I guess it's just what I must do. (sera)

Don't, don't you want me?
You know I can't believe it when I hear that you won't see me -- the human league

Il était dans son élément. Il ne se sentait que lui-même dans cet environnement bruyant, pressé, chaotique et sans pitié. Troy intervenait peu, le nez rivé sur son téléphone, il donnait quelques indications, laissant le reste du travail aux professionnels. Après un shooting de plusieurs heures dans les rues du Queens, sa cliente venait de quitter le studio du photographe qui avait servi de point de ralliement. Il éludait les compliments envers cette talentueuse actrice de théâtre qui venait de décrocher grâce à lui son premier rôle d’envergure sur les planches de Broadway. En revanche, il accueillit avec plaisir les éloges autour de son travail. Il excellait pour diriger les projecteurs en direction de ses protégés, mais s’il pouvait capter un peu de lumière au passage…
Les derniers arrangements avec le photographe réalisés, le jeune homme n’avait a priori plus aucune raison de se trainer dans le studio. Mais son regard depuis un moment avait capté la présence de Sera. Dans le cadre professionnel, il ne s’était pas privé de quelques regards en coin et de remarques bien placées à l’égard de la jeune femme. Quand il avait été question de choisir quel staff il voulait sur ce shooting, Hodgkin n’avait pas hésité deux secondes avant de proposer le nom de sa maquilleuse fétiche. Troy se plaisait à user et abuser de son langage autoritaire d’agent star et il n’avait pas manqué ses soupirs et ses coups d’œil exaspérés. Il en jubilait. Il rangea donc finalement son portable, tira sur sa chemise pour l’ajuster et il s’approcha de Cohen, qui était sagement en train de ranger son matériel. D’un geste vif il attrapa un pinceau qu’elle s’apprêtait à attraper sans doute pour le ranger. Il le faisait tourner dans sa main et il vint comme épousseter le bout du nez de sa jolie victime. Estimant avoir suffisamment joué, il tendit ledit pinceau à Sera avant de lui sourire. « Joli travail. » Il fut une époque où leurs rencontres pros avaient quelque chose d’un peu plus stimulant sans doute. Mais le choix était judicieux et sans doute mature. « Je n’ai aucune prétention à vouloir t’apprendre ton métier, mais j’ai quelques observations quand même. » expliqua-t-il avec une arrogance toute à lui qui n’échapperait pas à irriter les nerfs de la jeune femme. Il n’avait pas vraiment quelque chose à dire sur son travail. Il n’y connaissait de toute manière pas grand-chose. Mais le plaisir de lui faire une remarque n’avait pas de prix. « Je trouve les joues un peu trop marquées, le choix de la couleur du rouge à lèvres je ne suis pas conquis non plus. » Il n’arrivait même pas à réfléchir à quelque chose à redire mais voir les iris de Sera le fusiller suffisait à son plaisir. « Peut-être qu’on pourrait en discuter plus longuement autour d’un verre ? » En toute amitié. Leur décision n’empêchait en rien de se fréquenter. En tout cas, lui le voyait ainsi et il n’avait aucune intention de se passer de leurs petits moments privilégiés.