Tu câbles, les soupçons qui planent n’te plaisent pas.
Dans l’air comme quelque chose qui t’va pas, l’incertitude toxique de l’origine des contusions sur son corps, ses lèvres, de son bras drapé dans le plâtre. Les néons blanchâtres de l’hosto t’agressent encore, cèdent leur place à l’aube du dehors, du jour à la dérive. L’épaule qui cogne contre un passant
« putain, fais gaffe connard » sifflé comme une menace sur le point de s’abattre à la prochaine ristourne. Mais le doute te torture, t’as pas l’temps pour les mauvaises rancoeurs.
L’moteur ronronne, les pneus crissent, l’habitacle détale comme si les jours lui étaient comptés. Ça s’promène dans sa tête : les couleurs des ecchymoses, du bleuâtre au violacé, n’a rien d’un putain d’rêve, et l’effluve du sang pourtant séché sur ses pulpeuses. Ça s’promène en filigrane, cette vision qui lui soulève l’myocarde.
Les godasses qui battent maintenant le bitume jusqu’à
sa porte, la clope au bec nerveusement allumée. Trois fracas contre le fer ça répond pas. L’attente te fait vriller
« putain, Jeremiah ». Tu cognes à nouveau, assènes de grands coups déments jusqu’à c’qu’une réponse te soulage.
C’est un sbire qui t’ouvre, un molosse payé qu’à faire mur entre le boss et le reste.
« Jeremiah, il est là? » la tête s’balance de gauche à droite en signe de négation, mais t’sais qu’il ment parce qu’il a jeté un oeil derrière lui avant d’basculer sa caboche vide. L’malotrue s’apprête à r’fermer la porter sur ta carcasse, et ça t’plait pas.
Du bout d’tes pompes t’arrêtes le geste, tire une dernière latte de ta cigarette qu’tu lui écrases entre les deux yeux en enfonçant la porte pour t’introduire en terrain qu’tu sais pas encore ennemi. Ça t’alpague de toute part comme si t’étais rien d’autre qu’un fauve enragé, tu t’débats mais ton destin est d’jà scellé.
« Putain c’quoi votre problème, j’dois voir le boss » qu’tu hurles à t’en percer les cordes vocales.
La gueule grisonnante n’tarde pas à s’enquérir des hurlements, l’emprise s’éteint au portrait qui s’élève à l’autre bout de la pièce.
« C’est quoi c’bordel chef? »@jeremiah simons