La vérité finit toujours par se savoir (euphrasie)

les directives et les informations fusent dans tous les sens et toi euphrasie, tu ne sais plus où donner de la tête. tu passes ton temps à courir à droite et à gauche, un coup pour apporter les outils aux autres travailleurs ou bien pour te charger toi-même des réparations faciles. tu deviens plus habile de tes mains, les efforts portent leurs fruits. clairement, si tu l'avais souhaité, tu aurais validé ton cap avec une facilité déconcertante. quelque part, tu as ça dans le sang. plus que les méfaits que tu commets avec les red wolves. mais tu as fais des mauvais choix, tu as suivis la mauvaise direction alors tu n'as aucune certification et tu es toujours considérée comme une apprentie avec le petit salaire qui va avec. tu crierais à l'exploitation si tu n'étais pas la principale fautive de ta situation qui laisse à désirer. en faisant d'autres choix ma jolie, tu ne serais pas devenue riche en quelques années mais tu aurais peut-être pu quitter la misère dans laquelle tu évolues depuis ta naissance. ou au moins, tu n'habiterais pas l'appartement miteux que tu partages avec des colocataires dans lesquels tu ne te retrouves pas le moins du monde. tu souhaites un environnement un peu plus décent pour ton bébé à naître. tu as le temps avant de le voir pointer le bout de son nez mais ton état de ne fait aucun doute. ton ventre te trahit. et les yeux que l'on portent dessus au garage te font bien comprendre que ce n'est pas demain la veille que tu obtiendras une vraie reconnaissance pour ton travail ni une augmentation. on prend soin de choisir ce que l'on peut te confier ou non, c'est insupportable à tes yeux mais ça va ne faire qu'empirer. malheureusement, tu n'as pas le choix de supporter. tu peux pas aller voir le gang et quand bien même tu le faisais ça ne changerait rien. on ne confierait rien à une fille enceinte et pas le moindre centime ne rentrerait dans tes poches. la vérité, c'est que tu n'as pas énormément de solutions à ta disposition alors tu fais avec ce que tu as sous la main et tu t'appliques à offrir de grands sourires aimables aux clients qui viennent quérir les services du garage. là, encore une fois, c'est toi que l'on envoie d'un léger mouvement de tête. t'attrapes un chiffon sur ton chemin pour essuyer tes mains pleines de cambouis et tu vas à la rencontre du potentiel nouveau client.  « on a toujours de la place. » surtout quand la personne en face a la dégaine d'un mec qui peut vous payer en temps et en heures. « mais pour le délai, ça va dépendre de ce qui vous amène. » tu peux pas répondre plus précisément sans savoir le pourquoi du comment de sa venue, tu peux juste espérer que ce soit un truc qui rapporte gros et que peut-être tu en verras la couleur sur ton compte en banque à la fin du mois.

en tant que jeune femme (plutôt jolie) dans un milieu masculin, ta présence a divers objectifs. divers enjeux. tu n'es pas sans savoir que derrière la force de conviction de ton sourire se joue une part de l'image du garage. non, un sourire ça ne fait pas tout mais c'est un petit plus que malgré tout, ton oncle est heureux d'avoir en sa possession pour lui. il t'as fichu à la porte de son logement mais pas de son entreprise, alors t'es restée et ça l'arrange bien. tu y trouves également ton compte même si ta fierté aurait préféré que tu te trouves un autre job. mais voilà, euphrasie, tu ne sais rien faire d'autre de tes dix doigts et tu n'as pas de diplôme officiel qui puisse garantir tes compétences alors d'une certaine façon tu es piégée pour le meilleur et pour le pire. d'une façon générale, c'est ta vie entière qui se retrouve piégée dans un tourbillon d'événements qui s'enchaînent et que tu es bien incapable d'arrêter. hier encore, la poupée que tu es n'étais encore qu'une petite fille et ça t'allait très bien. c'était mieux ainsi, moins compliqué. ton existence est parsemé d'obstacles depuis des années mais tu as tendance à croire qu'ils ne font qu'augmenter au fil des ans, si ce n'est pas au fil des mois. tu te sens étouffer dans une spirale infernale, parfois tu as envie de hurler mais tu n'en fais rien. tu retiens tout en toi, tu enfermes les sentiments négatifs à double tour jusqu'au jour ils exploserait au grand jour. mais pas maintenant, tu n'as pas envie qu'on te juge instable ni qu'on t'enlèves ton bébé. tu as eu peur, mine de rien, la dernière fois qu'on t'as demandés dans quelles circonstances tu allais élevée ton bébé. tu comptes faire quoi, au juste ? le faire garder par ton oncle de temps à autre pour aller commettre te méfaits l'esprit tranquille ?  la notion d'avenir t'as toujours parût un peu brouillon, pourtant ces dernières années tu semblais avoir une idée de la ligne directrice à suivre mais c'était sans compter l'annonce de ta grossesse surprise. tu n'en malgré tout pas à ton futur bébé même si au début tu tirais vachement la tronche, il n'y est pour rien. c'est toi la fautive, avec le futur papa qui s'ignore encore aussi. ta vie c'est tant de problèmes que tu noies, que tu repousses en arrière plan de tes pensées pour placer les clients et leurs requêtes comme priorités. tu t'en plains souvent mais t'es bien contente d'avoir toujours ton emploi, mine de rien ça te sauve. d'une certaine façon il est un de tes piliers, un de ceux qui te garde la tête hors de l'eau et sans quoi t'aurais probablement sombrer. « non. » est-ce que c'est une blague ? t'as l'air d'être à la tête du garage, sérieusement ? le jour où tu géreras quelque chose n'est pas prêt d'arrivé, tu n'es d'ailleurs même pas sûre que ça arrive un jour. « c'est lui. » d'un mouvement de tête tu désignes ton oncle derrière toi, qui se bat avec un moteur capricieux. tu penses un instant que ton potentiel client préfère voir directement avec le gérant parce que ça arrive des gens comme lui qui ne veulent que s'adresser au chef ou qui ne veulent tout simplement pas confier leur bébé à moteur à une femme. ces gens ont le don de t'exaspérer, mais finalement le gars ne fera pas parti de ceux là. tu regardes son billet sans broncher, tu ne comptes pas le refuser si il compte s'assurer que sa voiture passe en priorité. ce n'est peut-être pas très juste mais ton oncle a tendance à dire que c'est la loi de la nature, comme pour toute autre chose, c'est ceux qui ont le plus de blé qui s'en sortent le mieux. tandis qu'il te fait part de ses constatations, tu jettes un coup d'oeil à la voiture et élimine au fur et à mesure des hypothèses mentales sur le problème. manque de chance pour monsieur, tu ne peux pas poser un nom sur le problème juste ça. les raisons possibles sont nombreuses et sans plus de détails sur ce qui ne va pas tu ne peux pas t'avancer. « je vais devoir jeter un coup d'oeil sous le capot pour voir, si c'est ce que je pense ça ne devrait pas être trop long. » t'es plutôt confiante car à première vue la voiture n'a pas l'air en mauvais état. ce serait vraiment un mauvais coup du sort si le problème était grave. tu suis le type puis tu te retrousses les manches. dieu merci, ton ventre ne t'empêche pas encore de te pencher au-dessus d'une voiture. « mouais, je vois. on peut vous la rendre dans une heure ou deux. ça dépend si c'est vraiment urgent. » tu insistes bien sur le dernier mot, tu n'as pas déjà oublié ce fameux billet supplémentaire qui pourrait atterrir directement dans ta poche en échange d'un travail rapide. enceinte ou non, tu ne perds pas le nord. t'as le sens des affaires.