we have only now. (ft/vanille)

SETH COLDEWEIJ & VANILLE MARTIN

health is not valued untill sickness comes.

Daily routine toujours plus agaçante au fil des semaines. Tests médicaux bien trop fréquents à son goût et même quelques séances de psy en prime pour s'assurer qu'il n'avait pas complètement perdu la boule en découvrant l'existence de son incurable maladie. Du temps perdu, si quelqu'un se donnait la peine de lui demander son avis. Parce que Seth avait toujours eu les pieds sur terre et que, si son monde avait beau s'être écroulé en une poignée de secondes devant son regard impuissant, il n'avait pas l'intention de se liquéfier en un épanchement d'écoeurants états d'âme. Il faisait donc de son mieux pour ne pas perdre patience durant ces rendez-vous, offrant docilement son sang et autre fluides corporels que lui réclamaient toute une flopée d'infirmières. Assis dans la salle d'attente désormais bien trop familière de l'hôpital, Seth occupe distraitement ses doigts avec une pièce de monnaie, attendant que l'on vienne lui pomper le sang avec un sourire rassurant. Il est davantage blasé que réellement déprimé ou stressé, et il décide de s'occuper quelques minutes en jetant un regard curieux aux autres patients. La plupart ont la tête baissée, concentrés sur leurs téléphones ou sur un point imaginaire au sol. Puis il y a cette brune qui se pointe d'une démarche assurée et qui s'installe sur la chaise en face de lui. Elle a l'air calme, sereine. Trop joyeuse. Comme si son rendez-vous chez le médecin était le plus beau moment de sa journée. Il l'observe un instant de long en large. Elle n'a pas l'air d'aller trop mal : peut-être rien de terminal ? Le plus simple restait encore de lui demander. T'es sûre que tu t'es pas trompée d'endroit ? T'as l'air un peu trop heureuse pour être malade. Plusieurs personnes lèvent la tête vers lui mais c'est bien sur la brune qu'il se concentre sans ciller, la pièce glissant toujours entre ses doigts.

vanille, elle a eu ses moments de désespoir, de larmes et de regrets. c’est sûr. elle y repense en pressant le bouton de l’ascenseur qui la conduit au cinquième étage, la petite voix métallique annonçant fifth floor, chronic conditions. elle adresse un doux bonne journée à ses compagnons de cabine avant de s’engager dans le couloir. chronic conditions, bel euphémisme pour décrire la mort lente et certaine qui guette tous les patients de cet étage. le cœur de vanille s’est brisé en mille morceaux à l’annonce de sa maladie, à tout juste dix-huit ans. enfin, difficile de le casser plus qu’il ne l’était déjà, étant donné que c’est son cœur tout le problème. moins d’une décennie à vivre, qu’on lui a dit. trente ans probablement jamais atteints, et la prédiction semble sur le point de se réaliser. vanille aura à peine le temps de fêter son vingt-quatrième anniversaire. c’est un peu de sa faute, aussi. elle a décidé de refuser une greffe, jugeant qu’il était inutile de se torturer encore davantage. les prises de sang et analyses diverses, avec plaisir. mais subir la chirurgie de trop et passer sa dernière année aux soins intensifs suite à une procédure ayant tourné encore une fois à l’échec, non merci. elle observe la nuque des autres patients – c’est tout ce qu’on peut voir d’eux, affaissés sur leurs chaises le visage dans les mains – alors qu’elle tente de trouver la bonne salle. les choses changent trop vite à l’hôpital, et elle ne sait jamais à l’avance où l’attend son médecin. elle finit par trouver ce qu’elle pense ressembler à la salle d’attente, cherche une chaise du regard. ôte sa veste en cuir pour se soustraire à la chaleur de la pièce – elle n’aurait pas dû mettre ce col roulé, zut ! mais il fait habituellement toujours trop froide, la clim sifflant dans les oreilles des malades comme un serpent. elle reste là, un léger sourire pointant le bout de son nez sur son visage alors qu’elle pense au docteur finnig, qu’elle a coutume de voir une fois par semaine et dont il est toujours si agréable de connaître les péripéties amoureuses. avec le temps, il est devenu son rendez-vous préféré. elle voit en lui un ami, un confident, un père parfois. elle a hâte de ce moment en sa compagnie et croise les doigts sous sa chaise pour qu’il ne se trouve pas gâché par une mauvaise nouvelle supplémentaire annonçant sa mort imminente. parce qu’elle l’est, imminente. ça va vraiment, vraiment pas, en fait. elle est justement absorbée par cette pensée – qui ne la déprime pas, mais la laisse songeuse – lorsque le brun qui la dévisage depuis tout à l’heure (oui oui, elle a remarqué) se décide à ouvrir la bouche, d’un air presque de défi. t'es sûre que tu es pas trompée d'endroit ? t'as l'air un peu trop heureuse pour être malade. "j’suis sûre, t'inquiètes pas pour ça ! mais t’as raison, la majorité des patients pensent que je suis une infirmière. on m’demande souvent si je viens d’avoir une bonne nouvelle." elle le regarde avant de rire doucement, de ce petit rire cristallin qui la caractérise. ça ne la dérange pas qu’on lui parle. s’il en a besoin.

SETH COLDEWEIJ & VANILLE MARTIN

health is not valued untill sickness comes.

Elle est décidément trop joyeuse pour être honnête. La brune ne lui inspire pas confiance, avec son sourire serein au coin des lèvres et son regard paisible, comme si elle volait trop haut au dessus des problèmes pour qu'ils ne puissent l'atteindre. Seth, lui, s'extasiait bien trop au milieu des problèmes pour vouloir les éviter. De quoi mettre un peu de piquant dans sa vie plutôt que d'être confiné au rôle peu glorieux du malade à plaindre. Il ne quitte pas la jeune femme du regard, déterminé à obtenir une réponse, quand bien même il n'est pas certain qu'elle saura le satisfaire. Et il a vu juste. Pas très étonnant qu'on la prenne pour ce qu'elle n'est pas tant elle a l'air à l'aise dans cette salle d'attente qui en ferait frissonner plus d'un. Il la toise un instant en silence, pas encore certain de la parfaite santé mentale de la jolie créature qui lui fait face. Et alors ? C'est quoi ton secret, un bon dealeur ? demande-t-il en haussant les sourcils, pas entièrement satisfait de sa réponse qu'il juge un peu trop simple. Il l'imaginait plutôt bien en infirmière, ceci dit. Une image un peu trop érotique qu'il s'autorise un bref instant, le temps d'attendre la réponse de la brune, camouflant aisément un sourire amusé au coin de ses lèvres. A moins que ça te fasse plaisir, d'être malade. qu'il ajoute avec un haussement d'épaules, songeant réellement à l'idée qu'elle puisse -pour je ne sais quelle obscure raison- être satisfaite de sa condition. Condition qu'il ne connaît pas, d'ailleurs. Peut-être qu'elle n'est pas condamnée, comme lui, à une vie un peu trop courte. Il ne sait pas grand chose d'elle, Seth. Et c'était peut-être mieux comme ça, finalement. Simple discussion dans une salle d'attente pour faire passer le temps et se défaire de la morosité ambiante.