juillet 2015, bogota.cours. mot unique qui percute. obsession maladive depuis que ses paupières lourdes se sont soulevées. revenante de l'au-delà, le coeur est bousillé autant que le corps. trop tenace pour se laisser emporter pourtant. l’acouphène continu vient agresser son cerveau embrumé. surdité partielle qu'ils ont dit, c'est la conséquence de son acte. des tubes transpercent son cuir basané pour la maintenir comme une morte-vivante sur le lit qui aurait dû accueillir son cadavre.
cours. la mort n'a pas voulu d'elle. elle ne veut plus de cette vie. elle doit fuir, s'époumoner pour disparaitre de cette existence. égoïsme qui n'a jamais vraiment lâché ses pensées. elle n'a plus la force de supporter le poids de la couronne sur son crâne. plus l'énergie pour se battre avec ash, sans aucun répit. l'évasion reste l'unique porte ouverte vers une vie qu'elle n'a pas peur de mener. délaisser l'élégance des réceptions mondaines, briser les chaines qui l'entravent. enfin goûter à la noirceur, aux ténèbres. connaitre le danger plutôt que d'être sur-protégée, héritière pourrie gâtée.
cours.plainte étouffée quand les perfusions sont arrachées. c'est l'adrénaline qui va sauver sa peau. quelques mètres pour la cavale de sa vie, une poignée de secondes pour exploser. paola elle ignore bien le pourpre qui vient courir sur ses bras, retient tout juste un grognement quand elle lève sa carcasse usée par le poison ingéré il y a quelques heures. enfile la tenue qui aurait dû être sa dernière, celle dans laquelle son corps inerte aurait été retrouvé. c'est avec les yeux brumeux qu'elle s'infiltre dans les couloirs. la démarche d'une proche venant au chevet de son oncle mourant. bientôt les portes vitrées apparaissent devant sa mine satisfaite.
cours, paola.l'encéphale donne l'ordre, les mouvements s'enclenchent. ivresse délectable qui remplace la toxine dans le flot de ses artères. elle détale l'évadée, quitte les artères de la ville pour rejoindre les petites ruelles. destination ailleurs. le soleil colombien brûle sa peau, réchauffe le myocarde qui retrouve de sa vigueur. l'extase camoufle les forces qui s'amenuisent pourtant. une foulée, la belle tangue. deux foulées, écroulement sur le sol sans prévenir.
meurs, maintenant.les bras peinent à trainer son corps jusqu'au mur contre lequel elle s'appuie. trop conne pour avoir cru fuir si facilement. ils vont la retrouver, un soignant ou un passant agissant comme un preux chevalier. elle ne veut pas être secourue paola, préfère crever sur le macadam. il y a l'ombre qui s'approche, elle l'aperçoit du coin de ses yeux qui veulent seulement se clore après cet échec. un soupir, dernières forces qui lui permettent de cracher à l'intention de l'inconnu. «
tout va bien. tracez votre chemin. » un ordre plutôt qu'une simple demande. elle doit juste dénicher quelques cachets supplémentaires. pour l'achever sans laisser le choix à sa détermination.
(c) AMIANTE