I'll be the light in the dark if you lose your way - Meg

Il lui fait une proposition complètement désintéressée, n'attendant rien en retour, juste parce qu'il est subjugué par le talent de Meg, exprimé au milieu d'une rue quelconque. Il n'ose même pas imaginer à quel point elle pourrait être parfaite dans des conditions optimales, sur une scène, ses pieds heurtant les planches avec une exactitude parfaitement calibrée. C'est ce désir de la voir évoluer, ce souhait de ne pas la laisser gâcher ce don inouï dont elle dispose, qui le pousse à lui faire une proposition folle, qu'il ne ferait pas à n'importe qui. Il ne perdrait pas son temps avec quelqu'un qui ne serait pas habité par la même flamme qu'elle. « Bien sûr. Ça te semble si improbable ? » qu'il lâche dans un rire sonore, presque attendri par la surprise de Meg, qui semble à peine croire à ce qu'il vient de lui suggérer, comme si c'était complètement improbable, comme s'il ne pouvait s'agir que d'une blague, rien de très sérieux, la vie lui ayant sans doute que très rarement octroyé ce genre de cadeau presque tombé du ciel, presque inespéré. « Pourquoi pas ? » Réponse qui n'en est pas vraiment une, énigme supplémentaire, Meg qui cherche à comprendre pourquoi elle ? alors que pour le danseur, la réponse semble tellement évidente qu'il ne daigne pas la lui offrir sur un plateau, espérant qu'elle finira un jour par prendre conscience de tout ce potentiel qui sommeille en elle et qui ne demande qu'à jaillir. « Tu es prête à sacrifier plusieurs de tes soirées pour t'entraîner avec moi ? » Le talent, elle en a. La seule donnée qui reste encore une inconnue, c'est sa motivation et son implication dans cette série de cours clandestins. « Si c'est le cas, je suis prêt à te consacrer tout le temps qu'il faudra. » Elle n'a plus qu'à dire oui ou hocher la tête pour qu'ils se lancent tous les deux dans cette aventure, à corps perdus, sans savoir où les mènera demain. « Si tu es d'accord, on peut se retrouver à Juilliard mardi soir. Vingt heures, ça t'irait ? » Et s'il la faisait fuir avec toutes ses questions qui concrétisent soudainement une proposition qui n'était que de l'ordre du conditionnel il y a un instant ? Avec son air craintif et incertain, Meg ressemble davantage à un animal craintif, proie immobilisée dans la neige, qui fixe l'horizon en guettant le moindre mouvement suspect derrière un arbre. Mais Ewan n'a rien du grand méchant loup. Du moins, il l'espère. Son dernier souhait étant que sa jeune prodige prenne la fuite sans demander son reste.

Pando

Et soudainement, elle se retrouve là, une partie de son rêve qu’elle croit presque toucher du bout des doigts. Et soudainement, elle se retrouve là, avec son ange gardien. Avec une personne qui ne lui veut que du bien. Que du bien. C’est ce qu’elle se répète, encore et encore, alors qu’elle ne pense pas le mériter. Que du bien. C’est ce qu’elle se répète, encore et encore, alors qu’elle pense au mal qu’elle a fait. Au mal qu’elle a fait à toutes ces personnes qu’elle aimait. Qu’elle aimait de tout son cœur. Face à Ewan, t’as la sensation que la vie t’offre une chance, Meg. Pour la première fois. La chance que t’as toujours méritée, mais que tu n’es plus assez pure pour embrasser. Il y a aussi la peur. La peur de ne pas être à la hauteur, dans son état. La peur de lui faire perdre son temps. La peur de le décevoir, lui qui semble tant croire en elle. Si bien qu’il veut l’aider, la faire progresser et gratuitement. Il ne se trompe pas, elle n’est pas habituée à tant. Elle n’est pas habituée à ce que la vie lui fasse un tel cadeau. A ce que la vie décide qu’elle aussi, elle a le droit de s’en sortir. A ce que la vie décide qu’elle aussi, elle a le droit de s’envoler.  - C’est incroyablement gentil comme proposition. Surtout pour une fille que tu ne connais à peine. Et elle ne veut pas le décourager, loin de là, mais lui expliquer son étonnement. Tu réalises que vous êtes dans deux mondes si différents, Meg. Dans deux mondes semblables au noir et au blanc, deux entités qui ne se croisent jamais. Et pourtant, vous vous êtes entrechoqués, tous les deux. Vous êtes entrés en collision, l’un avec l’autre. - Bien sûr que je suis prête. J’espère simplement que tu ne seras pas déçu. Il n’imagine pas. Il ne peut pas imaginer qu’elle n’est plus qu’un cadavre. Et la danseuse se demande même comment il peut ne pas le voir. Ne pas sentir l’odeur morbide répandue tout autour d’elle. - Mardi soir, vingt heures, c’est parfait. Qu’elle conclue, comme une évidence, comme le début de quelque chose de nouveau. Effrayant et palpitant à la fois.

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