and they lived happily ever after (troy)

and they lived happily ever after;
@troy hodgkin

il réside dans le décor une sensation de déjà vu. elle croise son propre regard qui se reflète dans la vitre d’une voiture stationnée devant un grand immeuble de murray hill. ses doigts secouent légèrement ses cheveux redevenus bruns. elle pincent d’un mouvement rapide ses lèvres déjà teintées de rouge carmin. une ultime vérification se persuade-t-elle. (elle vérifiera de nouveau une vingtaine de fois au cours de la soirée)

rien ne change jamais vraiment. elle surfe difficilement sur une vague de nostalgie à chaque fois qu’elle revient ici. pourtant, la dernière fois qu’elle était là sur ce trottoir usé par le temps, par tous les pas des passants, ne remonte pas à si loin. elle était passée en coup de vent, entre deux avions au début de l’été avant que l’appartement 7504 soit abandonné au profit d’un soleil d’ailleurs, plus radieux que l’on préfère souvent au ciel bleu étouffant de la grosse pomme.

rien ne change jamais vraiment. la première fois qu’elle était venue ici, c’était un mercredi. elle avait eu le ventre noué inquiète de rencontrer la famille de son amoureux de l’époque. après tout, elle ne le connaissait pas si bien que ça troy mais il avait insisté pour qu’elle vienne à ce dîner auquel il n’avait plus envie de s’ennuyer. peut-être qu'il avait vu l’évidence qui ne cessa de les guider jusqu’à los angeles, terminus de leur romance, avant elle.

rien ne change jamais vraiment. sept ans plus tard, la voici au même endroit. on est mercredi et clementine est attendue pour vingt heures. (sa montre affiche vingt heures vingt) elle n’est pas en avance mais cela n’avait pas d’importance. aujourd’hui, elle était en terrain conquis. elle était devenue la gamine que l’on attend parce qu’elle a toujours une urgence de dernière minute. on pourrait lui en vouloir, on pourrait lui reprocher son manque de ponctualité mais dès qu’on l’aperçoit sourire, rien n’a plus d’importance.

ses talons claquent sur le marbre du hall, son corps se laisse entraîner par les forces de l’ascenseur en mouvement. la porte s’ouvre laissant apparaître le visage doux d’alice, la mère de troy. clementine est excitée, à piétiner sur place. « et bonsoir » les bras s’ouvrent pour capturer tout l’amour qui se diffuse autour d’elle avant de venir enlacer mrs. hodgkin (senior). le visage de clementine irradie de bonheur. elle est heureuse d’être là ce soir, de venir dîner chez les hodgkin.

lorsqu’elle s’était séparée de troy, clementine avait eu une très longue discussion avec alice. troy n’en a jamais rien su d’ailleurs. personne n’aurait déversé ses inquiétudes et angoisses à sa belle-mère (qui était en passe de ne plus l’être) pourtant, elle n’a jamais su se séparer d’eux (pas plus de troy, non plus mais bon ça, personne n’en parle) et la raison est assez simple à comprendre pour vous, vu de l’extérieur. c’est que clementine a trouvé chez les hodgkin ce qu’elle n’a jamais trouvé au sein de sa propre famille : de la considération. quand elle était chez les hodgkin, elle n’avait rien d’autre à faire que d’être elle-même sans se soucier de savoir si cela allait être toujours assez. « comment va my favorite mother-in-love ? » « à merveille maintenant que tu es de retour » elle se laisse détaillée du regard, tournant sur elle-même telle une princesse. le sourire est déjà si présent sur son visage. tout en se dirigeant vers la cuisine, elle ôte sa veste légère laissant apparaître une robe longue au motif fleuri, un cache coeur cachant sa poitrine. on lui propose un verre de vin rouge qu’elle accepte sans se faire prier. alice la connaît par coeur, vraiment. « je suis si heureuse de vous voir » lance-t-elle en scrutant la cuisine dans laquelle se tenait en plus d’alice, deux cousines de troy, l’une de ses tantes et son oncle stanley qu’elle adorait. ils finissaient toujours par faire les clowns (ça commençait à dégénérer après le dessert, souvent après le verre de trop)