quel accueil / morgan

ce matin, toi-même tu ne sais pas ce qui t'arrive. d'habitude tu traînes le plus longtemps possible au lit, véritable phoque échoué, baillant à t'en décrocher la mâchoire, repoussant l'inévitable jusqu'au dernier moment. il doit être huit heures du matin quand tes paupières s'ouvrent pour la première fois. — no way. tu commences à bosser seulement plus tard dans la matinée, ton réveil ne doit pas gueuler avant dix heures. sauf que ton cerveau, dans un éclair de lucidité trop rare, décide que tu ne dormiras plus. alors tu as beau te retourner, enfouir ton visage sous ton oreiller, pester contre le monde entier, aucun moyen de retourner dans les bras de morphée. t'hésites à allumer un joint, t'es sûr que les vapeurs te feront somnoler. mais avant une longue de journée de boulot, c'est pas vraiment une bonne idée. alors après une demi-heure de cogitations et de grognements, tu décides finalement de traîner ta carcasse jusqu'à la salle de bain. rien de tel qu'une douche bien chaude pour te réveiller. pour obliger tes neurones à se connecter. tu ne comptes pas le temps qui file, sans emprise sur toi, tandis que tu paresses sous le jet d'eau. t'as même l'impression qu'avec un peu de persévérance, tu pourrais t'endormir sur place. imbécile. finalement tu ressors, uniquement vêtu d'un linge autour de la taille. et là, tu tombes sur un type, dans ton salon. enfin, dans le salon de la colocation. fronçant un sourcil, tu t'arrêtes, un peu interdit. — salut. ah oui, binky t'en a parlé, d'un nouveau colocataire. et comme d'habitude, tu l'as sûrement écouté de manière abstraite, d'une seule oreille. il doit te prendre pour un crétin, avec ton linge autour de la taille, les cheveux encore mouillés. mais t'es pas connu pour ta pudeur, ni pour ta délicatesse. — ah, c'est aujourd'hui, j'avais oublié. moi c'est hakim. t'esquisses un semblant de sourire, ne sachant trop comment réagir face à cet inconnu. qui au passage, est plus âgé que toi, et qui, au passage, tu trouves un air ... méchant ? toi et la première impression, une véritable histoire d'amour.

@morgan mendoza

tu trouves la situation un peu étrange, parce que le bonhomme a l'air de s'être réveillé plutôt récemment. et que sa tenue ressemble plus à un pyjama qu'à des habits de ville. mais après tout qui t'es pour juger le style vestimentaire des autres ? toi qui oses parfois quelques folies, quelques accords osés. et à sa réponse, tu comprends que t'es un boulet, parce trop souvent t'as le cerveau en mode off. quatre jours ? quatre jours qu'il a emménagé dans la colocation, et t'avais même pas capté ? une mèche que tu tortilles nerveusement, ne sachant comment cacher ta gêne. — binky a dû me le dire, mais vu que j'étais un peu en galère ces jours ... désolé. t'hausses les épaules, après tout t'as pas mal bossé ces derniers temps, enchaînant bien trop souvent avec des soirées improvisées. et ce nouvel arrivant n'a qu'à s'habituer à toi, à tes oublis, parfois involontaires, parfois nettement moins. — du coup, enchanté. et bienvenue. signe de la main, esquisse de sourire. t'es pas spécialement chaleureux aux premiers abords, ta confiance se mérite, ton amitié se gagne. et pourtant l'instant t'ignores tout de cet homme. mais t'es prêt à lui laisser une ouverture, une chance. — seulement à onze heures. je bosse au starbucks. tu te dévoiles, un peu seulement. vous aurez le temps de discuter lors des soirées à l'appartement, avec les autres. — un café ? parce que t'as absolument besoin d'un peu de caféine pour réellement émerger. alors sans gêne, toujours à moitié à poil, t'allumes la machine, attrapant déjà une tasse le temps que ça chauffe. — alors, ton programme pour la journée ? parce que toi aussi, tu veux en découvrir un peu plus sur lui. après tout si ça fait quatre jours qu'il est là, tu dois te rattraper.

@morgan mendoza

malgré son aspect de bad boy, tu trouves morgan d'une politesse étonnante. toi le gars un peu vulgaire de base, ayant passé ton enfance avec les grands du quartier, à jurer, à insulter, ça te fait bizarre. parce que morgan, c'est le genre de gars que t'aurais pu côtoyer justement. ou du moins c'est l'impression qu'il te donne à l'apparence. tu rigoles quand il te demande si tu fais les cafés aussi bien qu'au starbucks. — pas vraiment, je préfère le café noir. sans crème, sans sucre, sans sirops ni autres ajouts. mais ce ne sont que tes goûts. sauf qu'au dessus de la machine à café, il y a tout un tas de trucs que t'as piqué en secret au boulot. — mais il y a moyen. tu veux quoi ? quelques bouteilles de sirops alignées, des arômes, tu peux lui préparer pas mal de trucs qu'il pourrait te commander quand t'es au boulot. allumant la machine, qui permet néanmoins de faire de la mousse de lait, tu t'appuies contre l'îlot central tandis que morgan te rejoint. tu souris quand il t'annonce la sieste. très bon plan. les siestes, c'est vie. d'ailleurs tu ne comptes plus le nombre de rendez-vous zappés à cause d'une putain de sieste inattendue, improvisée. — ah, et tu bosses où ? aller étudier le trajet, c'est bizarre. une simple visite sur google maps, et le tour est joué. mais ça c'est toi, avec ton côté désorganisé, à toujours tout faire au dernier moment. et en même temps t'es curieux, tu te demandes dans quoi il travaille. à première vue d'oeil ... tu n'en as aucune idée. — en plein centre, j'te montrerai. car la lumière verte vient de s'allumer, indiquant que la machine est prête. interrogeant morgan du regard, tu attends qu'il passe commande. c'est amusant, balancé comme ça.

@morgan mendoza