outgrown.

dario et kaja.

Kaja s'immisce dans ce lieu qui ne lui ressemble pas, respirant une luxure à peine masquée. Etrangère de ce club dont elle a pourtant trop souvent entendu parler sans s'essayer à vérifier sa réputation. Elle ne tente pas de se fondre dans le décor, faucon cherchant sa proie le plus rapidement possible. La môme espère ne pas s'être trompée, la mémoire parfois défaillante. Ses grandes prunelles, curieuses, balaient les alentours avant de trouver celui qu'elle cherche. Elle vient le voir. L’irakienne s’en va retrouver son ancre discrète. Ils se sont négligés dans une réciproque troublante. L'enfant capte son attention d'une main délicate sur son avant bras pour l'arrêter dans son mouvement, avant de croiser ses opales. « On ne s’est pas vu depuis longtemps » elle glisse dans une banalité affligeante qui retrace bien leur réalité. Dario lui file entre les deux parce qu'elle ne s'emploie pas vraiment à le retenir. L'irakienne se contente de l'observer, sourire fugace sur le minois, à moitié immergé dans sa liberté qui fait écho à la sienne. Parfois les deux électrons libres se percutent pour se retrouver, tentant vainement de rattraper le temps qui les sépare pour honorer leur ancienne amitié. « Mais cela ne m’a pas empêché de penser souvent à toi » elle corrige avec sa voix placide de scientifique distante avant d'esquisser un sourire, contente de ce constat. Cette vérité ne lui écorche même pas les lèvres tant elle est pensée. Dario, flotte dans son esprit, un peu au dessus des autres depuis toujours, surement parce qu'il est l'un des seuls à ne pas prendre ombrage de son inconstance qui ne peut être maitrisée. Parce qu'elle disparait autant qu'elle se pointe l'air de rien, la mine souvent ravagée de ses souvenirs pour continuer d'entretenir un lien qu'elle étiole d'elle même. La poupée s'installe sans pour autant prendre ses aises. « Tu as un peu de temps à me consacrer ?» Kaja demande d'une voix blanche, sans quémander simplement parce qu'elle a conscience que son service ne va pas tarder à commencer.

@Dario Morales

ta bécane garé devant ce club. dans le milieu de la nuit, tu es le premier à avoir les meilleures de tout new-york. tu n’y viens pas seul ce soir, ni même à la recherche d’une âme pour combler ta nuit. une envie fugace de croiser le regard de la douce infirmière. ton amie depuis de longues années. une des rares femmes qui ne t’as jamais inspiré autre chose que de l’amitié. non pas qu’elle soit repoussante, loin de là. simplement que vous êtes pareils, elle et toi. deux âmes qui ont besoin d’air, d’espace avant de mieux se retrouver. après une cigarette à l’extérieur, te voilà installé au bar. tu gardes jalousement un tabouret pour la brune, qui doit arriver d’une minute à l’autre. pour une fois que tu arrives à l’heure quelque part. ça relève du miracle. une bière de bon goût se trouve devant tes yeux, que tu vas entamer seulement quand kaja sera à tes côtés. tu essaies de tuer le temps, ne pouvant pas t’empêcher de poser ton regard sur la barmaid. jolie. très jolie. tu es incorrigible, dario. c’est affligeant. rapidement, tu te fais tirer de ta contemplation par celle que tu attends. tu te tournes vers elle, sa phrase te soutire un petit sourire en coin. « effectivement. » tu croises son regard, l’invite à s'asseoir à ses côtés. tu interpelles la serveuse. tu sens son petit regard amusé sur toi. vous êtes pareils, tout simplement. tu laisses échapper un léger rire entre tes lèvres en haussant un sourcil. « tu vas flatter mon égo, ma chérie. dis-moi ce que tu veux boire, c’est moi qui régale. » à moi aussi, tu m’as manqué. voilà, ce que tu aurais dû lui répondre mais exprimer ce que tu ressens ne fait pas parti de tes qualités. après qu’elle ait choisi sa consommation, la barmaid repart pour aller la préparer. tu finis par reposer ton attention sur ton amie. elle demande si tu as du temps à lui consacrer. sourire en coin, tu lui donnes un léger coup d’épaule. « je ne serai pas là si je n’en avais pas. » tu cherches les problèmes, dario. tu n’y peux rien, toujours à la chercher. ta manière à toi de lui faire comprendre que tu l’apprécies. « j’ai un peu plus d’une demi-heure, pas de panique. » ce soir, on t’attend aussi pour aller servir des fêtards en quête de frissons. tu comptes bien profiter de cette bulle avant d’aller travailler. la barmaid dépose le verre de kaja avant de s’éclipser aussi vite. « allez, bois. » tu lèves légèrement ton verre en sa direction avant de boire de ta boisson gorgée de houblon. « sinon, ça va ? raconte-moi. » tu veux avoir de ses nouvelles, tu t’y intéresses sincèrement. ce n’est pas dans tes habitudes de discuter et elle le sait, elle peut se sentir privilégié. tu attends patiemment, laissant machinalement tes doigts jouer avec le verre.

@kaja massoum

Le félin s'accommode du lieu, plus curieux que révolté. Kaja occulte les regards que lance Dario à l'individu féminin qui leur fait face, et réciproquement. Ses billes impérieuses et exigeantes se braquent sur Morales pour lui faire comprendre qu'elle a bien l'intention d'utiliser la demi heure qu'il est capable de lui consacrer sans concession. L'irakienne a cette fermeté sourde et silencieuse qui glace le sang. Un rappel à l'ordre lui brûle le bout de la langue mais elle se retient, se contentant d'esquisser un rictus à sa remarque. « Je savais bien que les compliments déguisés marchent encore sur toi » elle se moque sans le penser. La poupée fait son choix et le souffle. L'enfant récupère sa boisson et docile, trempe déjà ses pulpeuses dans le liquide ambré avant que Dario ne pose la question qui la fait se sentir indécise. Il est bien l'un des rares à connaître son combat constant entre l'envie de rester et celle de retrouver le connu sur un autre continent. Cela fait des années qu'il peut l'observer se déchirer dans arriver à se réparer. Premier et dernier témoin de Kaja. Elle lui offre un regard entendu, celui qui lui fait comprendre que les hésitations sont toujours bien ancrées. « Soyons plus légers » elle propose pour lui épargner son mal constant du pays qui lui retourne l'esprit pour lui voler sa raison. Un sourire difficile de circonstance s'amorce sur ses pulpeuses. « Je me fais malmener par quelqu'un » elle annonce sans être tragique, tirant un simple constat. Kaja est incapable de le suivre au même rythme, elle accuse que trop mal les changements de tempo. « Tu ne peux pas comprendre, toi, tu dois être du coté des tortionnaires » elle glisse dans un haussement d'épaule nonchalant de frustration. Parce que Dario doit être de ceux qui font naître l'ignorance au lieu de la subir. « Tu crois que c'est possible de ne jamais arriver à saisir quelqu'un ? » lui demande l'enfant en posant ses grandes opales foncées sur lui, dans l'attente de sa réponse divine. Elle se demande si elle restera toujours aussi bête, incapable d'arriver à comprendre quelqu'un. Parce que c'est son plus grand fléau. « Et toi ? » elle renvoie dans son doux soprano en pivotant sensiblement vers lui.