Melancholia.

Chaque soir, Stella parle des envies qui donnent le vertige, de ses fureurs immobiles et de l'agonie des petits matins. Stella prend vie à travers ses gestes,

(...)

Stella a pris la route, et pour ma première nuit à terre, je me suis allongée sur l'herbe un peu mouillée, les yeux grands ouverts sur la nuit et ses longs bras de velours. Je suis restée longtemps comme ça, au milieu du vent qui hurle et des cœurs pleins de larmes. Stella est partout.

(...)

- Divna ?
- Hm ?
- Tu dors ?
- Oui.
- Hé ?
- Quoi ?
- T'as des seins tellement petits, que quand t'es comme ça, allongée sur le dos, on les voit presque plus.
- Je t'emmerde.
(...)
- Dis ?
- Quoi encore ?
- Elle te manque ?
- Qui ça ?
- Le pape.
- Bien sûr qu'elle me manque, elle est nulle ta question.
- Elle me manque tellement que je sais plus comment vivre. J'ai oublié tous les trucs basiques, l'autre jour, j'ai voulu faire des pâtes et je savais plus si je devais mettre l'eau avant ou après.
- Han, t'es con.
- C'est pas drôle.
- T'es chiant quand t'es sentimental. Tu deviens tout fragile, j'ai pas envie que tu te casses en mille morceaux, moi, j'ai même pas de petite cuillère pour te ramasser. Je préfère quand t'es solide.
Je sais pas pourquoi, aujourd'hui, je parle de Stella. Loup, mon Loup, je t'offre ma mélancolie pourpre, mon deuil coquelicot, ils pèsent trop lourd sur mon âme aux vingt-et-un grammes trempés de pluie, un souffle et mon cœur d'encre implose. Larmes bleu pétrole, larmes bleu marine. Je pleure -le corps épuisé, je rêve -les yeux fermés.
Lou est un amoureux de rêves écorchés, faits de miettes de désirs et d'envie, au goût cannelle/framboise/chocolat, de pierres esseulées qui se bousculent à l'infini, au bord de l'apocalypse, de nuances lascives comme le soleil, qui éveillent les émois, les tout premiers, de défonce bariolée et d'espoirs diaprés. Et avant tout, Loup était l'amoureux de Stella.
Je ferme les yeux, très longtemps et très fort pour ne pas penser à lui, à son corps et son âme dénudés à mes côtés.
L'amer des larmes au fond de la gorge, Loup effleure mes paupières de ses lèvres sèches et rugueuses, été comme hiver.
- T'es belle Stella, ma Stella, ma lumière.
Je baisse la tête, mais je vois encore ses yeux noirs, noir encre de chine, noir corbeau, noir nuit, noir désespoir.