bonheur éphémère ~ venuzia

la mode, c'est ton petit pêcher mignon. il faut dire que tu faiblis rapidement (et que tu dégaines tout aussi vite ta carte bancaire) quand tu mets les pieds dans une nouvelle boutique. c'est plus fort que toi, tu aimes avoir du choix dans ton dressing. et tu aimes te faire plaisir. certes, tu t'appliques à ne pas te comporter comme un cliché ambulant de la nana qui ne se refuse rien sous prétexte qu'elle a des moyens mais tu ne peux pas non plus te refuser tout ce qui te plaît pour préserver ta conscience vis-à-vis de ceux qui n'ont pas un porte-monnaie aussi garni que le tiens. c'est pas comme si tu les dénigrais à chacun de tes passages en caisse, c'est pas comme si ne pensais qu'à toi constamment. tu fais des choses pour les autres mais parfois, tu fais aussi pour toi. ça ne t'empêche pas d'être une personne que tu qualifies de bien, du moins c'est ce que tu penses. tu es de toute manière plus positive sur l'image que tu renvoies à autrui que celles que renvoient certaines célébrités exubérante. toi, la différence, c'est que tu ne cultives pas ton argent. tu es née avec et que refuser de t'en servir, faire comme si tu n'en avais pas, ce serait cracher sur ton rang social et insulter ceux qui n'en ont pas. tu es différente, on te l'a si souvent fait comprendre alors tu te comportes différemment. mais tu es une femme raisonnable, tu te fais plaisir comme le commun des mortels se fait plaisir. tu n'abuses pas. tu ne loues pas dix villas dans le monde, tu n'as même pas de voiture, et tu n'enchaînes pas les voyages. en dehors de ces fringues de luxe, tu mènes une existence normal. tu te fonds relativement bien dans le décor. si ce n'était pas le cas, tu n'aurais pas rencontrer shellie par exemple. shellie si différente de toi et en qui pourtant, tu te retrouves parfois. vos mondes ne sont pas si éloignés. « je te le fais pas dire, je suis é-pui-sée. » rincée, même. il y a fort à parier que tu te ressources dans un bon bain chaud après son départ. et après tu feras le tri dans tes nouveaux achats et tu les rangeras méthodiquement. (il n'y a que toi pour comprendre la logique de ton dressing) mais pour l'instant, tu laisses tomber tes sacs à propos de ceux de ton amie. « tu veux boire quelque chose ? » elle tu ne sais pas mais toi, votre virée shopping t'as donné soif. et si vous ne vous êtes pas arrêté sur la terrasse d'un café pour prendre une pause méritée, c'est que tu sais avoir pas mal de choix dans tes propres tiroirs. sans compter que tu disposes d'une vue imprenable sur le queens vert qui vaut bien (plus) toutes les terrasses du coin. « j'ai cru comprendre qu'un appartement au deuxième étage se libérait dans le mois, tu peux tenter ta chance. » tu serais contente de voir la petite blondinette débarquer, vous vous verriez encore plus souvent. mais tu as peu d'espoir, tout le monde ne déménage pas sur un coup de tête. « alors, tu comptes me dire quels sont tes projets pour le tissu que tu as acheté ? » tu demandes en posant un plateau rempli de viennoiseries sur la table de la terrasse. tu es curieuse et tu nourris un intérêt certain pour les études de la jeune fille. quand tu l'écoutes en parler, tu es admirative. fascinée. et puis avec ce beau tissu vert émeraude, il y a moyen de faire de belles choses.

le shopping comme une pulsion, tu as accomplis ce que tu te devais de faire et désormais tu te sens bien. paisible et sereine, loin des préoccupations qui peuvent être les tienne quand les nuages viennent recouvrir le soleil qui illumine habituellement ton esprit. au fond, t'en avais bien besoin de cette sortie, de ces achats en masse et de cette douce compagnie que t'offres la jolie shellie. tu as le coeur léger et rien ne saurait entacher la fin de la journée. pas même le refus de ton amie de s'installer dans un appartement proche du tiens car au fond, tu t'y attendais. tout le monde ne peut pas, à ton image, décider de faire ses valises et de partir ailleurs du jour au lendemain. c'est normal, tu comprends. « les études avant tout. » tu as du mal à imaginer ce que la charge de travail du à l'école de ton amie représente, tu l'entends l'évoquer mais jamais elle ne s'en plaint, cependant tu ne doutes pas que ça soit sérieux. toi-même tu as pas mal de choses à faire pour la fac. les études, quelque qu'elles soient prennent du temps. « voilà ton jus ! » tu lui tends le verre avec la satisfaction de pouvoir lui donner pile poil ce qu'elle attendait. tes tiroirs sont constamment pleins de choses diverses et variées, ça fait de toi une hôte toujours prête à recevoir des invités, pourtant tu n'en a pas si souvent. mais tu aimes avoir de tout chez toi et tu as le don de trouver comment utiliser ce qui doit l'être impérativement avant la date de péremption. tu ignores comment tu fais mais tu le fais. t'es zéro déchet. à ta façon, tu manies les aliments. quant à shellie, à sa façon elle manie les étoffes. « oh, ça à l'air d'un défi intéressant ! » t'es curieuse de voir le résultat, sans surprise. « quel est le but ? se démarquer des autres à tout prix ou faire quelque chose qui te ressemble ? » il te semble que les deux ne sont pas exactement les même choses. pour l'un, tu imagines qu'il faut faire preuve de plus d'originalité que les autres et donc penser une création capable d'être produite par les autres pour ensuite en imaginer une autre qui puisse la surpasser tandis que pour l'autre, pas de pression à ce niveau là, juste la liberté de partir là où on souhaite sans craindre d'aller vers un style exploiter par un autre élève. « partir sur une robe portefeuille pourrait être original mais je me demande si avec ce tissu cela ne dénaturerait pas le thème énoncé ? il faut qu'on puisse aisément reconnaître la petite robe noire dans tes inspirations ? » tu t'intéresses, au point de devenir un vrai moulin à paroles. tu sais difficilement t'arrêter quand la mode est au coeur de la conversation. shellie pourrait littéralement passer des heures à te parler de ses projets que tu ne te lasserais pas une seconde de l'écouter. « vraiment ? je suis flattée !» des pièces crées pour soi, qui n'aimerait pas ? « si un jour tu as besoin d'un mannequin et que les amateurs sont acceptés, je me laisserais bien prêter au jeu. » tu n'as certes jamais défilé sur un podium mais tu as vu tellement de fois d'autres le faire que ça ne te semble pas bien dur de les imiter à condition d'avoir un peu pratiquer au préalable. question d'assurance sur tout, parce que tu ne doutes pas un seul instant d'y arriver si tu essayes. l'espace de quelques instants, tu t'imagines loin de ta terrasse, dans les coulisses d'un défilé en train d'être habillée par les mains expertes et passionnée de ton amie. ça donne envie. tu aimes tes études aussi sincèrement que shellie aime les sienne mais il faut admettre que ce à quoi tu occupes tes journées ne fait pas rêver autant de monde. cependant, toi tu t'y plais et c'est important. ça te plaît tellement que tu aimerais que ton cursus dure encore trois quatre ans facile. « et bien j'ai quelques dossiers à rendre prochainement. normalement je suis dans les temps mais je ne dois pas traîner non plus. j'aimerais trouver davantage de temps pour retourner dans plusieurs musées du quartier pour peaufiner des détails. mes dossiers doivent être impeccables si je veux réussir mon année et passer à la suivante. » redoubler une année ne te rendrait pas service, cela dit la réussir ne changera pas non plus grand chose à ton existence. dans tous les cas, tu resteras une année supplémentaire à new york mais ensuite tu devras repartir momentanément dans ton pays natal avant ce foutu mariage que tu cherches tant à repousser. tu éprouves un profond mépris envers ce prétendant dont tu ne connais rien (et vice versa) mais qui a pourtant trouver que c'était une bonne idée de réclamer ta main. quelle ironie du sort pour une femme comme toi qui prône la liberté. « j'ai presque terminé ma quatrième année, c'est fou non ? quand j'y pense, je me dis que les dernières années sont passées si vite. » tu te revois arriver à new york comme si c'était hier, t'as du mal à croire que ça fait en réalité quatre ans déjà. c'est un goût de nostalgie que te laisse le croissant dans la bouche. quatre ans, venuzia. c'est le temps qui file entre tes doigts.

Cette légèreté qu’elle ressent à cet instant, assise sur ce balcon rafraîchissant, elle l’apprécie dans toute sa saveur, pourtant son esprit n’arrive pas à profiter pleinement de ce moment, méfie-toi, tu sais comment c’est, à chaque fois c’est pareil, tu t’laisse  envahir par ce sentiment de bien-être, tu te laisses être heureuse puis la vie te fout un nouveau coup dur, t’as pas l’droit d’être heureuse, t’as compris ça depuis un moment, dès qu’tes heureuse quelque chose de mal arrive. Systématiquement le même scénario, ou peut-être ne serait-ce que l’idée qu’elle se créée dans sa tête, parce qu’elle monte vite dans l’euphorie shellie, elle contrôle pas ses sentiments et elle a l’impression que tout vas bien, pour un instant, puis elle redescend sur terre et c’est la déception, au final sa vie n’est pas plus facile qu’avant alors elle perd foi dans l’bonheur, c’est presque si elle n’y croyait plus. Pourtant, elle sourit lorsque son amie la rejoint sur le balcon avec la boisson dont elle salivait déjà d’avance. « oh merci, t’as toujours tout ce qu’il faut toi, c’est génial ! » elle aime ça chez venu, son altruisme naturel, elle s’y retrouve la blonde et c’est rare, les gens profondément bienveillants. Bien qu’elle essaie de se convaincre du contraire elle le voit bien que les autres passent leur propre bonheur avant ceux des autres et parfois, elle devrait apprendre à faire de même. « moi je vois ça plus comme une manière de trouver notre propre style oui, c’est un thème qui reste vachement libre malgré les quelques contraintes, alors justement il faut savoir se démarquer mais surtout trouver sa signature, on nous en parle toujours que c’est ça qui nous démarquera ! » c’est bien son problème, elle ne manque pas d’inspiration, ça jamais, mais elle n’a pas l’impression d’avoir sa propre marque, quand d’autres ont déjà un style bien défini, shellie se cherche, elle touche à tout et elle a souvent l’impression de se perdre. « bah justement ! la petite robe noire au fond, c’est la pièce qu’est universelle, tu peux la mettre juste seule, simple. Ou avec des baskets et une veste en jean pour un look plus street et même avec des talons et des accessoires pour être chic, c’est LA pièce qui peut servir à tout ! la robe portefeuille rejoint un peu ces caractéristiques je trouve, parce qu’on peut la styliser aussi de plusieurs façons, contrairement à l’autre modèle où c’est plus une pièce de soirée élégante. donc ça respecte les consignes qu’ils nous demandent, mais c’est vrai que l’autre choix serait… disons plus safe ! » bavarde la petite, elle hausse les épaules avant de prendre une gorgée de ce jus d’ananas dont elle avait rêvé toute l’après-midi. « il faut que je fasse des croquis pour mieux visualiser, poser les idées sur papier je pense. si jamais je t’enverrai une photo comme ça tu me donnera ton avis ! » elle avait choisi la couleur alors pourquoi pas l’aider aussi pour le design ? Après tout shellie sait très bien que son amie a un très bon sens du style, rien qu’à voir les pièces qu’elle s’est prise aujourd’hui, de vraies pépites. « mais oui ! tu serais parfaite, en plus nos profs nous répètent tout le temps qu’il faut s’entraîner sur beaucoup de modèles différents, pour s’habituer à tout les types de corps, surtout quand on fait du sur mesure. j’adorerais créer des vêtements rien que pour toi, je sais que je manquerai pas d’inspiration ! » toute cette discussion sur son travail lui donne envie de s’y mettre dès maintenant, il ne serait pas étonnant d’ailleurs si en rentrant elle se jette sur ses pinceaux et son aquarelle. Venuzia aussi étudie dans l’art, même si ce n’est autant de pratique que Shellie elle trouve son travail fascinant, en tant que grande amatrice d’art elle trouve ça super intéressant d’apprendre son histoire. « ah oui je comprend, les derniers devoirs de fin d’année. en tout cas j’adorerais que tu m’emmène dans un musée un jour et que tu me partages tes connaissances ! » elle ne doute pas trop sur la réussite de son amie, elle la voit comme une fille qui réussit tout ce qu’elle entreprend, sans vraiment savoir si c’est vrai elle nourrit cette image. « oh c’est vrai, il y a quatre ans j’avais même pas fini le lycée ! » mais cette période elle ne veut pas y repenser, c’était y’a quatre ans que t’as fais le geste de trop, c’était y’a quatre ans que t’es tombé bien trop bas, quand t'as perdu la valeur de ta vie, quand ton futur t'as échappé des mains et que t'as pris cette sale décision. t’aime pas te remémorer ça. « t’as prévu quoi après tes études d’ailleurs ? tu sais déjà ce que tu vas faire ? » en espérant que son amie ne parte pas trop loin, elle déteste les séparations, elle en a eue bien assez et l'idée qu'elle ne puisse plus organiser des sorties shopping avec son amie la rend déjà triste. Si seulement tout le monde pouvait rester.

tu es bien à l'aise dans ta petite bulle, princesse. dans votre bulle; à shellie et à toi. il y a quelques années, la vie t'as appris à quel point il est nécessaire de maintenir le contrôle sur ton entourage mais plus encore, de compter parmi ce dernier des personnes de confiance avec qui tu puisses être vraie jusqu'au bout des ongles. être la vraie toi sans sourciller. désormais, tu penses savoir faire la part des choses et bien te débrouiller quand il s'agit de faire des choix, aussi surprenants puissent-ils être même pour toi. avec celle que tu ne vois pas totalement comme une adulte mais plus tellement comme une enfant non plus, ça a été une évidence ou presque. tout s'est fait naturellement. vos âmes se sont trouvées et depuis, chacune de vos rencontres soulagent ton esprit. en compagnie de shellie, tu n'as pas peur de parler de tout et de rien, sans barrières. ta cadette fait partie de ces personnes qui dans ton coeur, ont obtenu une place privilégié. pour cette raison, répondre à ses besoins te ravi. tu cherches à ce que le bien-être procuré par votre petit cocon s'éternise. pour elle. pour toi. tu en as besoin. car la jolie shellie est une bouffée d'air frais à elle  toute seule. vraiment, c'est une amie comme tu n'en as pas deux et tu ne pense pas cela uniquement parce que vous partagez un amour inconditionnel pour tout ce qui touche à la mode. votre passion commune c'est un peu comme la cerise sur le gâteau, le détail qui te fait croire que vous étiez de toute manière faîtes pour vous entendre. malheureusement pour toi, tu n'as pas son talent pour le dessin et ne peux donc pas participer à l'élaboration de ses fameux croquis. et puis de toute façon, c'est son devoir pas le tien. ce ne serait pas juste que tu en fasses trop. toi ton truc, c'est un peu plus la peinture même si tu ne maîtrises pas ton sujet sur le bout des doigts ou mieux encore, l'infographie. tu n'as pas non plus reçu ses cours, tes choix ne seraient peut-être pas forcément adaptés même si en tant que grande passionnée de mode, il y a pleins de petites choses que tu as appris avec le temps et ce, sans manuel scolaire. tu sais où est ta place, venuzia. tu laisses à shellie être la créatrice, c'est un beau rôle que tu ne lui envies pourtant pas. ce que tu aimes avant tout, c'est porter les vêtements comme les accessoires, voilà pourquoi l'idée de devenir son mannequin te séduit temps. ce serait une petite folie exquise sur le moment comme à l'avenir, demeurant dans tes souvenirs. « dans ce cas j'ai hâte de découvrir tes croquis ! » qui seront sublime, tu n'en doutes pas. « et je suis curieuse de connaître quel type de vêtements tu imagines pour moi. » de nouveau aujourd'hui, tu te comportes comme la petite princesse choyée que tu as été durant ton enfance mais peut-on réellement te blâmer après avoir entendu de si belles paroles venant de ton amie ? « oh mais oui, accompagne moi quand tu as le temps ! » beaucoup de gens considèrent les musées comme des endroits ennuyeux à mourir mais c'est sans doute qu'ils n'y connaissent rien. mais tant mieux pour toi, quelque part tu apprécies de temps en temps d'être à contre courant. tu n'irais pas jusqu'à prétendre que c'est ta marque de fabrique car c'est loin de l'être réellement mais ça te caractérise un minimum aux yeux des tiens. parfois, t'es un sujet qui fait jaser et tu n'as même pas besoin d'être présente aux repas de famille pour le savoir. « j'ai promis à ma famille que je reviendrais en grece à la fin de mes étudesè » une promesse faîte à contre-coeur mais que sur le moment, tu te voyais encore loin d'être obligée de tenir. c'était le début de tes études, tu voyais le temps devant toi. tu pensais que tu aurais le temps de profiter mais voilà que ton délai arrive bientôt à terme et tu as la sensation de ne pas avoir profiter de tout ce que la grande pomme réserve à ses habitants. tu as la sensation d'un manque sans savoir ce que c'est exactement. la vérité c'est que tu es très attachée à cette grande ville. « je préparerais probablement mon mariage... » parce que tu supposes que tu auras quand même ton mot à dire sur les préparatifs. on ne peut pas t'en empêcher. non pas que tu tiennes réellement à ce que tout ce passe comme bon te semble parce que du moment où on t'impose l'homme à épouser ça ne peut pas coller avec tes attentes de petite fille, c'est plus une question de fierté ou quelque chose dans ce genre là.  « on continuera à se voir, n'est-ce pas ? » à vrai dire, tu ne sais pas trop de quoi ton avenir sera fait. après le mariage que se passera t-il exactement ? tu n'en as pas la moindre idée, venuzia. tu ne sais pas car tu ne veux pas prévoir ou te projeter. tu ne veux tout simplement pas y penser. ça te fiche le blues rien que d'y songer un tant soit peu alors tu te raccroches à une idée, à quelque chose de plus enthousiasmant. tu ne veux pas que vos chemins se séparent pour une décision dont tu n'es même pas responsable.