurs routes, ils approchèrent du restaurant où l’homme voulait emmener sa protégée. Crois-moi Camille fait du bon boulot pour te protéger et ces crevards de flics aussi. Et il n’y a pas d’encore qui tiennent, pas de gosses. Rien que l’idée lui donnait envie de vomir, Ella était bien trop jeune pour être maman. Elle pouvait repenser à l’idée après ses soixante ans ou la mort d’Alejandro. Arrivant au restaurant, il lui ouvrit la porte prenant place à table en l’écoutant. Un bon samaritain ? Tant qu’il ne veut pas jouer au justicier.

Il détestait ses angelots qui dénonçaient les autres la bouche en cœur ou qui simplement jugeaient les gens faisant un job illégal. C’était toujours plus facile de juger son voisin que de se coller sa sale gueule devant la glace et d’être réaliste avec soi-même.

Je ne fais suivre personne, je suis un honnête citoyen contrairement à ce que les stups pensent. Ces cons lui avaient collé deux boulets au cul qui étaient rentrés comme des débutants juste après eux. Regardons le menu morveuse, j’ai une faim de loup. Jetant un regard discret vers les deux agents débiles, il finit par prendre son menu le consultant avec tranquillité.

@Ella Gardner

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Trop bien, Alejandro, il la connaît trop bien.
Peut-être, carrément, mieux qu’elle ne se connaît elle-même.
Il connaît ses travers, il connaît ses faiblesses. Mais, plus que tout, il connaît le cœur qu’elle cache sous toutes ses barrières. Comme il sait que, sous la froideur qui la protège, il y a bien trop de personnes qu’elle aime. Ella, elle est comme ça, elle ne veut rien donner parce que, lorsqu’elle s’essaie à aimer, elle a du mal à s’arrêter. Elle livre tout sans compter, quitte à le regretter, quitte à finir brisée. Alors c’est bien difficile d’admettre comme elle est facile, finalement, à atteindre. Puérile, la môme affiche une petite grimace sur son minois suite à la remarque de celui qu’elle considère comme un père. Peut-être que sur ce point, elle ressemble à Camille, finalement, plus qu’à lui. Parfait alliage de ses deux pères de cœur, Ella, il paraît presque fou qu’elle n’ait le sang d’aucun d’eux. Parce qu’elle tient de lui aussi, elle sait qu’il n’aime pas parler de ce qu’il peut ressentir. Il paraît indestructible, Alejandro, mais il a aussi ses points sensibles. Le pire d’entre tous, c’est bien Camille. Et l’autre, est là, devant lui, à espérer qu’il se confie. « Mais il n’empêche qu’il te regarde de la même façon qu’avant tout ça. » elle affirme tout en continuant de marcher à ses côtés. Elle ne sait toujours pas où il veut l’emmener mais elle commence à avoir faim. Une petite moue apparaît sur son visage quand elle l’entend dire que son autre père pourrait la protéger, tout autant que ces policiers qu’il prend soin de détester. Sans rebondir au sujet des enfants car, non, elle réfute l’idée plus encore qu’Alejandro pour le moment, elle reprend. « Mais moi, j’ai besoin de toi. Et ça, tu le sais. » elle ne le dit pas souvent. Alors il a tout intérêt à l’entendre. C’est ce que lui disent ses opales, alors qu’elle le fixe avec ce petit air enfantin dans le regard. Elle pénètre dans le restaurant, un petit sourire permanent sur les lèvres quand il est question d’Ambroise. « Non, il préfère prendre soin des autres. » elle rétorque, l’amoureuse, juste avant de s’installer à une table juste en face d’Alejandro. Attentive à ses dires, la gamine le scrute avec ce petit air qui en dit long, lui aussi. Elle sort de ses pensées pour lui demander. « Ils t’emmerdent encore ? » la carte qu’elle prend négligemment, elle garde les prunelles posées sur son interlocuteur. Plus intéressée par lui, plutôt que par le menu du jour. « Si tu ne fais pas surveiller Ambroise, comment sais-tu qu’il est sosete ? » elle l’interroge, poussée davantage par une curiosité amusée que comme un réel reproche. Elle sait qu’il veut seulement la protéger, Alejandro. Pour cette raison, elle ne peut pas lui en vouloir, pour celle-ci et pour des milliers d’autres encore.