obscure clarté. (wes)

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{obscure clarté }
crédit/ tumblr ☾ w/@wes burkley

Tu s’rais pas là, Ella., il lui dit, comme une vérité indélébile ; l’assurance que sa vie n’est pas finie. Mais Ella, elle ne sait même plus pourquoi elle est encore là. Elle ignore elle-même ce qui la fait tenir debout, au-dessus de cet enfer abyssal, au-dessus de ces flammes qui n’attendent que de la consumer. Elle aurait pu finir cendrée mille fois, l’âme tourmentée. Elle aurait pu se laisser tomber, elle aurait pu vriller et, juste, choisir de se laisser chuter. Il y a peut-être un brin de lâcheté, qui l’en a empêchée ; un trop-plein de fierté mal assumé qui la pousse à refuser les avances de la faucheuse. Désirer son trépas, se laisser submerger à petits feux, c’est plus facile. Plus facile que trouver le courage de mettre brutalement fin à sa vie.
Moins culpabilisant, aussi.

Car il y a ceux qui l’aiment,
ceux qui arrivent encore, un peu, à croire en elle,
et parmi eux, le soutien le plus fidèle,
Wes.

Wes, Wes, Wes.

Trois lettres dorées ; gravées dans les fragments abîmés de son cœur. Plus brillantes que les écorchures qui refusent de cicatriser, elles brillent de tout cet amour guérisseur. Wes, il voit en elle ce que l’âme déchue a elle-même perdu de vue. Il voit en elle la vie qu’elle a perdu dans ses iris, celle qui se trouve encore seulement dans son myocarde maudit. Les mots qui la touchent, plus qu’elle ne veut le montrer, alors que la gamine cynique reprend de ce ton placide. – Et t’aurais peut-être des vrais clients dans ton magasin. Sans moi et mes dérives ; sans moi et mon agonie. Car elle n’a aucune idée de ce qu’elle a pu lui apporter d’autre, Ella. Il n’y a que sa carcasse vide qu’elle trimballe, le cœur léthargique, l’âme égarée dans les méandres de sa propre vie. Il n’y a qu’elle, fantôme vacillant, qui vient hanter la pauvre boutique vide et son propriétaire trop gentil. Rien à donner, rien à offrir, si ce n’est l’inconstance d’une existence en déséquilibre.

Mais il ne le voit pas, Wes,
il ne voit que la lumière,
peut-être seulement la sienne qui se reflète,
dans les rétines de l’âme damnée aux enfers.

Wes, il est empreint de cette lueur qui fait écho partout où il peut passer. Un astre solaire, venu de nulle part, au milieu de son obscurité. Il s’est sans doute égaré, il ne devrait pas s’y trouver. Mais il est là, Wes, il ne bouge pas. Il continue de voir, cet éclat, il continue d’y croire. Wes, son plus bel espoir. Même en plein désert, il serait capable de trouver l’eau invisible aux prunelles voilées par les démons qui la possèdent. C’est certainement pour cette raison qu’elle est venue le retrouver, lui, quand elle s’est sentie prisonnière de l’abîme. Au bord du précipice, elle trouve en lui cette âme chaleureuse, ce cœur sauveur qui l’enveloppe et la maintient en vie. Le sourire qu’il déclenche chez l’âme en détresse, le sourire qui semble lui faire autant de bien qu’à elle. – J’sais pas ce que j’ai fait pour avoir quelqu’un comme toi. Tendresse dans ses opales noires, Ella, elle le contemple avec dévotion ; doux alliage entre l’amour et l’admiration. Ses mots la bercent avec volupté, autant que ses iris apaisés.
Elle se sent, Ella, en sécurité.
Jusqu’à la faire parler ; avouer les envies de succomber,
la mort qui tente constamment de l’attirer.

C’est la première fois qu’Ella,
elle parle de ses envies de trépas.

L’ange à ses côtés, il n’est pas prêt à la lâcher. Elle a eu peur, l’espace de quelques secondes, d’avouer la vérité toujours voilée. Peur de laisser apparaître les désirs morbides, qu’ils deviennent trop pour lui. Trop durs à porter, trop dure, elle, à porter. Seulement il est là , Wes, digne de ses promesses. Quand il lui demande de fermer les yeux, elle marque un temps d’arrêt, mais s’exécute sans protester ; signe de la confiance accordée, chez celle qui ne se fie plus au monde tant redouté. Les paupières closes, la main contre les battements anarchiques d’un cœur à la dérive, la tourmentée tente de suivre les conseils inculqués par son ami. Féline en permanence sur le qui-vive, elle a du mal à se laisser aller. Pourtant, elle applique chacune de ses demandes, laissant peu à peu l’oxygène revenir dans son palpitant malmené. Peu à peu, elle sent l’angoisse s’échapper, lentement, encore fébrilement. – Merci… elle finit par murmurer, les paupières encore fermées, comme pour savourer la sérénité retrouvée. – J’oublierais pas. elle promet, rouvrant enfin ses pupilles pour plonger son encre dans la sienne. Elle le contemple, plusieurs secondes, ses phalanges toujours entremêlées aux siennes. – J’suis désolée Wes, je débarque comme ça… toi, t’es toujours là pour moi, alors que je te demande même pas comment tu vas… j’te prive même d’air frais. elle déclare, la voix coupable, mais moins encore que ses opales. – Toi, comment tu vas ?

Et le besoin d’être là pour lui,
pour toutes les fois où il l’a gardée en vie.

il est là. qu'elle n'en doute pas. qu'elle ne l'oublie pas. il est là, pour lui apporter un semblant de bonheur si c'est ce qu'elle cherche. peu importe que ce dit bonheur dure cinq petites minutes. au moins, il est là, au fond de ses entrailles et c'est tout ce qui compte à l'heure des choses.
il est là, et il aimerait qu'elle n'en doute plus. toutes les fois où elle passe devant cet endroit sans jamais oser passer plus loin que le lèche-vitrine. en cette fin de journée, elle n'a pas hésité et c'est sans doute ce qui compte à l'heure actuel. qu'elle soit là, juste là. wes rigole, est-ce nerveux ? un peu. au fond. il secoue la tête, refuse d'entendre ce genre de choses. des vrais clients ? peut-être, même s'ils sont loins depuis un long moment. mais même. être professionnel, ou avoir un coeur ? le choix de wes est rapidement fait, honnêtement. il préfère être là pour son amie, son amie qui a un regard si éteint et qui pourtant, en se concentrant, il est certain de récupérer une légère lueur d'âme. cette lumière blanche qui se fait aspirer par la noir, mais qui est quand même là finalement. t'as rien fait, justement. t'étais là, au début, et j'voyais que toi. et j'sais pas. j'suis là et j'ai pas envie d'être autre part. il est là oui, et il a vraiment envie d'être là pour elle. alors wes l'oblige. à fermer les yeux pour se concentrer sur cet exercice de respiration qui lui semble vraiment important. ça ne va peut-être pas fonctionner, mais c'était toujours la méthode de sa mère pour calmer les angoisses, au moins le temps d'un instant. il sent presque le coeur de la brune qui retrouve un certain battement, et ça le fait sourire de constater qu'elle prend vraiment les choses aux sérieux. il ne veut que son bien, ella est une personne bien trop belle, et wes ne sera jamais le grand méchant loup dans cette histoire.
et si elle a encore envie de mourir pendant un laps de temps trop important, wes tentera de l'empêcher. il n'est pas un super-héros, mais il sait une chose, c'est qu'il veut empêcher de la retrouver dans un cercueil. il s'le pardonnerait jamais, honnêtement, de la savoir morte sans avoir finalement pu la sauver. je t'en prie. il ouvre à nouveau les yeux, constatent que ceux d'ella sont encore fermés. sûrement qu'elle se laisse encore un laps de temps loin des démons, loin de la ville. jusqu'à ce que le regard qu'il croise devienne puissant. l'intensité de ce moment est grande, il se promet de le photographier pour ne jamais oublier ce souvenir. c'est pas grave, j'te jure. je fais des économies d'électricités. alors ça lui va, hein ? il peut pas s'empêcher de rire vraiment. il a besoin de détendre la situation, il a besoin de la revoir sourire.
mais elle lui pose cette fameuse question.
et wes perd son sourire. il comprend qu'elle est honnête. qu'elle ne fait pas les choses pour s'enlever un poids de ses épaules. alors, lui aussi l'est. et lui aussi ouvre la bouche après avoir soufflé un bon coup. pas très bien. il dit, en se grattant l'arrière de la nuque. c'est la merde un peu partout. j'me sens seul. mais ça va l'faire. il essaye de se convaincre. ses yeux ne quittant pas les siens.

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{obscure clarté }
crédit/ tumblr ☾ w/@wes burkley

Wes, il est là,
comme une vérité inéluctable,
comme une promesse qui se vérifie à chaque fois.
Elle pourrait passer le seuil de sa boutique cinq, vingt, cinquante fois. Il serait toujours là. À la manière d’une formule magique, formule chimique plus que physique : l’amitié est alchimique. Elle qui accorde si peu sa confiance aux autres, elle qui demande des années de relation avant de pouvoir se reposer sans crainte sur quelqu’un. Avec lui, elle n’en a pas eu besoin. Comme une évidence, Wes, il fait partie de sa vie. Et elle comprend, en l’écoutant, qu’elle fait un peu partie de la sienne, elle aussi. Les mots emplis de tendresse l’atteignent comme des caresses. Ils touchent son cœur fissuré ; sans le réparer, Wes, il l’embaume pour l’apaiser. Il la fait passer avant les autres clients de la boutique, il la pousse au rang d’une véritable amie. Doux sourire qu’il provoque sur les lèvres de l’abîmée, elle le contemple de ses prunelles chamboulées. – J’ai pas envie d’être autre part moi non plus. Autre part qu’ici ; autre part qu’avec lui. Elle tente de mémoriser ces paroles-là, Ella, elle tente de les graver dans sa mémoire. Se rappeler de le rejoindre tout de suite la prochaine fois. Sans plus hésiter, sans craindre de le déranger.

Il y a quelque chose en ce moment particulier,
qui est en train de se créer,
les deux âmes de se lier,
les deux cœurs de s’entremêler.

Par un miracle venu d’ailleurs, dont lui seul a le pouvoir, son ange gardien fait revenir en elle cette sérénité. Les battements anarchiques d’un myocarde éreinté commencent lentement à se calmer. Elle retrouve le souffle qui lui manquait, le souffle dont elle s’est elle-même privée. Plus que l’exercice proposé, elle le doit à la présence de l’homme qui se tient à ses côtés. Les démons repoussés loin, le plus loin possible dans son esprit torturé, la belle tourmentée se retrouve seule avec son allié. La reconnaissance dans le regard, la poupée fêlée ne met pas longtemps à le remercier. Et, rapidement aussi, à s’excuser. Elle a conscience de venir chambouler la tranquillité de son magasin, peut-être aussi les ventes qu’il pourrait y faire. Si gentil, Wes, si attentionné, il est focalisé sur elle bien plus que sur son métier. Elle ne mérite définitivement pas une personne comme lui dans sa vie. Mais il est là, toujours, il l’a promis. Le virtuose parvient même à effacer sa culpabilité d’un sourire. Les lippes étirées avec amusement, Ella, elle le contemple de ses prunelles éclairées ; une lueur venue éclipser l’obscurité. – T’es con… elle dit avec un petit rire, encore léger, quoique empreint de sincérité. L’âme plus apaisée, elle le fixe d’un peu plus près. Si noyée dans ses propres tourments, elle ne s’attendait pas à entendre qu’il pouvait lui-même avoir des soucis. Comme s’il était trop beau, trop lumineux, pour avoir le droit de souffrir. Wes, il ne devrait avoir que le meilleur de la vie. Savoir que ce n’est pas le cas, ça lui lacère un peu le cœur, à Ella. La gorge serrée, elle se sent démunie, devant la solitude qu’il peut éprouver. – T’es pas seul… t’es là, mais moi aussi, j’peux être là. elle le précise parce qu’il pourrait l’ignorer. Car c’est toujours lui qui l’a épaulée. Toujours lui qui l’a aimée. – T’es pas obligé d’être toujours aussi parfait, tu sais. Toi aussi, t’as le droit de pouvoir compter sur quelqu’un. et elle, elle est là. Elle sera toujours là. Parce qu’il lui est devenu trop indispensable.

relation douce, mais relation forte agréable. il tient à ella très, très fort. il n'a pas envie qu'il lui arrive quelque chose de mal, il n'a pas envie qu'elle s'effondre dans la douleur de la drogue. elle n'en a pas besoin. elle mérite cette seconde chance ; celle loin de toutes ses merdes. alors s'il peut vraiment le lui offrir, une fois tous les six mois, une fois quand elle, elle le veut, alors peu importe. wes est là, cette main solidement attachée à la sienne sans avoir peur une seule seconde qu'elle lui fasse un mauvais coup. c'est vrai que wes est de ceux qui veut sauver tout le monde, mais... certaines personnes sortent malgré tout du lot pour qu'il se concentre réellement sur ses âmes.
peut-être que wes devrait lui donner un double de ses clés. pas de la boutique, mais de son chez-lui. après tout, s'il vend vraiment la boutique, elle n'aurait plus aucun repère pour le retrouver. ils ont forcément passer ce stade là de l'amitié, non ? à ses yeux, si, en tout cas. et il n'est pas idiot. si ella ne tenait pas à wes, si ella jouait de lui, elle aurait profité de sa gentillesse. en lui demandant un peu d'argent. ou peu importe la méthode. les personnes qui possèdent un mauvais fond sont visibles à des kilomètres. et ella ? hormis être l'être le plus doux qu'il connait, briser par la violence du noir, il est certain qu'elle possède l'âme la plus brillante de toutes.
ella sourit. il est certain de n'avoir presque jamais vu ça ; un doux sourire sur son visage. il trouve ça beau, ainsi. de la voir presque détendue à ses côtés. ça le rassure ; lui montre que sa présence est quand même une belle chose. le compliment me touche. il se moque, rigole, joue de la situation encore et encore. c'est vrai qu'il est un peu con, mais bon sang ; elle sourit. vraiment. rien que pour ça, ça n'a définitivement aucun prix. il se sent heureux. ça fait bien longtemps que ce flottement léger ne traversait pas ses épaules pour rendre la vie moins lourde. alors, de un, je ne suis pas parfait. personne ne l'est. il est juste un peu trop gentil, sans savoir qui sont les véritables bonnes personnes qui méritent cette gentillesse. je sais que je peux compter sur toi ella, ne t'en fais pas. il se rapproche, embrasse son front, se permettant de le faire en sachant très bien qu'il ne dépassera probablement jamais la limite de cette relation si pure. si belle. wes se redresse, laissant son gilet sur les épaules de la belle. il faut que je ferme. j'ai un rendez-vous pour... mon amie. mais on se voit vite, d'accord ? et si jamais, t'as toujours mon numéro. même si elle ne s'en est jamais servi. un dernier sourire, et ils partant tous les deux dans des chemins différents. juste après la fermeture de son magasin. wes va bien, ella aussi, alors... il faut que ça reste ainsi.