some truths we wish we could hide. (w/lais)

Mariés, heureux. Des enfants qui leur ressembleraient, une maison modeste mais chaleureuse. Voilà ce qu’ils auraient dû être. Lais devait être sa fin heureuse. Il avait déjà trouvé comment il la demanderait en mariage. Il avait imaginé mille et une fois leur premier appartement à deux, et la maison qu’ils achèteraient ensuite. À chaque fois qu’il pensait à son futur, Lais était là. Lais était celle qui ne le quittait jamais. Mais les choses ont changé. Leur histoire s’est brisée, et Kian ne sait plus imaginer son futur. Il vit jour après jour, parce que sa seule certitude s’est envolée avec elle. « Tu sais, ce n’est pas simple tous les jours… Comme pour tout le monde, mais je m’en sors. » Il acquiesce. Avant, Kian savait lire en elle comme dans un livre ouvert. Il savait deviner ses coups durs, comprendre quand elle allait mal, quand elle était triste, quand les larmes lui montaient aux yeux. Mais ça fait longtemps maintenant. Il la regarde, il essaie de savoir si elle est sincère, mais il a peur d’en tirer les mauvaises conclusions. Et pourtant. Le regard dans le vide alors qu’il lui propose son amitié, y’a un tas de souvenirs qui remontent. Ses lèvres contre les siennes, leurs doigts qui s’entremêlent, les sourires, les larmes, les silences, les confidences. Il la revoit, dans chacune de ses émotions. Il se rappelle de sa voix tremblante d’émotion, de la manière si subtile dont elle cachait ses larmes. Et quand il repose son regard sur elle, il a l’impression de la sentir triste. « J’aimerais qu’on se retrouve, moi aussi. » Sa voix est fragile. Il ne sait pas pourquoi. À vrai dire, il a peur de comprendre. Il se dit que c’est à cause de tout ce qu’elle traverse. Son regard brille, ses pupilles ont l’air perdues. « Mais, tu… tu veux ? » Une nouvelle fois, il acquiesce. Et il reste silencieux. Pris de cours. Comment est-ce qu’il doit la réconforter maintenant ? Comment on fait pour être amis toi et moi, Lais ? J’ai peur de ne pas savoir. Ou peut-être qu’il a peur de ne pas vouloir. Mais comment interpréter les sentiments qui s’emmêlent à l’intérieur de lui ? Comment pourrait-il comprendre qu’amis est une réalité qui ne leur conviendrait sans doute pas ? Il a le coeur qui bat plus fort Kian, il est hésitant. Mais il prend son courage à deux mains et il se lève, quitte son canapé. Doucement, il s’approche de Lais. Et comme au ralenti, il enroule ses bras autour de sa taille pour la serrer contre lui. « J’avais peur de ne plus savoir lire ta tristesse. » J’avais peur de ne plus savoir te retrouver.

Leurs corps qui se retrouvent, comme deux pièces d’un puzzle. Comme une évidence. Kian ferme les yeux, les bras enroulés autour de Lais. Il essaie de capter sa tristesse, de la lui prendre, de la consoler. Il retrouve aussi un tas de sentiments qu’il avait oubliés. Il retrouve l’odeur de son parfum, la chaleur de son corps, et cette alchimie qui les liera à jamais. Il est nostalgique Kian. Nostalgique de leur amour. Il aurait tant voulu que les choses se déroulent autrement. Et là, contre son corps, il se demande ce que ça leur coûterait de se retrouver. Mais il ne trouve pas de réponse, parce qu’il n’y a aucune réponse à cette question. Se retrouver ne leur coûterait rien. Peut-être un peu de courage. Le courage de faire le premier pas. Quant à savoir si cela serait une bonne idée, c’est autre chose. Je n’ai pas envie de faire n’importe quoi avec toi Lais. Mais est-ce que ça serait réellement n’importe quoi ? Que tu sois à nouveau toi, que je sois à nouveau moi, qu’on soit à nouveau nous. Il a du mal à démêler le vrai du faux, le bien du mal. L’amour ou l’amitié. Les paupières toujours closes, Kian se concentre sur son coeur. Il veut oublier la raison, lui qui ne fonctionne que de manière raisonnée. Pour une fois, il veut écouter son coeur. Suivre ses sentiments, sa volonté. Oublier le monde et ne penser qu’à lui. Et quand il pense à lui, c’est eux qu’il voit. Leur rencontre, l’alchimie des cours de théâtre, leur premier baiser. Il repense à toutes ces belles choses qu’il avait imaginé pour eux, cette vie qu’il aurait voulu partager avec elle. Son coeur se met à battre plus fort, à battre plus vite. Finalement, il ouvre les yeux. Et il s'éloigne de leur étreinte, juste un peu. Juste assez pour pouvoir attraper le visage de Lais entre ses mains. Ses larmes ont légèrement humidifié sa chemise. Et elles coulent encore. Alors, tendrement, Kian les essuie de ses pouces. « Je suis là. » On est là. Toi et moi. Il a les lèvres qui brûlent, Kian. Les lèvres qui brûlent d’envie d’attraper celles de Lais. Et sans même le réaliser, son visage s’approche doucement du sien. Il sent son souffle sur sa peau, et son coeur s’accélère de plus belle. Il reste là, à quelques centimètres de ses lèvres. Il reste là, comme pour lui laisser la chance de l’arrêter si elle n’a pas envie qu’il aille plus loin.