douce obscurité ft misha

sales ombres des rues. de chaque recoin. elles éclaboussent.
sur les murs, par murmures.
des salopes et des ordures.
ombres qui raclent. comme des délicieux oracles. prédiction d'un sale avenir, y'a rien d'autre à faire que d’vous maudire. la promesse silencieuse. ce sera lui et toi. rien d'autre que ça. à vous pourrir parce que dans l’meilleur il y a souvent l’pire. c'est là que vous vous situez. c'est là que vous vous consumez. mois après mois. « l’marquee » comme territoire. chez lui y'a ton chez toi. t'es capable d’le foutre à genoux ce beau roi. vous façonnez vos effrois. sans aucune émotion. en totale déraison.
déjà le crépuscule, l'idée d’son retour qui te fout sur les rotules. soleil tacheté, anesthésié, prémisses d'une nuit voilée. à tes côtés, sera bientôt ce foutu damné. au loin les pieds traînassent, l'corps à la liberté vorace. trop d'années arrachées, chronos libérant les abysses du cosmos. sablier du temps arrêté, les bras du destin s'ouvrant pour libérer l'Hadès d’sa cellule dorée.
sur ses lippes la saveur de l'enfer sur terre.
sous ses paupières, les desseins d’vous foutre en l'air.
un pas. deux pas. trois pas. faut-il déjà signer le trépas ? faut-il déjà sonner le glas ? sale con. ce soir, t'es à moi. un pas. deux pas. et bientôt il est là. devant toi. la gueule enfarinée d'un trop plein d'années. d'un manque à crever. ça fait plus de mal que de bien, ça te fout des supplices en rafales. enfin. il est là ce putain de mâle. la tête haute, la sirène délicieusement hautaine.
les lèvres pourpres de la shérérazade,
déjà les notes de vos prochaines croisades.
en face, d’ton regard tu l'agaces. sans mot dire. tu prends ton temps, tu sacralises l'instant. dans son crâne tu le forces à en être malade, à morceler son myocarde grenade. « oh t’es déçue ? tu pensais à une de tes putes ? » tes doigts pourraient glisser sur son épiderme que tu devines déjà sucré. un effleurement. une suggestion. et pourtant tu n'en fais rien. misha ; t’es un putain d’poison. tu pourrais l’fracturer. d'un mot, d'une pensée. juste pour t'amuser.  juste pour l’torturer.
il devine la serpentine venimeuse prête à sur son corps se faire tortueuse.
prête à tirer les fils de sa psyché tumultueuse.
là. tu veux l’décimer, tu veux l’frapper, tu veux l’faire plier. la rose est belle mais la rose est piquante. sa voix tu la souhaites suppliante. ses iris tu les veux luxuriantes. d'un tout et d'un rien, de ces putains de demain neutralisés dans votre destin. morceaux de vies cadenassés, volés pour un sale coup mal placé. sa carcasse prisonnière, pour ça tu lui promets de déchaîner cerbère. mia. mia et misha. misha. misha. comme une foutue herpès. y'a rien de glamour entre lui et toi, y'a rien de romantique.
l'envie que brutalement il te nique.
de le surplomber, de l'faire chialer cet éphèbe déglingué.
« sers moi à boire, j’suis trop sobre pour t’supporter. » t’as débarqué dans sa vie, toi et ton âme endolori. comme si t’aimais les blessures abstraites qu’il dégage, comme si t’pouvais pas t’passer d’ses vices, l’attirance permanente qui vous oblige à revenir, à vous salir parce que ce sera jamais beau quand il s’agit de vous deux. ce sera jamais doux. déverser le chaos, détruire tout c’qui passe entre vos mains, alimenter les maux, les peines, les nuits noires. y’a que ça pour vous faire vibrer, pour vous donner l’envie d’exister.

les injures silencieuses pleuvent sous la carcasse métallique d’la terasse. en silence, presque rance. à l'intérieur vos dépouilles se rouillent. dans des regards réprouvés. tu sais qu'il va aboyer. « va chier mia, j’suis pas ton putain de valet. si t’as soif, les chiottes c’est par là. » joute verbale incessante, l’combat persistant, les mots piquent et viennent déverser l’poison un peu plus à chaque fois. sans se lasser d’crever à petit feu. souillure dans l’sourire du séraphin. miettes de vos colères célestes. qui restent. qui protestent. qui se manifestent. et dans ce beau chaos tu te dis qu'il n'en est que plus beau.
avec sa gueule de (con)damné.
avec ses traits bafoués d'une envie désastreuse à peine consumée.
alors tu t’avances, près. trop près au point d’y sentir son parfum musqué. et l'fonctionnement normal d’ta respiration se court-circuite, disjonctant brutalement pour ne laisser qu’un vide momentané. sourire esquissé vite ouvert sur un rire sonnant la plus mauvaise des surprises. « c’est qu’il est bougon c’soir. qu’est-ce qui se passe ? t’as apprit qu’tes morpions commençaient à t’grignoter les rebords de ton bocal déjà bien fêlé ? » la jambe qui frôle la sienne suffit à éveiller tes sens, d’un coup ça pulse plus fort dans la poitrine, t’as l’corps qui subit sa présence, t’as l’corps qui fait taire la raison.
parce qu’avec lui tout est différent. y'a ce truc au fond d’ton palpitant qui gratte. comme des souvenirs latents. combien d’temps ça prend, pour écailler des épines d'attachement ? tu ne sais pas, certainement que tu ne devrais pas. boulimie furieuse de ce chaos entre vous incapable de se foutre en veilleuse. l’corps en sueur la nuit lorsqu'il te sublime dans tes ardeurs chimériques. la peau moite et pourtant la souveraine elle garde la démarche droite.
pas de vacillement, de vous tu ne rêves que ce soit qu'un simple jeu d'enfant.
capable de le balancer au vent, apte à n'en faire qu'un amusement.
pourtant, salement ça t’prend. ça t’pourfend. lentement. doucement. suffisamment, être dépendant. « ta gueule c'est comme une porte, à défaut de la fermer on peut toujours la claquer. » et elle aimerait tellement te mettre à terre misha, te voir vaciller comme personne n’a jamais su l’faire. que tu perdes le contrôle pour une fois, que toi aussi, ton corps ne réponde plus de rien, que ta tête devienne un beau bordel dans lequel t’as continuellement envie de danser. jusqu'à la pointe de tes doigts pique l'envie d'un pêché qu'tu t'interdis, la jambe tressaute dans un tic nerveux, tic-tac avant le grand boum, ombre d'insolence au coin des lèvres. qu'est-ce qui s'passe, putain ?
tu délies tes doigts pour les laisser flirter avec son verre coupable des plus ignobles péchés, sillonnant son visage d’apollon bousillé de tes yeux scalpels acérés. lame invisible effleurant la peau déjà tachée des stigmates du temps. tu le resserres. une autre excuse sur la longue liste que vous allez sans doute ressortir si b'soin. vodka.
la gorge qui brûle, tu devrais te l’esquinter plus fort pour t’empêcher de trop parler.
exploser tes billes pour t’obliger à ne plus trop l’regarder.
enfants d'carnage, vous ne pouvez créer qu'ça. alors tu t'approches, mia. tes yeux dévorent ses traits, ton nez s'imprègne d'son odeur sucré. les lèvres qui feintent un baiser, sans le toucher, pour mieux lui glisser à l'oreille « j’veux jouer. action ou vérité misha ? » un petit sourire. tu le sais charmeur d'serpents. pyroman, joueur d'flammes. la lyre des paroles envenimées s'faufilent dans les interstices des plaies encore ouvertes. vous vous battez à mots nus, dénudés de tout faux-semblants, pourtant, sans jamais dire le vrai.
il faut que t'sortes, misha. il faut qu'tu partes.
déjà tu me flingues sous la mitraille d'ton regard noir.
déjà j'rêve de grands bains de sensations,
d'croisades où ton corps fini entre mes mains.

tu ne le touches pas. pas encore. abîme d'un corps à corps.
déjà, tu le veux mort. de toi.
du bout de tes seins durcis. de tes mains impies.
de ta désinvolture meurtrière. de tes traits qui le foutent en l'air.
là. les racines de sa terre.
alchimie salvatrice. dévastatrice. misha cet aphrodisiaque envoûtant, percutant. l’sang qui boue dans les veines, l’mafieux remue corps et âmes pour tous les chambouler. c’est qu’un passe temps qui sait comment t’faire tourner la tête. c’est ce jouet dont tu ne te lasse pas mia, cette sucrerie qui donne l’eau à la bouche. c’est tout. t’es qu’ça et rien d’autres, tu seras jamais plus parce que tu vaux que dalle misha. pièce rouillée qui s’est coincée dans ton système. t’veux le réduire à ce rien, à ce pas grand chose pour limiter les dégâts, pour apaiser la réalité acerbe qui dégouline de tout tes pores nécrosés. cette vérité moche à regarder parce que y’a rien d’beau chez vous, tout est en miettes, en cendres et vous déguster la poussière toxique aveuglement.
t’as pas envie d’assumer. d’avouer. d’te damner à force de trop l’regarder.
« merde, t’as plus que ça en stock ? »  trop fière emerson, trop orgueilleuse, la superbe entachée par son défi silencieux. l'verre saisi entre tes doigts d'rapace, l’pas reculant, recouvrant la distance de sécurité. la comédie n'est pas pour toi. tu ne t'embarrasse pas d'un jeu d’théâtre, avale une lampée de ton amère liqueur avant d'reprendre, le timbre rauque, l'envie frémissant au fond d'tes puits opalescents. « j’sais jamais si t’as l’cerveau atrophié année après année ou si c’est inné chez toi, alors j’vise toujours bas. »
serpentine qui mord. qui le tord.
acerbe ta gerbe. acerbe le verbe.
tu le défis d’riposter. promesse de lui nuire. salement. durement. « action. mais si tu m’fais sauter du toit, j’t’embarque avec moi. » d’un rire rauque, la vibration pour provoquer l’implosion.
ta présence qui s’impose, plus que celle que tu prends sur la terrasse,
le pouce qui se pose, là où déjà ça racle, la pression de ta pulpe partant du coin d’ta bouche pour passer sans douceur sur ta charnue inférieure. « et tu crois que ça m’arrêteras ? » tu l'sais non, misha ? t'sais que je t’abîmerais ? que je lacérerai ta chaire. que je brûlerai ta peau. que je boufferai le reste de ton âme, et que je danserai avec ton cadavre ? on ne se dira jamais au revoir, parce que je serai toujours là. au fond de tes entrailles. connard. il le sait, parmi les ombres et les ruines, il n'est pas seul dans son putain d’linceul. dans c’truc qui l'enterre, là quelque part à mille lieu sous terre. t'es là. faut-il que tu souilles ses draps, que tu enivres ses bras pour qu'il comprenne que sur lui t'es seule souveraine ? la reine des limbes à ses côtés. comme deux êtres déglingués. « viens. »
les opales qui se croisent, mia, c'est comme si dans le creux d’ses prunelles tu y retrouvais les innombrables brûlures d’tes sentiments délétères. l’bassin qui chaloupent sous l’œil hagard des mâles ce soir. et tu l’entraînes en enfer, ou seulement dans les toilettes. hades et persephone personnifié.
qui s’retrouvent, s’réaniment pour embraser dans les cendres leur âme absente,
qui s’empoisonnent dans la vapeur toxique de leurs sentiments haletants,
là où tout se passe de mots, là où les maux font défaut.
la porte des enfers se ferme, et la serpentine sort l’pochon d'farine.
y a ton sourire qui veut tout dire.
on s’attend toujours en bas, toi et moi,
dans l’gouffre macabre de nos émois détestables.