le monde en noir ou blanc. (shellie & etsuko)

le temps s'écoule et s'égraine, l'après-midi s'en va déjà, mais toi les yeux rivés sur ton calepin, tu restes imperturbable. concentrée, au point d'en oublier le monde qui grouille tout autour et ces camarades qui se disent au revoir pour mieux se retrouver demain. il te semble avoir vaguement entendu qu'à toi aussi, on te souhaitait de passer une bonne soirée, ce à quoi tu as machinalement répondu mais rien n'est moins sûr. tu ne sais pas ce qu'il en est vraiment et tu t'en fiches éperdument, ce qui compte, ce sont les courbes laissées sur le papier par ton coup de crayon. dessinées. entre tes doigts, le crayon effectue une valse élégante. envoûtante. c'est la sainte inspiration qui s'est emparée de toi aujourd'hui; tu ne veux plus cesser de créer. tu ne désires pas rentrer chez toi. l'intimité de ta chambre te sert pourtant tant de fois d'atelier mais ici, c'est différent. la salle de cours est plus propice à la création que ton petit bout de territoire personnel à la maison envahis si souvent par les relents de la cuisine du restaurant familial. ici, flotte un air de compétition qui te booste. tu es infatigable et tu serais bien capable d'accepter si on te proposer de rester clouée sur cette chaise toute la nuit. pour le bien de la création. même la fièvre qui te prend à dépourvu quand tu penses à cillian et à ses caresses sur ta peau ne pourrait te faire changer d'avis. on ne dirait pas comme ça, etsuko, mais tu es une coriace. quand tu as une idée en tête, tu ne l'as pas ailleurs. tu es fixée sur tes objectifs et rien ne semble capable de t'en détourner. y compris cette blondinette que tu observes désormais du coin de l'oeil. tu ne pensais pas avoir de la compagnie une fois la fin des cours prononcée. ça te coupe quelques instants dans ton élan de créativité. ça t'agace. « tu perds ton temps, rentre plutôt chez toi te reposer. » avertissement plus qu'un conseil, lâché sans une once de bienveillance ni de compassion. elle a beau s'acharner la gamine, ça ne sert à rien. le résultat final ne changera pas pour quelques heures supplémentaires à forcer le talent. tu seras toujours la meilleure, etsuko. parce que tu es née pour être la meilleure.

❃ ❃ ❃

E t s u k o

« Merci ! Bonne soirée à vous, à demain ! » c’est toujours avec enthousiasme qu’elle essaie de se comporter avec ses camarades, elle s’est créée une réelle carapace depuis qu’elle étudie la mode, elle ne pouvait pas laisser sa faiblesse prendre le dessus, elle ne pouvait pas être la petite blonde qu’on ignore où pire, qu’on critique. Alors elle est devenue l’amie de tout un chacun, un vrai caméléon, elle s’adapte à son entourage, aux différentes personnes qu’elle fréquente, aux différents caractères qu’elle rencontre. Et personne ne l’embête, parce qu’elle ne peut plus se laisser faire, si elle veut réussir à avancer elle ne peux plus laisser les autres détruire son envie de vivre. Peut-être qu’elle n’est pas elle même, elle joue un rôle, elle ne sait pas en vrai, parce qu’elle ne sait plus qui elle est, ou qui elle a été. Mais c’est pas grave, parce qu’elle construit une nouvelle vie, une nouvelle Shellie. Et alors elle reste, parce qu’elle veut réussir, elle ne veut pas échouer ça aussi, pas encore. Et puis, elle aime bien au final, les tissus, la couture, la création, elle a trouvé une vraie passion et elle s’y accroche comme une moule à son rocher. Faut pas relâcher. Seulement, là, son patron entre les doigts, elle sait qu’elle n’est pas seule, elle sent un regard peser sur sa personne et elle l’ignore, d’abord. Parce qu’elle sait déjà de qui il s’agit, qui d’autre qu’elle… Les paroles de sa compagnie ont un effet irritant sur l’humeur de la douce blonde, cette fille n’a aucun délicatesse dans ses paroles, presque comme un ordre, ce n’est pas au goût de Shellie. « Bonjour, ça va merci et toi ? » pleine de cynisme elle n’aime pas qu’on l’irrite. Après tout elles ne s’étaient pas adressées la parole de la journée et la blonde n’aime pas l’idée de politesse que cette brune montre. D’ailleurs, elle n’arrive pas à la comprendre elle, comportement contradictoire, alors que parfois, elle pouvait être si aimable, elle se montre parfois si froide, et ça perturbe. Elle cache quelque chose celle-là. « Je suis pas fatiguée merci. Et pourquoi je devrais rentrer alors que toi tu t’acharnes encore sur ton papier ? Chacun son temps bonus non ? » Douceur amère, elle essaie de creuser plus loin dans l’énigme Etsuko. Parfois, c’est pas si mal de douter sur les autres, elle connaît, la blonde, elle connaît que trop bien l’hypocrisie humaine alors maintenant elle se protège, enfin, elle essaie.

à toi seule, jolie demoiselle, tu es le symbole de l'impétueuse jeunesse que rien ne sait arrêter. que rien ne sait faire taire. celle qui domine le monde en le tyrannisant avec finesse, cachant chacun de tes coups sous des dizaines de sourires enjôleurs. tu te sens maîtresse du jeu, reine au milieu de la plèbe. au-dessus des autres, tu t'élèves sans scrupules. le menton haut, le regard franc, la fière allure, tu as vraiment tout du statut que tu t'attribues. et d'ailleurs, tu portes dignement la couronne imaginaire qui coiffe tes soyeux cheveux. faut dire que tu la portes depuis tellement d'années, maintenant. tu as grandi avec ce poids fantôme sur ta tête; mise sur un piédestal par tes parents et façonnée selon leurs désirs. leur vision du monde étant naturellement devenue tienne. tu vis dans l'optique de manger pour ne pas être manger et si pour certains cette vision est trop obscure, teintée avec du noir et ses nuances, toi tu ne vois pas le problème. car voir ainsi le monde qui t'entoure ne t'as jamais desservi, bien au contraire. tu avances continuellement avec le loisir de pouvoir te vanter que tu ne stagnes pas. tout comme l'échec, c'est un mot que tu ignores. tandis que les autres ratent, encore et encore comme dans un cercle vicieux, toi tu triomphes. tu grimpes les échelons, monte de niveaux, jusqu'au jour où tu atteindras le sommet. et que tu t'y brûleras les ailes. habituée aux réussites, tu n'as donc aucun doute sur ton coup de crayon ni sur la création qui se dessine et s'affine sur le papier à dessin. si tu restes davantage de temps que prévu, c'est seulement parce que ton côté perfectionniste a prit le dessus. tu aimes bien faire et même mieux. ta plus grande adversaire est toi-même, tu te dépasses à chacune de tes créations parce que c'est ce que les gens talentueux font. un sourire moqueur vient souligner les traits fins de ton visage. « est-ce que j'ai l'air d'aller mal ? » question idiote de la part de la blonde, tu es dans ton élément; ce que ton interlocutrice à l'air d'avoir du mal à intérioriser. tu seras toujours meilleure. « je ne m'acharne pas, je peaufine les détails. je n'ai pas besoin, comme d'autres, de lutter pour ne serait-ce qu'une étincelle d'inspiration. » elle croit peut-être que si tu es restée fixée sur ta chaise c'est que tu n'as rien produit de convenable de la journée mais pas du tout. elle te sous-estime la gamine, ça a le don de t'irriter. tu n'es pas de ces gens qui sont là pour alimenter le décor, qu'est-ce qu'elle croit ? « ce n'est pas du temps bonus. c'est de l'investissement. mon travail va obtenir la première place, il est donc normal que je le soigne. » il doit étonner, car tu te mets la barre un peu plus haute à chaque fois. « mais si toi tu as besoin de supplémentaire pour produire quelque chose, remets-toi en question. demande-toi ce que tu fais ici. » les gens qui pensent que le talent se travaille te font sourire, le talent ça doit être inné. et si tu en pas aujourd'hui, tu n'en auras pas davantage demain.

❃ ❃ ❃

E t s u k o

Donner aux autres, c’est ça au fond qui la motive, créer pour donner. Ça n’a jamais été son rêve absolu depuis l’enfance, d’étudier le design, la mode, ni de devenir créatrice. Mais c’était parfait pour réunir les choses qui la passionne le plus, le dessin, les vêtements, les couleurs, la création. Car elle a besoin de passion pour avancer, elle a besoin de sentir cette envie, cette motivation, c’est ce qui la maintien en marche tout ça, c’est ce qui fait qu’elle s’lève le matin et qu’elle arrive à se projeter dans un certain futur. C’est pour ça qu’elle est aussi accrochée dans sa réussite, loin d’être trop compétitive elle veut réussir, la blonde, elle veut devenir quelqu’un dont elle peut être fière, si c’est même possible, d’avoir de la fierté pour elle même. Donc elle reste plus longtemps après les cours, elle passe son temps à peindre des milliers de tenues, de designs, d’idées, sans limite, elle met tout sur papier, histoire d’éviter de passer à côté d’une pépite. N’importe quoi peut déclencher une vague d’inspiration chez elle, que ce soit une architecture du coin, un étranger au visage particulier, voir même une pâtisserie exquise, il lui en faut peu alors ça, elle l’exploite. Parce que le reste, elle l’apprend, la couture tout ce qui va avec, elle est en école pour ça, alors que l’imagination, ça s’apprend pas. Mais elle n’est pas seule comme ça, elle n’est pas la seule avec ce feu en elle, sans le vouloir elle est confrontée à la compétition, dans ce monde où tout n’est que mérite, y’a du monde qui veut réussir, mais que très peu qui vont vraiment exploser dans l’industrie. C’est son problème Shellie, elle voit gros, elle voit la réussite en grand, mais elle est trop gentille, trop de bienveillance, alors elle risque la chute, elle risque de s’faire marcher dessus, Etsuko en est le parfait exemple. Avec elle c’est un ascenseur émotionnel, elle comprend pas vraiment le fond de sa camarade, elle arrive pas à savoir qui elle est vraiment. Comme à cet instant, avec ses paroles froides qui perturbent son cerveau naïf, t’aime pas ça mais t’y vois pas clair, ça t’agaces mais tu peux rien y faire. « je pourrais pas savoir tu ne me regardes même pas dans les yeux. » Pourquoi elle s’entend si bien avec toutes les autres et pas avec elle, pourquoi y’a ce blocage étrange, cette sensation malaisante. « j’imagine oui, t’as toujours des idées originales. » parce qu’elle est forte aussi, etsuko, elle est douée y’a aucun doute. « par contre c’est un peu prétentieux de te donner la première place d’emblée, hochant les épaules shellie s’arrête un moment dans son action, mais c’est bien t’as de l’ambition ! » C’est rare quand elle se montre cynique, c’est pas son style à la jolie blonde, mais elle tente tout pour percer le mystère, puis l’autre n’hésite pas à la piquer alors elle se défend, quand même, elle a apprit à ne plus se laisser marcher dessus. Alors elle rit, doucement. « oh non crois-moi je suis bien à ma place ici. si je reste plus longtemps c’est juste parce que j’aime trop ça, j’ai pas envie de me couper dans mon élan, j’pourrais rester ici une nuit entière, mais bon c’est pas donné à tout le monde ça. » et c’est là que la tension se met, laquelle sera plus fatiguée, laquelle quittera en premier ? « tu travailles sur quoi, là ? » toute en innocence, sans aucune mauvaise intention, une simple question, mais sûrement pas pour sa camarade.

l'ambition de devenir quelqu'un reconnu de tous parfois plus que la passion de créer de belles choses à l'aide de tes dix doigts est ta principale motivation dans la vie. ton carburant. tu ne connais ni la lassitude, ni la fatigue. tu ne t'arrêtes pas tant que tu n'as pas trouvé satisfaction et dieu sait à quel point cela peut prendre du temps car tu es perfectionniste. une qualité indispensable selon toi pour une futur styliste alors quand tu regardes tes camarades quitter la salle de travail dès la fin des cours et que tu leurs conseilles de bien se reposer pour le lendemain, tu ries silencieusement de leur inconscience. de leur naïveté. ils n'ont pas compris comment se donner les moyens pour parvenir à leur fin. mais toi oui car tu as une longueur d'avance. tu en as toujours eu une parce que le double-jeu que tu mènes avec eux fait parti intégrante de ton existence, de ton identité. tu joues depuis toute petite sur deux tableaux différents, c'est l'avantage d'être la petite dernière de la fratrie, t'as bénéficié de l'expérience de tes aînés pour apprendre plus tôt comment tourne le monde. mais si tu ries de la naïveté de tes camarades, tu as appris à t'en satisfaire car ça te permet de t'élever plus haut sans difficultés. tu n'irais pas jusqu'à dire que tu préfères la facilité mais tu t'y es habituée alors forcément, qu'on essaye de te faire de l'ombre n'est pas pour te plaire. oui, ça met un peu de piment dans ton quotidien un peu plat parfois mais le piment n'est pas nécessaire quand tu sais déjà que tu es la meilleure. tu n'as plus besoin de te le prouver alors oui, ça t'ennuie plus qu'autre chose au lieu de susciter comment ça aurait été dû être le cas, un boost de motivation. t'as envie de dire que si cette shellie espérait t'atteindre, fallait qu'elle s'y prenne plus tôt. mais plus tôt, vos chemins ne s'étaient pas encore croisés. « parce que je n'ai pas de temps à perdre avec toi. » tu fais tomber le masque avec shellie parce qu'elle est différente et que t'avais pas spécialement prévu de le faire. pour autant, elle ne t'effraie pas le moins du monde. la seule chose que tu puisses peut-être craindre de sa part, c'est qu'elle casse du sucre sur ton dos mais tu la vois bien trop comme une petite chose pour penser réellement qu'elle parlera de toi et de tes méchantes réflexions visant à la décourager. tu te sens en sécurité tant que tu sais tirer profit de la gentillesse (ou stupidité) des autres. « je ne vois pas en quoi je suis prétentieuse, je connais la qualité de mon travail et celles des autres. » à force de faire la bonne camarade et d'être appeler en renfort à droite à gauche, tu as appris à connaître les façons de travailler des uns et des autres et ça t'es super utile. ainsi, tu peux avoir une idée de à quoi t'attendre de leur part et travailler sur une base de comment faire plus impressionnant pour un meilleur rendu. c'est une erreur de penser que dans ce monde de requins le nombre fait la force, au contraire c'est être faible que de se dévoiler aux autres même si t'es certaine que tu n'as pas besoin de ce petit atout pour faire des prouesses. « rester toute la nuit ? » si la petite blonde espère t'impressionner en affirmant pouvoir rester longtemps sur place, elle se fourre le doigt dans l'oeil. elle pense peut-être que tu vas jouer à qui restera le plus longtemps dans la salle pour travailler mais toi t'es loin d'avoir la mentalité d'une collégienne attardée. « je ne compte pas rester toute la nuit, personnellement. je n'ai pas besoin de ça pour rendre un super travail. et heureusement parce que ça fait un peu pitoyable, tu ne trouves pas, de rester le plus longtemps possible dans l'espoir de produire quelque chose d'un peu potable ? » elle ne s'attendait quand même à ce que tu rentres dans son jeu ? clairement, vous ne jouez pas dans la même cours. et si un jour elle veut espérer pouvoir rivaliser avec toi, va falloir qu'elle s'y mette sérieusement et autrement qu'en espérant te déconcentrer avec ses questions idiotes. « à ton avis ? pas sur ma liste de courses. » c'est presque décevant finalement que shellie ne soit pas une rivale de taille. « j'en suis aux finitions de mon travail. » pour la première fois depuis le début de votre échange tu daignes la regarder dans les yeux comme elle le désirait, t'affiches un air un pompeux persuadée de lui en boucher un coin. tu l'imagines n'en être encore qu'au choix de tissus ou de couleurs malgré toutes ces heures à travailler.

❁❁❁
-le monde en noir ou blanc-
ft. @etsuko sakai.

Ce genre de situation la met autant dans un inconfort que dans la curiosité, la confrontation n’est pas du tout quelque chose que la blonde apprécie, c’est presque si elle l’évite au mieux, mais en même temps elle ne peut s’empêcher de se poser des questions, de se demander comment ça se passe dans la tête des gens. Elle se demande toujours comment les personnes mauvaises peuvent apparaître, chaque être humain né bon, c’est une idée qu’elle s’est encrée un peu trop profondément en elle. On devient mauvais on ne l’est pas par nature, c’est la seule explication logique et même lorsque l’on est mauvais, y’a toujours une part de bon, un fond qu’est pur là dedans, c’est obligé. Elle refuse de croire à la méchanceté humaine et en même temps elle est fatiguée par cette société oppressante, paradoxe douloureux, elle est encore et toujours, perdue. Mais tu lui veux pas du mal à Etsuko, c’est ça le pire c’est que même quand on te crache à la gueule tu cherches à trouver le bon, tu t’laisses peut-être pas faire mais c’est pas pour autant qu’tu leur veux du mal, et tu t’rend pas compte que c’est exaspérant, tout ça.
« c’est pas un bonjour qui vas te bouffer tout ton temps mais bon. » on repassera pour la politesse, c’est encore une autre histoire, pourtant elle sent la chaleur qui commence à faire tourbillonner son sang, ce manque de respect qui la fait bouillonner alors que son sourire s’efface sur son doux minois. Et t’aimerais t’arrêter là parce que ça vaut pas l’coup de forcer, sauf que parfois tu ressens cette énergie négative qui t’envahit et t’as juste envie de tout casser, t’as envie de crier, de hurler, tu sais qu’c’est pas nécessaire et pourtant cette envie te dévore.
« je vois, donc le travail des autres est par décret moins capable de gagner que le tiens ? » elle essaie de garder son calme, la petite blonde, elle veut pas s’énerver, ça serait se rabaisser et elle le sait. Pourtant elle ne peut s’empêcher d’être irritée par l’attitude de la brune, elle aurait juré qu’elle pouvait être si agréable parfois, puis du tout au tout elle se transforme en vipère.
« si je restai toute la nuit ce serait juste par plaisir, non pas par besoin. t’en prend du plaisir toi au moins quand tu travailles ou tu fais ça juste comme une machine ? parce que l’essentiel quand même c’est d’aimer ce qu’on fait. » elle a du mal à imaginer, shellie, d’être comme un robot devant ses créations, de n’avoir aucune attache, aucun plaisir. Pour elle c’est sa façon de s’exprimer et de s’évader, quand elle créer elle ne pense pas, elle se laisse divaguer dans le torrent de créativité, elle laisse ses pensées maussades s’effacer entre les couleurs et les textures, elle donne son âme à sa création et c’est bien pour ça qu’elle réussit autant, parce qu’elle y donne son âme. Enfin seulement une partie, parce que si tu la donnais entière ce serait pas beau à voir, cette partie qu’est détruite, pourrie par une existence tâchée de désespoir et de peur, cette âme égarée et meurtrie qui vagabonde dans les méandres de ton esprit, ça tu l’gardes pour toi et c’est bien ça qui te bouffe à l’intérieur.
« t’as vraiment le sens de l’humour toi. » mais c’est un rire amer qui sort de sa bouche, contrairement à celui qu’elle a l’habitude de montrer, ce rire plein de gaieté qui se transmet aux autres. Puis, c'est le regard hautain de la brune qui vient percer la douceur azure de shellie, elle en est que plus irritée, parce que ce regard lui rappelle celui de sa belle-mère, celle qu’à remplacé la vraie, celle qui s’croit tout permis.
« mh, t’es bien dans les temps, ça va. j’ai commencé mon patron déjà pour ma part. » le regard toujours fixé dans les sombres pupilles de son adversaire, elle sait que le feu ne s’éteindra plus maintenant, elle a basculé et ça va devenir compliqué.

d'aussi loin que tu t'en souviennes, ton caractère (et de façon plus générale ton rapport aux autres) a toujours été ainsi. prétentieux. égocentrique. le monde, à tes yeux, se divise grosso modo en deux catégories. il y a les êtres supérieures d'un côté et les autres. tu te places évidement dans la première. non pas que tu sois née avec un cuillère d'argent dans la bouche ni que tu disposes d'un empire de pouvoir comme héritage et ce depuis avant même ta naissance. non, rien de tout ça. toi, t'es née dans la basse populace mais si tu te considères au-dessus d'une majorité de la population c'est parce que tu es vouée à évoluer. à t'élever. ton entourage ne se rend pas encore très bien compte de l'immensité de ton potentiel et de ta merveilleuse destinée mais ils ne pourront bientôt plus faire autrement que de constater à quel point tu brilles, petite étoile. « etsuko la conquérante » voilà comment tu te vois. pour l'instant, tu règnes sur des sujets illusions en attendant d'acquérir un titre, un vrai, que la plèbe prononcera avec respect. tu as longtemps regretté de ne pas être de la haute sphère mais finalement, tu te dis aujourd'hui que ça ne rendra que le résultat plus beau. les gens se pâmeront devant ton impressionnant parcours. tu ne manques pas de confiance en toi ni d'assurance, tu crois dur en tes rêves. peut-être que tu en fais mais si tu restes inaccessible dans le fond, c'est que tu ne peux te permettre de te mêler aux autres. tu n'en as d'ailleurs pas envie. à quoi bon puisque personne ne peut te comprendre toi, une jeune femme plus complexe qu'elle n'en a l'air. tu hausses les épaules, indifférente à la remarque de ta camarade. tu ne sais pas ce qu'elle cherche à prouver et tu t'en fiches. a t-elle l'espoir de faire naître en toi un sentiment de culpabilité ? alors la blonde peut attendre parce que n'est pas demain la veille que tu regretteras l'un de tes agissements ou au contraire, un de tes non agissements. « tu voulais que je te dises bonjour car sinon tu as l'impression que ton existence n'a aucune valeur à mes yeux ? pauvre chou... » tu fais si bien semblant avec les autres, mais pas avec elle. pourquoi ? tu ne saurais réellement l'expliquer. tu as peut-être l'impression que comme shellie vient d'une autre école tu peux te permettre de relâcher tes efforts ou bien parce que tu sens à des kilomètres à la ronde que vous êtes diamétralement opposés et que tu ne peux faire autrement que de te confronter directement à elle ? au fond, tu veux juste qu'elle rabatte son clapet et qu'elle laisse terminé en paix. t'aimes pas tant que ça discuter au final et c'est pas du tout parce que ça te dérange. « exactement. » il y a certaines personnes que la froideur décourage et c'est compréhensible. ça ne sert à rien de continuer à essayer d'avancer quand on se heurte à mur, surtout quand on n'est pas équipé pour forcer le passage mais shellie s'entête. soit elle est plus têtue qu'elle en à l'air sous ses allures de jolie blondie, soit elle est très lente à la détente. tu penches ni pour l'une, ni pour l'autre des deux options, tu te demandes simplement si lui faire avaler sa chaussure te permettra enfin de retourner au silence. « bien sûr que je prends plaisir quand je travaille, sinon ça ne me tiendrait pas aussi à coeur d'être la meilleure. » tu ne sais même pas pourquoi tu t'entêtes à lui répondre, elle ne peut pas te comprendre. ni maintenant, ni jamais. pour toi, ses arguments ne tiennent pas la route. elle parle (débat ?) dans le vide. une non considération qui commence peut-être à l'énerver si tu en crois ses piques de plus en plus orientés. c'est rare de faire mouche sur toi, pourtant tu tiques sur certains de ses mots. comment ça « dans les temps » et « ça va » ? pour qui elle se prend ? elle ne sait pas à qui elle s'adresse. tu te fais la promesse qu'elle va rapidement comprendre et quand elle saura, blondinette s'écrasera comme le reste de vos camarades, devant ton talent. « tu n'as pas encore compris que ton travail ne m'intéresse pas ? tu cherches à tout prix à le mettre en avant, tu crois si peu en toi ? t'es aussi désespérée que toi ? dans un sens, ça ne m'étonne pas. » tu vois bien que son regard s'est durcit et la satisfaction que cela t'apporte étire tes lèvres en un petit sourire narquois.