drôle de retrouvailles (n)

Enfin, la vie professionnelle de Arès semble lui sourire. Il ne fait pas quelque chose qui lui plait, serveur dans un restaurant n’a jamais fait partie de ses plans de vie mais au moins il a un travail constant, sans la pression de se faire virer après une journée d’essai. Le contrat est signé, l’entente avec ses collègues est au rendez-vous et il n’a pas vraiment l’étiquette de l’ex taulard qu’on lui donnait dans les autres jobs qu’il a tentés. Autant dire que tout va bien, même si Arès va quand même essayer de trouver quelque chose qui le passionne plus, qui lui donne envie de se lever chaque matin car il le sait, à force, c’est en soufflant qu’il viendra au travail. Aujourd’hui, le rythme est assez dense, il y a beaucoup de couverts mais ça reste fluide à certains moments. Là où il bosse, le service est continu est aujourd’hui il fait une grande journée, sans réelle pause pour se reposer, il n’arrête pas, emmenant des plats, des verres et prenant des commandes dont certaines fois où il doit refaire sortir ses brèves acquisitions d’autres langues du temps du lycée. Alala, si les gens qui l’ont connu à cette époque le voyait, lui le gosse des mauvais quartiers, ayant grandi dans la mauvaise maison, se trouve aujourd’hui à servir en chemise. Ses tatouages font parfois tâche, toujours voyant pour certains qu’il ne peut dissimuler mais heureusement les tatouages n’ont plus la même réputation qu’avant et cela ne semble plus gêner autant qu’avant. Après de nouvelles tables servies, le chef lui fait un signe. Enfin. Il a un temps de pause, une demie heure pour être exacte. Alors, au lieu de se poser et reposer ses pieds dans l’arrière du restaurant, il sort, pour fumer une clope. Son patron n’aime pas trop ça, car il sentirait la cigarette devant les clients mais il a la technique maintenant pour camoufler ça. Avec le stress des services, il a bien besoin de fumer quelques taffes. Il ne s’éloigne pas trop, se posant juste sur un banc alors qu’il est toujours bien habillé pour son service. Merde, il a oublié son briquet. Il pourrait se lever, retourner au restau pour aller chercher le sien aux vestiaires mais au lieu de cela il arrête des gens dans la rue « Vous auriez pas du feu ? » dit-il à quelques personnes, qui répondent à la négative ou qui ne tourne même pas la tête vers lui, comme s’il était transparent, puis une jeune femme passe et alors qu’il allait lui poser la même question, les seuls mots de sa bouche qui sortent sont « Narcisa ? » Ca fait tellement longtemps qu’ils ne se sont pas vus et pourtant, il est sûr de son coup, c’est forcément elle, elle n’a pas beaucoup changé.