flashback. don't need apologies. (pearl)

Sombre. L’appartement est sombre. Sa vie tout entière est sombre. Depuis des mois, elle n’est plus celle qu’elle était. Depuis des mois, elle n’a plus rien. Parce qu’elle abîme tout, Meg. Elle détruit tout, tel l’oiseau de malheur qu’elle est. Elle fait du mal à ceux qu’elle aime, elle porte malchance, attirant chacune des âmes s’approchant d’elle dans les ténèbres les plus noirs. La mort. C’est tout ce que tu engendres, Meg. Tout ce que tu sais engendrer, la mort. D’abord ta mère, puis Chace. Et Reggie, Aquila, blessés par ta faute. Elle ne se pardonne pas, repasse le film dans sa tête inlassablement, confrontée au silence de l’homme qu’elle aime, à l’absence de souffre. Accablée par les cris de celle qu’elle a toujours voulu protéger, coincée dans cette voiture. Elle repasse le film, inlassablement, et s’efface de la vie des personnes aimées. A commencé par sa famille, sa vraie famille, sa bande. Pearl et les autres. Pearl, enfermée depuis bien trop longtemps déjà. Pearl, qu’elle abandonne aussi, malgré elle. Qu’elle abandonne comme tous les autres, pour ne pas avoir à les faire souffrir. Parce que t’es plus rien de mieux qu’une dépressive, Meg. Qu’une pauvre fille dont les rêves ont été effacés, qu’une pauvre fille sans volonté. Elle est loin, la battante. Elle est loin, la force. Et lorsque quelqu’un frappe à la porte, elle se traine jusqu’à cette dernière qu’elle ouvre, tombant sur elle. Son amie. Sa meilleure amie. Sa sœur. - Pearl ! C’est sans attendre, qu’elle se jette dans ses bras. Elle ne calcule rien. Elle ne contrôle rien. Bien trop heureuse de la voir dehors. Bien trop heureuse de la voir libre. Libre et en bonne santé, debout, devant elle. T’as l’impression qu’elle va bien, la sensation qu’il ne lui est rien arrivé, et t’es rassurée, Meg. T’es rassurée immédiatement, parce que tu n’as jamais pu cesser de penser à elle. Tu n’as jamais su cesser de penser à elle. Elle est ton tout, ta vie. - Je suis tellement heureuse que tu sois sortie… Entre, entre… Elle se décale alors, laisse l’accès libre à son amie pour entrer dans son appartement. Elle est heureuse de la voir, tout en réalisant qu’elle ne pourra plus l’éviter. Réalisant qu’elle ne pourra plus lui cacher son mal-être. T’as pas envie de revivre la même scène qu’avec Aquila, Meg. Pas envie de devoir expliquer combien tu vas mal. Pas envie de mettre de nouveau en danger quelqu’un que tu aimes. Surtout pas elle, surtout pas Pearl.

(c) calaveras.

Don't need apologies

Elle avait pensé à se faire déposer ici presque naturellement. Si il lui avait semblé évident et raisonnable de rentrer chez les Aguirez, son cœur en avait décidé autrement. Peu fière de ce qu'elle avait fait, d'où elle sortait, Pearl n'était pas prête à affronter les questionnements, les inquiétudes voire les remontrances de sa famille adoptive. Elle avait alors tout naturellement pensé à Meg, mais une fois qu'elle eut frapper à sa porte, un vague sentiment de honte s'empara de tout son être. Dissipé à l'instant où sa belle amie la prit dans ses bras sans crier gare. Pearl eut un soupir de soulagement et après une hésitation imperceptible elle resserra son étreinte. Là, sur le pas de la porte, pour la première fois depuis ce qui lui avait semblé être une éternité, la brune se senti à la maison.
Avec un léger rire, reprenant sa contenance habituelle, décidée à faire bonne figure, Perla répondit seulement : Et moi donc !
Entrant dans l'appartement de celle qu'elle considérait comme sa sœur, Perla ôta son bomber et déposa son sachet d'effet personnel sur une commode avant d'ôter ses chaussures. Je suis désolée de débarquer à l'improviste comme ça, je devais absolument donner une adresse, même provisoire, à mon contrôleur judiciaire. Sur ces mots, l'anxiété glissait ses doigts froid dans sa nuque : où vas-tu vivre Pearl ? Quel travail vas-tu trouver ? Tu as rendez-vous demain pour ton bracelet électronique, n'oublie pas. Tu veux vraiment imposer tout ça à Meg ? A-t-elle vraiment besoin de connaître tes soucis et de s'inquiéter pour toi ?

Pearl prit une longue inspiration avant de secouer la tête. Dis-moi, comment tu vas toi ?
 

Soulagement. Un soulagement sans nom, la revoir est une bénédiction. Elle, sa sœur, arrachée de sa vie par les conneries essuyées, par les erreurs du passé. Elle le sait, Meg. Pearl n’a que payé la conséquence de ses actes, elle n’a eu qu’à affronter son jugement, mais son cœur hurle combien cette sentence est injuste, terrible. Et tout a changé, depuis qu’elle est partie. T’as changé, toi. T’es plus la même. T’as plus rien à voir avec la Meg qu’elle chérissait, cette petite sauvageonne qu’elle aimait tant. Et elle devine la honte de son amie, parce qu’elle la connait par cœur, parce qu’elle la connait depuis toujours, mais elle aussi, elle ressent cette honte. Celle de s’être laissée crouler, celle de n’être plus qu’un corps sans âme, qu’une vie de drames. Seulement rien de tout cela compte, à cet instant précis. Rien de tout cela, parce que Pearl est bien là, dans ses bras. Et elle la serre durant un long moment avant de la laisser respirer à nouveau. - Mais tu aurais dû m’appeler ! Ou même Anya ! L’une de nous aurait pu venir te chercher. Doux sourire, n’évoquant pas Yo qui éprouve plus de mal à se déplacer. - Et t’excuses pas, tu plaisantes j’espère. T’es chez toi ici, tu débarques quand tu veux. C’est comme cela depuis toujours, entre elles. Les filles, toujours fourrées les unes chez les autres. Incapable de passer plus de deux jours sans se voir. Désormais, t’évites pourtant cette famille de cœur, Meg. T’évites les filles pour pouvoir les protéger de toi-même. De toi et de cette foutue ombre noire qui trône sur tes épaules. - Je vais bien. Et toi ? Qu’elle élude rapidement pour reprendre la parole. - Est-ce que tu veux rester ici ? Ou retourner chez les Aguirez ? Une demande naturelle à ses yeux, parce qu’elle ne refusera jamais un toit à sa meilleure amie, quand bien même la situation deviendrait compliquée pour elle. Glissant jusqu’à la cuisine, elle sort de quoi boire et quoi manger, installant le tout sur la table pour laisser le loisir à Pearl de se poser, de se reposer surtout, après ces trop longs mois enfermée.

(c) calaveras.