(wp #09) / hijo sakai.

les larmes chaudes qui tracent leur route sur tes joues balafrées. une respiration haletante mais le silence des abysses. t'as pas envie de hurler, hijo. les coups pleuvent sur toi, une pluie qui martèle ton corps entier. tu entends presque tes os se briser sous la chaussure de ton paternel. et pour la première fois de ta vie t'a vraiment peur, gamin. tu sens presque la vie s'échapper de ton corps, ton âme s'envoler pour un monde meilleur. et pourtant t'es toujours là. tu te raccroches bêtement à une vie qui n'en vaut plus la peine, tu te raccroches bêtement à ton avenir incertain. t'es beaucoup trop naïf, sale gosse. les gens ne changent jamais. et tu seras toujours destiné à subir les coups, encore et encore. jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour ta pauvre carcasse démembrée. peut-être que c'est aujourd'hui, trop tard. peut-être que ta lutte est vaine. tes yeux se ferment. tu rêves à un nouveau monde, peut-être celui de ta mort. et tu souris, tes lèvres ensanglantées s'étirent pour rire avec la faucheuse. tu seras toujours plus heureux dans la mort que dans la vie, enfant triste. plus heureux dans la mort. la mort qui t'ouvre grand ses bras pour te bercer loin de la douleur qui t'emporte. tes côtes éclatées si douloureuses, tes jambes tremblantes. plus qu'un lointain souvenir. dans la mort tu casseras les photos de famille, aucun souvenir de la pourriture qui te ronge. dans la mort tu seras heureux, hijo. mais la mort n'est qu'une fausse amie, gamin. elle est comme tous les autres, monts et merveilles sont contés par une menteuse. la mort te sert un sourire amical pour mieux te faire sombrer, elle lâchera ta main quand tu auras le plus besoin d'elle. cette main qui glisse le long de ton corps. la vie qui s'échappe, cette mort qui t'enveloppe. une caresse pourtant si douce, t'es prêt à tendre tes lèvres pour être emporté à travers un dernier baiser. mais t'as trop souffert, hijo. et ton rire s'éteint avant celui de la mort. le silence qui retombe. t'as pas d'amis, t'as pas de famille. t'es tout seul, hijo. t'as toujours été tout seul. alors pourquoi cette douce mort veut être là pour toi ? lâche, elle sera lâche comme tous les autres avant elle. alors tu décides de la rejeter. et c'est ta main, ta propre main à toi qui se relève pour attraper le frêle cou de ton paternel. et tu te redresses sur ton séant pour mieux appuyer ta prise. et ton regard lance des éclairs, et ton cœur saigne de tristesse. c'est terminé maintenant. tu refuses les coups, tu refuses tes pleurs. tu refuses cette vie maudite imposée depuis trop d'années. et tu sers pour faire parler ta rage. et tu sers pour évacuer ta tristesse. et tu sers pour faire exploser ta haine. la pluie tape contre la fenêtre. tu vas partir dans un nouveau monde, hijo. mais pas celui de la mort. parce que tu n'aimes pas son rire.