c’est comme perdre un bout de soi-même.
c’est comme perdre la tête.
c’est comme se prendre une balle dans l’artère aorte.
c’est comme mixer tout ça et faire un cocktail explosif.
ses grands yeux flous.
ses longs cheveux fous.
perdus.
les seuls moments où il la revoit, c’est en rêve.
la femme de sa vie, il en est persuadé.
parce qu’elle ne peut être rien d’autre, fantôme du passé, n’est-ce pas ?
il ne sait pas qui elle est, mais n’a de cesse de la rechercher.
elle n’existe pas vraiment, le visage brouillé, les cheveux blonds comme seule piste.
la douceur de sa voix – un peu criarde pourtant – et le son de ses pleurs qui se répercute comme un écho d’une souffrance oubliée.
il se réveille en sueur, désorienté. il se réveille, hanté.
il fouille la pièce du regard, s’arrête sur des meubles qu’il connaît par cœur – de les avoir si souvent dévisagés.
il repousse les draps, se passe une main dans les cheveux – mouillés – et sort un cigare d’une boîte à quelques pas de là. ses jambes tremblent. ses mains sont pires.
le même rêve… depuis combien déjà ? dix-sept ans.
et le trou noir avant ses sept ans.
comme s’il ne s’était rien passé… et maman qui refuse d’en parler…
le cigare se consume lentement, et le calme revient dans le palpitant.
sly ne s’en sort pas si mal : la vue idyllique sur le queens, perché dans un appartement très – trop haut – pour admirer les insectes qui bougent en contrebas. la légalité, ça ne paie pas.
l’illégalité est bien plus apte à offrir des richesses inatteignables.
les sons of the harpy – le gang de bikers qui a accueilli sly à ses quinze ans – le considère comme leur chef. sly n’a jamais rien fait pour le mériter, et sly n’a de cesse de réprouver ce rôle qui ne lui sied guerre.
parce que lui, ce qu’il aime – sans être une petite main – c’est toucher à tout. c’est revendre des armes en négociant pour qu’elles soient achetées au double ou au triple de leur prix – sous la menace évidente d’un couteau placardé sous la jugulaire. c’est filer des petites sachets d’héroïne dans les fêtes des adolescents et d’attendre – en jubilant – le moment où tout partira en sucette. c’est aussi se faire un petit rail – et se défoncer le nez – en attendant le moment propice.
c’est surtout trouver des filles qui voudront bien donner de leur personne pour satisfaire le gang… et des clients plus généreux. des clients qui paient un peu.
sly, il aurait pu être quelqu’un de bien. un avocat qui fait des études de droit, qui défend la veuve et l’orphelin… ou l’espèce d’enfoiré qui préfère prendre la défense du condamné.
sly, il aurait pu avoir une vie bien rangée.
il s’imagine toujours avec une maison, une femme et deux enfants : un garçon et une fille. mais sly, il est trop jeune pour ça. et sly, il préfère vivre sa vie à fond. sly, voler des trucs, se rouler dans l’illégalité, y’a que ça qui le fait kiffer. et combien même il a essayé de s’en détourner, il revient toujours dans sa zone de confort. dans sa zone de réconfort.
il regarde la ville en contrebas, sly. la vie qui grouille, les êtres éméchés ou passablement défoncés. les filles faciles qui bougent des hanches et qui roucoulent trop fort, en attendant d’être tringlées.
il regarde la ville en contrebas, sly. et il rêve grand.
il refuse d’assumer le rôle de père pour tous ces enfants qui font partie du gang.
sons of the harpy… ça pourrait bien être lui, la harpie. mais il a trop peur, le roi fou, de se laisser aller à ses délires. de perdre la tête sur un chantier et de voir s’étendre un par un les soldats vaillants qu’il aime tant.
alors il se rêve suzerain dans le haut de sa tour ivoirine qui frôle les nuages et les étoiles. il s’imagine au-dessus de tous ces gens à la vie bien rangée et bien ordonnée, ne trouvant son plaisir et son extase que dans le chaos.
que dans l’anarchie.
un jour, il aimerait bien sly… être le roi du queens.
être le roi de new-york.
et finalement prendre le pouvoir de l’amérique toute entière.
une amérique-chaos, la mère déesse éris félicitant son petit préféré, son petit protégé, d’un baiser prolongé. un baiser qui l’amènera jusqu’aux portes du tartare, roi devenu déité.
sly rêve trop grand.
sly ne se donne pas assez de moyens.
sly n’est qu’un pseudonyme… sly amor n’existe pas et n’existera jamais que par les autres. un ange déchu se nourrissant du blasphème, se nourrissant de l’extrême. les jointures de ses mains défoncées et rougies, sans doute plus d’une fois cassées. les combats qui s’additionnent, devant un bar ou dans une arène…
le dos scarifié plus d’une fois par la lame d’un rasoir, ange déchu souhaitant récupérer ses ailes… ange déchu se nimbant dans la folie humaine.
chaos is a ladder.
infos en vrac : sly adore les cigares cubains ; c'est la seule merde légale qu'il glisse entre ses lèvres.
† il lui arrive souvent de consommer ce qu'il vend ; pas l'intégralité mais une petite partie pour avoir un peu de fun. pour oublier les cauchemars.
† depuis qu'il a perdu tous ses souvenirs avant ses sept ans, il est devenu plus ou moins fou ; il est très bon en stratégie mais perd vite le fil de ses pensées dans des ronchonnements incohérents.
† il est addict à la douleur. il a besoin de se prendre les coups et d'en donner ; sadique et masochiste, savant mélange, cocktail molotov.
† il s'entraîne beaucoup à la salle de sport.
† il lui arrive de provoquer les clients de la boîte de nuit dans laquelle il gère la population pour que se déclenche une bagarre... et s'est déjà fait réprimander plusieurs fois par son boss.
† il refuse de prendre le lead des
sons of the harpy mais prend la plupart des décisions et gère ses pions. le but de tout ça : prendre possession du queens et s'étendre. il cultive ses relations soigneusement, doux comme agneau pour mieux demander une contrepartie.
† il est d'une violence rare. quand les chaînes tombent dans un cliquetis métallique au sol, c'est la bête qui prend possession de son palpitant et de ses muscles... et il ne s'arrête que quand son adversaire ne bouge plus. mais il en faut vraiment énormément à sly pour perdre les pédales.
† malgré tous les vices qui régentent sa vie, sly est quelqu'un de très pieu et se rend régulièrement à l'église... incapable de vivre sans danger, il tient néanmoins à se faire absoudre de tous ses péchés.
† il vit assez mal son célibat mais ne parvient pas à trouver la femme qui le hante depuis des années, celle qui est fait pour lui ; il en est persuadé.