take the long way home. (lio)

when lonely days turn to lonely nights, you take a trip to the city lights, and take the long way home. -- @lio stevenson

La nuit n’en finit plus. La nuit est longue. Terriblement longue. Perdue entre ses propres crises, entre les aléas de son esprit beaucoup trop secoué par sa vie actuelle, par les conneries accentuées, par la rencontre avec sa mère biologique. Perdue entre les crises de son frère, l’éternel écorché qu’elle aime pourtant plus que sa propre vie. Il n’est pas son sang mais il est la prunelle de ses yeux. Ton petit roi, ton petit prince, le regarder s’enfoncer te bouffe littéralement, te détruit comme il peut l’être, lui aussi. Il a besoin d’elle. Il a eu besoin d’elle, la nuit passée, et sa porte lui est toujours ouverte, et son cœur lui est toujours destiné. Elle veut l’aider, Joy. Elle a besoin de l’aider, autant qu’elle peut avoir besoin de lui, elle aussi. Et soudainement, elle a cette sensation de porter le monde sur ses épaules, d’avoir le poids de ses proches accroché à son cœur. Une maman à la déchéance du corps, un frère à la déchéance de l’esprit. Et toi, Joy. Toi qui as cette tendance extrême à ne pas voir combien tu peux être merveilleuse, tu n’es pas certaine d’être la meilleure personne pour les aider. Pas certaine d’être la meilleure personne pour les sauver. Mais tu le sais, au fond de toi, jamais tu ne pourras les lâcher.

Il s’est finalement endormi, à bout de souffle, à bout de nerfs, et elle avec lui. Jusqu’au petit matin. Jusqu’à ce que la dure réalité ne vienne reprendre sa place. Jusqu’à ce que, l’un comme l’autre, se retrouvent de nouveau dans l’obligation d’affronter ses démons. Le regard de la blonde vient se poser sur son frère, tout comme sa tête qui s’installe inévitablement contre la sienne. - Salut… Qu’elle lâche, faiblement, encore impactée par les événements de la veille. Mais t’es forte, Joy. Toujours très forte. Tu sais prendre sur toi. Tu sais faire semblant. Jusqu’à ce que la réalité ne vienne te retrouver tout te briser, complètement. - Tu veux que je te prépare quelque chose à manger ce matin ? Il est chez lui, partout où elle sera. Il est chez lui, peu importe ce qu’il fera.

(c) calaveras.

tw mutilations, prenez soin de vous!

take the long way home

take my eyes, take them aside. take my face, and desecrate. my arms and legs, they get in the way, and take my hands, they'll understand. take my heart, pull it apart, and take my brain, or what remains, and throw it all away, 'cause i've grown tired of this body. a cumbersome and heavy body.

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le réveil est douloureux, le corps est bardé des décisions de la veille, les muscles épuisés d'avoir été aussi tendus alors qu'il décide de se mouvoir, qu'il compte le nombre de griffures qu'il s'est infligé - et il ne s'est pas raté. les doigts sont encore rouges, les mains tremblantes, pas capable de se rendre compte l'état dans lequel il s'est mis quelques heures plus tôt ; avant qu'il s'endorme d'épuisement. un frémissement qui lui parcourt le corps, le pousse à se saisir d'un vêtement. incapable de savoir pourquoi il avait retiré son t-shirt, puis se rappelant s'être précipité dans la douche pour se calmer une fois qu'il le passe, toujours trempé.

c'est difficile et ça ne donne pas envie de vivre, une fois qu'il fait le point. la douleur qu'il y a, qui ne s'en va jamais, que personne n'arrive jamais à expliquer. c'est dans son corps, dans sa peau et dans les cris désespérés dans la veille, quand il aurait tout donné pour se couper, pour se consommer, pour faire quoi que ce soit que sa sœur aurait autorisé. une petite pensée par elle, sachant combien elle doit être troublée. et pourtant les crises se répètent et s'enchaînent, les enchaînent dans une routine qu'il ne peut plus éviter.

ça s'empire dès qu'il retourne chez silene, il ne peut que le reconnaître, sans vraiment l'admettre. il le sait, finit par s'en rendre compte, sans vraiment envisager la quitter. c'est qu'elle est si belle, et si douce pour lui, qu'il ne saurait s'en passer. se lever lui fait passer une envie de vomir soudaine, l'alcoolisme qui ne pardonne pas quand il ne consomme pas, en plus de tout le reste, à se demander pourquoi il s'acharne à exister, alors que l'ailleurs ne fait que le rappeler.

les pas se font lourds quand il se rend dans la cuisine, sa soeur qui l'attend, qui a été témoin de tous ses accès - et il ne sait pas comment lui dire combien il est désolé ; désolé d'être, désolé d'exister. lio qui comme un enfant serre encore son oreiller contre lui, pas prêt à s'en débarrasser. aussi parce que ce serait dévoiler les blessures et les habits mouillés. et les cils s'abaissent, quand elle lui demande si elle lui fera son déjeuner ; l'enfant ne peut plus faire semblant, doit reconnaître sa situation ou disparaître. j'ai besoin d'aide, qu'il annonce, comme si elle avait à le découvrir. je crois que j'ai encore besoin d'être hospitalisé. pas envie de s'épandre sur les risques qu'il y a à rester dehors, silene qui doit rester cachée.

(c) oxymort

when lonely days turn to lonely nights, you take a trip to the city lights, and take the long way home. -- @lio stevenson

Marquée par les actes de son frère, touchée par ses paroles, blessée par son mal-être, elle ne sait plus quoi dire, elle ne sait plus quoi faire pour le tirer de cet enfer. L’impression que le ciel s’abat sur elle, chaque fois qu’elle pense à ce qu’il peut bien ressentir. Chaque fois qu’elle pense au pire. Parce qu’elle le sait, Lio marche sur un fil. Sa vie ne tient qu’à un fil. L’idée lui glace le sang, envisager une vie sans lui brise son être. Et t’as peur de mal faire, Joy. T’as peur de ne pas être à la hauteur, toi, blonde superficielle qui ne pense qu’au matériel. T’as peur de ne pas être à la hauteur, pour ton frère. T’as peur de ne pas être à la hauteur, pour ta mère. T’as peur de ne pas être à la hauteur, pour toi-même. Fâcheuse tendance à se sous-estimer, à ne jamais se voir briller, alors que lorsqu’elle aime, elle retourne l’univers. Capable du meilleur. Capable d’offrir toute son âme.

Et peut-être bien qu’elle pourrait le porter. Peut-être bien qu’elle pourrait le sauver. Cette fois. Mais qu’en serait-il, des fois suivantes ? Que se passerait-il, s’il venait à craquer, littéralement ? Tu ne supporterais pas de savoir que t’aurais pu l’aider, et que tu n’as rien fait, Joy. Tu ne supporterais pas de savoir que ton frère est mal, quelque part, et que tu n’es pas là pour lui. Mais peut-être bien que tu finiras par te perdre, toi aussi, parce que tu ne ignores qui est réellement là pour toi. La gorge nouée, lorsqu’elle se retrouve face à lui, dans la cuisine. La gorge nouée, lorsque ses mots viennent assaillir son esprit. - Hospitalisé ? Froid dans le dos, l’esprit qui s’évade, elle ne veut pas montrer ce qu’elle ressent. Elle ne veut pas montrer qu’elle va mal. Elle ne veut pas. Pour lui. Pour le protéger de ses émotions à elle, parce qu’il est le seul qui devrait compter. La blonde s’assoit sur le tabouret haut de la cuisine, comme si le sol était prêt à se dérober sous ses pieds. Comme si le sol, lui aussi, venait la laisser tomber. - Tu sais que… Enfin, si tu penses que c’est ce qu’il y a de mieux pour toi… Je serais là… Elle redoute déjà, pourtant, de voir son frère enfermé à nouveau. De le voir disparaître de son champ de vision pour une durée indéterminée. Tu sais aussi qu’il doit être aidé, Joy. Et que, toi, les autres, vous n’êtes peut-être pas les mieux placés pour le faire.

(c) calaveras.

take the long way home

take my eyes, take them aside. take my face, and desecrate. my arms and legs, they get in the way, and take my hands, they'll understand. take my heart, pull it apart, and take my brain, or what remains, and throw it all away, 'cause i've grown tired of this body. a cumbersome and heavy body.

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le corps ne semble toujours pas se remettre de ses ébats passés, comme s'il s'était battu contre un géant qu'il n'aurait pas du rencontrer ; c'est pourtant seulement contre lui-même qu'il a agi, comme il tient à le rappeler. c'est comme ça et c'est de pire en pire, j'ai juste peur qu'à un moment tes mots ne valent plus grand chose contre une grosse bêtise. parce qu'il en a envie, de couler, de se laisser aller. quelque soit l'endroit où il irait, certainement dans les rues pour y mourir de froid, avant de se rendre chez silene, frigorifié et blessé, pour se faire encore cajoler. parce qu'il ne sait pas jusqu'où ça irait, de quoi il serait capable, et n'a pas trop envie de tenter.

la crise d'hier s'est passée mais je n'en peux plus de te faire peur, j'ai peur d'être violent avec toi, qu'il lâche dans un souffle, incapable d'y mettre l'intonation qu'il devrait. ce serait horrible et ça le démange tellement, quand elle se met en travers de ses consommations, sa main qui se lève pour finalement s'arracher les cheveux, qui menace toujours de faire autre chose, et il le sait. je ne sais plus qui je suis, je ne me reconnais pas. l’aveu terrible, difficile à formuler. il y a tant cru, quand il leur a présenté le lio révolutionné ; consommations éthiques, vegan, régimes et militantisme, agences de mannequinat qui ne cessaient pas de le contacter - le lio qui a fini par craquer. je n'en peux plus, de ne pas savoir gérer les choses simples, je veux disparaître, je veux cesser d'avoir mal, et bientôt tu ne pourras plus du tout gérer. il l'a dit, il l'a avoué. l'envie de ne plus être qui ne fait que le tarauder, que même silene ne peut pas empêcher.

il devait bien y avoir une explication, peut-être quelque chose à chercher chez sa mère, incertain du diagnostic qu'on avait pu lui donner. une clef pour expliquer tous ses comportements et tous ses travers, et il fallait bien la trouver - avant que joy ne soit définitivement lassée. la dernière fois ils voulaient me faire passer des tests, je les ai refusés. pas très fier du fait, mais prêt à narrer qu'il n'était pas prêt. peut-être que cette fois-ci je pourrais les passer, qu'on me dira ce qui chez moi est cassé. l'espoir dans la voix qui commence à monter.

(c) oxymort

when lonely days turn to lonely nights, you take a trip to the city lights, and take the long way home. -- @lio stevenson

Les sanglots dans le cœur, le désespoir dans les yeux, elle écoute son frère, impuissante. Elle l’écoute lui décrire ce qu’il ressent, ce mal-être qu’il ne semble pas pouvoir expliquer et cette peur. Celle de la faire fuir, celle de la perdre, celle de lui faire mal, même. L’idée même que ton frère puisse avoir peur de te faire mal t’arrache le cœur et le détruit. Parce que vous êtes tout, l’un pour l’autre, et jamais l’un sans l’autre. La suite et pire encore, les mots de sont pas clairs mais l’intention, elle, et limpide. Il évoque un passage à l’acte, un suicide qu’elle ne pourrait jamais supporter. Jamais. Et bien moins encore en ce moment, alors qu’elle est complètement retournée par les événements survenus dans sa vie. Que dire. Que faire. Impossible pour elle d’aller contre sa volonté, consciente qu’il doit faire ce qu’il y a de mieux pour lui, et qu’elle n’est là que pour l’y encourager. Consciente qu’il va terriblement lui manquer, mais que c’est sur elle qu’il doit pouvoir se reposer. Et c’est ce que tu feras, Joy, tu le sais, au fond de toi. Tu l’accompagneras, tu seras toujours présente pour lui, pour ton petit frère. Parce qu’il est le plus précieux, à tes yeux. Il est ta famille et celui dont tu es le plus proche. - Je ne te laisserai jamais tomber, Lio. Et je sais que tu ne me ferais jamais aucun mal. Persuadée, convaincue, parce qu’entre eux c’est beaucoup trop fort. Parce qu’ils sont une ancre l’un pour l’autre et que jamais rien ne viendra changer cela. Pas même ses problèmes. Pas même les pires problèmes.
Et elle s’approche de lui, se glisse doucement dans ses bras, plus fragile que jamais. T’es fragile, Joy. Fragilisée par tout ce qu’il te balance en pleine figure. Fragilisée par la détresse que tu peux lire en lui. Tu te sens plus vulnérable que jamais et incapable de le contrôler. Le besoin de le sentir, le besoin de rester dans les bras de son frère, pour l’éternité. - Bien. On va passer les tests dont tu parles. On va le faire. Mais promets-moi que tu n’iras pas sans moi… S’il te plait… Impossible pour elle d’imaginer la prunelle de ses yeux tout seul, là-bas. Impossible de l’imaginer faire une rechute sans elle. - On le gardera pour nous… Qu’elle souffle, murmure au creux de son oreille, consciente que ce moment sera bien trop difficile pour lui. Et les autres n’ont pas besoin de savoir, pas pour le moment. Tous les deux contre le reste du monde.

(c) calaveras.