Let's try together - Lhoas

Un soupir long et soulagé, une montée de stresse, différente des autres, alors qu’il s’éloignait doucement. La porte allait s’ouvrir devant lui, ces quelques barreaux se dissiper pour ne plus jamais revenir. Liberté. C’est le seul mot qui lui venait à l’esprit depuis la veille. L’angoisse l’avait envahi, sa sortie ils la préparaient tous depuis un mois. Les papiers, les avocats, les signatures… s’engager dans ce programme de réinsertion c’était se préoccuper de lui. Vouloir repartir avec quelque chose. En réalité, c’était surtout sa monnaie d’échange pour sortir plus tôt. « Bonne conduite. » lui avait-on dit avant de lui parler de cet avenir un peu flou. Il n’avait pas vraiment le choix, mais c’était toujours mieux que rester. « Alors tu sors mon mignon ? » il aimait encore en rire, le regarder de ce regard salace que Jeyden détestait. Il ne l’avait plus touché depuis deux ans, mais il ne cessait jamais de le provoquer par fierté. De se moquer de lui quand il le pouvait et qu’il était seul. Il serait encore les dents, l’ignorait parce-que ce type lui avait surement gâché sa vie. Une semaine à tenir, sans prendre le risque de tout faire foirer avant sa sortie. Les provocations allaient de bon train, c’était les autres qui s’en mêlaient, eux qui se jetaient dans les bagarres à sa place. Pour le défendre, parce qu’ils étaient frère ensembles, derrière ces murs. Dehors aussi peut-être, souvent il se demandait s’ils les reverraient. Mais il n’était pas le genre de type à faire des sentiments. De simple accolade, ils s’étaient compris. Soufflant légèrement derrière ses lèvres, il inspire observe la grille s’ouvrir. « Jang Jeyden c’est ça ? Tiens voilà tes affaires. » Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas vu ce tee-shirt, encore moins ce bracelet qu’il aimait porter. Ça lui aurait presque fait chaud au cœur si il ne lui avait pas rappelé cette nuit-là. « On se sent comment ? » ça devait les faire rire eux. Ces gardiens qui avaient l’habitude de voir des détenus comme lui, flipper ou alors trop fier. Il n’avait rien dit se contentant d’un regard qui en disait long. Pour la première fois depuis trois ans il enfilait des vêtements. Autre chose de différent. Mais il n’avait aucun respect pour l’homme qu’il voyait dans ce miroir. Il ne se reconnaissait pas, ne savait plus vraiment qui il était. Les années étaient passées, bien trop douloureuses. Seulement trois ans… mais c’est beaucoup quand on est jeune. Quand on a la tête pleine de fougue et une soif de liberté comme la sienne. Au final, aucun de ses vieux amis ne sera venus. C’était Lhoas, son frère d’arme, celui qu’il avait rencontré ici qui l’attendrait. Parce qu’ils se l’étaient promis, et parce qu’il savait qu’il pouvait avoir confiance en lui. Formalités terminées, c’était enfin par la grande porte qu’il sortirait. Celle qui s’ouvrait sous ses yeux, laissant apparaitre une vie presque normale autour de lui. Mais il avait peine à croire qu’il était dehors. Que la porte se refermait, en le laissant là. C’est finis… pensa-t-il. Sans aucune émotion, ni même un sourire. Ça tambourinait dans sa poitrine, quand il aperçut cette silhouette qu’il reconnaissait. Six mois qu’il était sorti de là… mais il ne l’avait pas oublié. S’approchant doucement, il se sent brusquement perdu. Comme un pauvre égaré… « Lhoas… » c’est presque solennelle. Si il était sentimental il se serait jeté dans ses bras. Mais finalement il se contente de ce sourire. Le plus sincère qu’il avait à offrir depuis trois ans.