cœur en miettes. (wes)

☾ ☾ ☾
{ cœur en miettes }
crédit/ tumblr ☾ w/@Wes Burkley

Elle n’est pas une femme extrêmement romantique, Ella,
la poupée davantage connue pour son cynisme.
Les fleurs bleues, les mots rouges ou le contraire, elle ne sait plus très bien, non, puisqu’elle n’y connaît rien. Elle a cru éprouver l’amour, pourtant, avant lui. Mais elle a aimé dans l’effervescence ; elle a aimé dans l’urgence. Avec Ambroise, elle découvre ce que c’est l’amour, tous les jours. Le vivre au quotidien, par des petits gestes autant que les grandes promesses. Elle découvre ce que c’est, l’amour, pour de vrai. C’est certainement ce qui l’a poussée à avoir une telle idée. Effacer les affres de la culpabilité pour profiter, en tête à tête avec l’être aimé, d’une belle soirée. Alors elle arrive tôt, chez lui, munie des clés qu’elle a récupérées lorsqu’il était alité ; les clés qu’elle a conservées. Elle n’est bien encombrée, seul un sac posé sur son épaule contenant quelques bougies et pétales de roses tout juste procurées, alors qu’elle pénètre les lieux en cachette de leur propriétaire. Elle pose les affaires sur le premier meuble à sa portée, encore plongée dans ses pensées, quand elle entend un bruit émaner du salon. Ambroise n’est pas chez lui, il est à l’hôpital, en train de travailler… ou il devrait. Le cœur soudain noué, l’écorchée vive envisage trop rapidement les pires scénarios alors que ses pas la guident déjà vers la pièce à vivre. Les battements anarchiques de son myocarde inquiet deviennent aussi décousues qu’une mélodie abîmée.

Elle s’attend à tout, Ella, à tout ; mais pas à lui.

– Wes… ? elle laisse s’exclamer, la voix masquant mal le choc – ainsi que le soulagement – de se retrouver face à l’un de ses plus beaux piliers. L’une des rares personnes de ce monde qui a sa confiance, son amitié, toute son affection. Les prunelles noires s’adoucissent, n’en paraissent pas moins surprises. Si l’âme tourmentée est rassurée qu’il s’agisse, seulement, de lui, elle ne peut que s’interroger ; se demander ce qu’il peut bien faire chez l’être aimé. Puis, un éclair d’illumination. L’ami qu’il devait héberger une nuit, une nuit lui-avait-il. Se pourrait-il que… ce soit lui ? – Je… je m’attendais pas à te voir là. Là, chez Ambroise. Son petit-ami ; l’homme qui partage sa vie. Ça lui fait tout drôle, à Ella, de retrouver celui qu’elle considère comme son jardin secret ; au sein même de la demeure de celui qui l’ancre à la réalité. Comme deux mondes opposés, soudain, qui viennent de se combiner. Comme deux étoiles qui viennent de se frapper. Elle ne devrait pas être si étonnée, finalement, que les deux astres tant admirés se soient entrechoqués.

Trop beaux pour se manquer,
trop précieux pour se louper.

La féline observe ce garçon lumineux qu’elle a eu besoin de retrouver ; chaque fois que les ténèbres venaient bien trop la submerger. L’ange gardien, le soutien, le roc sur lequel elle s’est si souvent appuyée. Les traits tirés, il paraît épuisé ; éreinté, pas seulement par le manque de sommeil ; gagné par la fatigue de ceux qui ont trop souffert. La douleur qu’elle reconnaît bien, Ella, mais qu’elle ne lui connaît pas, celle qu’elle n’a jamais décelé dans ses opales étincelantes.   – Alors, c’est toi, l’ami qu’Ambroise héberge… ? elle l’interroge, un brin maladroite ; en quête d’explications qu’elle n’ose pas frontalement demander. Tant de questions qu’elle n’ose pas poser.

Wes, qu’est-ce qui se passe ? T’as pas l’air bien.
Wes, dis-moi ce qui a pu arriver ; pour que t’aies besoin d’être hébergé ?
Wes, t’allais mal ? Et je le savais pas ?
Wes, pourquoi t’es là ? Pourquoi t’es pas v’nu me voir ?
Wes, je t’avais dit que je serais là.

le plaid sur les épaules, il n'a pas bougé. pas depuis qu'il s'est installé ici. il fait des allers-retours. aide ambroise comme il le peut. somnole, passe son temps devant la télévision qu'à vraiment trouver un vrai moment paisible.
ouais, il est là, vivant, sans vraiment vivre.
l'esprit lourd, les pensées sont ailleurs, wes ne bouge plus vraiment. son âme rôde, pas très loin, sa conscience lui hurle de faire plus de choses. mais hormis passer chez lui récupérer des nouvelles affaires, il ne fait pas grand chose.
comme maintenant. toujours assis sur le canapé, il s'oblige à se lever pour aller prendre une douche. ambroise a repris il n'y a pas très longtemps, il s'attend à ce que ce dernier lui demande gentiment de laisser libre le canapé. ça fait plus qu'une seule nuit qu'il reste ici. conscient que ça peut l'embêter mais... tant qu'on ne lui dira pas de s'en aller, il profitera encore de cette chaleur qui apparaît quelques temps, sans être capable de rester une éternité dans son coeur. ce coeur si froid, qui ne brûle plus par la passion des événements.
des bruits se font entendre, mais wes ne réalise pas. il se dit que ça peut être ambroise, ou peut importe. il reste là, sur ce canapé, le corps tremblant, froid alors qu'il fait quand même relativement chaud. les pas se rapprochent, mais il ne se retourne pas. les yeux sur cet écran allumé, sans qu'il ne l'écoute vraiment. jusqu'à cette voix. celle qui le force à froncer les sourcils, à se relever d'un coup.
ella. ella. ella.
sa ella. cette princesse.
la surprise se lit autant dans ses yeux que dans la sienne. moi non plus. non, lui non plus. l'effet de surprise ne lui plaît pas, car, quand ella est là, c'est différent. elle est son point faible, d'une certaine manière. quand la seule envie de wes est de briller pour elle, mais qu'à l'heure actuel, ses flammes sont éteintes, il l'est. il est éteint, presque mort, et qu'il lui offre la pire image qu'elle n'a jamais vu. pas un seul instant. alors oui, il hoche la tête pour répondre à sa question.
il se sent déjà très fébrile, lui qui n'a pas lâché une seule larme depuis les au revoir. pourquoi ella lui pousse à retrouver toutes ses émotions ? sans doute qu'avec elle, c'est moins difficile de se cacher. il comprend. il comprend la présence d'ella dans la vie de son ami. il comprend tout ce qu'on ne lui a pas dit. et il devrait être heureux pour eux. elle le mérite. lui aussi. mais il ne fait rien. ne saute pas de joie. ne questionne pas. rien. ses yeux se remplissent de larmes. elle est morte. pas la peine de préciser, elle sait de qui il parle. il lui en a parlé au magasin. j'ai mal. il ne s'était pas exprimé avant. avec personne. ella a ce petit quelque chose qui sort du lot, quand la première larme coule. moi aussi, je veux mourir. il a trop mal.

☾ ☾ ☾
{ cœur en miettes }
crédit/ tumblr ☾ w/@Wes Burkley

Il est l’être le plus solaire qu’elle n’a jamais connu,
il est l’astre incandescent, l’étoile scintillante, la lueur d’espoir en pleine nuit.
Il a été la lumière,
chaque fois qu’elle était dans les ténèbres,
il est la lumière quand elle n’est que ténèbres.

Et, brutalement, c’est comme si tout s’inversait. Comme si elle découvrait le revers de l’âme si céleste. Comme si elle réalisait, que lui aussi a sa part d’obscurité. Elle l’a parfois entrevu, à peine, elle l’a deviné plus qu’elle ne l’a su. Elle n’y a jamais été confrontée aussi violemment. Retour brutal à la réalité, elle qui  sentait pour la première fois en elle un vent de légèreté.

T’absorbes la souffrance latente de Wes,
exactement comme si c’était la tienne

Oubliée la surprise, oublié l’étonnement de le retrouver chez l’homme qui partage sa vie. Ils se sont évaporés de cette réalité. Précisément comme ils l’ont toujours fait, là-bas, dans sa boutique. Là-bas, bercés uniquement par les notes de musique, ils créaient ce monde tous les deux. Ce monde rien qu’à eux. Et, même privé du feu ardent qu’elle lui connaît, Wes a toujours ce pouvoir indescriptible d’éclipser l’univers tout entier. Là-bas, ici, partout. Il n’y a plus que lui dans son monde. Comme, chaque fois qu’elle agonisait, il lui disait qu’il n’y avait plus qu’elle qui compte. Elle évacue toutes les émotions superflues, tout ce qu’elle pourrait dire ou penser, quand elle le voit dans cet état. Quand elle le voit si mal. Une souffrance sur laquelle il pose enfin, et si vite à la fois, les mots qu’elle n’aurait jamais voulu entendre. – Oh Wes… elle laisse échapper, premier réflexe aussitôt volatilisé. Car ce sont ses bras, soudain, qui viennent s'élancer. Le corps frêle rejoint son homologue masculin ; bien plus robuste, elle l'a pensé mille fois. Mais elle l'enserre contre elle, cette fois, comme si c'était elle qui voulait envelopper tout son être. Engloutir sa douleur toute entière. La faire sienne.

Tout, pour qu’il cesse d’avoir aussi mal.
Wes, il ne devrait même pas connaître ça.

Les secondes s’étirent ; les minutes, à leur tour, défilent. Elle ne bouge pas, elle serre son corps beaucoup trop froid contre elle. Le plus fort qu’elle le peut, pour le rattacher à la vie, le rattacher à l’univers.
Le rattacher à elle.
Ella, elle ne supporterait pas de le perdre,
pas lui, pas sa lumière.

Pour toutes les fois où il a veillé sur elle,
pour toutes les fois où il a pris soin d’elle,
c’est à son tour d’être son ange gardien.

Lentement, sans se détacher de lui, elle entraîne leurs deux corps jusqu’au canapé. Son minois à peine reculé, elle observe l’âme brisée, le cœur serré. Avec délicatesse, sa main glisse contre la joue de Wes, lui offre une tendre caresse ; et l’incite à croiser ses prunelles. – Tu te souviens toutes les fois où t’as juste été là pour moi ? Sans rien me demander, sans rien exiger. T’as juste été à côté de moi, et ça m’a empêchée de me foutre en l’air tellement de fois. elle parle, Ella, elle parle sans réfléchir. Peut-être qu’elle ne devrait pas évoquer ses envies morbides, pas à celui qui peine à s’accrocher à la vie, pas à celui qui lui confie l’envie de mourir. Mais elle veut qu’il saisisse que, peu importe tout ce qu’il peut ressentir, elle sera juste à côté de lui pour le maintenir en vie. – Cette fois, c’est moi qui bouge pas.

Alors laisse-moi être là,
laisse-moi te rendre un peu de tout ce que t’as fait pour moi,
laisse-moi prendre soin de toi,
laisse-moi te protéger,
te veiller,
autant que tu l’as toujours fait,

laisse-moi t’aimer.

croiser ella ici est une surprise. une vraie. ça lui fait comprendre beaucoup de choses, même s'il ne met pas les mots dessus. c'est cette fille. cette fille pour laquelle ambroise est certain de ne plus respirer correctement, s'il vient à la perdre. c'est elle, qui est là. elle qu'il aime. la coïncidence est folle, mais s'il prenait du recul et qu'il ne pensait pas à sa propre douleur, il comprendrait que c'est logique.
ambroise, il est avec l'une des plus belles étoiles. celle qui mérite le plus bel amour, tant elle a un si beau coeur. et ella ? ella, elle mérite le bonheur, loin des démons qui hantent encore ses pensées. elle est si belle. si forte. et c'est tellement délicat de la voir ici, alors que leur lieu à eux, c'est sa boutique.
c'est sans doute pour ça qu'il craque. la voir, celle qu'il aurait forcément voulu croiser dès les minutes où sally a sombré. mais comment ? ça a toujours été quand ella le décidait. ils n'ont rien. pas un numéro. pas un profil sur les réseaux sociaux. ils attendaient le destin.
et le destin a parlé, aujourd'hui.
les mots tombent, du coup.
les mots tombent et les larmes coulent, en un seul instant, lui qui n'a pas pleuré depuis qu'il lui a dit adieu. ella réagit, très, très vite. en venant le prendre dans ses bras. et c'est à son tour. de s'accrocher, de la serrer tellement forte pour ne pas sombrer. lui, qui, en temps normal, est le premier à tendre la main, à servir de bouée de sauvetage. sauf que la bouée est dégonflée. sauf qu'il coule. qu'il veut même pas remonter à la surface. son corps tremble. pris par les spasmes. pris par la douleur qu'il ressent et qui ne s'estompe pas. c'est normal. la mort est récente. mais merde. c'est l'amour de sa vie qui s'est envolé. l'amour de sa vie, qui s'en est allé.
par automatisme, il la suit, sans se décrocher d'ella une seule seconde. dès qu'il est assis sur le canapé, il ne bouge pas, s'accroche fort à son étoile tout en tremblant comme une feuille, alors que les larmes coulent, coulent, coulent, sans s'arrêter. ella et une promesse unique. celle de ne pas le lâcher. d'être là. mais pour combien de temps ? il se croyait impuissant. mais sally est morte. et elle, elle pourrait mourir aussi de toutes ses merdes. il pourra pas hein. il veut pas apprendre qu'un jour, elle n'a pas su ouvrir à nouveau les yeux. mais c'est pas maintenant qu'il est capable de parler. je l'ai perdu. pour toujours. elle est plus là. il parle comme un enfant, se répète, mais il n'y peut rien. c'est la douleur, et la délivrance de voir cette étoile qui l'aide. d'une certaine manière. alors qu'elle le force à ce qu'il la regarde dans les yeux. ses yeux devenues si rouges. ça sert à rien. j'suis seul. seul. seul. il vient à répète ce mot, un bon nombre de fois. et, il craque. d'un coup. les sanglots explosent.

☾ ☾ ☾
{ cœur en miettes }
crédit/ tumblr ☾ w/@Wes Burkley

Elle a tout oublié,
dès l’instant où les iris se sont croisés,
elle a tout oublié.
Les raisons premières de sa présence ; la raison ultime portant le doux nom d’Ambroise ; même la surprise de se retrouver face à cet ange venu d’ailleurs dans le salon de l’élu de son cœur. Tout, elle a tout oublié, à la seconde même où elle a senti l’âme de Wes se fracturer sous ses rétines embrumées. Lui, si pur, si entier ; lui, si lumineux, si vrai. Lui qui n’a jamais cessé, chaque fois qu’elle s’est retrouvée en train de suffoquer, en train de se noyer dans l’obscurité, de la pousser à garder la tête relevée. Lui qui, tant de fois, a su la maintenir en vie ; lui qui lui a donné la force de survivre. Là-bas, dans sa boutique, dans leur boutique, quand il lui promettait qu’il serait là, toujours ; toujours, jusqu’à la fin ; toujours, pour le meilleur et pour le pire.

Elle ne savait pas, Ella,
que le pire, c’est lui qui l’affronterait,
elle ne savait pas, Ella,
que ce serait à elle d’être à ses côtés.

Il y a comme une évidence qui se crée ; le lien indescriptible et en dehors de toute réalité qui se recrée. L’enfant perdue attire son ange gardien jusqu’au canapé pour mieux accueillir les flots entiers qui se mettent à couler. Le cœur brisé, moins encore que celui de Wes, elle maintient son emprise contre lui, son corps contre le sien. Les gestes qui murmurent tous les mots qu’elle n’arriverait pas à dire. Et elle le serre fort, toujours plus fort, alors qu’il laisse évacuer tout le chagrin qu’il semblait retenir. Elle se sent noyée, Ella, par la douleur diluvienne qui tend elle aussi à la gagner. Mais elle retient les sanglots pour mieux se concentrer, se focaliser sur celui qu’elle ne veut surtout pas abandonner. Elle ne dit rien quand il évoque Sally, Sally qu’il ne verra plus. Les paroles lui manquent, elle qui n’a jamais cru en rien, surtout pas en un Dieu qui voudrait leur bien. Elle serait incapable de le consoler avec des mots réconfortants, des idées rassurantes. Incapable de lui parler du paradis, ou même de la paix que la femme tant aimée a pu retrouver. Incapable de balancer autant de conneries, elle qui est tout sauf pragmatique. Elle, l’écorchée vive, elle, l’hypersensible. Il n’y a que tout ce qu’il peut ressentir, tout ce qu’il peut éprouver et qui le détruit, qui la tue, elle aussi. Elle, la môme toujours à bout de nerfs, elle pourrait laisser éclater la colère. Mais il y a autre chose qui vient, quand il craque et se perd, autre chose qui lui vient pour Wes.

Wes, elle l’aime,
elle l’aime avec force et tendresse,
elle l’aime trop pour attiser sa haine.

– Non… non, c’est faux, j’te jure. T’es pas seul. Il a Ambroise. L’homme le plus solide, le plus courageux, le plus fort qu’elle connaisse. Puis, il y a elle, l’âme beaucoup plus frêle ; mais l’amour qui dépasse toutes les frontières. Elle se raccroche toujours plus fort au cœur esseulé, pour le garder dans ses bras autant qu’il le voudra, autant qu’il le faudra. Ella, elle ne bouge pas. – Ambroise, il ne te laisserait jamais tomber, tu le sais. Si tu le connais, même juste un peu, tu le sais. elle murmure, la voix douce ; la gorge nouée, mais les mots empreints de sincérité. Les phalanges glissent contre la chevelure de l’astre éteint, elle le caresse, elle essaie de manifester sa présence par tous les moyens. – Et moi aussi, j’suis là. On ne te laissera pas seul, Wes, je te le jure, je te jure que non. elle promet, elle jure, elle ferait tout ; tout pour qu’il y croit. Tout pour qu’il perçoive qu’ils sont là,
qu’ils seront toujours là.